formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

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Alexandre
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Message par Alexandre »

En attendant ces occasions que nous réserve le cours de la vie, nous avons, pour nous y préparer,la ressource inépuisable des actes, soit intérieurs, soit extérieurs, que nous recommandons.

Les actes intérieurs (désirs, résolutions, demandes, acceptations, etc..) peuvent être très nombreux et rien ne s’oppose à ce qu’ils soient intenses ; l’âme peut passer toute entière dans ces efforts, et c’est cet exercice que nous tâcherons de faire durant ces méditations.

Les démonstrations extérieures ne doivent pas être négligées, car elles donnent aux sentiments une consistance spéciale.
Pourquoi ne pas les employer, même dans l’oraison ?
L’attitude courbée d’un coupable, d’un suppliant, d’un pauvre, convient admirablement ici.

Baiser parfois la terre, est fort utile.

Grâce à tous ces moyens longuement employés, l’inclination n’est plus un simple assentiment de l’intelligence à la vérité, une simple détermination de la volonté à la justice : elle est ce assentiment et cette détermination passés en l’habitude, fixés au sein de nos puissances développées et affermies.

c ‘est une force permanente qui donne la facilité, le mouvement, le goût même;car il est de la nature de toute force de pousser à l’action et de trouver quelque jouissance dans son libre exercice.
Entrons donc avec courage dans cette formation ; prêtons tous nos efforts ; comptons sur la grâce.

Pour devenir humble, il faut être convaincu et résolu ; il faut réfléchir et il faut prier.

L’humilité, influence générale :

L’influence de l’humilité se séduit de sa nature même.
Nous l’avons dit, elle est vérité et justice ; or la vérité illumine tout l’ordre intellectuel, et la justice domine tout l’ordre moral.
C’est là tout l’homme.

L’humilité est la vérité :

Formule acceptée et sans cesse redite, mais peut-être vaguement comprise ! LA VERITE ! LA VERITE ! C’est très beau ; mais quelle est la vérité que nous avons à chercher ici ??
C’est la vérité sur notre valeur.

Et que nous apprend--elle ? Que nous sommes des êtres créés, des êtres coupables, des êtres participants à la vie divine. Voilà de très grands mots ; reste à les bien comprendre, car ils ne peuvent se concevoir par eux mêmes.

Pour que je conçoive le créé, il faut auparavant que je conçoive le créateur ; pour que je connaisse le péché, il faut que je connaisse les droits et la dignité de Celui que j’offense ; pour que cette étonnante formule : «  participation à la vie divine » me dise quelque chose, j’ai besoin d’évoquer l’ordre tout entier de la grâce e t de la gloire.

Or, de toutes parts, dans cette recherche, Dieu se présente à moi obstinément, et, pour me comprendre, J’AI BESOIN DE LE COMPRENDRE LUI-MÊME :
_je le trouve dans mon origine et dans ma destinée ;
_dans mon fonds et dans mes ACTES ;
_je m’annihile absolument, si je retranche en moi ce qui est de LUI ;
_par contre, je m’élève magnifiquement, si je recueille tout ce qu’il veut bien me donner.

Contraste fécond d’où naissent deux sentiments qui se complètent pour constituer ma vie spirituelle : l’humilité quand JE CONSIDERE CE QUE JE SUIS ;
L’adoration quand JE CONTEMPLE L’ÊTRE PAR QUI JE SUIS.


_De ce double regard je saisis toute entière la vérité ;
_je donne à chaque chose sa place et sa proportion ;
_j’entre dans la plus belle lumière qui soit au monde : CELLE DE L’INFINI ECLAIRANT LE CREE.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

L’humilité est la justice :

En tant que vérité, l’humilité conduit au beau ; en tant que justice, elle conduit au bien.

En établissant la situation respective de Dieu et de l’homme, la vérité pose des fondements de la justice ; mais en affirmant le devoir, la justice fait de la vérité une vertu morale.

