LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 1586.

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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

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Le juge, désireux de faire partager par le jury entier l'angoisse de sa propre conscience, et s'imaginant que si les jurés la déclaraient coupable ses mains seraient pures du sang versé, reprit une fois de plus : « Ma bonne dame, je vous en prie, allez au jury, qui n'aura contre vous que la dénonciation d'un enfant; quoi que disent les jurés, nous pourrons encore vous prendre en pitié. » La martyre refusa.

M. Rhodes dit : « Passerons-nous la journée entière à nous occuper de cette mégère entêtée? Dépêchons-lui son affaire. »

— Le juge reprit encore : « Si vous ne voulez pas vous soumettre au jugement du jury, voici quelle sera votre sentence. Vous retournerez là d'où vous venez ; on vous mènera dans les souterrains de la prison et on vous mettra toute nue. Puis on vous couchera le dos sur le sol et on mettra sur vous la charge la plus lourde que vous pourrez supporter. Vous demeurerez trois jours dans cette torture sans boire ni manger qu'un peu de pain d'orge et de l'eau sale. Le troisième jour, les mains et les pieds attachés à des pieux, une pierre aiguë sous l'échine, on vous écrasera. »

La martyre, debout, ne montra point de crainte, ne changea pas de physionomie et dit avec douceur : « Si ce jugement est conforme à votre, conscience, je prie Dieu qu'il vous en fasse un moins rigoureux devant son tribunal ; mais j'en remercie Dieu du fond du coeur. »

— Le juge dit encore : « J’agis conformément à la loi et vous préviens que telle sera votre sentence, à m'oins que vous ne vous laissiez juger par le jury. Réfléchissez-y. Vous avez un mari et des enfants à chérir; ne soyez pas vous-même la cause de votre perte.

— Plût à Dieu, dit la martyre, que mon mari et mes enfants eussent à souffrir avec moi pour une pareille cause. »


Paroles qui firent répandre le bruit parmi les hérétiques qu'elle aurait volontiers pendu son mari et ses enfants si elle l'avait pu faire. Cette sentence une fois prononcée, le juge dit encore :

« Margaret Clitherow, que décidez-vous enfin ? Voulez-vous vous en remettre au jugement du jury ?

Malgré la sentence rendue contre vous conformément à la loi, nous voulons vous témoigner encore de la pitié si vous voulez bien, de votre côté, vous y prêter en quelque manière. » La martyre, levant les yeux au ciel, dit joyeusement :

« Grâce à Dieu, tout ce que Dieu m'enverra sera bien venu. Je ne suis pas digne d'une aussi bonne mort que celle-ci. J'ai mérité la mort pour les péchés que j'ai commis contre Dieu, mais pour aucune des choses dont on m'accuse. »

Le juge ordonna ....
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gabrielle
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Le juge ordonna alors au shériff de s'occuper d'elle, et celui-ci lui lia les bras avec une corde. La martyre, regardant un de ses bras, puis l'autre, eut un sourire qui révélait sa joie de porter des liens pour l'amour du Christ. Ce sourire exaspéra la fureur des juges. Le shériff, flanqué de hallebardiers, reconduisit Margaret dans la maison du pont où elle était détenue. Quelques conseillers furent envoyés épier sa physionomie sur le trajet lorsqu'elle quitta le Hall; mais elle traversait les rues l'air joyeux, ce qui fit dire : « Il faut qu'elle ait reçu consolation du Saint-Esprit, » et tous étaient stupéfaits de la voir si joyeuse. D'autres disaient qu'il en était autrement, qu'elle était simplement possédée d'un démon de gaieté et qu'elle recherchait la mort. Elle marchait entre les deux shériffs et distribuait de l'argent à droite et à gauche pour autant que ses liens lui permettaient de le faire.

A partir de ce moment personne n'eut la permission de lui parler, si ce n'est les ministres et les gens autorisés par le Conseil.

