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Si vis pacem
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Message par Si vis pacem »

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
3. Les tomes III et IV sont dotés d'imprimatur et de nihil obstat. Ne peut-on donc pas se fier à ces garanties ? Comment est-ce possible que des éditions qui en sont pourvues soient néanmoins condamnées par l'Index ?
  • Pascendi Dominici Gregis a écrit :
       Nihil autem vos teneat, Venerabiles Fratres, quod forte libri alicujus auctor ea sit alibi facultate donatus, quam vulgo imprimatur appellant : tum quia simulata esse possit, tum quia vel negligentius data vel benignitate nimia nimiave fiducia de auctore concepta, quod postremum in Religiosorum forte Ordinibus aliquando evenit. Accedit quod, sicut non idem omnibus convenit cibus, ita libri qui altero in loco sint adiaphori, nocentes in altero ob rerum complexus esse queunt.
    Pascendi Dominici Gregis a écrit :
       Ne vous laissez pas arrêter, Vénérables Frères, au fait que l'auteur a pu obtenir d'ailleurs l'Imprimatur : cet Imprimatur peut être apocryphe, ou il a pu être accordé sur examen inattentif, ou encore par trop de bienveillance ou de confiance à l'égard de l'auteur, ce qui arrive peut-être quelquefois dans les Ordres religieux. Puis, le même aliment ne convient pas à tous : de même, un livre inoffensif dans un endroit peut, au contraire, à raison des circonstances, être fort nuisible dans un autre.
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Message par Si vis pacem »

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
2. Au début du tome IV est écrit ceci:
Ai examiné attentivement l'ouvrage de M. Brassac: Manuel (...). Non seulement il ne contient rien de contraire à la foi ou aux mœurs qui puisse en empêcher la publication, mais composé dans un esprit à la fois traditionnel et scientifique, il rendra de grands services à tous ceux qui s'intéressent aux études bibliques.
Ce texte est signé par le R. P. L. Cl. Fillion P. S. S. auteur d'une traduction éponyme de la Bible.

Se serait-il trompé ?
       Il semblerait qu'il faille répondre par l'affirmative ...

       Peut-être pouvons-nous alors retenir que l'abbé Fillion, comme vous l'indiquez, était lui aussi membre de la société des Prêtres de Saint-Sulpice.

       Mais peut-être y aurait-il un peu de cette réflexion de l'abbé Gaudeau à propos de la condamnation de l'abbé Brassac :
La Foi catholique (Abbé Bernard Gaudeau), tome XXXIII, 21 janvier 1924, pp. 35-36 a écrit :
J'ajouterai qu'une seule remarque, toute objective.

La source principale de ses erreurs [Ndlr : Abbé Brassac] et de ses tendances défectueuses (que l'auteur assurément sera le premier à regretter et à désavouer) est indiquée, si je ne me trompe, en deux passages de cette lettre elle-même [Ndlr : Lettre du cardinal Merry del Val].

L'erreur de méthode, y est-il dit, vient de ce que l'auteur « néglige l'exposition positive de la doctrine catholique intégrale » : neglecta nimis expositione positiva integræ doctrinæ catholicæ. Par suite, « en beaucoup de points il s'écarte du droit chemin de la doctrine théologique » : in multis a recto tramite doctrinæ theologicæ deflectit.

Tout est là en effet. Un maître en sciences sacrées ne sera véritable et grand exégète que dans la mesure où il sera d'abord véritable et grand théologien. Il faut à ses travaux une base dogmatique profonde et assez large pour déborder toujours, et de beaucoup, les recherches historiques et critiques, pour les régler et les contrôler sans cesse. L'oubli de cette loi souveraine par suite de ce que j'appellerai l'hypertrophie de la spécialité, est aujourd'hui surtout, le grand danger, non seulement pour l'exégète, mais pour l'historien, pour le canoniste, pour tout spécialiste en un mot.

Avec quel accent de profond dédain certains jeunes abbés, frottés de « haute critique », ou transformant la science canonique en un pur maquis de procédure, en un grimoire d'avoué, parlent du « théologien », être fossile dont les spéculations n'ont rien à voir avec la réalité des choses, avec la science moderne ! …

Mentalité modernistique et relativiste, au fond ; et qui tend pratiquement à supprimer, non seulement la doctrine surnaturelle, mais toute vérité spéculative et absolue.

Qu'on y prenne garde. Et qu'on relise souvent ces quelques lignes : « neglecta nimis expositione positiva integræ doctrinæ catholicæ … in multis a recto tramite doctrinæ theologicæ deflectit. »
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Message par Si vis pacem »

Abenader a écrit : mar. 25 févr. 2020 22:48
4. Que devrait faire un fidèle en possession de livres indexés ? Les détruire ?
  • Léon XIII - Officiorum ac munerum (25 janvier 1897) a écrit :
    47. Omnes et singuli scienter legentes, sine auctoritate Sedis Apostolicæ, libros apostatarum et hæreticorum hæresim propugnantes, nec non libros cujusvis auctoris per Apostolicas Litteras nominatim prohibitos, eosdemque libros retinentes, imprimentes, et quomodolibet defendentes, excommunicationem ipso facto incurrunt, Romano Pontifici speciali modo reservatam.

