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Re: Index

par Abenader » lun. 02 mars 2020 9:53

Merci beaucoup.

Re: Index

par Si vis pacem » sam. 29 févr. 2020 23:35

Abenader a écrit : sam. 29 févr. 2020 12:29
Une dernière demande: savez-vous, suite à l'interdiction des deux tomes du Manuel, par quel ouvrage il a été remplacé dans les séminaires ?
  • Joseph Trinquet - Le mouvement biblique in Le Monde contemporain et la Bible. Paris, 1985 pp. 303-305 a écrit :
    Privés du jour au lendemain d’un guide en langue française qui était entre toutes les mains, les étudiants n’avaient à leur portée, à l’exception d’ouvrages savants, qu’une vaste compilation d’inégale valeur, sans cesse rééditée : les huit volumes de La Sainte Bible (texte latin et traduction française) commentée d'après la Vulgate et les textes originaux, à l'usage des séminaires et du clergé, par Louis-Claude Fillion (Paris, 1° éd., 1886 et s.), et pour le Nouveau Testament les premiers volumes de la collection « Verbum salutis » (Paris, Beauchesne), excellents commentaires et études de vulgarisation qui commençaient à paraître lentement à partir de 1924.

    Pour pallier l’absence du Manuel de Brassac, fut publié d’abord le Manuel d’Écriture sainte, par le chanoine Joseph Verdunoy et un groupe de professeurs (3 vol., Dijon, 1° éd., 1925) : il entendait permettre de lire la Bible avec fruit, sans prétendre à l’érudition, mais il traitait les questions de façon bien trop simpliste. D’un niveau plus élevé furent ensuite édités trois ouvrages : la traduction française par Ph. Mazoyer de la 9° édition latine du Manuel d'introduction historique et critique à toutes les Saintes Écritures par les RR. PP. Cornély et Merk (2 vol., Paris, 1928; 2e éd., 1930), d’une diffusion limitée ; le Manuel d’Écriture sainte de Jules Renié (6 vol., Lyon-Paris, 1930 et s. ; plusieurs éditions corrigées et augmentées), largement répandu et promis à une assez longue carrière ; accueilli avec moins de faveur, le Manuel d’Études bibliques de Henri Lusseau et de Marcel Collomb (5 tomes en 7 volumes, Paris, 1930 et s.) ne connut pas le même succès. Tous trois se présentaient comme des sortes de sommes exégétiques érudites et, notamment le troisième, trop copieuses : pour chaque livre de la Bible ils répertoriaient et classaient les opinions anciennes et modernes qui s’étaient exprimées, dissertaient sur des difficultés historiques et critiques souvent mal posées ou dépassées, exposaient la valeur historique et littéraire (voire religieuse !) de l’écrit sacré, et de plus on reprochait surtout à Lusseau-Collomb des prises de position étroitement conservatrices ; leur contribution à initier vraiment les élèves aux problèmes bibliques et à de bonnes méthodes personnelles de travail n’était pas évidente, non plus que leur aptitude à former le jugement et à donner le goût de lire la Bible. En revanche, et à ce point de vue, faisait figure de réussite le Précis d'introduction à la lecture et à l'étude des Saintes Écritures de Pierre Cheminant (2 vol., Paris, 1950; 2e éd., 1940) ; il annonçait modestement des temps nouveaux.

    Sans se décourager, les professeurs continuaient leurs travaux, aussi bien dans les séminaires que dans les facultés, même si leurs publications en dehors d’articles de revues ou de dictionnaires demeuraient peu nombreuses. La plupart étaient des maîtres ou les disciples de maîtres qui avaient reçu leur formation à l’École biblique ouverte à Jérusalem en 1890 par le P. Lagrange et les Pères Dominicains français, ou bien à l’Institut biblique pontifical de Rome (érigé en 1909), en quelques cas dans ces deux endroits à la fois où ne cessaient de s’initier aux hautes études d’exégèse, de philologie et d’archéologie orientales ceux qui assureraient la relève. Les savantes Revue biblique (Paris, Gabalda) depuis 1892 et Biblica (Rome, 1920 et s.) issues de ces deux écoles faisaient avancer les recherches et informaient des publications importantes dans le monde, rôle qu’elles tiennent encore de nos jours ; sous le patronage de l’École de Jérusalem, la monumentale collection des « Études bibliques » (Paris, Gabalda, 1905 et s.), de très haut niveau, apportait au cours des ans les commentaires appréciés d’un certain nombre de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des volumes d’études philologiques, archéologiques ou historiques : elle poursuit toujours son admirable essor. D’autre part, selon les besoins, les professeurs s’adressaient à l’abondante production d’ouvrages exégétiques en langue allemande ou anglaise venant d’auteurs en majorité protestants.