Or, le devoir se synthétise dans l’UNIVERSELLE SOUMISSION. l’universelle soumission , c’est : _l’acceptation de toute la loi
_la résignation à toutes les peines
_la fidélité à toutes les inspirations
Par elle, Dieu passe en tous nos actes et les ramène à Lui, réalisant ainsi toute justice.
A Lui l’initiative du moteur nécessaire, à nous l’obéissance de l’être personnel et libre, mais SUBORDONNE.

Que la divine charité, fille de la vérité et de la justice, darde ses chauds sur cette humilité fidèle, et l’universelle soumission devient l’universel amour :
_amour de reconnaissance pour le Bienfaiteur suprême,
_amour de complaisance pour l’être adoré,
_amour de bienveillance pour le Dieu intime qui veut recevoir quelque chose de nous,
_amour de zèle, enfin, pour l’oeuvre de sa gloire parmi les hommes.

On comprend ainsi comment la justice se confond avec la vertu totale et pourquoi les saints portent dans l’écriture le nom de justes : l’humilité OUVRE TOUTE LARGE LA ROUTE VERS LE PARFAIT.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

L’humilité transformatrice

Les deux tendances que l’humilité a charge de régler et de conduire, l’estime de soi et le désir de la gloire, ne peuvent-elles pas se proposer des ascensions plus hautes que leur but propre ?

Elles ont une force ; or, toute force contient en puissance du mouvement.

L’homme s’empare des torrents et tire les surprenantes merveilles de l’électricité.

Emparons-nous donc de ce vif sentiment de l’estime personnelle et de ce désir non moins vif de l’estime des autres.

Orientons leur activité vers un but supérieur.

Présentons-leur de plus nobles objets à atteindre, de plus délicieuses approbations à conquérir : cet essor sublime les éloignera plus encore de tout orgueil.

Oh ! L’admirable éducation à tenter ! Toutes les vérités religieuses, tous les sentiments pieux, toutes les grâces d’en haut prêteront ensemble leur concours à cette œuvre qui couronnera l’humilité.

Plus belle, cette vertu ravira le coeur de Dieu ; plus pénétrante, elle donnera au nôtre une paix divine, peut-être même, des joies inconnues.

Qu’apparaisse maintenant Jésus Homme-Dieu, mon sauveur, mon ami, mon frère, ma vie ; qu’il me baigne de lumières par ses exemples ; qu’il m’élève à Lui par la puissance de ses attraits, et me voilà vivant de sa vie de Dieu Incarné, qui est, essentiellement et dans tous ses actes, une vie d’humilité : espace sans borne ouvert à mes légitimes prétentions ; route aérienne qui demande des ailes, les ailes de l’amour.

Nous la parcourrons avec la plus parfaite des créatures, avec Marie, transformée, elle surtout, par Jésus humble.

O saintes clartés, ô chaudes affections, ô grâces pénétrantes d’en haut, je vous désire et vous appelle !
Envahissez mon âme qui s’ouvre à votre action.
Je ne suis pas humble, et l’atmosphère du monde est saturé d’orgueil.
O sainte humilité, peut-être, jusqu’ici, ne vous ai-je que de nom !

O Marie, enseignez-moi l’humilité de Jésus : elle contient , je le pressens, des douleurs cachées !

Oh ! Faites que je les goûte !

Alors j’aimerai enfin l’humilité, je dis mieux, l’humiliation.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

Chanoine Beaudenom :« formation à l’humilité » suite

PREMIERE MEDITATION :


Invitation divine à l’humilité « sicut parvuli »

Préparation :
Avant d’aborder la série un peu aride de méditations, où le raisonnement posera les bases de l’humilité laissons descendre sur notre sensibilité une vision plus douce de cette vertu.

Le divin Maître nous la présente sous les traits d’un petit enfant candide.

Ce n’est encore qu’une esquisse, mais cette esquisse donne admirablement la physionomie de l’âme humble : au dehors nulle recherche, au dedans nulle prétention ; c’est la belle simplicité des vues de l’attitude.
Cette simplicité native est, chez l’enfant, sans mérité comme sans durée.
Ce qu’il tient, lui, d’une heureuse ignorance, doit venir chez nous de l’effort.