    49. […] Præsentes vero litteras et quæcumque in ipsis habentur nullo umquam tempore de subreptionis aut obreptionis sive intentionis Nostræ vitio aliove quovis defectu notari vel impugnari posse ; sed semper validas et in suo robore fore et esse, atque ab omnibus cujusvis gradus et praeeminentiæ inviolabiliter in iudicio et extra observari debere, decernimus ; irritum quoque et mane si secus super his a quoquam, quavis auctoritate vel prætextu, scienter vel ignoranter contigerit attentari declarantes, contrariis non obstantibus quibuscumque.
    Léon XIII - Officiorum ac munerum (25 janvier 1897) a écrit :
    47. Quiconque lit sciemment, sans l'autorisation du Siège Apostolique, des livres d'apostats ou d'hérétiques, soutenant une hérésie, ainsi que les livres nominalement condamnés, de n'importe quel auteur ; quiconque garde ces livres, les imprime ou s'en fait le défenseur, encourt ipso facto l'excommunication réservée spécialement au Souverain Pontife.

    49. […] Nous décrétons que les présentes lettres et tout leur contenu ne pourront jamais être taxées ou accusées d'ajout, de soustraction ou d'un défaut quelconque d'intention de Notre part : mais elles sont, seront toujours valides et dans toute leur force, elles devront être observées inviolablement, in judicio et extra, par toute personne, de quelque dignité et prééminence qu'elle soit ; Nous déclarons nul et vain tout ce qui pourra être fait, par qui que ce soit, pour y introduire un changement quelconque, quels que soient le prétexte ou l'autorité sur lesquels on s'appuie sciemment ou inconsciemment, nonobstant toutes dispositions contraires.
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Message par Abenader »

Merci à nouveau, cher SvP, pour votre réponse détaillée.

Je sais maintenant avec quoi allumer mon poêle !

Une dernière demande: savez-vous, suite à l'interdiction des deux tomes du Manuel, par quel ouvrage il a été remplacé dans les séminaires ?
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Message par Si vis pacem »

Abenader a écrit : sam. 29 févr. 2020 12:29
Une dernière demande: savez-vous, suite à l'interdiction des deux tomes du Manuel, par quel ouvrage il a été remplacé dans les séminaires ?
  • Joseph Trinquet - Le mouvement biblique in Le Monde contemporain et la Bible. Paris, 1985 pp. 303-305 a écrit :
    Privés du jour au lendemain d’un guide en langue française qui était entre toutes les mains, les étudiants n’avaient à leur portée, à l’exception d’ouvrages savants, qu’une vaste compilation d’inégale valeur, sans cesse rééditée : les huit volumes de La Sainte Bible (texte latin et traduction française) commentée d'après la Vulgate et les textes originaux, à l'usage des séminaires et du clergé, par Louis-Claude Fillion (Paris, 1° éd., 1886 et s.), et pour le Nouveau Testament les premiers volumes de la collection « Verbum salutis » (Paris, Beauchesne), excellents commentaires et études de vulgarisation qui commençaient à paraître lentement à partir de 1924.

    Pour pallier l’absence du Manuel de Brassac, fut publié d’abord le Manuel d’Écriture sainte, par le chanoine Joseph Verdunoy et un groupe de professeurs (3 vol., Dijon, 1° éd., 1925) : il entendait permettre de lire la Bible avec fruit, sans prétendre à l’érudition, mais il traitait les questions de façon bien trop simpliste. D’un niveau plus élevé furent ensuite édités trois ouvrages : la traduction française par Ph. Mazoyer de la 9° édition latine du Manuel d'introduction historique et critique à toutes les Saintes Écritures par les RR. PP. Cornély et Merk (2 vol., Paris, 1928; 2e éd., 1930), d’une diffusion limitée ; le Manuel d’Écriture sainte de Jules Renié (6 vol., Lyon-Paris, 1930 et s. ; plusieurs éditions corrigées et augmentées), largement répandu et promis à une assez longue carrière ; accueilli avec moins de faveur, le Manuel d’Études bibliques de Henri Lusseau et de Marcel Collomb (5 tomes en 7 volumes, Paris, 1930 et s.) ne connut pas le même succès. Tous trois se présentaient comme des sortes de sommes exégétiques érudites et, notamment le troisième, trop copieuses : pour chaque livre de la Bible ils répertoriaient et classaient les opinions anciennes et modernes qui s’étaient exprimées, dissertaient sur des difficultés historiques et critiques souvent mal posées ou dépassées, exposaient la valeur historique et littéraire (voire religieuse !) de l’écrit sacré, et de plus on reprochait surtout à Lusseau-Collomb des prises de position étroitement conservatrices ; leur contribution à initier vraiment les élèves aux problèmes bibliques et à de bonnes méthodes personnelles de travail n’était pas évidente, non plus que leur aptitude à former le jugement et à donner le goût de lire la Bible. En revanche, et à ce point de vue, faisait figure de réussite le Précis d'introduction à la lecture et à l'étude des Saintes Écritures de Pierre Cheminant (2 vol., Paris, 1950; 2e éd., 1940) ; il annonçait modestement des temps nouveaux.

