Notion catholique du Martyre (DTC)

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Abbé Zins
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MARTYRE.

2. Les décrets de persécution.

— Au second siècle la législation se précise en se modérant. Nous avons le texte du rescrit de Trajan dans Pline. Ep., X, 96. Le rescrit adressé en 112 au gouverneur de Bithynie déconseille de poursuivre d'office, mais commande de condamner les accusés qui se reconnaissent chrétiens et refusent de sacrifier ; sentence confirmée en 124 par le rescrit d'Hadrien à Minucius Fundanus, proconsul d'Asie, Eusèbe, H. E., IV, IX, les rescrits d'Antonin entre 147 et 161 à diverses cités de Macédoine, de Thessalie et de Grèce, ibid., IV, XXVI, 10 (citation de Méliton) et le rescrit de Marc-Aurèle en 177 au légat de la Lyonnaise. Ibid., V, XI, 47.

Saint Justin, Apol., 1, 4, 7, 8 et Tertullien, Apol., 5-8, attaqueront sans peine l'illogisme de cette décision qui interdit de poursuivre les coupables et néanmoins ordonne de les condamner s'ils sont accusés. Mais l'illogisme n'est-il pas le correctif imposé par le bon sens à tous ceux qui s'engagent dans une fausse voie et qui craignent de s'y aventurer trop loin ? D'ailleurs, comme le fait justement remarquer P. Allard, cette sentence montre que la profession du christianisme ne supposait l'inculpation ou la présomption d'aucun crime de droit commun, sans quoi le fait de renier la foi chrétienne n'aurait pas suffi à entraîner l'acquittement.

De plus il est permis de voir une volonté providentielle dans cette législation exceptionnelle qui faisait dépendre la condamnation à mort de la seule volonté de ceux qui s'y exposaient par leur fidélité à la foi chrétienne. Le martyre deviendra, de la sorte, le plus beau et le plus méritoire triomphe de la liberté morale. Les chrétiens peuvent jusqu'au dernier moment échapper au supplice. Leur couronne n'est pleinement glorieuse que parce que leur mort est acceptée volontairement.
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Abbé Zins
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

Au IIIe siècle, à partir de Septime-Sévère, cf. Spartien, Vita Severi, 17, chaque persécution est précédée par un édit qui ordonne de poursuivre les chrétiens et de les mettre en demeure d'abjurer. Le nombre des chrétiens était devenu trop considérable : on interdit seulement les conversions nouvelles et l'on restreignit les poursuites aux convertisseurs et aux nouveaux convertis. C'est alors que Clément d'Alexandrie est forcé de s'enfuir et que ses élèves sont mis à mort. Eusèbe, H. E., VI, I, IV. A Carthage a lieu le martyre de sainte Félicité et de ses compagnons.

— Maximin, en 235, limite les poursuites aux principaux chefs. H. E., VI, XXVIII. Ainsi sont déportés en Sardaigne le pape Pontien et l'antipape Hippolyte qui rachètera son schisme par la gloire du martyre. (1)

— Dèce, en 250, élargit la poursuite et l'applique à tous sans exception : tous devront, à jour fixé, sacrifier aux dieux. Ceux qui n'auront pas obtenu le libellus, gage de leur apostasie, subiront soit le bannissement avec confiscation des biens, soit la mort. Les procès pourraient être rapides ; les juges les traînent en longueur dans l'espoir d'obtenir le reniement par la persuasion ou par la torture. Saint Cyprien écrit : « Ceux qui veulent mourir ne viennent pas à bout de se faire tuer ». Epist., Lin, 2. Dèce veut obtenir l'apostasie plus que la mort, il cherche à détruire les âmes, non les corps Saint Jérôme, Vila Pauli eremitæ, III.

(1) Point controversé, en raison de l'existence de deux Hippolytes.

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Abbé Zins
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MARTYRE.

Valérien tente une nouvelle tactique et procède, non plus par masse, mais par séries. En 257, il ordonne aux évêques et aux prêtres de sacrifier sous peine d'exil, défend aux chrétiens de participer aux réunions liturgiques sous peine de mort. Saint Cyprien comparaît alors devant le proconsul d'Afrique, saint Denys d'Alexandrie devant le préfet d'Égypte. H. E., VII, XI. En 258, l'exil est remplacé parla peine de mort immédiate contre les membres du clergé ; pour les chrétiens de condition, confiscation, dégradation et mort pour les hommes, exil pour les femmes, pour les Césariens (affranchis de la maison impériale) confiscation et réduction à l'état de serfs de la glèbe. Résultat : à Rome, martyre du pape Sixte II et de ses diacres ; à Tarragone, de Fructueux et de ses diacres ; à Carthage, de Cyprien. La mort de Valérien amena la fin de la persécution et Gallien rendit à l'Église ses biens. H. E., VII, XIII. Mais Aurélien aurait rendu en 274 un nouvel édit, qui précéda sa mort de quelques mois. Lactance, De mort. persec., VI.

