Saint Jean Damascène (27 mars)

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Laetitia
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Saint Jean Damascène (27 mars)

Message par Laetitia »

  Les Petits Bollandistes, au 6 mai a écrit :
Saint Jean Damascène, Docteur de l’Église
780 – Pape : Adrien Ier. - Empereur d'Orient : Constantin V.

"Le bien n'est pas même bien s'il n'est bien fait."
Maxime favorite de saint Jeans Damascène.


Jean Damascène, nommé aussi Mansour ou Chrysorroas (brillant comme l'or), est le dernier des Pères grecs et l'écrivain le plus remarquable du VIIIe siècle.
Il naquit dans les dernières années du VIIe siècle, en Syrie, à Damas, ce qui lui a fait donner le nom de Damascène. Cette ville était au pouvoir des Sarrasins depuis l'an 633. Le père de notre Saint, quoique zélé chrétien, était très-estimé parmi ces infidèles, à cause de la noblesse de sa naissance, de sa probité et de ses talents. Il plut au chef des Sarrasins, au kalife, qui en fit son ministre.

Dans cette haute position, il employait sa fortune et son influence à protéger les chrétiens opprimés, à racheter ceux qui étaient captifs. Ces bonnes œuvres furent récompensées par la divine Providence. Un jour, dans une troupe de ces malheureux exposés sur la place publique, on vit ceux qui étaient destinés à la mort se jeter aux pieds de l'un d'entre eux et se recommander humblement à ses prières. C'était un religieux italien, nommé Cosme, pris sur mer avec les autres. Les barbares, ayant remarqué le respect que lui témoignaient ses compagnons de malheur, lui demandèrent de quelle dignité il avait été revêtu parmi les chrétiens. Il répondit qu'il n'en avait point d'autre que celle de prêtre. « Je suis », ajouta-t-il, « un inutile moine qui a étudié non-seulement la philosophie chrétienne, mais encore la philosophie étrangère » et, en disant ces mots, ses yeux se remplirent de larmes.

Le père de Jean étant survenu, lui demanda la cause de sa tristesse. Cosme lui confessa naïvement qu'il s'affligeait de mourir avant d'avoir pu communiquer à d'autres les sciences qu'il avait acquises. Or, depuis longtemps le père cherchait pour son fils un homme qui pût lui donner une éducation convenable. Ravi de trouver ce trésor dans un captif qu'on allait égorger, il courut le demander au Kalife, qui le lui accorda sans peine. Cosme non-seulement reçut la liberté, il devint l'ami du père, le maître du fils, qui, sous sa direction, apprit avec un succès prodigieux la grammaire, la dialectique, l'arithmétique de Diophante ou l'algèbre, la géométrie, la musique, la poésie, l'astronomie, mais surtout la théologie ou la science de la religion. Ses progrès ne furent pas moindres dans la vertu que dans les sciences.

Il avait pour compagnon d'étude un orphelin de Jérusalem, que son père avait adopté. Quand son éducation fut achevée, Cosme se retira en Palestine, dans la laure de saint Sabas, d'où il fut tiré pour être fait évêque de Majume. Le mérite de Jean fut bientôt connu du prince des Sarrasins, qui le fit chef de son conseil, après la mort de son père.

Circonstance bien remarquable ! C'est un pauvre moine d'Italie, captif, voué à la mort, qui introduit les sciences de Grèce et de Rome à la cour des Kalifes de Damas, qui les enseigne au fils du grand vizir et ce fils, devenu grand vizir lui-même, puis moine, sous le nom de saint Jean Damascène, parvient à naturaliser, pour un temps, ces sciences étrangères parmi ces mêmes musulmans, parmi ces mêmes Arabes, qui les avaient proscrites et brûlées avec la bibliothèque d'Alexandrie. D'après ces faits, qui viennent d'être constatés par des savants de France, ce ne sont pas les chrétiens qui ont appris ces sciences humaines des musulmans, comme certains hommes se plaisent à dire, mais les musulmans qui les ont apprises des chrétiens.
(à suivre)
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Laetitia
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Re: Saint Jean Damascène (27 mars)

Message par Laetitia »

On avait vu plus d'un empereur grec de Constantinople protéger l'hérésie ; il y en eut un qui inventa lui-même une hérésie nouvelle : ce fut de condamner et de briser les images des Saints comme une idolâtrie. C'était l'empereur Léon, surnommé l'Isaurien, parce qu'il était natif d'Isaurie, pays et peuple pour le moins aussi barbares que l'étaient alors les Huns et les Vandales (730). Comme il était très-ignorant, il se mit en tête qu'en honorant les saintes images les catholiques honoraient non pas les saints qu'elles représentent, mais la matière et la couleur dont ces images sont faites. Il entreprit de les abolir, les fit ôter des églises et brûler sur les places publiques. Les catholiques qui s'y opposaient furent tourmentés et mis à mort.