L’enfant semble encore garder un reflet de l’innocence primitive.
Ce reflet pur, cette image apparue, reste idéal à poursuivre.

Ailleurs un idéal plus complet, plus haut et mille fois plus aimable encore, nous sera proposé : « Apprenez que je suis doux et humble de coeur » ; alors l’image de l’humilité s’achèvera en nous par la fidèle copie du chef d’oeuvre.

Faites-vous maintenant un coeur désireux et docile : ce que Jésus enseigne est nécessairement vrai ; ce qu’Il demande est nécessairement bon.

O Jésus, montrez-moi, comme aux apôtres, ce cher petit enfant qui doit être mon modèle et laissez-moi déjà vous entrevoir vous-même sous ses traits !

« Lorsqu’ils furent dans la maison, Jésus leur dit:
_Que discutiez-vous en chemin ? Et ils (les Apôtres) se taisaient, parce qu’en chemin ils avaient discuté lequel serait le plus grand …
Et s’étant assis, il appelle un petit enfant, le place au milieu d’eux et dit :
_En vérité, en vérité, si vous ne changez, et si vous ne devenez comme des petits enfants, sicut parvuli, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu. Et quiconque reçoit en mon nom, un petit enfant semblable, me reçoit… Celui qui se fait le plus petit entre vous, est le plus grand… Jésus embrasse le petit enfant et le laisse aller... »

1_L’orgueil tendance innée et funeste :

Considérons la violence de cette tendance et les conséquences immédiates. Elle se trouve chez des hommes de basse condition et d’habitudes simples.
Elle subsiste en des âmes formées directement par le Sauveur. Dieu la laisse à des Apôtres destinés à la plus haute vertu.
Qui donc ne la porte pas au fond de soi-même !

Voyons ses conséquences :
_Elle provoque ente les Apôtres des discussions blessantes.
_Elle occupe et remplit entièrement leur esprit.
_Elle les rend indifférents à la société de leur Maître… Oh s’éloigner de Jésus ! Se priver de sa conversation ! Fuir ses regards ! Et pour quels avantages !…
L’orgueil ne produit-il pas chez nous de semblables effets : dissentiments, troubles, affaiblissements de la piété ?

2_ Vertu réformatrice :

Pesons bien chacune des paroles du Sauveur « Nisi conversi fueritis, si vous ne changez »
Donc, je ne puis rester ce que je suis par nature, par inclination, par habitude peut-être.

Il faut être un autre : il faut d’orgueilleux devenir HUMBLE.

Et c’est une condition expresse, nécessaire, absolue: NISI. Sans cela, point de place au royaume du ciel.
À suivre...
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Alexandre
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Message par Alexandre »

L’humilité, source des faveurs célestes

1er principe de grandeur. »statuit eum in medio eorum »

Jésus pose le petit enfant en évidence au milieu des Apôtres, à la place d’honneur;et il traduit aussitôt cet acte par des paroles : « celui qui lui ressemblera sera le plus grand au ciel;erit major ».

Si la justice dernière doit lui assurer ce rang, c’est qu’il le mérite dès ici bas : il l’occupe donc aux yeux de Dieu.
Oh ! Que nous jugements nous trompent.
Oh ! Comme les rangs subiraient d ‘étranges changements, si la lumière de vérité perçait nos ténèbres !

2ème : humilité principe de consolation
« Quem cum complexus esset » : Jésus embrasse ce petit enfant_bonheur de ce doux privilège, objet des caresses divines !… Heureuse petitesse, vers qui la grandeur s’incline avec amour !…
Si cet enfant n’eût pas été tout petit Jésus ne l’eût pas embrassé…

Je me plains de mes délaissements intimes ; je connais à peine le goût de la consolation ;
Jésus ne m’entoure pas de ses bras, ne me presse pas sur son coeur. Pourquoi ? Pourquoi ?
Serait-il moins bon ou serais-je trop grand ?…
Oui, peut-être par mes prétentions.