    Tant d’activité manifestait la renaissance de l’exégèse catholique de langue française. A partir de 1926, sous la direction du chanoine Louis Pirot, paraissaient les premiers fascicules du Dictionnaire de la Bible, Supplément, ou Supplément au Dictionnaire de la Bible (Paris, Letouzey & Ané), destiné à revêtir une ampleur considérable ; il s’ajoutait au Dictionnaire de la Bible en cinq volumes dirigé par F. Vigouroux (Paris, 1891-1912) : il fallait mettre à jour, par suite du progrès constant des recherches, certains articles d’histoire, d’archéologie et de philologie orientales, et en ajouter d’autres, en particulier de théologie biblique, de critique littéraire et historique dont l’absence constituait une fâcheuse lacune. Pour un public cultivé, mais non spécialiste, afin de remplacer La Sainte Bible de L.-C. Fillion, fort vieillie, le même L. Pirot († 1939) entreprenait avec le concours de professeurs d’universités et de grands séminaires l’édition en 12 tomes de La Sainte Bible, texte latin et traduction française d'après les textes orignaux, avec un commentaire exégétique et tbéologique (Paris, Letouzey & Ané), dont les volumes sérieux et de bonne tenue, quoique de valeur inégale, commençaient à combler un grand vide [...]

    Enfin, la parution de L'Initiation biblique, Introduction à l'étude des Saintes Écritures, publiée sous la direction de André Robert et de Alphonse Tricot, professeurs à l’Institut catholique de Paris, avec la collaboration de spécialistes de toute première valeur (Paris-Tournai-Rome, 1939 ; 2e éd., 1948 ; 3e éd., 1954), marqua une date : elle manifestait pour la France, auprès du grand public, le renouveau de l’exégèse catholique et de ses méthodes [...] Le succès répondit aux intentions des auteurs.

    D’autre part, en 1940, en acceptant la succession de L. Pirot à la tête du Supplément au Dictionnaire de la Bible, A. Robert imprimait à cette encyclopédie une impulsion nouvelle (depuis le fascicule XVIII, 1941, début du tome IV). L’élan était donné, que ne devaient ni faire céder ni détruire les malheurs de la seconde guerre mondiale.
Afin de bien apprécier tout le sens de ces dernières paroles, je ne saurais trop vous conseiller de lire l'ouvrage du R.P. Hilaire de Barenton (O.F.M. Cap.) intitulé La Bible et les origines de l'Humanité, plus particulièrement les page 46 & suivantes.

Re: Index

par Abenader » sam. 29 févr. 2020 12:29

Merci à nouveau, cher SvP, pour votre réponse détaillée.

Je sais maintenant avec quoi allumer mon poêle !

Une dernière demande: savez-vous, suite à l'interdiction des deux tomes du Manuel, par quel ouvrage il a été remplacé dans les séminaires ?

Re: Index

par Si vis pacem » ven. 28 févr. 2020 22:46

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
4. Que devrait faire un fidèle en possession de livres indexés ? Les détruire ?
  • Léon XIII - Officiorum ac munerum (25 janvier 1897) a écrit :
    47. Omnes et singuli scienter legentes, sine auctoritate Sedis Apostolicæ, libros apostatarum et hæreticorum hæresim propugnantes, nec non libros cujusvis auctoris per Apostolicas Litteras nominatim prohibitos, eosdemque libros retinentes, imprimentes, et quomodolibet defendentes, excommunicationem ipso facto incurrunt, Romano Pontifici speciali modo reservatam.