Son fils, Constantin Copronyme, se montra encore plus furieux. Constantinople devint un théâtre de supplices on crevait les yeux, on coupait les narines aux catholiques ; on les déchirait à coups de fouet, on les jetait dans la mer.

L'empereur en voulait surtout aux moines : il n'y avait tourments et outrages qu'il ne leur fît souffrir. On leur brûlait la barbe enduite de poix on leur brisait sur la tête les images des Saints, peintes sur bois. Son plus grand plaisir était de présider à ces supplices.

Les chrétiens, fidèles à leur foi, combattirent l'hérésie, selon la coutume, par la prière, le jeûne et par le martyre enduré avec une constance héroïque. Quelques-uns défendirent la vérité par d'éloquents écrits ; de ce nombre furent surtout saint Germain, évêque de Constantinople, et Jean Damascène, gouverneur de Damas et ministre du kalife. L'empereur, irrité, put facilement exercer sa vengeance sur saint Germain mais comment atteindre saint Jean Damascène dans un empire étranger ? S'étant procuré un autographe de Jean, il ordonna à un habile copiste de s'exercer à imiter cette écriture, et il parvint, par ce moyen, à fabriquer une lettre que Jean lui adressait, et dans laquelle il lui offrait de lui livrer Damas par trahison.

L'empereur envoya cette fausse lettre au kalife, l'avertissant, en bon voisin, qu'il avait un traître pour ministre. Cette lâche et vile imposture eut un plein succès. Malgré les dénégations les plus énergiques de Jean, le kalife lui fit couper la main droite, et ordonna qu'elle fût attachée à un poteau dans une place publique. La victime, ayant obtenu qu'on lui rendît sa main coupée, se retira dans son oratoire, et là, ce vaillant défenseur des saintes images agenouillé devant une image de la vierge Marie, pria ainsi « Très-pure Vierge, qui avez enfanté mon Dieu, vous savez pourquoi on m'a coupé la main droite ; vous pouvez, s'il vous plaît, me la rendre et la rejoindre à mon bras je vous le demande avec instance, afin que je l'emploie désormais à écrire les louanges de votre Fils et les vôtres ». Ayant dit cela, il s'endormit, et la sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Vous êtes maintenant guéri composez des hymnes, écrivez mes louanges et accomplissez votre promesse ». Le Saint étant réveillé, trouva sa main parfaitement réunie à son bras; rien n'indiquait qu'elle en eût jamais été séparée, si ce n'est une petite ligne rouge qui l'entourait en forme de bracelet, comme marque de ce miracle.

Le prince des Sarrasins, reconnaissant par ce prodige l'innocence de Jean, lui rendit son ancienne fonction. Mais Jean ne demeura pas longtemps au service des hommes la guérison de sa main lui avait sans doute paru une approbation par le ciel de ses travaux théologiques. Désirant dès lors se livrer uniquement au service de Dieu, il affranchit ses esclaves, distribua ses biens à ses parents, aux églises et au pauvres, et se retira, avec son frère adoptif, qui s'appelait Cosme comme son précepteur, près de Jérusalem, dans la laure de saint Sabas.

Cet abbé lui donna pour directeur, un ancien moine, fort expérimenté dans la conduite des âmes. Notre Saint en reçut les leçons suivantes, qu'il pratiqua comme si Jésus-Christ les lui avait données de sa propre bouche « Ne faites jamais votre propre volonté ; — exercez-vous à mourir à vous-même en toutes choses, afin de bannir tout attachement aux créatures ; — offrez à Dieu vos actions, vos peines, vos prières ; — pleurez sans cesse les fautes de votre vie passée ; — ne vous enorgueillissez point de votre savoir ni de quelque avantage que ce soit, mais convainquez-vous fortement que, de votre propre fonds, vous n'êtes qu'ignorance et faiblesse ; — renoncez à toute vanité, défiez-vous de vos lumières et ne désirez jamais d'avoir des visions et des faveurs extraordinaires ;— éloignez de votre esprit tout ce qui pourrait vous rappeler l'idée du monde, gardez exactement le silence et souvenez-vous que l'on peut pécher, même en disant de bonnes choses, lorsqu'il n'y a point de nécessité ; — prenez conseil d'autrui dans les choses difficiles ; — tournez tous vos désirs vers Dieu ; — n'écrivez point de lettres sans permission de vos supérieurs ; — ne contredisez personne; — ne murmurez point ; — ne craignez pas de vous égarer, hors de la voie de la perfection, en suivant les ordres de vos supérieurs ».