Quand M. Clitherow sut que Mrs Clitherow était condamnée, il parut semblable à un homme qui a perdu le sens et il pleura avec tant de véhémence qu'il eut un saignement de nez très abondant. Il dit : « Hélas ! vont-ils tuer ma femme ? Qu'ils prennent tout ce que j'ai et lui laissent la vie sauve. C'est la meilleure épouse de toute l'Angleterre et la meilleure des catholiques aussi. »

Le surlendemain, si j'ai bonne mémoire, M, Meares vint la voir et Sir Thomas Fairfaix, ainsi que les autres conseillers, lui posèrent diverses questions à huis-clos sur lesquelles je n'ai pas de détails certains. Je n'en sais rien de plus, sinon qu'ils lui demandèrent si elle voulait aller à l'église avec eux, ne fût-ce que pour ouïr un seul sermon et, le cas échéant, elle serait graciée. Elle répondit qu'elle le voulait bien s'ils daignaient la laisser choisir le prédicateur et lui accorder sauf-conduit pour aller et venir. Ils lui demandèrent en outre si, en conscience, elle se croyait enceinte. Elle dit qu'elle ne le savait pas d'une façon certaine et ne voudrait pas pour tout au monde affirmer en conscience qu'elle l'était ou ne l'était pas, mais qu'elle croyait plutôt l'être. Ils lui demandèrent pourquoi elle refusait un sursis temporaire.

« Je ne demande aucune faveur dans cette affaire, dit-elle, faites comme il vous plaira. »

Ils lui demandèrent encore si elle ne connaissait pas Ingleby et Mush, les deux prêtres traîtres. Elle répondit :

« Je n'en connais pas de tels.

— Avez-vous le courage de parler ainsi ! dirent-ils, prenez garde de mentir.

— Je n'accuserai personne; vous me tenez ; faites de moi ce que vous voudrez. » Je n'ai rien entendu dire de plus relativement à la visite des conseillers. Cette visite faite, ils se rendirent chez le juge et lui firent leur rapport.


Les parents et amis de Mrs Clitherow...
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gabrielle
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Les parents et amis de Mrs Clitherow se donnèrent beaucoup de peine pendant toute la semaine pour l'amener à se déclarer enceinte, mais elle ne consentit jamais à l'affirmer. Elle dit qu'elle ne voudrait pas feindre devant Dieu et devant les hommes, pour cette raison qu'elle ne pouvait dire ni oui ni non.

Le mercredi, le shériff d'York alla trouver le juge Clinch et lui demanda que faire de la prisonnière. « On ne peut l'exécuter, répondit le juge, car, à ce qu'on m'assure, elle est enceinte. » Rhodes, Meares, Hurleston, Ckecke et les autres insistèrent énergiquement pour qu'elle fût exécutée conformément à la sentence et à la loi. M. Rhodes dit : « Frère Clinch, vous êtes trop compatissant en cette affaire. Si Mrs Clitherow ne subit le traitement porté par la loi, elle sera cause de la perte d'un grand nombre. — Si elle est enceinte, dit M. Clinch, je ne consentirai pas à sa mort. — En ce cas, Milord, dit le shériff, je vais la faire examiner par des femmes. — C'est superflu, dit le juge, appelez quatre honnêtes personnes de sa connaissance et qu'elles vérifient ce qui en est. »
Le jeudi, les quatre dames vinrent trouver la martyre et rapportèrent au juge qu'elle était enceinte, autant qu'elles pouvaient en juger et l'inférer de ses paroles.

Le soir même [ou le lendemain] M Hurleston, les conseillers et les ministres qui avaient la soif la plus ardente de son sang vinrent trouver M. Clinch dans sa chambre et lui dirent : « Milord, cette femme ne peut bénéficier du privilège que lui vaut sa grossesse, puisqu'elle a refusé de se faire juger par le jury et que la sentence de mort a été prononcée.