Oh ! Je choisis d’être petit et d’être aimé… Toutes les satisfactions de l’amour-propre ne valent pas ensemble une caresse de Jésus.

3ème :humilité , principe de succès_ »qui succeperit talem in nomine meo me succepit »
Jésus accrédite auprès de tous les hommes celui qui ressemblera à ce petit enfant.
Il déclare le recevoir, c’est le recevoir lui-même.
qui donc ne s’empresserait d’ouvrir à Jésus sa demeure,ses bras, son coeur ?
Je serai serai ce privilégié, si je me faisais petit.

Dieu, comme pour rendre sa recommandation facile, attache à l’humilité le don de plaire.
Celui en qui elle brille semble apporter la sécurité et la dilatation.
On sent à je ne sais quel signe que cet humble ne saurait mépriser ou blesser.
Qu’il parle ou qu’il écoute, c’est le même effacement, le même désir de laisser les autres paraître.
Ce qu’il demande, on l’accorde spontanément : rien en lui ne provoque ces répulsions instinctives que soulève l’orgueil.
Est-ce un rayonnement de l’âme ?
Est-ce un privilège de Grâce ?
Est-ce une fugitive apparition de Jésus ?
Qui receperit talem me recipit…
Oh ! Que je voudrais me faire petit !

(à suivre...)
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Alexandre
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Message par Alexandre »

ETUDE PSYCHOLOGIQUE DE L’ORGUEIL



Pour préparer l’esprit aux deux méditations qui suivent

*

1_On donne communément le nom d’orgueil à deux défauts qui sont cependant de nature différente : l’estime excessive de soi et le désir excessif de l’estime des autres.

Ils n’ont ni la même origine, ni les mêmes caractères, ni le même mode d’action, ni les mêmes effets.
L’estime excessive de soi se rattache au sentiment de la dignité personnelle dont il est une exagération vicieuse ; et le désir de l’estime des autres, à notre instinct de sociabilité. Il n’est vicieux en tant qu’il recherche une place qui ne lui est point due, ou la fait désirer avec des préoccupations extrêmes.

2_ Ce qui autorise la commune appellation d’orgueil, donnée indifféremment à ces deux défauts, c’est qu’ils ont l’un et l’autre pour objet l’exaltation du moi : le premier se surfait à ses propres yeux, le second veut être surfait aux yeux des autres.

3_ Malgré ce rapprochement final, ces deux tendances doivent être étudiées séparément, si l’on veut être en état d’analyser à fond soi-même et de se diriger comme il convient.
C’est pour n’avoir établi ces essentielles distinctions, que la plupart des traités sur cette matière sont remplis d’enseignements confus, de qualifications arbitraires et de moyens mal appropriés.

**

Faut-il déclarer à ces deux tendances une guerre si impitoyable qu’elle vise leur complet anéantissement ? L’humilité n’a point pour objet de détruire le sentiment de la dignité personnelle, ni le désir de l’estime, mais de les REGLER ; elle ne les abaisse pas, elle les élève au contraire, car, en les affranchissant de tout excès, elle les maintient dans leur beauté, dans leur force et dans leur rôle utile :

1_ En effet, le sentiment de l’estime de soi est légitime en li-même ; il a été mis par Dieu en notre nature pour soutenir notre personnalité, en nous donnant conscience de la justesse de nos idées, comme de nos forces e t de nos droits.
Sans lui, l’homme tomberait aisément dans cette lâcheté qui ne sait ni entreprendre ce qui est périlleux, ni défendre ce qui est attaqué ; et c’est lui qui communique, pour l’exercice du commandement cette assurance qui, seule, entraîne l’obéissance, au grand profit des subordonnés.

Sous son influence, l’âme pieuse, s’élevant plus haut,admire la perfection chrétienne, qui est, par excellence, la grandeur personnelle ; et elle s’éprend de la gloire de Dieu, qui es l’objet le plus haut que puisse poursuivre l’ambition d’un grand coeur.

