LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 1586.

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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

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Deux jours avant le martyre, les shériffs d'York vinrent lui dire le moment fixé pour son exécution. La martyre remercia Dieu et les pria d'aller au lieu où elle souffrirait pendant la moitié d'un jour ou d'une nuit à l'avance, et d'y demeurer tout ce temps jusqu'à l'instant de sa mort ; ils le lui refusèrent.

Les shériffs partis, la martyre dit à une de ses amies : « Les shériffs disent que je mourrai vendredi prochain, et voilà que je sens la faiblesse de ma chair qui se trouble à cette nouvelle, quoique mon esprit se réjouisse beaucoup. Pour l'amour de Dieu, priez pour moi et demandez à toutes les bonnes gens de faire de même. » S'agenouillant, elle fit une rapide prière, et la crainte et l'horreur de la mort disparurent bientôt, ainsi qu'elle le dit elle-même.

Dans ses paroles, sa contenance et sa conduite, elle ne se montra jamais triste et chagrine ou craintive à part cette unique fois. N'attendant et n'espérant pas le pardon malgré le long sursis apporté à l'exécution et tant de paroles prononcées, son esprit demeurait fixé sur la pensée de sa fin. Elle sollicitait instamment des prières pour sa persévérance et sa vaillance spirituelle, afin de vaincre dans ces combats et de quitter joyeusement ce monde pour la gloire de Dieu et l'honneur de l'Eglise catholique.

Six jours avant l'exécution, son mari fut mis en liberté et obligé par le conseil de sortir de la ville pour cinq jours, ce qui fit comprendre à la martyre qu'on allait enfin boire son sang. Depuis son premier séjour dans la prison de l'Ousebridge, elle quitta sa chemise et n'en porta plus désormais pendant les jours qui lui restaient à vivre. Sa nourriture se composait d'une soupe à l'eau, de pain de seigle et de bière faible qu'elle ne prenait qu'une seule fois le jour et en petite quantité. Depuis le jour où les shériffs l'avertirent du moment exact de sa mort (ce qui eut lieu le mardi soir), elle ne prit aucune nourriture.

Etant dans sa chambre avec Yoward et la femme de celui-ci, la nuit qui précéda sa mort, elle dit à la femme de Yoward : « Je serais bien contente si une servante me tenait compagnie cette nuit, non par crainte de la mort, qui m'est un sujet de consolation, mais la chair est faible.»
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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

Message par gabrielle »

Mrs Yoward dit : « Hélas, Mistress Clitherow, le geôlier est parti, la porte est verrouillée et on ne peut avoir personne. » Alors la susdite femme de Yoward, prête à aller se coucher, rattacha ses habits et, s'asseyant à côté de la martyre, demeura au moins jusqu'à minuit; après quoi elle alla se mettre au lit. Quand l'horloge sonna minuit, elle vit la martyre agenouillée se lever, enlever tous ses vêtements et revêtir une chemise de lin semblable à une aube qu'elle avait cousue de ses propres mains trois jours auparavant en vue de son martyre. Elle s'agenouilla de nouveau, sans rien sur elle que cette chemise. De minuit à trois heures elle se leva et s'approcha du feu. Là, elle se coucha tout de son long sur les pierres pendant un quart d'heure. Après cela elle se leva et alla se coucher. Elle se couvrit de ses vêtements et demeura ainsi jusqu'à six heures du matin. Elle se leva, s'habilla, et se prépara à l'arrivée du shériff.

Elle souhaitait que Mrs. Yoward assistât à sa mort avec quelques bons catholiques, pour lui faire ressouvenir de Dieu pendant sa dernière agonie et l'angoisse de sa mort. Mrs. Yoward dit qu'elle ne voulait aucunement voir une mort si atroce pour toute la ville d'York. « Mais, ajouta-t-elle, je vous amènerai quelques amis pour jeter sur vous des poids très lourds, afin que vous soyez délivrée le plus tôt possible.

— Non, non, Mistress Yoward, dit la martyre, non pas; Dieu me garde de permettre sciemment à qui que ce soit de tremper dans ma mort. »

Vers huit heures, les shériffs se présentèrent ; elle était prête et les attendait, ayant relevé son abondante chevelure avec un pauvre ruban neuf et portant sur le bras sa nouvelle chemise de lin ainsi que des cordes qu'elle avait préparées pour qu'on lui liât les mains. Elle alla joyeusement à ses noces, suivant sa propre expression. Distribuant des aumônes dans la rue qui était si encombrée de monde qu'elle pouvait à grand'peine avancer, elle alla, jambes et pieds nus, sa robe flottant autour d'elle. Faweet, le shériff, se hâta et dit : « Venez, Mistress Clitherow. » La martyre répondit d'un ton jovial : « Mon bon Master shériff, laissez-moi distribuer mes pauvres aumônes avant; que je m'en aille, car il ne me reste plus que peu de temps. » Tous s'émerveillèrent de sa joyeuse contenance.

Le lieu de l'exécution était le Tollbooth, séparé de la prison par six ou sept gardes. Se trouvaient présents au martyre : les deux shériffs d'York, Faweet et Gibson, Frost, ministre, Fox, parent de Mr. Cheeke, avec plusieurs de ses hommes et quatre sergents qui avaient gagé quelques mendiants pour exécuter le meurtre, trois ou quatre hommes et quatre femmes.

