Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris.

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La ferveur et l'activité des vertus précédant le péché reviennent selon l'intensité de la pénitence.

IX. — Mais, si la charité revient la même en substance, l'exercice de la ferveur et des vertus est plus ou moins grand, selon l'intensité de la péni­tence, qui ramène la vie. Ce sera par l'effort de la vertu pénitente, ou de la pénitence mettant en jeu les autres vertus, que l'activité se déploiera dans la mesure de la grâce déjà acquise et reconquise.
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Les œuvres accomplies en l'état de péché mortel demeurent irrémédiablement perdues.

X. — Les œuvres irrémédiablement frappées de mort, au point de vue du mérite, sont celles, même bonnes en soi, mais accomplies sans la charité, du­rant le temps passé en l'état de péché mortel (1). Le souvenir des fautes commises et des biens mortifiés pourra et devra activer le travail de la pénitence, pour réparer le temps perdu ; mais, de fait, le temps perdu ne revient pas.

(1). Ibid., a. 6 : Unde impossibile est quod opera mortua iterum fiant viva per poenitentiam.



(à suivre)
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La pénitence sincère va aux austérités.

XI. — La pénitence a son champ d'exercice principalement dans le corps, dans la chair, cause ordinaire du péché. C'est justice qu'elle mortifie cette ennemie de l'âme en lui imposant des retran­chements pénibles et des souffrances volontaires, et qu'elle rétablisse par l'abstention et la douleur la pureté intérieure. Mais la patience dans les épreuves providentielles de la vie l'emporte sur les austérités de son choix : nulle autre part on n'est plus assuré d'être dans les desseins et les désirs de Dieu sur soi.

Nous avons décrit, dans l'Ascétique (1), en tra­çant les moyens extérieurs de perfection, les for­mes diverses de la mortification chrétienne, tant spirituelle que corporelle, sans laquelle il n'y a pas de vraie pénitence : nous ne reproduisons pas ici cet exposé. Disons seulement que si la pé­nitence intérieure est essentielle, elle ne peut man­quer, en la supposant sincère et active, d'appa­raître au dehors en des sanctions douloureuses et en des expiations volontaires : nul n'est pénitent s'il n'est mortifié.

Inséparable de la pénitence, la mortification des sens est aussi la compagne des vertus déli­cates dont la tempérance a la garde, ainsi que nous le dirons en son lieu.


(1). L'Ascétique chrétienne, ch. XLII, p. 423-435. [/i]


(à suivre : Le péché qui contredit directement la pénitence )
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LE PÉCHÉ CONTRE LE SAINT-ESPRIT

extraits de l'ouvrage du Chanoine M.-J. RIBET, Les vertus et les dons dans la vie chrétienne, 1901, chapitre XXVII.
Le péché contre le Saint-Esprit contredit directement la pénitence.

I. — La pénitence est la vertu qui ramène à Dieu par la contrition sincère du cœur. Son contraire sera, non de persévérer dans le péché, ce qui, de soi et sans une intention précise, n'est pas un nouveau péché ; mais la volonté positive et préméditée de ne point se convertir. Ce péché s'appelle l'impénitence finale ou le blasphème contre le Saint-Esprit. Autre chose est ne pas se convertir, et autre chose ne pas vouloir se convertir. Dans le premier cas, on meurt non pénitent, par surprise; dans le second, on meurt impénitent, et par volonté. C'est le péché contre le Saint-Esprit.

Il est vrai, il y a, au sujet de ce redoutable péché que Notre-Seigneur déclare (1) n'être remis ni dans le siècle présent ni dans le siècle futur (2), plus d'une interprétation, les uns l'entendant d'une irrémissibilité absolue, d'autres d'une irrémissibilité rela­tive. La plus commune y voit l'obstination à re­pousser la lumière et la grâce, et le parti pris de ne point faire pénitence.

Cette résistance commence d'abord par un acte formel, et devient ensuite un état. Notre-Seigneur le qualifie de blasphème contre l'Esprit, c'est-à-dire d'acte ostensiblement injurieux à la divinité. C'est la rupture audacieuse avec Dieu, le mépris souverain de sa miséricorde et de sa grâce, dont le Saint-Esprit est la personnification (3), en tant que charité du Père et du Fils.


(1). Matth., XII, 31 : Ideo dico vobis : Omne peccatum et blasphemia remittetur hominibus, Spiritus autem blasphemia non remittetur.
(2). Le siècle présent, c'est la vie présente ; le siècle futur, l'éternité.
(3). S. Thomas, 2. 2, q. 14, a. 1 : Augustinus autem (in libr. De Verbis Domini, Serm. 11) blasphemiam vel peccatum in Spiritum Sanctum dicit esse finalem impoenitentiam, quando scilicet aliquis perseverat in peccato mortali usque ad mortem. Quod quidem non solum verbo oris fit, sed etiam verbo cordis et operis, non uno, sed multis. Hoc autem sic acceptum dicitur esse contra Spiritum Sanctum, qui est charitas et Patris et Filii.
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En soi, il serait rémissible, tant que dure l'épreuve, si l'homme le voulait.