2_ Le désir de l’estime est , lui aussi, un sentiment honnête et secourable ; il est une marque de considération envers les autres, une sorte de soumission à leur jugement. Grâce à lui, beaucoup de personnes, que des motifs surnaturels n’animent pas, se portent sans peine à des actes de générosité et de dévouement, qu’elles négligeraient, ou même auxquels elles ne pensaient pas.
Plusieurs lui devront de s’être maintenus dans le devoir, quelques-uns d’en avoir mieux compris les délicatesses.
La raison n’exige donc pas qu’on se dépouille de cette tendance, mais qu’on la subordonne et qu’on la dirige ; bien plus, quand elle est dominée par des sentiments supérieurs, elle répand sur la vertu quelque chose de plus attrayant, car , autour de nous, chacun aime à sentir qu’on fait cas de l’estime qu’il donne, et l’on se rapproche instinctivement de celui qui procure cette jouissance.

Ce qui est humain, reste sans doute un principe d’altération, l’expérience ne le montre que trop ; mais il communique aussi cette spontanéité qui rend l’action, et plus facile à celui qui l’accomplit, et plus aimable à ceux qu’elle intéresse.

Le sentiment de l’honneur semble appartenir davantage à cette seconde tendance, car l’honneur est fait de l’estime générale : c’est l’appréciation de tous qui dicte ses lois et décerne ses récompenses que l’on aspire.
Cependant, qui ne recherche l’honneur que pour en jouir, n’est pas vertueux, car le bien doit être le premier mobile de nos efforts.
Qui en fait sa règle, sans aucun examen n’est pas sage, car l’opinion peut mal juger.

Quoique l’honneur réside hors de nous, dans l’esprit des autres, il peut entrer en nous et régner sur notre conscience. Alors plus sensible à l’honneur qu’aux hommages, l’homme consulte moins l’opinion que les principes; et, à l’estime publique, il préfère sa propre estime.
Ici nous sommes dans la première tendance qui vise la dignité.
Le désir de l’estime envisage l’honneur comme un bien social, dont il veut sa part ; l’estime de soi comme un bien qui lui revient de droit.

On ne peut refuser à l’honneur une influence heureuse sur la vie sociale et sur le perfectionnement individuel. S’il se trouve uni à des principes supérieurs, il leur prête un ferme appui et en reçoit une haute direction ; s’il reste seul, il maintient du moins quelque solidité et jette encore quelque éclat.

L’honneur, étant le fait de l’opinion et l’opinion étant le résultat des idées qui règnent dans un milieu, on conçoit l’élévation que peut atteindre un groupe d’hommes, un peuple, au contact des vérités de la foi.

À suivre...
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Alexandre
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Message par Alexandre »

3- Ce n'est pas le péché qui a mit ces deux inclinations dans notre nature; elles y eussent toujours existé; le péché n'a fait que de les rendre excessives et leur créer des dangers extérieurs.
Elles viennent de Dieu; donc, elles sont bonnes en elles-même, et restent bonnes dans leur exercice, tant qu'elles ne sortent pas de leurs justes limites; et c'est l'humilité qui y pourvoit.
Si l'on voit des personnes vertueuses se raidir absolument contre elles et les réprouver sans examen, c'est peut-être, à leu insu, pour s'affranchir de la lutte; car il est bien plus facile de détruire une force que de la maintenir dans son jeu régulier.
Cette mutilation résulte ordinairement d'une étroitesse d"esprit et produit des déformations regrettables. Elle laisse l'âme sèche; elle rend l'esprit hésitant, et communique aux manières extérieures ce quelque chose de factice et de contraint qui discrédite la vertu. ( vous verrez que l'auteur revient sur ce sujet plus loin)