Dioclétien, après s'être montré bienveillant, lance successivement trois édits. En 303, le premier ordonne que les églises soient rasées, les saintes Écritures livrées aux flammes, les chrétiens de condition élevée privés de leurs honneurs, les gens du peuple emprisonnés. H. E., VIII, ir. Le deuxième ordonne que tous les chefs des Églises soient jetés en prison, VIII, VI, 8. Le troisième prescrit de libérer ceux des ecclésiastiques qui consentent à sacrifier et ordonne contre les autres les supplices les plus cruels. VIII, VI, 10. En 304, l'édit de Dèce est renouvelé contre tous les chrétiens. C'est une guerre d'extermination. Elle cesse en Occident à la suite du partage de l'Empire qui suit l'abdication de Dioclétien, elle continue en Orient avec Galère et Maximin Daïa. En 306, ceux-ci publient un 5e édit pour prescrire à tous le sacrifice par appel nominal. Eusèbe, De mart. Palestinœ, IV, 8. Ce fut, dit Eusèbe, un orage inexprimable. En 306, 6e édit promulgué par Maximin Daïa multipliant les proscriptions. En 311. Galère malade se croit puni par le Dieu des chrétiens (Lactance, XXXIV), et publie un édit en leur faveur. A sa mort, Maximin recommence la persécution.

Mais l'ère des persécutions allait bientôt finir : en 313, l'édit libérateur de Milan, appliqué en Occident au mois de mars, fut affiché en mai à Nicomédie après la défaite de Maximin par Licinius. Le christianisme, par son courage intrépide contre les persécuteurs, avait chèrement conquis sa liberté.
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Abbé Zins
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MARTYRE.

3. Principaux mobiles des persécutions.

— a) Préjugés populaires.— A l'origine, confondus avec les juifs, les chrétiens partagent leur impopularité ; plus tard, c'est encore pire ; ils sont accusés d'athéisme, Justin, Apol., I,6 ; II,3 ; de haine du genre humain, Tacite, Annales, XV, 44; d'adorer une tête d'âne, Tacite, Hist., V,4 ; de commettre des crimes odieux : incestes, repas de Thyeste, Minucius Félix, Octavius, LX ; Tertullien, Apol., 8 ; Origène, Contra Cels., IV, 27. Cependant aucun chrétien ne fut jamais condamné en jugement régulier pour de tels forfaits.

Le peuple les rendait responsables des calamités publiques : Si Tiberis ascendit ad moenia, si Nilus non ascendit in area, si coelum stetit, si terra movit. si fermes, si lues, statim : Christianos ad leonem! acclamatur. Tertullien, Apol., 4. On les nommait : Hostes publici deorum, imperatorum, legum, morum, naturæ totius inimici.
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MARTYRE.

— b) Préjugés d'hommes d'État. — Il faut tenir compte de l'étroit formalisme du droit romain. La loi défend « la superstition nouvelle », les chrétiens tombaient sous la loi de lèse-majesté (Lex Julia majestatis) pour assistance aux assemblées nocturnes, pour participation à des associations interdites (hetæriæ, coetus illiciti), pour refus d'offrir à l'empereur l'encens et les libations en lui donnant le titre de Dieu (impietas in principes), crimes punis de la décapitation pour les gens de condition élevée, du bûcher ou de l'exposition aux bêtes pour les gens moindres. Paulus, Sentent., V, XXXIX, 1. Pline reprochera aux chrétiens de Bithynie leur désobéissance, leur entêtement, leur inflexible obstination, Epist., X, 97 ; Marc-Aurèle, leur opiniâtreté, leur superstition sans mesure, Pensées, XI, 3. Valérien dénonce les chefs « d'une coalition dangereuse ».

— c) Certaines raisons personnelles. — Néron fit attribuer aux chrétiens l'incendie de Rome pour dégager sa propre responsabilité. Maximin les persécuta en haine de son prédécesseur, Alexandre-Sévère, qui les avait favorisés, Eusèbe, H. E., VI, XXVIII ; Dèce, par aversion personnelle contre Philippe ; Valérien était occultiste et fut entraîné par les délations intéressées des devins qui avaient sa confiance. Ibid., VII, x, comme par sa cupidité. Saint Ambroise, De ofrc., II, XXVIII. Dioclétien fut déterminé par des réponses d'haruspices, au dire de Lactance, De mort. pers.,XI ; Galère, par les conseils de sa mère, vieille paysanne fanatique, qui avait été prêtresse. Ibid., XI.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

4. Culte des martyrs.

— En principe, les lois romaines privaient de sépulture les condamnés à mort ; en fait cependant, les cadavres étaient accordés aux proches qui les demandaient. Avec quelle ferveur les chrétiens réclamaient les restes précieux de ceux qui avaient donné leur vie pour la foi 1 Parfois ils les enlevaient en secret et les ensevelissaient avec respect.