II. — En soi, et du côté de Dieu, ce péché serait rémissible comme les autres. Notre-Seigneur ne dit pas expressément qu'il ne puisse pas être remis ; mais qu'il ne sera pas remis. La cause en est dans la disposition du pécheur, péchant en pleine lumière et poussant la malice jusqu'à s'engager avec lui-même, et devant les hommes, à ne jamais regretter et condamner ses crimes : lutte ouverte contre la bonté, qui en fait le péché contre le Saint-Esprit.

Dans la Trinité, le Père revendique la puis­sance, le Fils la sagesse et le Saint-Esprit la bonté; voilà pourquoi les péchés d'infirmité sont censés contraires au Père, ceux d'ignorance opposés au Fils, et ceux de malice, commis en haine du bien, dirigés contre le Saint-Esprit (1).

La raison de la malice affectée rend la conver­sion difficile, et celle de l'obstination préméditée, renouvelée, endurcie de la volonté résolue à ne point demander merci, scelle librement, mais effica­cement, la réprobation. Par un miracle de grâce, Dieu qui atteint les cœurs sans les violenter, pour­rait triompher de telles résistances. En laissant les choses et les dispositions humaines à leur cours, il n'y a pas de retour à attendre ; il n'y en aura pas (2).


(1). S. Thom. 2. 2, q. 14, a. 1: Alii aliter accipiunt, dicentes peccatum vel blas-phemiam in Spiritum Sanctum esse, quando aliquis peccat contra appropriatum bonum Spiritui Sancto; sic enim SpirituiSancto appropriatur bonitas,sicut et Patri appropriatur potentia, et Filio sapientia. Unde peccatum in Patrem dicunt esse quando peccatur ex infirmitate; pec­catum autem in Filium, quando peccatur ex ignorantia; peccatum autem in Spiritum Sanctum, quando peccatur ex certa malitia, id est ex ipsa electione mali.
(2). Bellarmin, De Pœnitentia, 1. II, c. xvi : Dicendum igitur Scripturas et Patres dicere peccatum in Spiritum Sanctum non remitti, quia ordinarie et ut plurimum non curatur.
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Il cesse de l'être à la mort.

III. — Si ce péché, d'ailleurs, reçoit sa dernière consommation par la résistance à la grâce jusqu'à l'heure de la mort, on conçoit sans peine qu'il soit irrémissible, la miséricorde et le pardon de la part de Dieu, et la conversion de la volonté ne se produisant que durant le voyage et l'épreuve (1).

Mais il préexiste plus ou moins longtemps à l'heure finale, et sa malice spéciale et révoltante est de vouloir finir ainsi.


(1).S. Thomas, ibid., a. 3 : Si enim dicatur peccatum in Spiritum Sanctum finalis impœnitentia, sic dicitur irremissibile, quia nullo modo remittitur. Peccatum enim mortale in quo homo perseverat usque ad mortem, quia in hac vita non remittitur per pœnitentiam. nec etiam in futura dimittetur.
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Fréquence de cette folie.

IV. — Ce péché se rencontre plus fréquemment qu'on ne pense, surtout de nos jours. Si le grand nombre des pécheurs, parmi les catholiques, en­tretiennent la pensée et le désir de purifier leur conscience et de recouvrer la grâce avant de mou­rir, il en est qui ne gardent aucune mesure, pè­chent par pure malice, sans l'ombre de remords, et consomment leur damnation en la prononçant eux-mêmes. Ils vont jusqu'à se précautionner con­tre la possibilité de la conversion par des engage­ments qui écarteront le prêtre à l'heure de la mort ou en tournant, d'avance, en dérision la faiblesse du repentir.

Voltaire, en danger de mort, avait demandé et reçu les sacrements. Échappé au péril, il raillait les prêtres et l'infâme de s'y être laissés prendre. Le péril reparut, mais, cette fois, les avenues furent si bien gardées par les adeptes de l'impiété, que le malheureux mourut dans les affres du désespoir.

Plus près de nous, un autre esprit fort, qui avait préludé par le sacrilège eucharistique à l'ostenta­tion de la libre-pensée, avertissait le public en style badin que si jamais il venait à résipiscence, ce serait l'effet du ramollissement. Il réussit à mou­rir ramolli et impénitent.

