Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, II, C3, §98 traduit par le chartreux a écrit :
Cette hérésie introduit en effet les bouleversements et morcellements suivants :

(a) Elle détruit l'unité qui résulte de la liaison directe et immédiate du Saint-Esprit et du Fils, car cette unité consiste tout entière dans la relation d'origine, en même temps qu'elle ravit au Saint-Esprit ce qui fait qu'il est vraiment esprit et surtout le propre esprit du Fils, ἶδιον πνεῦμα.

(b) Elle rompt la société une et parfaite qui existe entre le Père et le Fils, et en vertu de laquelle le Fils a tout en commun avec le Père, hors la paternité.

(c) Elle brise l'indivisible unité du Père avec lui-même, car son caractère de producteur, spirator, προβολεύς, n'apparaît plus comme contenu et fondé dans la paternité ; il subsiste à côté d'elle et doit, comme elle, constituer une personne, ce qui divise le Père en deux personnes distinctes.

(d) Elle anéantit cet ordre immuable, cette succession qui fait des trois personnes divines une chaîne d'or sans solution de continuité.

(e) Elle détruit le lien organique des deux producteurs trinitaires, qui a été si fortement accentué par les Pères grecs eux-mêmes, et en vertu duquel les personnes s'appellent et se saisissent mutuellement, soit parce qu'une personne procède de l'autre, soit parce qu'elle tend à une autre comme à son terme.
chartreux
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SWS, Livre II, II, C3, §98 traduit par le chartreux a écrit :
(f) Elle bouleverse surtout cet enchaînement universel en vertu duquel chaque personne étant en relation immédiate avec les deux autres, et chacune à sa manière, sert de trait d'union entre les deux (cf. S. Basile, Ep., 38, n. 4). C'est ainsi que les Pères grecs envisagent la position intermédiaire du Fils : le Fils étant produit par le Père, produit le Saint-Esprit ; le Père entre par le Fils en relation avec le Saint-Esprit, et le Saint- Esprit avec le Père. Les Pères latins, au contraire, représentent le Saint-Esprit, comme le lien formel, vinculum, osculum, amplexus, comme l'embrassement du Père et du Fils, parce qu'il est l'effusion de leur mutuel amour.
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SWS, Livre II, II, C3, §98 traduit par le chartreux a écrit :
(g) Enfin, l'hérésie du schisme bouleverse la Trinité tout entière, dans l'ensemble comme dans le détail. Car le Père n'est Père parfait que s'il peut donner et donne au Fils par la génération tout ce que Lui-même possède, par conséquent aussi toute sa fécondité à l'exception de la Paternité. Le Fils n'est Fils parfait que s'il est semblable et égal au Père dans la production, et surtout si l'Esprit du Père, précisément en vertu de la génération du Fils par le Père, est aussi son esprit, au lieu de lui être seulement communiqué par un second acte du Père. Le Saint-Esprit ne peut se concevoir comme parfait, ni surtout comme personne distincte, qu'autant que le Fils est avec lui en relation à titre de principe.
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SWS, Livre II, II, C3, §98 traduit par le chartreux a écrit :
C'était déjà en effet un axiome adopté parmi les Pères qu'en Dieu toute distinction de personnes, n'étant fondée que sur les origines, ne peut avoir lieu qu'entre le principe et le produit. On ne peut concevoir en Dieu aucune distinction qui n'implique pas en même temps l'union la plus intime et la plus immédiate entre les choses distinguées. Selon les Pères grecs, en effet, le Père ne produit le Saint-Esprit que par le Fils et non à côté de lui ; or le Saint-Esprit ne procéderait pas du Fils, mais il serait un avec lui, si le Fils ne le faisait pas procéder de lui-même.
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :

Section 99. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit en tant qu'hypostases et personnes divines. Sens de ces termes appliqués à Dieu.

I. Au début, la tradition ecclésiastique n'avait, comme l'Écriture elle-même, aucun nom commun, aucune formule technique pour désigner les sujets qui sont en Dieu distingués et comptés. Même dans les décisions dogmatiques des troisième et quatrième siècles, il est presque toujours parlé au concret du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; quand elles emploient le collectif τριάς, Trinité, elles n'y joignent aucun nom pour désigner ce qui peut se compter en Dieu.