    49. […] Præsentes vero litteras et quæcumque in ipsis habentur nullo umquam tempore de subreptionis aut obreptionis sive intentionis Nostræ vitio aliove quovis defectu notari vel impugnari posse ; sed semper validas et in suo robore fore et esse, atque ab omnibus cujusvis gradus et praeeminentiæ inviolabiliter in iudicio et extra observari debere, decernimus ; irritum quoque et mane si secus super his a quoquam, quavis auctoritate vel prætextu, scienter vel ignoranter contigerit attentari declarantes, contrariis non obstantibus quibuscumque.
    Léon XIII - Officiorum ac munerum (25 janvier 1897) a écrit :
    47. Quiconque lit sciemment, sans l'autorisation du Siège Apostolique, des livres d'apostats ou d'hérétiques, soutenant une hérésie, ainsi que les livres nominalement condamnés, de n'importe quel auteur ; quiconque garde ces livres, les imprime ou s'en fait le défenseur, encourt ipso facto l'excommunication réservée spécialement au Souverain Pontife.

    49. […] Nous décrétons que les présentes lettres et tout leur contenu ne pourront jamais être taxées ou accusées d'ajout, de soustraction ou d'un défaut quelconque d'intention de Notre part : mais elles sont, seront toujours valides et dans toute leur force, elles devront être observées inviolablement, in judicio et extra, par toute personne, de quelque dignité et prééminence qu'elle soit ; Nous déclarons nul et vain tout ce qui pourra être fait, par qui que ce soit, pour y introduire un changement quelconque, quels que soient le prétexte ou l'autorité sur lesquels on s'appuie sciemment ou inconsciemment, nonobstant toutes dispositions contraires.

Re: Index

par Si vis pacem » ven. 28 févr. 2020 0:11

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
2. Au début du tome IV est écrit ceci:
Ai examiné attentivement l'ouvrage de M. Brassac: Manuel (...). Non seulement il ne contient rien de contraire à la foi ou aux mœurs qui puisse en empêcher la publication, mais composé dans un esprit à la fois traditionnel et scientifique, il rendra de grands services à tous ceux qui s'intéressent aux études bibliques.
Ce texte est signé par le R. P. L. Cl. Fillion P. S. S. auteur d'une traduction éponyme de la Bible.

Se serait-il trompé ?
       Il semblerait qu'il faille répondre par l'affirmative ...

       Peut-être pouvons-nous alors retenir que l'abbé Fillion, comme vous l'indiquez, était lui aussi membre de la société des Prêtres de Saint-Sulpice.

       Mais peut-être y aurait-il un peu de cette réflexion de l'abbé Gaudeau à propos de la condamnation de l'abbé Brassac :
La Foi catholique (Abbé Bernard Gaudeau), tome XXXIII, 21 janvier 1924, pp. 35-36 a écrit :
J'ajouterai qu'une seule remarque, toute objective.

La source principale de ses erreurs [Ndlr : Abbé Brassac] et de ses tendances défectueuses (que l'auteur assurément sera le premier à regretter et à désavouer) est indiquée, si je ne me trompe, en deux passages de cette lettre elle-même [Ndlr : Lettre du cardinal Merry del Val].

L'erreur de méthode, y est-il dit, vient de ce que l'auteur « néglige l'exposition positive de la doctrine catholique intégrale » : neglecta nimis expositione positiva integræ doctrinæ catholicæ. Par suite, « en beaucoup de points il s'écarte du droit chemin de la doctrine théologique » : in multis a recto tramite doctrinæ theologicæ deflectit.

Tout est là en effet. Un maître en sciences sacrées ne sera véritable et grand exégète que dans la mesure où il sera d'abord véritable et grand théologien. Il faut à ses travaux une base dogmatique profonde et assez large pour déborder toujours, et de beaucoup, les recherches historiques et critiques, pour les régler et les contrôler sans cesse. L'oubli de cette loi souveraine par suite de ce que j'appellerai l'hypertrophie de la spécialité, est aujourd'hui surtout, le grand danger, non seulement pour l'exégète, mais pour l'historien, pour le canoniste, pour tout spécialiste en un mot.