— Mister Hurleston, dit M. Clinch, Dieu nous préserve de la faire mourir étant enceinte ! Bien qu'elle soit criminelle, l'enfant qu'elle porte dans son ventre ne l'est pas. Aussi me donnerait-on mille livres que je ne consentirais pas à sa mort avant qu'elle ait été de nouveau examinée. »

Hurleston insista et dit : « Elle est la seule de son espèce dans le nord de l'Angleterre, et si on la laisse vivre, il y en aura bientôt d'autres pareilles qui n'auront plus la crainte de la loi. Ainsi, Milord, réfléchissez et qu'elfe subisse sa sentence, car je prends sur ma conscience qu'elle n'est pas enceinte. »

Le juge n'y voulait nullement consentir ; mais, croyant laver ses mains avec Pilate, il s'en remit de tout au Conseil, demandant aux membres d'en faire à leur gré, et il partit, ordonnant de surseoir à l'exécution jusqu'au vendredi suivant, 25 mars, fête de Notre-Dame, et alors d'en faire comme ils jugeraient bon, si, d'ici là, ils ne recevaient pas contre-ordre de sa part.

Après son jugement....
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gabrielle
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Après son jugement, la martyre se prépara par d'abondantes prières à la mort, craignant de n'être pas digne de subir une telle mort pour l'amour de Dieu. Ce fut alors qu'elle fit dire à son père spirituel de prier ardemment pour elle, car la plus lourde croix qu'elle dit jamais eue à porter était l'angoisse qu'elle éprouvait d'échapper à la mort.

Le lendemain de sa condamnation, arrivèrent Bunney, ministre fameux, Pease et Cotterill, hérétiques arrogants, et d'autres encore qui dirent à Mrs Clitherow « Le Conseil nous envoie pour conférer avec vous sur trois points et pour voir si vous vous montrerez traitable ou non. D'abord nous voulons savoir pourquoi vous refusez le jury conformément à la loi ; et en cela vous témoignez votre obstination à chercher la mort en opposition avec la loi de Dieu, par conséquent vous devenez responsable et coupable de votre propre mort en contraignant la loi de s'accomplir sur vous à la rigueur, ce qui ne peut s'éviter en pareil cas, tandis qu'en vous laissant juger suivant une autre juridiction, vous auriez pu avoir la vie sauve, étant donnée la faiblesse des preuves [invoquées contre vous]. Cependant c'était une chose bien connue et prouvée que vous donniez le vivre et le couvert à des traîtres contrairement aux lois de Sa Majesté. »

La martyre répondit : « Je suis femme et ignorante des lois civiles. Si j'ai commis un crime, j'en demande pardon à Dieu et j'ignore si, oui ou non, j'ai violé ces lois ; mais en conscience je ne les ai pas violées. Quant aux traîtres, je n'en ai jamais nourri ni logé chez moi. »

En deuxième lieu, les visiteurs lui demandèrent : « Savez-vous si vous êtes enceinte ou non, bien que, que ajouta le ministre, vous ne puissiez pas bénéficier [du sursis accordé à] cet état.

— Je ne puis dire ni oui ni non, m'étant déjà trompée d'autres fois en pareille circonstance ; c'est pourquoi je ne puis vous répondre positivement ; mais j'incline plutôt à me croire grosse. »

Ils lui demandèrent enfin : « Pourquoi refusez-vous de venir à notre Eglise quand nous avons des témoignages si clairs et si solides attestant que la vérité est de notre côté. » Et à ce propos ils citèrent beaucoup de textes de l'Ecriture.

— « Je ne suis pas de votre Eglise, dit la martyre, et Dieu me préserve d'en jamais faire partie, car je suis depuis douze ans la foi catholique, grâce à Dieu. Et si maintenant j'allais céder à la crainte ou à la faiblesse, tout ce que j'ai fait jusqu'ici deviendrait inutile. Je préfère la mort. »

M. Pease dit .....
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gabrielle
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M. Pease dit : « Qu'est-ce que l'Eglise? Vous ne le savez pas! Vous avez été égarée par des guides aveugles qui vous ont fait croire à des blocs de bois et à des moellons ainsi qu'à des traditions d'hommes qui contre-disent la parole de Dieu. Répondez-moi : « Qu'est-ce que l'Eglise ? »