4-On entend dire communément que l'orgueil relève de l'estime de soi, tandis que la vanité appartiendrait au désir de l'estime.
Cette attribution ne semble pas juste; car, d'une part, on est vain quand on estime en soi quelque avantage mesquin; et d'autre part, on ne l'est pas, quand le désir de l'estime porte à rendre d'éminents services. La qualification de vanité ne doit donc pas s'appliquer à la tendance, mais à son objet. La richesse transmise, l'élégance des vêtements et le train de la maison, n'ajoute rien à notre vraie valeur. La beauté, l'esprit naturel, l'intelligence même, ne sont pas un mérite, mais un don; et, cependant, remarque bien humiliante pour la raison humaine: en fait de fortune, comme en fait de labeur, on est plus fier de ce qui est reçu sans effort que de ce qui est acquis avec vaillance; un parvenu est éclipsé par un riche héritier, et un travailleur par un esprit facile.
Tout cela est bien vain!
Bien vain aussi est le désir d'une estime, souvent peu méritée, toujours si fugitive.
Il y a de grandes ambitions comme il y a de grands caractères.
Les grandes ambitions déterminent de puissants efforts et poussent aux actes d'éclat comme les grands caractères, mais par un mobile différent.
Chez les premiers, c'est la renommée qui attire, chez les seconds, c'est la dignité qui commande.
La renommée est hors de nous, la dignité réside en nous-mêmes. Ces deux mobiles peuvent être entachés d'orgueil, sans mériter le reproche d'être vains, la vanité devient également le propre de ces deux tendances, quand elles s'abaissent.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

Avant de passer à la 2è méditation,
5-Résumons maintenant l'ensemble de cette doctrine:
1/ Le rôle direct de l'humilité est de régler le sentiment de l'estime propre et de l'estime des autres.
Cette définition convient également simplement à la vertu humaine et à la vertu surnaturelle d'humilité.
Toutes deux nous disent: POINT D'EXCES.
Où elles diffèrent, c'est dans l'appréciation de ces excès. La vertu simplement humaine trouve cette appréciation dans sa raison seule.La vertu surnaturelle la cherche là aussi, mais elle la reçoit plus lumineuse des dogmes de la foi: la déchéance originelle est la triste condition où nous sommes; la nécessité absolue de la grâce et des grâces de miséricorde, sont des vérités révélées qui viennent changer le point de vue et imposer une humilité et plus profonde et plus gémissante. L'exemple de Jésus achève cette éducation en nous présentant son idéal où se déploie l'humilité surnaturelle.
Nous les retrouverons dans les méditations prochaines, ces lumières d'en haut, ces motifs d'une humilité plus qu'humaine.
Demandons-nous dès maintenant, si la simple humilité de raison ne manque pas elle-même à notre vertu.
2/ La distinction de ces deux tendances, dont l'excès porte le nom d'orgueil, signale la nécessité d'une direction particulière pour chacune.
Elles diffèrent, en effet, par leur physionomie morale comme par leur nature intime.
Autre est la personnalité de celui en qui domine l'estime de soi, autre est la personnalité en qui est dominé par le désir de l'estime.
Ce sont deux constitutions à part, que certains signes caractéristiques, souvent de minime apparence, révèlent à l'observateur exercé, comme l'inspection d'un os permet au naturaliste de reconstituer l'ensemble d'une espèce animale.

Que chacun prenne donc le soin préalable de se classer dans l'une de ces deux catégories, s'il veut tirer, des méditations qui vont suivre, tout le parti possible.
Les travers ne sont pas les mêmes, les ressources non plus;et telle nature à refaire appelle une méthode différente.
Les conditions générales, les moyens généraux sont proposés à tous, mais à charge, pour chacun, d'en diriger l'application vers son but spécial."

/Je vais essayer de poster sur le forum une à 3 méditations par semaine, pour qu'il une utilité à cette formation, sachant qu'il y a environ en totalité 30 méditations.Merci./
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Alexandre
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Message par Alexandre »

Première semaine.
IIè Méditation:
2è Exercice:
(Pour chaque exercice de méditation est composé d'un préambule qui s'étudie la veille du jour de la méditation)
De l'estime de soi et du mépris implicite des autres.


