Le Pape Saint Libère et sa prétendue chute dans l'hérésie arienne

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Laetitia
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Le Pape Saint Libère et sa prétendue chute dans l'hérésie arienne

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SAINT LIBÈRE, PAPE, FONDATEUR ET PATRON DE L' ÉGLISE SAINTE-MARIE-MAJEURE DE ROME
366. - Empereur d'Orient : Valens. - -Empereur d'Occident : Valentinien Ier.

Sta firmius velut incus quæ verberatur : magni athletæ est feriri et vincere.
Soyez ferme comme l'enclume que l'on frappe : un grans athlète doit recenoir les coups et vaincre.
S. Ignace, martyr, Epist. XI ad Polycarp.


Le pontificat de saint Libère, successeur de saint Jules Ier (du 22 mai 353 au 24 septembre 366), fut l'un des plus tourmentés que présentent les annales de l'Église. Deux grandes persécutions vinrent successivement l'agiter : l'une, suscitée par les Ariens, qui conduisit Libère en exil et laissa un moment incertaine la foi du Siège apostolique ; l'autre, suscitée par Julien l'Apostat, persécution astucieuse et savante, qui aurait fait de tristes ravages, si Dieu n'avait abrégé l'épreuve en interrompant bientôt le règne du persécuteur. Il ne manquer aucun genre de lutte à la gloire de l'Église et du souverain Pontificat.

Libère était Romain il avait été ordonné diacre par le pape saint Sylvestre, et s'était fait remarquer par ses vertus et par son humilité dans les fonctions de son ordre. Lorsqu'il fut élu Pape, il résista longtemps avant d'accepter la redoutable charge ; mais il était réservé, hélas ! à en porter tout le poids.

Constance II, deuxième fils de Constantin, et seul maître de l'empire, allait faire triompher l'arianisme avec lui. Dès la première année du pontificat de Libère, ce prince, prévenu contre Athanase, demanda sa condamnation. Le Pape assembla à Rome un concile qui reconnut l'innocence d'Alhanase, et Libère écrivit dans ce sens à l'empereur. Constance entra en fureur ; le Pape lui délégua Vincent de Capoue, qui se rendit à Arles, où il eut la faiblesse de souscrire à la condamnation du saint patriarche. La chute de Vincent affligea profondément le Pape : « J'espérais beaucoup de son intervention », écrit-il à Osius de Cordoue ; « il était personnellement connu de l'empereur, à qui il avait précédemment porté les actes du concile de Sardique, et non-seulement il n'a rien obtenu, mais il s'est laissé entraîner à une déplorable faiblesse. J'en suis doublement affligé, et je demande à Dieu de mourir, plutôt que de me prêter au triomphe de l'injustice ». Il désavoua hautement le légat prévaricateur, et supplia l'empereur de consentir à la réunion d'un concile général.

Le concile s'assembla à Milan, mais des scènes tumultueuses et la conduite de Constannce lui enlevèrent toute liberté. Lucifer de Cagliari, légat du Pape, montra une grande fermeté : « Quand même Constance » dit-il, armerait contre nous tous ses soldats, il ne nous forcera jamais à renier la foi du concile de Nicée et à signer les blasphèmes d'Arius. » - «  C'est moi », lui dit Constance, « qui suis personnellement l'accusateur d'Athanse ; croyez donc à la vérité de mes assertions ». - « Il ne s'agit pas ici », répondit Lucifer avec les évêques catholiques, « d'une affaire temporelle, où l'autorité de l'empereur serait décisive, mais d'un jugement ecclésiastique, où l'on doit agir avec une impartialité égale envers l'accusateur et l'accusé. Athanase est absent ; il ne peut être condamné sans avoir été entendu. La règle de l'Église d'y oppose ». - « Mais ce que je veux », dit Constance, « doit servir de règle. Les évêques de Syrie le reconnaissent. Obéissez, ou vous serez exilés ». Les trois légats du Pape, Lucifer de Cagliari, Eusèbe de Verceil et le diacre Hilaire furent ecilés ; Hilaire, dont la fermeté avait déplu davantage, fut même fouetté sur la place publique avant de partir pour le lieu de son exil. La persécution s'étendit à tout l'empire ; saint Athanase se réfugia au désert ; les femmes et les vierges chrétiennes d'Alexandrie furent indignement outragées ; quarante-six évêques d'Égypte furent bannis de leurs siège ; on déclara criminels de lèse-majesté tous les défenseurs du consubstantiel, et un grand nombre de catholiques fidèles obtinrent la gloire du martyre (356).
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Laetitia
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Le pape Libère écrivit aux évêques exilés une lettre pleine de tendresse et de charité. « Quelles louanges puis-je vous donner », leur dit-il, « partagé que je suis entre la douleur de votre absence et la joie de votre gloire ? La meilleure consolation que je puisse vous offrir, c'est que vous veuillez me croire exilé avec vous. J'aurais souhaité, mes bien-aimés frères, être le premier immolé pour vous tous, et vous donner l'exemple de la gloire que vous avez acquise mais cette prérogative a été la récompense de vos mérites ».

