Saint Jean Chrysostome - Homélie IV (Cor., I)

Si vis pacem
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Re: Saint Jean Chrysostome - Homélie IV (Cor., I)

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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
Il n'en est pas ainsi chez nous. Aussi garde t-on le silence sur le compte de ceux-là, tandis que la gloire de ceux-ci est dans tout son éclat et croît de jour en jour. C'est à cela que pensait Paul, quand il disait : Ce qui paraît en Dieu une faiblesse est plus fort que les hommes. Car c'est là la preuve que la prédication est divine. Comment douze hommes ignorants, qui avaient passé leur vie sur les étangs, sur les fleuves, dans les déserts, qui n'avaient peut-être jamais mis les pieds dans une ville ou sur une place publique, auraient-ils osé former une si grande entreprise ? Comment leur serait venue la pensée de lutter contre le monde entier ? Car, qu'ils fussent timides et lâches, c'est leur historien qui le dit, sans rien nier, sans chercher à dissimuler leurs défauts : ce qui est la plus grande preuve de véracité. Que dit-il donc ? Que dès que le Christ fut pris, ils s'enfuirent, malgré les nombreux miracles dont ils avaient été témoins, et que leur chef, qui était resté, renia son Maître. Comment donc ceux qui, du vivant du Christ, n'avaient pu soutenir l'assaut des juifs, défieront-ils tout l'univers au combat, quand ce même Christ est mort, a été enseveli, n'est point ressuscité, selon vous, ne leur a point parlé, ne leur a point inspiré de courage ? Ne se seraient-ils pas dit à eux-mêmes : Qu'est-ce que ceci ? Il n'a pu se sauver lui-même, et il nous défendrait ? Vivant, il ne s'est pas aidé ; et mort, il nous tendrait la main ? Vivant, il n'a pas soumis un seul peuple, et nous, à son nom seul, nous soumettrions le monde entier ? Quoi de plus déraisonnable, je ne dis pas qu'une telle entreprise, mais qu'une telle pensée ? il est donc évident que s'ils ne l'avaient pas vu ressuscité, s'ils n'avaient pas eu la preuve la plus manifeste de sa puissance, ils n'eussent point joué un tel jeu. A supposer qu'ils eussent eu de nombreux amis, n'en auraient-ils pas fait aussitôt autant d'ennemis, en attaquant les anciennes coutumes, en déplaçant les bornes antiques ? Dès ce moment. ils se seraient attiré l'inimitié de tous, celle de leurs concitoyens comme celle des étrangers. Eussent-ils eu tous les droits possibles au respect par les avantages extérieurs, n'auraient-ils pas été pris en haine pour vouloir introduire de nouvelles mœurs ? Et au contraire, ils sont dénués de tout, et par cela seul, déjà exposés à la haine et au mépris universels.
Si vis pacem
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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
Car de qui voulez-vous parler ? Des Juifs ? Ils en étaient profondément haïs, à cause de ce qui s'était passé à l'égard de leur Maître. Des Grecs ? Ils n'en étaient pas moins détestés, et les Grecs le savent mieux que qui que ce soit. Pour avoir voulu instituer un nouveau gouvernement, ou plutôt réformer en quelque point celui qui existait, sans rien changer au culte des dieux, mais en substituant certaines pratiques à d'autres, Platon fut chassé de Sicile et courut le danger de mort. S'il a conservé la vie, il perdit du moins la liberté. Et si un barbare ne se fût montré meilleur que le tyran de Sicile, rien n'empêchait que le philosophe restât esclave toute sa vie sur une terre étrangère. Et pourtant les changements qui touchent au pouvoir royal n'ont pas l'importance de ceux qui touchent à l'ordre religieux ; ceux-ci troublent et agitent bien plus les hommes. En effet, dire qu'un tel ou un tel épousera une telle, ou que les gardes veilleront de telle ou telle façon, il n'y a pas là de quoi causer grande émotion, surtout quand la loi reste sur le papier et que le législateur se met peu en peine de l'appliquer. Mais dire que les objets du culte sont des démons et non des dieux, que le vrai Dieu c'est le Crucifié, vous savez assez quelle fureur, quelle accusation, quelle guerre cela a soulevées.
