La dévotion du Saint Rosaire renferme de précieux avantages.
Fructifiez comme le rosier planté au bord des eaux, ( Eccli. XXXIX, 17.)
Ce que Pline dit de la rose, qu'elle a reçu de la nature non-seulement le privilège de nous charmer par sa beauté et ses parfums, mais encore de nous guérir, peut s'appliquer à la dévotion du rosaire, car en même temps qu'elle réjouit les âmes vouées au culte de Marie elle leur procure des grâces abondantes. En voici une preuve admirable:
Dans le royaume d'Aragon, une jeune fille de haute naissance, vivement impressionnée par les prédications de saint Dominique, s'était fait recevoir de la confrérie du Rosaire. Mais, tout adonnée aux vanités du monde, elle oubliait souvent la récitation de son chapelet, préférant passer des heures entières devant son miroir, plutôt que de prier. Son extraordinaire beauté lui attira une foule de prétendants de la première noblesse.
Le désir de l'obtenir pour épouse, suscita parmi ces jeunes gens de grandes rivalités. Deux surtout, de familles illustres, se signalèrent par leur jalousie et leurs contestations. Ils en vinrent même à se défier en duel.
Au jour marqué, les deux champions bardés de fer et armés, chacun d'une longue lance, entrèrent en lice, en présence de la jeune fille qui devait elle-même, comme dans un tournoi, proclamer le vainqueur. Au signal donné, ils fondirent l'un sur l'autre avec tant de fureur qu'ils tombèrent tous deux blessés mortellement. Quelques minutes après ils étaient entrés dans leur éternité...
Lorsque les parents des jeunes seigneurs apprirent cette triste nouvelle, leur douleur et leur indignation furent si grandes, que, oubliant les lois divines et humaines, ils se saisirent de la malheureuse Alexandra et la frappèrent jusqu'à la laisser expirante. Baignée dans son sang, l'infortunée demanda grâce, et supplia de la laisser au moins se confesser avant de mourir Cette demande qui aurait dû exciter leur pitié, enflamma encore leur courroux; ces forcenés se précipitèrent sur elle et lui tranchèrent la tète d'un coup de sabre. Puis, pour cacher leur crime aux yeux de la justice, ils jetèrent le cadavre de leur victime dans un puits profond.