Jean suivit, comme je l'ai dit, ponctuellement ces leçons, et avançait à grands pas dans la voie de la perfection. Son directeur mettait sans cesse l'obéissance de l'illustre et pieux novice à de nouvelles épreuves. Un jour, il lui ordonna d'aller vendre des corbeilles de palmier à Damas, et lui défendit de les donner au-dessous d'un certain prix qu'il marqua et qui était exorbitant. Le Saint obéit sans dire un seul mot. Il se rendit, sous un habit pauvre, dans cette même ville dont il avait été le gouverneur. Quant il eut exposé sa marchandise et dit le prix, il fut traité d'extravagant et accablé d'injures, qu'il souffrit en silence. A la fin, un de ses anciens serviteurs, l'ayant reconnu, eut pitié de lui et acheta toutes ses corbeilles le prix qu'il voulait les vendre.
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Laetitia
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Re: Saint Jean Damascène (27 mars)

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Nous raconterons encore deux victoires que son humilité lui fit remporter. Un moine était inconsolable de la mort de son frère : Jean, pour arrêter le cours de ses larmes, lui cita un vers grec, dont le sens était qu'il faut s'attendre à voir périr tout ce qui est terrestre et mortel. Là-dessus, son directeur lui reprocha de faire parade de sa science « Vous avez », lui dit-il, « violé la défense que je vous avais faite de parler sans nécessité ». Puis il le condamna à rester enfermé dans sa cellule. Le Saint s'avoua humblement coupable de désobéissance, et, au lieu d'alléguer la pureté de son intention, il pria les autres moines d'intercéder pour lui et de lui obtenir le pardon de la faute qu'il avait commise sa grâce lui fut accordée, mais à condition qu'il ferait une action, qui, chez les anciens, était considérée comme un supplice auquel on condamnait les criminels, et qui, dans les communautés, était ce qu'il y avait de plus humiliant, je veux dire la vidange des fosses d'aisance. L'ancien ministre du kalife s'acquitta de cet emploi avec un empressement et une humilité qui remplirent d'admiration les plus anciens de la communauté, les plus avancés dans l'obéissance.

Une si grande vertu réunie à des talents si remarquables firent juger notre Saint digne d'être élevé au sacerdoce. Cette dignité augmenta sa ferveur.
On crut alors qu'il était assez solidement vertueux et assez humble pour écrire en faveur de la foi. Nous donnons ci-dessous la liste de ses ouvrages. Il s'y trouve trois discours contre l'hérésie des Iconoclastes, intitulés : Discours sur les images. Il y déclare que le prince doit se contenter du gouvernement de l’État, et ne point se mêler de faire des décisions sur la doctrine. Cette autorité-là appartient à l’Église ; l’Église ne peut errer : elle ne peut donc tomber dans l'idolâtrie.

Il démontre très-bien que l’Église catholique n'adore que Dieu, quoiqu'elle vénère les Saints. Quant aux images, elles servent à nous instruire, à réveiller notre dévotion, parce que, notre nature étant double, sensible et intellectuelle, il nous faut des choses visibles pour nous rappeler les invisibles. Dieu s'est rendu lui-même visible en s'incarnant. Est-on idolâtre parce qu'on a du respect pour l’Écriture sainte ? C'est pourtant une chose matérielle comme les images, et les images nous rappellent, comme l’Écriture sainte, Dieu et les choses invisibles. Jean ne se contenta pas d'écrire contre les Iconoclastes ; il parcourut la Syrie, la Palestine, pour raffermir les chrétiens persécutés ; il alla même, dans l'espoir du martyre, à Constantinople, dont l'empereur Constantin-Copronyme avait fait la capitale de l'erreur et de la persécution. Mais Dieu en avait ordonné autrement. Notre Saint put revenir dans sa laure, où il continua ses savants écrits, Il y mourut vers l'an 780 : il avait vécu cent quatre ans. Au XIIe siècle, on montrait encore son tombeau, près du portail de l'église de la laure.

On représente saint Jean Damascène prosterné aux pieds de la sainte Vierge qui rapproche sa main coupée de son poignet ; vendant des corbeilles, etc.
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