Si vis pacem
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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
5. Chez les Grecs, Protagoras, pour avoir osé dire : « Je ne reconnais point de dieux », et cela, non en parcourant et en doctrinant tout l'univers, mais dans une seule cité, courut les plus grands dangers. Diagoras de Milet et Théodore, surnommé l'athée, avaient de nombreux amis, étaient éloquents et admirés comme philosophes; cependant tout cela ne leur servit à rien. Et le grand Socrate lui-même, qui les surpassait tous en philosophie, a bu la ciguë parce qu'il était soupçonné d'avoir quelque peu innové en matière de religion. Or, si un simple soupçon d'innovation a créé un tel danger à des philosophes, à des sages, à des hommes qui jouissaient d'ailleurs de la plus grande considération, au point que, loin de pouvoir établir leurs doctrines, ils ont été condamnés à la mort ou à l'exil : comment ne pas être frappé d'étonnement et d'admiration, en voyant le pêcheur opérer de tels prodiges dans le monde entier, réaliser ses projets et triompher des barbares et de tous les Grecs ?
Si vis pacem
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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
Mais ceux-ci, direz-vous, n'introduisaient pas, comme ceux-là, des dieux étrangers. Et c'est précisément là le prodige à mes yeux ; une double innovation : détruire les dieux qui existaient et prêcher le Crucifié. D'où leur est venue l'idée d'une telle prédication ? Où ont-ils puisé cette confiance dans le succès ? Quel précédent les y encourageait ? Tout le monde n'adorait-il pas les démons ? N'avait-on pas divinisé les éléments ? L'impiété n'avait-elle pas introduit des mœurs bien différentes ? Cependant ils ont attaqué et détruit tout cela ; en peu de temps, ils ont parcouru le monde entier, comme s'ils eussent eu des ailes, ne tenant compte ni des périls, ni de la mort, ni de la difficulté de l'entreprise, ni de leur petit nombre, ni de la multitude de leurs adversaires, ni de la richesse, ni de la puissance, ni de la science de leurs ennemis. Mais ils avaient un auxiliaire plus puissant que tout cela : la vertu du crucifié et du ressuscité. Il eût été moins étonnant qu'ils déclarassent au monde entier une guerre matérielle, au lieu de celle qu'ils lui ont réellement déclarée. Car, d'après les lois de la guerre, il est permis de se placer en face de l'ennemi ; de s'emparer de ses terres, de se ranger en bataille, de saisir l'occasion d'attaquer et d'en venir aux mains. Ici, il n'en était pas de même : Les apôtres n'avaient point d'armée à eux ; ils étaient mêlés à leurs ennemis, et c'est ainsi qu'ils en triomphaient ; c'est dans cette situation qu'ils esquivaient leurs coups, qu'ils les domptaient et remportaient sur eux une éclatante victoire, suivant cette parole du prophète : « Tu régneras au milieu de tes ennemis ». (Ps. CIX, 2.) Car c'était là le prodige : Que leurs ennemis les tenant en leur pouvoir, et les jetant dans les prisons et dans les fers, non-seulement ne pouvaient les vaincre, mais tombaient eux-mêmes à leurs pieds ; ceux qui flagellaient devant ceux qui étaient flagellés, ceux qui enchaînaient devant ceux qui étaient enchaînés, ceux qui persécutaient devant ceux qui étaient persécutés. Nous disons tout cela aux Grecs et plus que cela encore : car ici la vérité surabonde. Si vous nous suivez dans ce sujet, nous vous apprendrons tous les détails de la lutte ; mais, en attendant, tenons bien à ces deux points capitaux : Comment les faibles ont-ils vaincu les forts ? Et comment ces faibles, étant ce qu'ils étaient, auraient-ils formé une telle entreprise, s'ils n'avaient eu le secours divin ?