Au jour anniversaire de la mort, deposilio, on se réunissait auprès du tombeau, cf. Martyrium Polycarpi, XVIII, on célébrait le saint sacrifice et on faisait des distributions aux pauvres. La liste des anniversaires célébrés dans chaque église sera le germe des martyrologes. On ne prie pas pour les martyrs, S. Augustin, Serin., CCCIX,1, on les invoque. Des lampes brûlaient devant les tombeaux, mais il n'y a aucune confusion avec les rites païens. Cf. Vacandard, Les origines du culte des saints, dans Études de critique et d'histoire religieuse, IIIe série, Paris, 1912.

L'Église procéda à des enquêtes, surtout depuis le IIIe siècle. Quand les hérésies se développèrent, il fallut séparer les martyrs orthodoxes des hérétiques. L'Église refusait de reconnaître comme martyrs ceux qui avaient provoqué la colère du persécuteur par quelque acte inconsidéré. S. Augustin, Breviculus coll. cum clonai., III, 25.

On se partageait les reliques : sang recueilli sur des linges ou avec des éponges, huile des lampes brûlant près du tombeau. On se recommandait A l'intercession des héros avant et après leur martyre. On désirait être enterré auprès d'eux. La superstition pouvait même se glisser parfois, puisqu'une inscription d'une basilique romaine proteste contre les excès d'une dévotion peu éclairée : « Ce n'est point par le voisinage du corps, c'est par l'Aine que nous devons approcher des Saints ». Bull. di arch. crist., 1869, p. 33.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

5. Nombre des martyrs. — Ce nombre est impossible à évaluer, même d'une façon approximative, mais la tradition et l'histoire attestent qu'il fut très élevé.

H. Dodwell, le premier, Dissert. Cyprian, IX, De paucitate martyrum, Oxford, 1684, tenta une apologie des empereurs romains et relégua les martyrologes au nombre des fables inventées par les moines. Ruinart, Acta primorum martyrum sincera et selecta, Paris, 1689, lui répondit victorieusement. Il n'essaya pas cependant de justifier le chiffre fantaisiste de 11 millions donné par le P. Florès, De inclyto agone martyrum, I. IV, c. III, et résultant des calculs d'Arias et de Génébrard, ni surtout de 2 millions et demi pour la seule ville de Rome, Gaume, Les trois Rome, Paris, 1848, t. IV, p. 591, ni même de revendiquer, pour Rome seule, 700 martyrs à chaque jour du calendrier. Cf. Boldetti, Osservazioni copra cimiteri dei SS. Martini ed antichi cristiani di Roma, Rome, 1720, p. 266. Le nombre des martyrs romains serait de 13825 d'après le Martyrologe romain, cf. Kraus, Die Blutampullen der rom. Katakomben, Francfort, 1868, p. 35 ; il est réduit par le P. V. de Buck au nombre, déjà respectable, de quatre mille, De phialis rubricatis, quibus mart. Rom. sepulcra dignosci dicuntur observationes, Bruxelles, 1855, p. 31 sq.

Gibbon reprit en 1776 la thèse de Dodwell, Dentine and fall of the Roman Empire, c. XVI, suivi par Ernest Havet, Le christianisme et ses origines, Paris, 1884, t. IV. Eoissier, La fin du paganisme, Paris, 1911, t. I, p. 457, donne la note juste : « Qu'on songe que la persécution, avec plus ou moins d'atrocité, a duré deux siècles et demi, et qu'elle s'est étendue à l'empire entier, c'est-à-dire à tout le monde connu, que jamais la loi contre les chrétiens n'a été complètement abrogée jusqu'à la victoire de l'Église ; et que, même dans les temps de trêve et de répit, lorsque la communauté respirait, le juge ne pouvait se dispenser de l'appliquer toutes les fois qu'on amenait un coupable A son tribunal, et l'on sera, je crois, persuadé qu'il ne faut pas pousser trop loin l'opinion de Dodwell, et qu'en supposant même qu'à chaque fois et en particulier, il périt peu de victimes, réunies, elles doivent former un nombre considérable.»
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Abbé Zins
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

On oppose un texte d'Origène, Contra Celsum, III, 8 : « Ceux qui furent mis à mort pour la foi chrétienne ont été peu nombreux et sont faciles à compter, car Dieu ne voulait pas que toute la race des chrétiens fût anéantie.» Mais cette expression peu nombreux ne doit être prise que dans un sens relatif, c'est-à-dire par rapport au total des chrétiens, et de plus il faut remarquer qu'Origène écrit en 249 avant la persécution de Dèce et ne peut y faire allusion.

Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Christenthums, 1e édit., p. 345, ose dire : « Un regard jeté à l'aide des ouvrages de Tertullien sur Carthage et l'Afrique du nord, montre qu'avant l'année 180 il n'y eut dans ces régions aucun martyr, et que depuis lors, jusqu'à la mort de Tertullien, elles n'en comptèrent, même en joignant la Numidie et les Maurétanies, guère plus de deux douzaines.» Ces deux douzaines représentent sans doute les chrétiens de Scillium d'une part et de l'autre Perpétue, Félicité et leurs compagnons, tous martyrisés entre l'an 180, date à laquelle Tertullien déclare que « le glaive n'a pas encore été tiré contre les chrétiens », Ad Scapulam, 3, et sa mort. Cependant il y eut d'autres martyrs, car, en 197, Tertullien nous parle de nombreux fidèles attendant en prison l'heure d'être mis à mort, Ad Martyres, 1, et d'autres encore qui ont été lapidés ou brûlés par la foule ameutée des païens; Apol., 37, de beaucoup d'autres qui ont péri par le glaive, le feu, les bêtes, les fouets. Apol., 11, 12, 31, 50.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

Pour les chrétiens massacrés en 64 par Néron, Tacite, Ann., XV, 44 et saint Clément, I Cor., VI, indiquent « une grande multitude.» En 95, sous Domitien, Dion Cassius, Hist. Romaine, LXVII, 14, en mentionne « beaucoup », de même saint Jean. Apoc., VI, 9-11.

Sous Trajan, la fureur populaire en fit mourir un « grand nombre », sans compter ceux qui tombaient victimes d'un jugement régulier. Eusèbe, H. E., III, XXXIII, 2. « D'innombrables martyrs » dans le monde entier subirent la mort sous Marc-Aurèle. Ibid., V, I. Les proconsuls et les préfets ne pouvaient suffire à toutes ces condamnations. Septime-Sévère fit couler le sang à flots ; on crut à la venue de l'Antéchrist. Eusèbe, VI, II, 3. Dèce, que Lactance appelle « un monstre exécrable », n'épargna ni âge, ni sexe, ni condition; « le sang coulait par torrents », affirme S. Cyprien, Epist., IXIII.

Sous Gallus « une multitude innombrable » de martyrs reçut la couronne. S. Cyprien, De mortalitate. Pendant son règne si court, Valérien versa beaucoup de sang chrétien, affirme Lactance, De mort. perses., V.

La persécution de Dioclétien « dévasta pendant dix ans le peuple de Dieu », aucune guerre n'avait décimé à ce point la population. Sulpice-Sévère, Hist. sacr., II, XXXI ; Orose, Adv. pagan., VII, XXII. Le glaive était émoussé et les bourreaux exténués devaient se relayer. En Égypte, il n'était pas rare de voir sur une place «trente, soixante ou cent » victimes sacrifiées en même temps. Eusèbe, H. E., VIII, IX.

Renan, L'Église chrétienne, p. 316, dit : « De Néron à Commode, sauf de rares intervalles, on dirait que le chrétien vit toujours en ayant sous les yeux la perspective du supplice.» Harnack exprime la même opinion : « Sur chaque chrétien pendait l'épée de Damoclès ; il avait la sensation d'être toujours sous le glaive, même si celui-ci tombait rarement. » Loc. cit., p. 345.
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Dictionnaire de Théologie Catholique a écrit :
MARTYRE.

Le nombre des martyrs fut certainement très grand dans la seconde moitié du IIIe siècle. Il le fut plus encore au début du IVe. Eusèbe, VIII, IV, parle de milliers » et déclare que le langage humain ne saurait exprimer combien de martyrs il y eut dans les villes et dans les provinces; en Égypte il y eut un très grand nombre d'hommes, sans compter les femmes et les enfants. VIII, VIII.

On connaît des exemples d'exécutions en masse : les quarante martyrs de Sébaste, S. Grégoire de Nysse, Oratio II in XL martyres, la Légion thébaine (sur laquelle le dernier mot n'est pas dit), les habitants d'une ville de Phrygie enfermés dans leur église à laquelle on mit le feu. Eusèbe, VIII, XI.
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