Avec quel accent de profond dédain certains jeunes abbés, frottés de « haute critique », ou transformant la science canonique en un pur maquis de procédure, en un grimoire d'avoué, parlent du « théologien », être fossile dont les spéculations n'ont rien à voir avec la réalité des choses, avec la science moderne ! …

Mentalité modernistique et relativiste, au fond ; et qui tend pratiquement à supprimer, non seulement la doctrine surnaturelle, mais toute vérité spéculative et absolue.

Qu'on y prenne garde. Et qu'on relise souvent ces quelques lignes : « neglecta nimis expositione positiva integræ doctrinæ catholicæ … in multis a recto tramite doctrinæ theologicæ deflectit. »

Re: Index

par Si vis pacem » jeu. 27 févr. 2020 23:57

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
3. Les tomes III et IV sont dotés d'imprimatur et de nihil obstat. Ne peut-on donc pas se fier à ces garanties ? Comment est-ce possible que des éditions qui en sont pourvues soient néanmoins condamnées par l'Index ?
  • Pascendi Dominici Gregis a écrit :
       Nihil autem vos teneat, Venerabiles Fratres, quod forte libri alicujus auctor ea sit alibi facultate donatus, quam vulgo imprimatur appellant : tum quia simulata esse possit, tum quia vel negligentius data vel benignitate nimia nimiave fiducia de auctore concepta, quod postremum in Religiosorum forte Ordinibus aliquando evenit. Accedit quod, sicut non idem omnibus convenit cibus, ita libri qui altero in loco sint adiaphori, nocentes in altero ob rerum complexus esse queunt.
    Pascendi Dominici Gregis a écrit :
       Ne vous laissez pas arrêter, Vénérables Frères, au fait que l'auteur a pu obtenir d'ailleurs l'Imprimatur : cet Imprimatur peut être apocryphe, ou il a pu être accordé sur examen inattentif, ou encore par trop de bienveillance ou de confiance à l'égard de l'auteur, ce qui arrive peut-être quelquefois dans les Ordres religieux. Puis, le même aliment ne convient pas à tous : de même, un livre inoffensif dans un endroit peut, au contraire, à raison des circonstances, être fort nuisible dans un autre.

Re: Index

par Abenader » jeu. 27 févr. 2020 23:25

Merci pour cette réponse détaillée, cher SvP.

Re: Index

par Si vis pacem » jeu. 27 févr. 2020 0:27

La Documentation catholique, 1925, Tome XII, col. 323-327 a écrit :

Sagesse et nécessité de la condamnation.

Impossibilité d’améliorer l’ouvrage par une révision.


     Cette dernière tentative concourt à prouver combien S. Em. le cardinal Merry del Val eut raison d’adresser à l’auteur du Manuel ce reproche : Documenta magisterii ecclesiastici negligit, vel eorum sensum ad propria placita pervertit (1) ; et si l’on réfléchit combien serait funeste à la formation des jeunes gens un pareil travestissement de la doctrine officiellement promulguée par l’autorité suprême de l’Église, on comprendra combien juste et sage fut le retrait du Manuel des Séminaires. Les théories erronées dont nous avons parlé plus haut font si intimement corps avec tout l’ouvrage et en imprègnent tellement toute la substance qu’il serait vraiment difficile de le corriger et de le transformer. Les fondements mêmes de l’édifice sont à refaire.

     Si douloureux que soit le retranchement opéré par la Sacrée Congrégation, on est bien obligé d’en reconnaître la nécessité. Les effets n’en peuvent être que salutaires tout d’abord pour l’auteur lui-même, qui, par une soumission sincère à la condamnation, a donné une preuve manifeste de la pureté de ses intentions, et ensuite pour le corps entier de l’Église, en chassant le venin qui commençait à s’infiltrer dans ses veines. Nous pouvons même ajouter que cette condamnation d’un manuel où se trouvaient professées les théories spéciales à l'école large et à la nouvelle exégèse de certains catholiques (2) est un service rendu non seulement à la foi et à l’autorité de l’Écriture, mais encore à la bonne logique et à la véritable critique. Nous avons vu, en effet, comment ces théories embrouillent les concepts et faussent les principes d’une saine philosophie. En ce cas, comme en tant d’autres, la vigilance apportée dans la défense de la foi a du même coup bien mérité de la science.

 [Traduit de l’italien par la Documentation Catholique.]