Premier point: constater la tendance.
Deuxième point: ses partialités.
Troisième point: ses contradictions.
Quatrième point: ses dangers.

Préparation pour la veille:
Ce genre d'orgueil développe, selon les situations, ou bien le sens autoritaire, ou bien l'esprit d'indépendance pouvant aller jusqu'à la révolte. Il est personnel et exigeant par une alliance assez fréquente avec l'égoïsme. Il a de la tenue, mais de la raideur. Il sera juste, mais dur.
Chez les gens privés de principes plus hauts, il peut être une force sans cesser d'être vicieux.
On le rencontre plus ordinairement chez l'homme que chez la femme.
N'ai-je pas quelques-uns des caractères de cet orgueil?
L'orgueil est si habile à se dissimuler; on se connaît si mal soi-même!
Ce que l'on a toujours vu, toujours fait, toujours senti, finit par paraître légitime, fût-il souverainement défectueux. Ne dit-on pas sans cesse que chacun se surfait; ferais-je exception à la règle?
On peut être orgueilleux, sans l'être de toutes les manières; et l'orgueil peut être dangereux même qu'il n'est pas extrême.
Que d'illusions, d'ailleurs, nous sont apportées du dehors, pour peu que cette situation y prête!
Les éloges, le respect lui-même, nous font croire à une supériorité quelconque; nous retenons facilement pour nous, ce qui s'adresse au
rôle que Dieu nous prête.

Demain, je sonderai ces retraites obscures où se cache l'orgueil; mais ma vue est trop courte pour en atteindre les profondeurs.

O mon Dieu, c'est à votre lumière que je veux recourir; c'est de votre grâce que j'attends le don de me pénétrer moi-même.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

MEDITATION

Prélude: demander la grâce d'une vive lumière et d'une grande sincérité de conviction.

I.Constater la tendance

Considérons en nous cette tendance qui nous porte à nous surfaire (superbia). Qu'elle soit volontaire non, elle existe: travail incessant de notre esprit pour découvrir en nous quelque chose à estimer; travail instinctif semblable à la poussée de la plante qui parvient à plonger ses racines au milieu des rochers; et cependant travail inconscient et sans fatigue, tant il est naturel.

Suivons-le dans ses procédés: il attache et fixe son attention sur les qualité qu'il s'attribue; il les contemple, il s'y complaît, il s'en nourrit.
Cette vue persistante produit une impression qui se grave._ Par contre, il ne s'arrête point à ce qui est imparfait, bas, humiliant, . C'est une vue fugitive qui s'efface sans déterminer une impression stable. Donc pas de contrepoids: la tendance à l'estime de nous-mêmes s'est seule fortifiée._ Pas de vérité non plus: nous avons enregistré un seul côté de l'enquête.

II. Ses partialités

Avons-nous des avantages extérieurs, fussent-ils vulgaires? Ce sont ceux-là qui nous apparaissent, après tout les plus importants. Mais, si ce sont les dons de l'intelligence qui dominent, nous n'hésitons pas à tenir les premiers pour misérables._ Avons-nous plus de tête que de coeur? Nous nous en félicitons, et nous plaignons sincèrement ceux qu'une trop grande bonté rend dupes des habiles. Avons-nous plus de coeur que de tête? nous déclarons l'habileté méprisable.
Dans notre intelligence, nous sommes portés à estimer de grand prix les côtés par où elle est mieux douée._Est-elle déliée, mais sans solidité? Qu'est-ce qu'un cerveau pesant!_A-t-elle au contraire, plus de solidité que de brillant? Que les phrases sont creuses!_Si l'on a obtenu un succès c'est qu'on s'y est bien pris;_si l'on a subi un échec, c'est qu'on a été injustement traversé._Ainsi de tout le reste.
Humilions-nous de notre partialité odieuse et du ridicule qu'elle contient.