La martyre, pénétrant dans le Tollbooth, s'agenouilla et pria à voix basse. Les bourreaux lui demandèrent de prier avec eux et ils voulurent prier avec elle. La martyre refusa et dit : « Je ne prierai pas avec vous et vous ne prierez pas avec moi. Je ne veux pas dire Amen à vos prières et je ne veux pas que vous le disiez aux miennes. »
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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

Message par gabrielle »

Ils voulurent alors qu'elle priât pour la reine. La martyre commença dans cet ordre :

D'abord, de manière que tous pussent l'entendre, elle pria pour l'Eglise catholique, puis pour la sainteté du pape, les cardinaux et les autres pères qui ont charge d'âmes, et puis pour tous les princes chrétiens. A ce point les bourreaux l'interrompirent, ne voulant pas qu'elle logeât Sa Majesté parmi cette compagnie.

Cependant la martyre continua dans cet ordre : « et spécialement pour Elisabeth, reine d'Angleterre, afin que Dieu la convertisse à la foi catholique, et qu'après cette vie mortelle elle obtienne les joies bienheureuses du ciel. Car, dit-elle, je souhaite autant de bien à l'âme de Sa Majesté qu'à la mienne. »

Shériff Gibson, saisi d'horreur de cette scène cruelle, se tenait à la porte pleurant. Alors shériff Faweet dit : « Mistress Clitherow, il faut vous rappeler et confesser que vous mourez pour trahison. »

— La martyre répondit : « Non, non ! Master shériff, je meurs pour l'amour de mon Seigneur Jésus. »

Elle dit ces derniers mots d'une voix forte. Alors Faweet lui commanda de se déshabiller. « Car vous devez mourir toute nue, dit-il, comme la sentence a été rendue et portée contre vous. »

La martyre et les autres femmes l'implorèrent à genoux qu'elle pût mourir en chemise et que, pour l'honneur de son sexe, ils ne la vissent pas nue; mais cela ne fut pas accordé. Alors elle demanda que des femmes pussent la déshabiller et qu'ils détournassent leurs visages pendant ce temps.

Les femmes lui ôtèrent ses habits et lui passèrent la longue robe de lin. Alors elle se coucha très tranquillement par terre, le visage couvert d'un mouchoir, la robe de lin placée sur elle aussi loin qu'elle pouvait arriver ; tout le reste de son corps était nu. La porte fut mise sur elle ; elle joignit ses mains vers son visage. Alors le shériff dit : « Non, il faut que vos mains soient liées. »

La martyre étendit ses mains toujours jointes par-dessous la porte. Les deux sergents les séparèrent, et avec les cordes de fil qu'elle avait préparées dans ce but les lièrent à deux poteaux, de sorte que son corps et ses bras firent une croix parfaite. Alors ils voulurent de nouveau qu'elle demandât pardon à Sa Majesté et qu'elle priât pour elle. La martyre répondit qu'elle avait prié pour elle. Ils voulurent aussi qu'elle demandât pardon à son mari. La martyre dit : « Si jamais je l'ai offensé, sauf lorsqu'il s'agissait de ma conscience, je lui demande pardon. »

Après cela ils mirent des poids sur elle : dès qu'elle les sentit elle dit : « Jésus, Jésus, Jésus, ayez pitié de moi ! » Ce furent les dernières paroles qu'on lui entendit dire.

Elle mit un quart d'heure à mourir. Une pierre aiguë aussi grande qu'un poing d'homme fut placée sous son dos ; sur elle on mit environ sept ou huit cents poids au moins.

Ce poids, brisant les côtes, les fit éclater à travers la peau. Ainsi cette gracieuse martyre triompha très victorieusement de tous ses ennemis, passant de cette vie mortelle avec un triomphe merveilleux à la cité paisible de Dieu, pour y recevoir une couronne méritée de joie et d'immortalité sans fin .

Ceci eut lieu à neuf heures : elle demeura dans la prison jusqu'à trois heures de l'après-midi. Avant sa mort elle envoya son chapeau à son mari en signe du tendre respect qu'elle lui devait comme à son chef. Elle envoya ses bas et ses souliers à sa fille aînée, Anne, qui avait environ douze ans, pour lui faire voir qu'elle devait servir Dieu et la suivre dans ses traces de vertu.

La petite fille fut d'abord mise en prison, parce qu'elle ne voulait pas trahir sa mère, et là on la maltraita beaucoup, en général parce qu'elle ne voulait pas aller à l'église ; mais lorsque sa mère fut martyrisée, les hérétiques vinrent lui dire, qu'à moins qu'elle allât à l'église pour entendre un sermon, sa mère serait mise à mort. L'enfant, pensant par là sauver la vie de sa mère, alla à un sermon et ainsi on la trompa.


Fin
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Louis Mc Duff
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

Message par Louis Mc Duff »

Merci Gabrielle du récit de cette Martyre de la Foi catholique.
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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

Message par gabrielle »

Tout le plaisir fut pour moi. Je ne connais pas ces martyrs.
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