(1) - « Il laisse de côté les documents du magistère ecclésiastique, ou il en détourne la signification- dans le sens qui lui plaît personnellement. » (Cf. D. C., t. 11, col. 326.)
(2) - Voir Civ. Catt., 1919, vol. 1, p 284, note 2. (Note de l'auteur.)


Re: Index

par Si vis pacem » jeu. 27 févr. 2020 0:21

La Documentation catholique, 1925, Tome XII, col. 323-327 a écrit :

M. Brassac recourt trop volontiers aux citations implicites.

     En raison des tendances que manifeste le Manuel biblique et que nous venons de passer en revue, nous ne serons pas surpris de le voir souvent recourir aux citations implicites et se prévaloir d’une légère concession de la Commission Biblique (décret du 13 février 1905 [1]), mais en en élargissant outre mesure l’application et sans observer les sages restrictions que recommande la Commission pontificale dans le même décret : par exemple, I, pp. 79 et sq. ; II, 1, p. 209.

Il fait bon accueil à la théorie erronée des « apparences historiques ».


     On n’est pas moins frappé de le voir faire bon accueil aux apparences historiques, le plus vain des sophismes inventés par l’école moderne pour concilier l’inconciliable, c’est-à-dire le concept catholique de l’inspiration avec l’erreur dans la Bible ; et l’on est vraiment surpris de voir invoquer en leur faveur jusqu’à un décret de la Commission Biblique. Pour résoudre les difficultés des livres des Paralipomènes, « il y aurait lieu, écrit M. Brassac, d’appliquer la théorie des apparences historiques (2), dont la légitimité a été reconnue par une décision de la Commission pontificale des Études bibliques » (3). Dans ce passage, M. Brassac fait certainement allusion à la théorie que présenta le P. de Hummelauer. Mais à la manière dont il en expose les raisons on devine aisément son inclination pour elle. Voici, du reste, toute la critique qu’il en fait par manière de conclusion : « Peut-être la théorie proposée par le P. de Hummelauer fournit-elle la solution de quelques difficultés. Mais en faire une application fréquente, atteignant la substance du livre, serait sûrement contraire à la saine exégèse » (4) (II, 1, p. 294). Ainsi donc ne serait contraire à la saine exégèse que d’en faire une application fréquente, et il serait permis de le faire pour autant qu’on ne s’attaquât pas à la substance même du Livre sacré.

     Mais la théorie des apparences historiques ne peut s’appliquer même une seule fois à l’Écriture, parce qu’elle est tout simplement une belle et bonne erreur. Qu’on se reporte à ce qui en fut dit succinctement dans la Civ. Catt., 1,919, vol. 1, pp. 282-284, et à la décision autorisée de S. S. Benoît XV dans l’encyclique Spiritus Paraclitus (Civ. Catt., 1920, vol. 4, p. 13 [D. C., t. 4, pp. 261-262]).

     La Commission Biblique à son tour, par le décret du 23 juin, auquel renvoie la note du Manuel, admet seulement et d’une manière hypothétique certains genres littéraires non strictement historiques, comme la parabole et l’allégorie ; mais elle ne dit rien des apparences historiques, qui sont une chose bien différente et devraient rentrer, si jamais, dans le genre historique proprement dit. Témoins les partisans eux-mêmes de cette théorie d’origine étrangère [à la foi], lesquels invoquèrent en sa faveur ces paroles du grand docteur saint Jérôme ; Opinionem vulgi exprimentes, quae vera historiae lex est (5). Cette interprétation injuste et injurieuse fut renversée avec une clarté et une vérité admirables par Benoît XV : « La véritable pensée du saint Docteur ne peut faire doute pour personne. Il ne dit pas que dans l’exposé des faits l’écrivain sacré s’accommode d’une fausse croyance populaire à propos de choses qu'il ignore mais seulement que, dans la désignation des personnes et des objets, il adopte le langage courant » (6).