    Sans se décourager, les professeurs continuaient leurs travaux, aussi bien dans les séminaires que dans les facultés, même si leurs publications en dehors d’articles de revues ou de dictionnaires demeuraient peu nombreuses. La plupart étaient des maîtres ou les disciples de maîtres qui avaient reçu leur formation à l’École biblique ouverte à Jérusalem en 1890 par le P. Lagrange et les Pères Dominicains français, ou bien à l’Institut biblique pontifical de Rome (érigé en 1909), en quelques cas dans ces deux endroits à la fois où ne cessaient de s’initier aux hautes études d’exégèse, de philologie et d’archéologie orientales ceux qui assureraient la relève. Les savantes Revue biblique (Paris, Gabalda) depuis 1892 et Biblica (Rome, 1920 et s.) issues de ces deux écoles faisaient avancer les recherches et informaient des publications importantes dans le monde, rôle qu’elles tiennent encore de nos jours ; sous le patronage de l’École de Jérusalem, la monumentale collection des « Études bibliques » (Paris, Gabalda, 1905 et s.), de très haut niveau, apportait au cours des ans les commentaires appréciés d’un certain nombre de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des volumes d’études philologiques, archéologiques ou historiques : elle poursuit toujours son admirable essor. D’autre part, selon les besoins, les professeurs s’adressaient à l’abondante production d’ouvrages exégétiques en langue allemande ou anglaise venant d’auteurs en majorité protestants.

    Tant d’activité manifestait la renaissance de l’exégèse catholique de langue française. A partir de 1926, sous la direction du chanoine Louis Pirot, paraissaient les premiers fascicules du Dictionnaire de la Bible, Supplément, ou Supplément au Dictionnaire de la Bible (Paris, Letouzey & Ané), destiné à revêtir une ampleur considérable ; il s’ajoutait au Dictionnaire de la Bible en cinq volumes dirigé par F. Vigouroux (Paris, 1891-1912) : il fallait mettre à jour, par suite du progrès constant des recherches, certains articles d’histoire, d’archéologie et de philologie orientales, et en ajouter d’autres, en particulier de théologie biblique, de critique littéraire et historique dont l’absence constituait une fâcheuse lacune. Pour un public cultivé, mais non spécialiste, afin de remplacer La Sainte Bible de L.-C. Fillion, fort vieillie, le même L. Pirot († 1939) entreprenait avec le concours de professeurs d’universités et de grands séminaires l’édition en 12 tomes de La Sainte Bible, texte latin et traduction française d'après les textes orignaux, avec un commentaire exégétique et tbéologique (Paris, Letouzey & Ané), dont les volumes sérieux et de bonne tenue, quoique de valeur inégale, commençaient à combler un grand vide [...]

    Enfin, la parution de L'Initiation biblique, Introduction à l'étude des Saintes Écritures, publiée sous la direction de André Robert et de Alphonse Tricot, professeurs à l’Institut catholique de Paris, avec la collaboration de spécialistes de toute première valeur (Paris-Tournai-Rome, 1939 ; 2e éd., 1948 ; 3e éd., 1954), marqua une date : elle manifestait pour la France, auprès du grand public, le renouveau de l’exégèse catholique et de ses méthodes [...] Le succès répondit aux intentions des auteurs.

    D’autre part, en 1940, en acceptant la succession de L. Pirot à la tête du Supplément au Dictionnaire de la Bible, A. Robert imprimait à cette encyclopédie une impulsion nouvelle (depuis le fascicule XVIII, 1941, début du tome IV). L’élan était donné, que ne devaient ni faire céder ni détruire les malheurs de la seconde guerre mondiale.
Afin de bien apprécier tout le sens de ces dernières paroles, je ne saurais trop vous conseiller de lire l'ouvrage du R.P. Hilaire de Barenton (O.F.M. Cap.) intitulé La Bible et les origines de l'Humanité, plus particulièrement les page 46 & suivantes.
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Abenader
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Message par Abenader »

Merci beaucoup.
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