Si vis pacem
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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
6. Et maintenant, faisons ce qui dépend de nous : Que notre vie porte les fruits qu'elle doit porter des bonnes œuvres, et allumons autour de nous une grande ardeur pour la vertu. Il est écrit : « Vous êtes des flambeaux qui brillez au milieu du monde ». (Philip. II, 15.) Et Dieu nous destine à un plus noble usage que le soleil lui-même, que le ciel, que la terre et la mer ; à un usage d'autant plus grand que les choses spirituelles l'emportent davantage sur les choses sensibles. Quand donc nous considérons le globe du soleil, et que nous admirons la beauté, le volume et l'éclat de cet astre, pensons qu'il y a en nous une lumière plus grande et meilleure, comme aussi de plus profondes ténèbres, si nous n'y veillons : car toute la terre est dans une nuit épaisse. Dissipons donc cette nuit, et mettons-y fin. Elle règne non-seulement chez les hérétiques et chez les Grecs, mais aussi dans les croyances et dans la conduite d'un grand nombre d'entre nous. Car beaucoup ne croient pas à la résurrection, beaucoup s'appuient sur des horoscopes, beaucoup s'attachent à des observances superstitieuses, à des divinations, à des augures, à des présages ; d'autres recourent aux amulettes et aux enchantements. Nous combattrons ceux-là plus tard, quand nous en aurons fini avec les Grecs. En attendant, retenez bien ce que je vous ai dit : Combattez avec moi, attirons-les à nous et transformons-les par notre conduite. Je le répète toujours : Celui qui enseigne la philosophie doit d'abord en offrir le modèle en lui-même et se faire rechercher de ses auditeurs.
Si vis pacem
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   Saint Jean Chrysostome – Homélie IV sur la première épître au Corinthiens a écrit :
Faisons-nous donc rechercher des Grecs et concilions-nous leur bienveillance. Et cela arrivera, si nous sommes toujours prêts, non seulement à faire le bien, mais encore à souffrir le mal. Ne voyons-nous pas les enfants portés sur les bras de leurs pères, les frapper à la joue, et le père se prêter volontiers à satisfaire la colère de son fils, et se réjouir quand elle est satisfaite ? Eh bien ! suivons cet exemple : parlons aux Grecs comme des pères à leurs enfants. Et vraiment tous les Grecs sont des enfants ; quelques-uns des leurs l'ont dit : Ce sont des enfants, il n'y a point de vieillard chez les Grecs. En effet, les enfants ne supportent de s'occuper de rien d'utile ; de même les Grecs veulent toujours jouer ; ils sont à terre, ils y rampent et ne songent qu'aux choses terrestres. Quand nous parlons aux enfants des choses nécessaires, ils ne comprennent pas notre langage et rient toujours ; ainsi les Grecs rient, quand nous leur parlons du royaume des cieux. Et comme souvent la salive, découlant de la bouche de l'enfant, souille sa nourriture et sa boisson ; ainsi les paroles qui tombent de la bouche des Grecs sont inutiles et impures ; si vous leur présentez la nourriture qui leur est nécessaire, ils vous accablent de malédictions ; ils ont besoin qu'on les porte. Si un enfant voit un voleur entrer et enlever ce qui est à la maison, bien loin de le repousser, il sourit au malfaiteur ; mais si vous lui prenez son petit panier, son sistre ou tout autre joujou, il en est vivement affecté, il s'irrite, il se déchire et frappe le sol du pied. Ainsi quand les Grecs voient le démon piller leur patrimoine, les biens nécessaires à leur subsistance, ils sourient et courent au-devant de lui comme au-devant d'un ami. Mais si on leur enlève une possession, la richesse ou quelque autre futilité de ce genre, ils se lamentent, ils se déchirent. Et comme l'enfant reste nu sans s'en douter et sans en rougir; ainsi les Grecs se vautrant avec les fornicateurs et les adultères, outragent les lois de la nature, entretiennent de honteux commerces et ne songent pas à se convertir. Vous avez vivement approuvé, vous avez applaudi ; mais tout on applaudissant, prenez garde qu'on n'en dise autant de vous. Soyez donc tous des hommes, je vous en prie ; car, si nous sommes des enfants, comment leur apprendrons-nous à devenir des hommes ? Comment les retirerons-nous de leur puérile folie ? Soyons des hommes, pour parvenir à la mesure de l'âge déterminée par le Christ et obtenir les biens à venir par la grâce et la bonté, etc.
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