(1) - Cf. Q. A., t. 78, p. 364 ; voir D. C., t. 12, col. 992.
(2) - Les italiques sont de l’auteur même que nous citons. (Note de l’auteur.)
(3) - II, 1, p. 203. (Note de l'auteur.) — En français dans le texte. (Note de la D. C.)
(4) - Passage cité en français dans le texte.
(5) - « Exprimer le sentiment de l’homme du peuple [l'opinion des contemporains], voilà la loi de l’histoire. »
(6) - « Quis est qui non videat, hoc Hieronymum dicere, hagiographum non in rebus gestis enarrandis, veritatis ignarum, ad falsam se vulgi opinionem accommodare, sed in nomine personis et rebus imponendo communem sequi loquendi modum ? » (Enc. Spir. Paracl., in Civ. Catt., 1920, vol. 4, p. 14 [D. C., t. 4, p. 262, col. 1].). Qu’il nous suffise de renvoyer à ce qui en a été dit dans notre périodique, 1919, vol. 1, pp. 282-284. (Note de l’auteur.)


Re: Index

par Si vis pacem » jeu. 27 févr. 2020 0:08

La Documentation catholique, 1925, Tome XII, col. 323-327 a écrit :

Elle est limitée aux seules affirmations religieuses de l’auteur inspiré.

     Dans les doctrines du Manuel il est un principe qui forme la clef de voûte de tout un système, à savoir que le but religieux visé par l’auteur inspiré limite en proportion la valeur de ses affirmations. Les auteurs sacrés ne veulent rien enseigner que la vérité religieuse et n'affirment rien que ce qu’ils enseignent ; voici en quelques mots le fondement sur lequel s’édifie la nouvelle théorie. Si on l’admet, la substance des faits, et non les « petits détails », importe seule à la vérité religieuse ; les auteurs sacrés n’affirment donc que la substance, mais non les « petits détails » (1). C’est un mode de raisonnement qu’on rencontre souvent dans le Manuel, soit dans l’introduction générale, où sont exposés les principes, soit dans l’introduction spéciale, où se font les applications particulières ; par exemple, à propos du livre de Josué (II, 1, p. 12), des actes de David (II, 1, p. 62), des divergences entre les évangélistes en général (III, p. 157). Et c’est bien celui qui est posé ou sous-entendu, comme il est facile de s’en convaincre soit par l’introduction générale et la cohérence des principes plus haut mentionnés, soit par des renvois spéciaux à des passages explicites, comme ceux que nous venons de signaler (v. g. III, p. 665) et où l'on ne veut admettre d’historique, de réel, que la « substance » des faits, où l’on n’exige que la seule historicité « substantielle », par exemple, à propos de la Genèse (I, p. 356), du livre des Juges (II, 1. p. 33) et plus spécialement des actes de Samson (ibid., p. 48), du livre de Ruth (ibid., p. 12, note), de Samuel (Ibid., p. 60), de Daniel (II, 2, p. 421), des Évangiles eux-mêmes (III, p. 448, note, p. 655, note, etc...).
  

On aboutit ainsi à une critique destructive.


     L’immense danger qu'on court en voulant restreindre la vérité historique à la substance — car la distinction entre la substance et l’accessoire est laissée au jugement, bon ou mauvais, de l’exégète ou du critique — ressort avec évidence de l’exemple suivant. Au sujet du caractère historique des récits de Samson (Iud. XIII, 16), M. Brassac écrit : « La réalité des faits envisagés, au moins dans leur substance, est exigée par le but que poursuit l’auteur du livre. Celui-ci développe la même thèse que dans les chapitres précédents, c’est-à-dire les Israélites sont opprimés, Dieu leur suscite un libérateur. Dès lors, il ne pouvait, sans être traité de faussaire, imaginer le personnage et les exploits de Samson » (2) (II, I, pp. 48 et sq.). Ainsi donc, toute la réalité historique, indéniable, qu’on puisse rigoureusement tirer de la divine origine du livre est que Samson a existé et délivré le peuple d’Israël. Avec un pareil principe on voit qu’aux erreurs dans la Bible — si elles n’étaient que matérielles, nous passerions dessus — on ouvre une porte autrement plus large qu’avec les obiter dicta, depuis longtemps si énergiquement condamnés.

  

On ruine la saine logique.


     Mais revenons un peu sur ce principe, constamment posé en principe et jamais démontré dans notre Manuel : les auteurs sacrés n’affirment que ce qu’il veulent enseigner ; d’où l’on conclut que, la vérité ou l’erreur n’existant, comme en un sujet logique, que dans les affirmations, on ne peut les taxer d'erreur, quoi qu’ils disent, en tout ce qu’ils n’ont pas le but d’enseigner.