La tempête que Libère déplorait vint l'atteindre à son tour. On lui demanda directement la condamnation d'Athanase ; il refusa ; alors on le conduisit à Milan, où se trouvait Constance, et l'empereur essaya lui-même de faire fléchir le courage du saint Pontife. Le récit de cette entrevue forme l'une des plus belles pages de l'histoire des Papes; nous l'empruntons à Théodoret, évêque de Tyr, qui vivait au commencement du siècle suivant :

L'empereur. Comme vous êtes chrétien et évêque de notre ville, nous avons jugé à propos de vous faire venir pour vous exhorter à renoncer à cette maudite extravagance, à la communion de l'impie Athanase. Toute la terre l'a jugé ainsi, et il a été retranché de la communion de l'Eglise par le jugement du concile de Milan. - Libère. Seigneur, les jugements ecclésiastiques se doivent faire avec une grande justice. Ordonnez donc que l'on établisse un tribunal, et si Athanase est trouvé coupable, sa sentence sera prononcée selon la procédure ecclésiastique ; car nous ne pouvons condamner un homme que nous n'avons pas jugé. - L'empereur. Toute la terre a condamné son impiété il ne cherche qu'à gagner du temps, comme il l'a toujours fait. - Libère. Tous ceux qui ont souscrit à sa condamnation n'ont point vu de leurs yeux tout ce qui s'est passé ; ils ont été touchés du désir de la gloire que vous leur promettiez, ou de la crainte de l'infamie dont vous les menaciez. - L'empereur. Que voulez-vous dire par la gloire, la crainte et l'infamie ? - Libère. Tous ceux qui n'aiment pas la gloire de Dieu, préférant vos bienfaits, ont condamné sans le juger celui qu'ils n'ont point vu; cela ne convient pas à des chrétiens. - L'empereur. Il a été jugé au concile de Tyr, où il était présent, et dans ce concile tous les évêques l'ont condamné. - Libère. Jamais il n'a été jugé en sa présence ; à Tyr, on l'a condamné sans raison, après qu'il se fut retiré. L'empereur. Pour combien donc vous comptez-vous dans le monde, de vous élever seul avec un impie pour troubler l'univers ? - Libère. Quand je serais seul, la cause de la foi ne succomberait pas pour cela. - L'empereur. Ce qui a été une fois réglé ne peut être renversé ; le jugement de la plupart des évêques doit l'emporter, vous êtes le seul qui vous attachiez à l'amitié de cet impie. - Libère. Seigneur, nous n'avons jamais entendu dire qu'un accusé n'étant pas présent, un juge le traitât d'impie comme étant son ennemi particulier. - L'empereur. Il a offensé généralement tout le monde, et moi plus que personne. Je m'applaudis plus d'avoir éloigné ce scélérat des affaires de l’Église que d'avoir vaincu Magnence. - Libère. Seigneur, ne vous servez pas des évêques pour vous venger de vos ennemis les mains des ecclésiastiques doivent être occupées à sanctifier. - L'empereur. II n'est question que d'une chose je veux vous envoyer à Rome quand vous aurez embrassé la communion des Églises. Cédez au bien de la paix, souscrivez, et retournez à Rome. - Libère. J'ai déjà pris congé des frères de Rome, car les liens de l’Église sont préférables au séjour de Rome. - L'empereur. Vous avez trois jours pour délibérer si vous voulez souscrire ou retourner à Rome; or, voyez en quel lieu vous voulez être mené. - Libère. L'espace de trois jours ou de trois mois ne change point ma résolution ; envoyez-moi donc où il vous plaira.