— C'est la société dans laquelle est prêchée la véritable parole de Dieu laissée par le Christ à ses apôtres et à leurs successeurs qui distribuent les Sept sacrements. C'est cette parole que l'Eglise a toujours gardée, qu'ont prêchée les docteurs, qu'ont attestée ses martyrs et ses confesseurs. C'est là l'Eglise que je crois véritable. »


Jugeant qu'elle alléguait quoi que ce soit en faveur de l'Eglise de Rome, et comme elle y revenait sans cesse dans toute sa conversation, ils lui dirent : « Vous vous écartez de la question. » — Puis Bunney se mit à faire une sorte de discours solennel et à citer les passages de l'Ecriture, Dieu sait à quelle intention. La martyre dit :

« Je vous prie, ne me fatiguez pas ainsi ; je ne suis pas théologien et ne puis répondre à ces questions difficiles. Suivant la loi l de Sa Majesté, je dois mourir, et bien que ma chair puisse se révolter, mon esprit le souhaite fort. Je répète comme je l'ai fait jusqu'à ce moment mon désir de mourir catholique. Ma cause est celle de Dieu, et c'est un grand réconfort pour moi de mourir pour sa querelle. La chair est faible, mais j'ai confiance en mon Seigneur Jésus qu'il me donnera la force de supporter les souffrances et les tourments qu'on m'infligera pour son amour. »

En troisième lieu vint Wiggington, le puritain ; à ce qu'on dit, il commença ainsi : « Mistress Clitherow, j'ai pitié de votre situation. On m'envoie voir si vous voulez être un peu plus docile. Ne vous perdez pas vous-même ni votre corps, ni votre âme. Peut-être pensez-vous être martyre ; vous vous trompez grossièrement. On n'est martyr que d'une façon. Ce n'est pas le genre de mort, mais la cause de mort qui fait le martyre. Sons le règne de la reine Mary et sous le règne de la reine Elisabeth, bien des gens ont été mis à mort pour les deux opinions opposées. En conséquence ils ne peuvent être martyrs les uns et les autres ; ainsi, bonne Mistress Clitherow, prenez pitié de vous-même. Le Christ a fui devant ses persécuteurs ; ses apôtres l'ont imité, et pourquoi ne chercheriez-vous pas à sauver votre propre vie en cette circonstance ?

— Quant à être martyre, dit-elle, je ne suis pas encore assurée de l'être, puisque je vis encore; mais si je persévère, je sais vraiment que je serai sauvée.

— N'en êtes-vous pas assurée » ? reprit-il.

— « Non certainement, tant que je vivrai, parce qu'il peut m'arriver de faire des choses mauvaises. —

Et de quelle façon, dit Wiggington, pensez-vous, Mistress Clitherow, que vous serez sauvée ?

— En Vertu de la passion amère et de la mort du Christ Jésus », dit-elle

. — « C'est bien dit, ajouta-t-il, mais vous croyez beaucoup d'autres choses, telles que images, cérémonies, sacramentaires, sacrements et choses de ce genre ; ainsi [vous ne croyez] pas seulement au Christ.

— Je crois suivant que l'Eglise catholique m'enseigne qu'il y a sept sacrements, et dans cette foi je veux vivre et mourir. Quant à toutes les cérémonies, je crois qu'elles ont été instituées pour l'honneur de Dieu et de sa gloire, et pour promouvoir sa gloire et son service. Quant aux images, elles ne sont que pour nous représenter qu'il y a eu des hommes bons et vertueux sur la terre qui maintenant jouissent de la gloire dans le ciel ; elles servent encore à exciter nos intelligences molles et paresseuses à un surcroît de dévotion quand nous les regardons. Je n'ai d'autre croyance sur les images. »


Wiggington dit : « Il n'y a pas sept sacrements, mais deux seulement le baptême et la cène. Quant aux autres, ce ne sont que des cérémonies de bonnes et saintes choses et partant point des sacrements.