III. Ses contradictions

_Certes, on a constaté bien souvent son infériorité; parfois même on l'a fait avec clairvoyance étonnante... mais on en souffre.
Alors survient comme un travail d'élimination, qui se poursuit sans relâche, et parvient à nous reconstituer une prééminence quelconque, parfois dans le mépris de ce qui nous dépasse._Contradiction apparente, défaut identique. J'estime plus ce que j'ai:orgueil satisfait._J'estime avec découragement ce qui manque: orgueil souffrant.
La contradiction de l'orgueil se retrouvera chez le même homme, parfois sur le même objet. Auprès de plus instruits, il lui arrivera de se dire avec une conviction sentie: Oh! que la piété vaut mieux!_Se trouve-t-il ensuite auprès de plus vertueux que lui:aussitôt une estime toute nouvelle pour la science lui monte au cerveau, s'il croit les surpasser par là. Examinons ici nos sentiments et nos actes; cherchons à prendre sur le vif les accès de notre orgueil et ses contradictions désolantes

IV. Ses dangers

_Rien n'est plus facile que de rendre hommage à Dieu de tout ce que l'on est."C'est vous, ô mon Dieu, que je tiens de mes talents, de mes succès." La formule est connue; mais elle peut laisser tout l'orgueil pratique, toutes les vaines complaisances, tous les sentiments de hauteur. Elle écarte l'orgueil hérétique, qui n'est vraiment pas notre grand danger; mais elle ne nous détourne pas sincèrement de nous-mêmes.
Confiant en lui, l'orgueilleux ne demandera pas facilement conseil; il dédaignera les avertissements; se raidira contre l'insuccès mérité et l'aggravera: d'où erreur de conduite.
Enfermé dans ses idées, il les soutiendra, sans prêter attention aux raisons des autres: d'où entêtement.
Il s'irritera contre les oppositions, se répandra en paroles blessantes, et gardera un coeur ulcéré: d'où perte de la charité.
L'orgueilleux se trahira par sa pose, son ton, ses expressions; il en arrivera parfois à se rendre ridicule._On le vantera audacieusement pour voir ce qu'il peut absorber de flatteries._ On le laissera s'engager dans une fausse voie, pour jouir de sa déconvenue._On l'excitera à se vanter, pour s'en faire un sujet de risée: tristes représailles!
Seigneur, faites que cette probation m'ouvre les yeux, et m'arme d'une sainte colère contre un penchant si vivace, si caché et si plein de dangers!

Réflexions:_ En parcourant ces signes de l'orgueil, je me suis senti presque rassuré: non vraiment ces signes je ne les remarque pas en moi, et je ne tombe pas dans ces sortes de travers. Mais qui donc porte ce défaut à l'extrême, et par contre, qui serait donc assez téméraire pour s'en croire entièrement exempt?
_ Ce qui choque en théorie et chez les autres, passe facilement inaperçu chez nous...
Dans cette méditation, je viens de faire surtout une analyse, de tracer un tableau, de stigmatiser un vice: je le prends en horreur et je le redoute en lui-même, c'est un grand point.
_Par là mes idées sont fixées, ma conscience est avertie; je possède la règle du discernement et la volonté du combat.

Durant le cours de ces méditations, ô mon Dieu, vous me montrerez à moi-même.A cette heure, c'est triste à penser, je suis en pleine obscurité; mais de l'obscurité, les objets finissent peu à peu à émerger: je m'observerai à loisir.
Votre lumière, ô Esprit Saint, sera le flambeau, que ma prière instante promènera parmi les ténèbres de ma vie; vous me révélerez en moi, un être que je ne connaissais pas.
Je ne me sens pas orgueilleux; mais pour ne l'être point, il faudra être vraiment humble!
Cela semble une naïveté, c'est un rayon aigu.
Qui, en effet, est pleinement humble? Le suis-je à ce point?

Résolution: Une tendance innée portant à me surfaire, m'incliner toujours à me croire au-dessous de ce que je pense, est de la simple sagesse.
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