     Ici donc, avec une hardiesse inadmissible en dialectique, on commence par exiger, pour qu’il y ait affirmation, une intention de l’esprit, intention qui peut certainement influer sur la valeur morale de l’acte (manifestation de sa propre pensée), mais n’entre pas dans la constitution d’une affirmation logique. A celle-ci on ne demande rien autre que d’attribuer à un sujet donné un prédicat déterminé ; ceci posé et ceci seulement, la logique la plus élémentaire dit qu’il y a une affirmation. La vérité ou la fausseté de cette dernière dépendra ensuite du fait que le prédicat existe réellement ou non dans le sujet. L’intention de l’esprit n’en change pas la nature logique, elle n’en change que la nature morale (3). Si l’affirmation ne répond pas à la réalité, c’est toujours une erreur ; mais l’erreur sera volontaire et formelle, si j’énonce un jugement le sachant faux ; elle sera matérielle ou involontaire, si j’exprime un jugement en croyant qu’il répond à la réalité. L’intention d’enseigner, c’est-à-dire de vouloir qu’on croie ce que je dis, rendra de plus l’erreur effective, c’est-à-dire y ajoutera une malice plus grande ; mais l’absence d’une pareille intention ne dépouillera pas l’erreur énoncée de son défaut intrinsèque, c’est-à-dire de la déformation de l’objet réel (4). Avec la distinction posée on ne fait donc que renverser le concept de l’affirmation logique.

     Non moindre est la confusion de concept, ou tout au moins l’impropriété de langage, quand on nous dit que « l’erreur dont il est question — c’est-à-dire celle qui est exclue de l’inspiration — est non pas l’inexactitude purement matérielle, mais l’erreur logique et formelle, l'erreur au sens philosophique du mot », et que « l’erreur existe uniquement dans les affirmations de l’esprit, c’est-à-dire dans les propositions qui énoncent un jugement catégorique » (III, pp. 58 et sq.). En philosophie, un jugement catégorique est un jugement simple, inconditionné, et ce n’est pas le plus ou moins d’importance que lui accorde la personne qui parle qui peut le rendre tel. En somme, revient constamment ce paralogisme de faire dépendre de la fin ou de l’intention de l’esprit la vérité ou la fausseté d’une assertion, paralogisme que nous avons vu si énergiquement rejeté par Léon XIII. Et toute cette doctrine qu’enseigne le Manuel est réprouvée de la façon la plus claire par Benoît XV dans l’encyclique Spiritus Paraclitus : « On ne peut admettre l’opinion de ces modernes qui, ayant introduit la distinction entre l’élément principal ou religieux de l’Écriture et l’élément secondaire ou profane, veulent assurément que l’inspiration s’étende à toutes les phrases et même à tous les mots de la Bible, mais qui en restreignent ensuite les effets, et notamment l’immunité d’erreur, à l’élément principal ou religieux. A leur avis, Dieu n’a eu comme but et n’a enseigné (intendi ac doceri) dans la Bible que ce qui touche à la religion ; tout le reste, appartenant aux disciplines profanes et ne servant, pour ainsi dire, que de revêtement extérieur à la doctrine révélée, est seulement permis par Dieu et abandonné à l’imperfection de l’écrivain. Qu’on ne s’étonne pas alors que dans les questions physiques, historiques et autres semblables, on trouve dans la Bible beaucoup de passages qui ne peuvent en aucune manière s’accorder avec les progrès actuels des sciences.[/i] (Civ. Catt., 1920, 4, p. 12) (5).


(1) - A la fois en italien et en français dans le texte.
(2) - En français dans le texte.
(3) - L’acte moral, suivant la juste remarque de saint Thomas (IIa IIae, q. 110, a. 1), est déterminé spécifiquement par l’objet et la fin ; l’acte intellectuel ne l’est que par l’objet. (Note de l’auteur.)
(4) - Cf. saint Thomas, ibid. (Note de l’auteur.)
(5) - Cf. D. C., t. 4, p. 261, col. 2.



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