— « Tous sont des sacrements, dit la martyre ; ils ont été institués par le Christ et ses apôtres et l'Eglise les a tous maintenus depuis lors.

— Eh bien, Mistress Clitherow, dit Wiggington, je suis désolé de ne pouvoir vous convaincre. » Et il la quitta pour ce jour-là.


Tous les jours qui suivirent, ....
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gabrielle
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Tous les jours qui suivirent, des ministres ou des parents, tant hommes que femmes, vinrent la supplier de prendre pitié de son mari et de ses enfants. Mais la martyre leur répondit très courageusement et fermement. Parmi ces visiteurs se trouva le lord maire. Il essaya de toutes façons de la décider à, céder sur quelques points, se faisant fort d'obtenir sa grâce. Il s'était élevé à la haute situation qu'il occupait dans le monde par son mariage avec la mère de la martyre, riche veuve morte dans l'été qui précéda le drame.

A genoux devant elle, dit-on, il se livra à de grandes démonstrations de douleur et d'affliction, essayant par des caresses de l'amener à faire quelque chose contre sa conscience ; mais elle résista vaillamment. S'apercevant qu'il n'obtiendrait rien, il lui demanda de lui confier la tutelle de sa fille. Elle le remercia, refusant son offre courtoise dans la crainte que l'enfant ne fût infectée de son hérésie. Le samedi suivant, Bunney revint et commença d'abord par essayer poliment de la persuader. « Bon Dieu, Mistress Clitherow, dit-il, voyez votre situation. Vous êtes condamnée à mort et vous serez exécutée. Faites quelque chose, sinon il vous faudra mourir. » Et il fit comme un discours mêlé de textes de l'Ecriture.

La martyre souhaita lui donner satisfaction, « car je suis fermement résolue, dit-elle, en toutes choses qui touchent à ma foi que je fonde sur Jésus-Christ. Et par lui je crois fermement être sauvée. C'est la foi qu'il laissa à ses apôtres que ceux-ci transmirent à leurs successeurs à travers les âges et qu'on enseigne dans toute la chrétienté. Jésus-Christ promit de rester avec [son Eglise] jusqu'à la fin du monde et que les portes de l'enfer ne prévaudraient pas contre elle. Par la grâce de Dieu, je veux vivre et mourir dans cette foi. Si un ange venait du ciel prêcher une doctrine différente de celle que nous avons reçue, l'apôtre nous recommande de n'y pas croire. Donc si je suivais votre doctrine, je désobéirais au commandement de l'apôtre. A cause de cela, je vous prie de tenir ce qui précède pour ma réponse , et de ne plus troubler ma conscience. »

— Benney dit : « Hélas ! Mistress Clitherow, je suis désolé de votre grand entêtement. Plût à Dieu que vous vissiez le danger de votre âme. Que Dieu illumine les yeux de votre coeur pour que vous connaissiez avec quel aveuglement vous avez été séduite par les jésuites romains et les prêtres, » etc. Voyant qu'il ne pouvait d'aucune façon triompher d'elle, il commença à s'irriter et l'accusa de se dérober ; il dit qu'elle n'était plus la même femme qu'autrefois, mais bien moins pliante.

Je m’étonne dit la martyre, que vous m'accusiez de la sorte. M'avez-vous trouvée, depuis que je suis en prison, dans une disposition différente de celle où je suis maintenant ? Ne vous ai-je pas toujours répondu que tout ce que l'Eglise catholique enseigne et croit, je le crois fermement, moi aussi ? Je ne sacrifie pas un seul article de ma foi, et j'espère de mon Seigneur Dieu ne faire jamais rien de semblable. »


Vers le lundi Wiggington revint ....
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Vers le lundi Wiggington revint et dit : « Mistress Clitherow, je suis revenu une fois de plus vous voir. Je suis envoyé par le Conseil m'assurer si vous êtes plus docile que vous ne l'étiez auparavant. Voulez-vous venir écouter un bon sermon ? autrement je ne sais comment vous échapperez à la loi. »

La martyre répondit : « J'entendrais un sermon de grand coeur.