Deux jours après, Constance envoya chercher Libère, et, comme il n'avait pas changé de sentiment, il le fit reléguer à Bérée, en Thrace. Quand Libère fut sorti, l'empereur lui fit offrir cinq cents sous d'or pour sa dépense. « Allez », dit Libère à celui qui les apportait, « rendez-les à l'empereur, il en a besoin pour ses soldats ». L'impératrice lui en envoya autant. « Renvoyez-les à l'empereur », dit encore Libère, « il en a besoin pour la dépense de ses armées ». L'eunuque Eusèbe voulut à son tour lui faire accepter de l'argent. Le saint Pontife refusa en disant : « Tu as rendu désertes les Églises du monde, et tu m'offres une aumône comme à un criminel ; va, commence par te faire chrétien ». Et, sans avoir rien accepté, il partit trois jours après pour son exil.
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L'hérésie triomphait. Aussitôt que Libère eut quitté l'Italie, l'empereur fit sacrer un anti-pape, Félix, archidiacre de l'Église romaine. Le peuple romain ne voulut pas communiquer avec ce Pape, à qui l'on doit rendre du reste cette justice que, tout en favorisant le parti des Ariens, il n'abandonna pas la foi de Nicée et fut irrépréhensible dans sa conduite (355). Aussi plusieurs écrivains ecclésiastiques, parmi lesquels on compte Bellarmin et Roncaglia, ne le considérèrent-ils pas comme anti-pape. D'après eux, saint Libère ne voulant pas que Rome restât sans pasteur pendant son exil, avait provisoirement abdiqué et conseillé l'élection de Félix, qui, à son retour, aurait volontairement renoncé au souverain pontificat. Lorsque Grégoire XIII fit faire, en 1582, une nouvelle édition du martyrologe romain, le nom de saint Félix II fut conservé par son ordre après celui de saint Libère. L'épreuve dura plus d'un an. Constance finit par céder à l'opinion publique. Libère revint à Rome, en 359, et Félix se retira dans une autre ville.[*][/i]

Le retour de saint Libère à Rome ne mit pas fin aux douleurs de l'Église : les Ariens continuèrent leurs intrigues ; des évêques catholiques donnèrent de tristes exemples de faiblesse ; Constance fit assembler conciles sur conciles pour imposer l'erreur, mais Libère se conduisit avec tant de prudence et de fermeté, que l'erreur ne put jamais triompher que partiellement. Constance avait été persécuteur : il était peu probable qu'il mourût au milieu des prospérités. Il était en effet occupé dans une guerre contre les Perses, lorsqu'il apprit que les légions des Gaules s'étaient révoltées, et avaient proclamé empereur, à Lutèce, le César Julien, neveu de Constantin. Constance, furieux, se lit en marche pour punir le rebelle, dont il avait été le bienfaiteur, et à qui il avait donné sa propre sœur en mariage ; mais il mourut en route, à Mopsucrène, en Cilicie, après avoir reçu le baptême d'un évêque arien, et Julien resta seul maître de l'empire (361).

A la persécution sanglante et à l'hérésie succéda une persécution plus raffinée, plus savante et mille fois plus dangereuse : celle de Julien l'Apostat. Mais devant le roc inébranlable de l’Église, elle resta impuissante comme les autres : saint Libère put assister à l'horrible agonie de l'Apostat (26 juin 363) et contempler, au milieu des ruines accumulées de toutes parts, le triomphe du Christianisme ; et, quoique les dernières années de son Pontificat aient encore été troublées par les intrigues des Ariens et par celles des Macédoniens, partisans de l'intrus Macédonius, qui, développant l'hérésie arienne, avait fini par nier la divinité du Saint-Esprit, il eut la consolation de voir enfin la paix rendue à l’Église, les évêques orthodoxes rétablis sur leurs sièges, et la puissance politique disposée à soutenir la vraie foi.