Ce n'est pas seulement dans les grandes villes que ces audaces s'affichent; elles se multiplient par­tout, et des paysans illettrés eux-mêmes s'en font gloire. Tel un vieux campagnard, longtemps camelot à travers les boues de France et d'Amérique, endurci dans le blasphème, ayant le zèle de la corruption et habile à lui donner des airs de bien­faisance, rêvant une dernière insolence contre Dieu. Comme chez Voltaire, sa longue vie, riche­ment débordée et gouailleuse, n'avait pu étouffer la foi des premiers ans : il croyait et tremblait comme un démon, et le quart d'heure d'après la mort lui donnait le frisson. Lui, qui avait tant menti et avec succès, il savait qu'il ne mentirait pas cette fois.
Pour se tirer de ce mauvais pas, il imaginait un stratagème grossier : celui de la mort subite, et il goûtait particulièrement le coup soudain de la foudre, qui ne laisse pas le loisir de lever les yeux au ciel. Arrivé devant Dieu soudainement, par cette ingénieuse surprise, il le calmerait, disait-il en ricanant, par cet argument sans réplique : « Vous le voyez, Bon Dieu, je n'ai pas eu le temps ! » En attendant ce dernier bon tour — tromper le bon Dieu, c'était pour ce madré paysan le suprême délice — il déblatérait ignoblement contre le Sacré-Cœur de Jésus, la Vierge immaculée, saint Joseph, modèle de pureté et patron de la bonne mort, et aussi contre l'innocente bergère sainte Germaine, parce qu'elle fut chaste et chétive.
Dieu ne devait point se prêter à son calcul et lui fournir le pré­texte de la mort imprévue : il eut le loisir de refuser de se confesser après avoir reçu, sans connaissance, les sacrements, et de mourir, sciemment, dans l'impénitence. Cela ressemble fort au blasphème contre le Saint-Esprit.

On comprend que ce péché devienne irrémissible et qu'en prenant de telles précautions, on réussisse à se damner à coup sûr.
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Les six espèces du péché contre le Saint-Esprit, selon saint Thomas.

V. — Le Docteur Angélique (1) signale six désor­dres dans le péché contre le Saint-Esprit : le déses­poir, la présomption, l'impénitence, l'obstination, l'impugnation de la vérité connue et l'envie de la grâce dans le prochain.

Il est certain que ce sont là autant d'obstacles à la conversion; cependant, à l'exception de l'impénitence, qui doit s'entendre ici du parti pris de ne point se repentir, de la lutte ouverte contre la lumière de la conscience et de l'obstination qui s'entête dans le mal, les autres péchés allégués contredisent moins la pénitence que d'autres vertus.

Mais on peut inclure dans le blasphème contre le Saint-Esprit les actes de malice proprement dite, où l'on pèche pour pécher, et plus particulièrement la pensée arrêtée de se maintenir irrévocablement dans l'indépendance et la révolte contre Dieu.


(1). I. 2. 2, q. 14, a. 2, Concl. : Sex sunt peccati in Spiritum Sanctum species : desperatio, praesumptio, impœnitentia, obstinatio, impugnatio veritatis agnitae, invidia fraternae gratiae.
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Le blasphème contre le Saint-Esprit et l'aveuglement spirituel.

VI. — Le blasphème contre le Saint-Esprit peut prendre deux formes : celle de la lutte contre la lumière, et celle de l'aveuglement.

Après avoir longtemps résisté à la clarté qui montre le bien, il arrive fréquemment que l'impie perd comme la faculté de le percevoir, et devient d'autant plus endurci que son esprit ne distingue plus rien dans l'ordre de l'âme, et des choses éternelles. Aux uns, Dieu laisse la vision qui les accuse, les juge et les tourmente; il plonge les autres dans les ténèbres.Le résultat est le même : on est réfractaire à la lu­mière et à la pénitence.

La cécité spirituelle peut provenir d'une autre cause que le péché contre le Saint-Esprit. Les plaisirs grossiers du corps ont pour contre-coup la torpeur et l'obscurcissement de l'esprit (1). Le senti­ment de la vie se concentre dans la chair ; l'intelli­gence, la foi, le désir du monde spirituel et surna­turel s'éteignent par degré, et l'on finit par ne plus rien voir hors du monde de la sensation animale. Sans être intentionnellement dirigé contre la péni­tence, comme le péché contre le Saint-Esprit, l'aveuglement l'empêche avec la même efficacité.

C'est un des mystères les plus profonds de la malice et de la misère humaines, et le mystère, plus incompréhensible encore, de l'économie divine de la grâce. Il n'est pas rare que la foi survive, forte, émue, toujours prête à crier miséricorde à la vue de l'éternité, à la condition que l'esprit se sera préservé des blasphèmes de l'impiété. Le plus souvent, l'in­sensibilité et la cécité résultent du libertinage simul­tané de l'esprit et des sens, et l'opposition préméditée au repentir, qui fait l'impénitence, vient moins des faiblesses de la chair que des insolences de l'impiété.


(1). S. Thom., 2. 2, q. 16, a. 3 : Vitia autem carnalia, scilicet gula et luxuria, consistunt circa delectationes tactus, ciborum scilicet et venereorum, quae sunt vehementissimae inter omnes corporales delecta­tiones. Et ideo per haec vitia intentio hominis maxime applicatur ad corporalia, et per consequens debilitatur operatio hominis circa intelligibilia ; magis autem per luxuriam quam per gulam, quanto delec­tationes venereorum sunt vehementiores quam ciborum. Et ideo ex luxuria oritur cœcitas mentis, quae quasi totaliter spiritualium bonorum cognitionem excludit; ex gula autem hebetudo sensus, quae reddit hominem debilem circa hujusmodi intelligibilia.
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