— C'est fort bien-dit, ma bonne Mistress Clitherow.

— Comprenez-moi, interrompit-elle ; je veux le faire si je puis avoir un prêtre ou prédicateur catholique ; mais quant à venir à vos sermons, je ne le ferai jamais.

— Si vous voulez venir à un sermon, je vous procurerai un bon et saint homme de vie et de doctrine sûres, dussè-je le chercher dans la partie la plus éloignée de l'Angleterre. »

Mistresse Yoward, qui se trouvait là, dit : « Voici le doyen de Durham, Toby Matthew, un homme pieux et instruit. Je suis sûre qu'il prendra autant que personne de la peine pour vous servir. »

La martyre répondit : « Je n'aurai jamais le doyen de Durham ni quelque autre de cette secte. Ma foi est ferme ; je ne veux pas chercher de nouvelles doctrines. »

Wiggington dit : « J'ai vu un jour le Christ dans une vision et je suis assuré de mon salut. » La martyre sourit et garda le silence. Alors Wiggington cita des textes des docteurs pour prouver la vérité de sa doctrine. –

La martyre dit : « Si vous vouliez croire les docteurs et les suivre, nous serions tous deux, vous et moi, d'une même croyance, mais vous vous en séparez. Je n'ai pas l'instruction qu'il faut pour les lire, mais je crois que ce qu'ils ont prêché est la vérité.

— Eh bien, Mistress Clitherow, dit-il, je vois que vous vous perdez volontairement, sans songer à votre mari et à vos enfants ; vous suivez des guides aveugles. Quelqu'un d'entre eux est-il instruit ? je serais curieux de le savoir. — « Lisez leurs livres et vous le saurez, » dit la martyre. Après qu'il se fut apitoyé sur elle quelque temps, il s'en fut et ne revint plus.

Un autre prédicateur nommé Harwood vint…..
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Un autre prédicateur nommé Harwood vint….. à son tour et entreprit de la persuader de s'en remettre au jugement du jury, de se soumettre au Conseil et de confesser qu'elle avait offensé Dieu et Sa Majesté. Elle pourrait peut-être ainsi obtenir sa grâce.

« Je prie Dieu, dit la martyre, de pouvoir lui être soumise dans mes humbles devoirs et à mon prince dans toutes les choses temporelles ; mais dans l'affaire dont on m'accuse, j'espère n'avoir offensé Dieu ni la reine. »

Le ministre, suivant son usage, commença à invectiver et à blasphémer les jésuites et les prêtres, les appelant traîtres à Sa Majesté et disant qu'elle leur donnait asile et les soutenait.

— « Je n'ai jamais donné asile ni soutenu des traîtres à Sa Majesté, sinon des gens qui ne lui ont jamais souhaité rien de plus mauvais que pour leurs propres âmes. »

Diverses personnes la venaient visiter de temps à autre, disant qu'elle mourrait en désespérée sans se soucier de son mari ni de ses enfants ; mais qu'elle semait l'occasion de leur perte et ferait si bien que tout le peuple se soulèverait contre elle. [On lui remontrait] à quel point étaient généreuses les lois de la reine et en quelle façon le Conseil voulait bien s'occuper d'elle et lui témoigner de la bienveillance, si elle faisait sa soumission, par un sursis qu'il lui accorderait ; enfin, en l'envoyant, lui, Harwood, conférer avec elle touchant sa fin.