C'est au milieu de ces lueurs d'espérance que saint Libère rendit à Dieu son âme héroïque, le 8 des calendes d'octobre (24 septembre 366). Il avait occupé le siège pontifical, dans une première période, du 22 mai 352, au 10 mars 358 ; et, dans une seconde, au retour de son exil, de 359 à 366. Rome doit à ce Pontife, entre autres monuments, la basilique de Sainte-Marie-Majeure, ainsi appelée parce qu'elle tient le premier rang parmi les églises dédiées à la sainte Vierge.
[*] Pour plus de détails voir : S Félix II (355-365) fut-il un antipape ?


(à suivre : NOTE CRITIQUE SUR LA PRÉTENDUE CHUTE DU PAPE SAINT LIBÈRE DANS L'HÉRÉSIE ARIENNE.)
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  Les Petits Bollandistes a écrit :

NOTE CRITIQUE SUR LA PRÉTENDUE CHUTE DU PAPE SAINT LIBÈRE DANS L'HÉRÉSIE ARIENNE.

Tout le monde connaît le fameux mensonge historique qui se trouve même dans le Liber Pontificalis, et qui consiste à placer à l'époque du retour de Libère, de Bérée à Rome (359) un double acte de faiblesse de ce pape : la souscription à la condamnation de saint Athanase, et la souscription à une formule de foi arienne. Que faut-il penser de cette chute, qui a été admise par des auteurs graves, et qu'on appuie du témoignage de saint Jérôme, de saint Hilaire, de saint Athanase, et de Libère lui-même ? C'est ce que nous allons examiner.

Les témoignages que l'on cite de saint Athanase, de saint Jérôme, de saint Hilaire, de Libère lui-même, et qui seraient accablants, s'ils étaient authentiques, perdent toute leur force devant une saine critique historique.

Saint Athanase parle de la chute de Libère dans son Apologie contre les Ariens et dans son Histoire des Ariens. Or, l'Apologie a été écrite au plus tard en 350, c'est-à-dire deux ans avant que Libère fût pape ; il est donc évident qu'il y a eu une interpolation postérieure, et faite par une main malhabile, car cette addition rend l'Apologie inepte et ridicule.
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Re: Le Pape Saint Libère et sa prétendue chute dans l'hérésie arienne

Message par Laetitia »

L'Histoire des Ariens a été également écrite avant l'époque où l'on place la chute de Libère, c'est-à-dire en 357 ou 358, et le passage où l'on en parle ne peut être qu'une addition faite après coup. Les Ariens ont fait pour Libère ce que les Donatistes firent pour le pape saint Marcellin. On voit d'ailleurs poindre, cinquante ans seulement après, les commencements de la calomnie. Rufin, prêtre d'Aquilée, qui avait pu connaître Libère dans sa jeunesse, et qui avait certainement connu Fortunatien, l'auteur prétendu de la prétendue chute de Libère, écrit, un demi-siècle après cet événement : « Libère, évêque de Rome, était rentré du vivant de Constance ; mais je ne sais au juste si l'empereur le lui accorda, ou parce qu'il avait consenti à souscrire, ou pour faire plaisir au peuple romain, qui l'en avait prié avant son départ ». Ainsi Rufin connaît le bruit répandu sur la mémoire de Libère, et il reste dans le doute, lui qui avait été à même de connaître le fait de la bouche même de Fortunatien ! Ce doute serait-il possible si Libère avait réellement souscrit une formule arienne ?