— « Vous m'accusez injustement...
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— « Vous m'accusez injustement, dit la martyre. Je ne meurs pas en désespérée et je ne suis pas la cause volontaire de ma mort. N'ayant pas été trouvée coupable des crimes dont on m'a accusée et cependant condamnée à mort, je n'ai pu que me réjouir, ma cause étant également la querelle de Dieu. Je n'ai pas craint non plus la teneur de la sentence de mort, mais j'ai eu honte pour les juges d'avoir dit des mots si malpropres à l'audience, comme de commander de me mettre toute nue et de m'écraser jusqu'à ce que mort s'ensuive. Devant des hommes ils auraient pu, je pense, s'abstenir de ces paroles offensantes pour mon sexe. En ce qui concerne mon mari, sachez que je l'aime le premier dans ce monde après Dieu, et que j'ai soin de mes enfants comme une mère en doit avoir soin. Je crois avoir fait mon devoir envers eux en les élevant dans la crainte de Dieu, et je pense être maintenant déchargée d'eux. Pour cette raison je suis prête à les offrir librement à Dieu qui me les a donnés plutôt que de céder un iota sur ma foi.

« Je confesse que la mort est terrible et que la chair est faible, et cependant je veux, avec l'assistance de Dieu, répandre mon sang pour cette fois aussi volontiers que je donnais mon lait à mes enfants et ne souhaite pas voir retarder ma mort. »


— Vous ne pouvez, dirent-ils, alléguer aucune raison que vous mourez pour la religion, mais par désobéissance et parce que vous gardez des traîtres dans votre maison, contrairement aux lois du royaume.

— Je le nie, dit la martyre ; je n'ai pas gardé de traîtres. Dites ce qu'il vous plaira, je n'en démords pas. Je déclare que je meurs pour la foi catholique dans laquelle je fus baptisée.

— Vous n'êtes pas, lui dit-on, de l'opinion de Mr. Hart, qui dit être permis aux femmes qui n'ont pas d'instruction pour défendre leur cause d'aller à l'église.

— Father Hart n'était pas de votre avis et n'eût pas dit pareille chose, et l'eût-il dit que je ne l'en aurais pas cru. Mais il répondit à toutes vos objections, ainsi qu'il est manifeste.


— Sachez encore, dirent-ils, que Mr. Comberford renia le pape et confessa avoir été mené aveuglément pendant des années.

— Ce n'est pas le premier mensonge que l'on prête aux morts qui ne peuvent répondre ; mais un tel aveu ne vous vaudrait que peu de crédit. »


— Quand ils virent qu'ils ne pouvaient la persuader ....
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Re: LE MARTYRE DE MARGARET CLITHEROW, A YORK, LE 25 MARS 158

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Quand ils virent qu'ils ne pouvaient la persuader ni la faire céder en quoi que ce soit, ils apportèrent des accusations ridicules contre elle et lui dirent comment le petit garçon [qui l'avait dénoncée] avait avoué avoir péché avec des prêtres, et que les prêtres et elle faisaient bonne chère pendant qu'elle servait à son mari du pain, du beurre et un hareng saur. Cela la fit sourire.
Elle dit :

« Dieu vous pardonne ces histoires inventées [à plaisir] ! Quant au petit garçon et à ce qu'il a dit, je vous assure qu'il en dirait autant pour une livre de figues. »


Ils la poussèrent à avouer qu'elle avait offensé son mari.

— « Si j'ai offensé mon mari en quoi que ce soit en dehors des choses de la conscience, j'en demande pardon à Dieu et à lui. »

Cependant ils continuaient de la pousser à avouer quelques fautes contre lui pour médire d'elle ensuite. —

« Je pense, dit la martyre, que mon mari ne m'accuse pas de l'avoir offensé en n'importe quel temps, à moins que ce ne soit dans des petites affaires qui surviennent couramment entre mari et femme, et je vous en supplie, dit-elle, laissez-moi lui parler avant de mourir. »

Ils lui dirent qu'elle n'en ferait rien, à moins de céder sur quelque point.

— « Que la volonté de Dieu soit faite, dit la martyre, car je n'offenserai pas Dieu et ma conscience pour lui parler. »

Ne pouvant triompher d'elle sur aucun point, ils se mirent à contredire toutes ses paroles, à contrecarrer toutes ses actions ; mais ils ne purent lui faire commettre une seule impatience à troubler sa paix et sa contenance.


Deux jours avant le martyre...
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