Le témoignage de saint Athanase contre Libère n'existe donc pas. Celui de saint Hilaire n'existe pas davantage, car les passages que l'on cite n'ont aucune authenticité, pas plus que les lettres de Libère qui se trouvent dans les Fragments attribués à saint Hilaire, et il est reconnu que ces Fragments ont été l'objet d'audacieuses et nombreuses falsifications. Saint Jérôme a écrit ces mots dans sa Chronique : « Libère, vaincu par les ennuis de l'exil, souscrivit à l'hérésie, et entra dans Rome en triomphateur ». Ce témoignage, qui paraît avoir une grande force, n'en a plus aucune, lorsque l'on considère que la Chronique a été écrite plus de trente ans après l'exil de Libère, et en Orient, où l'on répandait sur ce Pape les bruits les plus calomnieux. Il est prouvé de plus que la Chronique a été extraordinairement altérée dans son texte ; enfin, dit le docteur Thomas Ménochius, « il n'y a pas de trace de la chute de Libère dans le manuscrit des Chroniques de saint Jérôme, que l'on conserve au Vatican, et qui fut donné au Pape par la reine de Suède ; manuscrit qu'Holsténius soutient être d'une très-grande antiquité, et que les savants croient avoir été écrit au VIe ou au VIIe siècle ». Il s'agit donc encore ici d'une addition faite après coup.
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Re: Le Pape Saint Libère et sa prétendue chute dans l'hérésie arienne

Message par Laetitia »

Un autre passage tiré des Écrivains ecclésiastiques de saint Jérôme n'est pas plus authentique. Rien de ce qui est à la charge de Libère ne subsiste, tandis que les témoignages à sa décharge sont nombreux et magnifiques. Ce sont d'abord tous les évêques du monde catholique qui continuent de communiquer avec Libère après son retour comme auparavant ; ils lui envoient les actes des synodes qu'ils célèbrent, et le consultent sur les difficultés majeures qu'ils rencontrent. Puis, de tous côtés, les plus grands saints, les hommes les mieux informés, rendent hommage à ses vertus et à son courage : saint Sirice le regarde comme un de ses plus illustres prédécesseurs ; saint Basile l'appelle très-bienheureux; saint Épiphane l'appelle Pontife d'heureuse mémoire ; Cassiodore dit : le grand Libère, le très-saint évêque qui surpasse tous les autres en mérite et se trouve en tout un des plus célèbres ; Théodoret le regarde comme un illustre et victorieux athlète de la vérité ; Sozomène, comme un homme rare sous quelque rapport qu'on le considère ; saint Ambroise dit de lui qu'il fut un Saint et très-saint évêque : « Il est temps », dit-il à sa sœur Marceline, « de vous rappeler les instructions de Libère, ce Pontife de sainte mémoire, les paroles d'un orateur plaisant d'autant plus que ses vertus sont plus grandes ».

Enfin, le Ménologe des Grecs, qui ne peut être suspect, annonce la fête de saint Libère en ces termes : « 27 septembre, mémoire de notre saint Père Libère. Le bienheureux Libère, défenseur de la vérité, était évêque de Rome sous le règne de Constance ; le zèle dont il brûlait pour la foi orthodoxe lui fit prendre la défense du grand Athanase, persécuté par les hérétiques et expulsé de son siège d'Alexandrie, à cause de rattachement qu'il professait pour la vérité. Tant que Constantin et Constant, les deux premiers fils de Constantin le Grand, vécurent, la foi orthodoxe triompha ; mais, après la mort de ces princes, Constance, le plus jeune, qui était arien, fut seul maître de l'empire, et l'hérésie prévalut. Ce fut alors que Libère, qui combattait de toute sa force l'impiété des hérétiques, fut relégué à Bérée, ville de Thrace; mais les Romains, dont il possédait l'amour et l'estime, lui restèrent fidèles et demandèrent son retour à l'empereur. Libère revint à Rome, où il mourut, après avoir sagement gouverné son troupeau ».

Après tous ces témoignages, on peut hardiment conclure que la chute de Libère est un mensonge historique. Si ce courageux pontife a signé une formule de foi autre que celle de Nicée, il n'a certainement signé qu'une formule de foi orthodoxe, exprimant la consubstantialité du Verbe, et tous les actes authentiques du saint Pape le montrent le défenseur intrépide et constant de la religion catholique.

Nous avons tiré la vie de ce saint pape, que nous tenions à réhabiliter dans l'opinion des fidèles, de l'Histoire générale de l’Église, par M. l'abbé Darras ; et de l'Histoire populaire des Papes, par Chantrel, deux auteurs de l'école de la saine critique. - cf.. Revue des questions historiques ; et l'Histoire et Infaillibilité des Papes, par M. l'abbé Constant. La question de la chute de Libère y est étudiée sous toutes ses faces, et le résultant de cette étude est la justification complète du saint Pontife.
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