Mais à mesure qu'on se vit contraint par les hérésies d'exprimer l'unité divine comme unité d'essence (ούσια, terme employé à peu près exclusivement par les Pères grecs), unité de nature (natura, employé de préférence par les Latins), ou unité de substance, on sentit le besoin de déterminer pour chacun des trois sujets dont on affirmait l'unité d'essence, un nom qui marquât tout à la fois leur relation à l'essence et à la nature dont ils sont le support et le possesseur, et leur distinction entre eux.
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :

Parmi ces désignations, nous trouvons dès le troisième siècle celle d'hypostase dans Origène et celle de personne dans Tertullien. Mais elles ne se généralisèrent qu'insensiblement, à mesure que les Pères s'en servirent dans le courant du quatrième siècle. Saint Grégoire de Nazianze, au lieu de les employer, recourait encore souvent à des circonlocutions, telles que "Ceux en qui la divinité réside", etc. Plusieurs controverses importantes eurent lieu avant qu'elles fussent complètement admises. Le sens complet et précis que ces deux mots tirent de leur étymologie et de l'usage de la langue, le rapport qu'ils ont entre eux, ne furent bien saisis que plus tard, après que l'usage les eut définitivement fixés. On détermina la synonymie des deux expressions grecque et latine, et l'idée exacte qu'elles expriment, en traduisant hypostase par subsistance et suppositum (les Pères employèrent le concret, subsistens, ce qui subsiste par soi-même, et les scolastiques l'abstrait, la subsistance). Ces deux formes se trouvent déjà dans saint Ambroise ; mais la dernière n'a été généralisée que par les scolastiques. Sur la controverse concernant les termes hypostase et substance, cf. Pétau lib. iv, c. 4 ; Kuhn, 29 ; Card. Newman, Arians, p. 432.

chartreux
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :
II. Ὑπόστασις, désigne ce qui subsiste en soi et pour soi, subsistens, et qui par cela même, porte quelque chose d'autre, ou lui sert de support. Tout ce qui est hypostase doit être au moins une substance, et non un pur accident, une qualité, une propriété, une activité. Mais tout ce qui est substance n'est point par cela même hypostase, notamment les substances partielles qui sont contenues dans un tout substantiel et en font partie, comme la tête ou les bras de l'homme. On n'appelle hypostase que ce qui forme une substance totale, un tout. De même l'hypostase n'est pas l'essence ou la nature substantielle, en tant que celle-ci est commune à plusieurs êtres de même espèce (substantia secunda) ; par cela seule qu'elle est commune, elle ne saurait subsister en soi et pour soi ; elle n'existe réellement que dans des individus d'une espèce, à qui elle est attribuée comme à ses sujets.

Il faut donc aussi concevoir la substance comme une substance particulière et individuelle, afin de la distinguer de toutes les autres substances de même espèce (substantia prima integra in se tota). Or comme la substance, en tant qu'elle est hypostase, s'appartient à elle-même, elle possède à ce titre tous les attributs, toutes les parties qui sont en elle, y compris l'essence et la nature qui s'y réalisent ; et cette essence par cela même qu'elle appartient à une hypostase déterminée, cesse d'être commune pour devenir propre et incommunicable.
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :

D'après cela, l'hypostase et l'essence (ou la nature) sont dans le rapport que voici : la première est toujours le sujet ou le support, suppositum, de la seconde. Quant au rapport de l'hypostase et de la substance, on peut le déterminer ainsi : la substance, quand elle se possède formellement elle-même, se confond avec l'hypostase ; quand elle s'appartient à elle-même, elle se trouve, comme l'essence et la nature, dans une hypostase.

La meilleure manière de déterminer la notion de personne est de dire qu'elle est l'hypostase d'une essence et d'une nature totalement ou partiellement spirituelle. C'est donc une hypostase d'espèce particulière. Ainsi, l'essence et la nature spirituelle n'est point formellement et à elle seule la personne même; mais elle appartient à la personne comme à une véritable hypostase. Si on la fait entrer dans la définition, c'est simplement pour montrer que la personne est une hypostase douée d'une perfection particulière, et pour la distinguer des autres hypostases qui sont de pures choses, comme l'arbre, l'animal.
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :
Cette différence de perfection n'est pas seulement matérielle, elle ne dit pas seulement que ce que les personnes possèdent est plus parfait ; elle est encore formelle, parce que les personnes, à raison de leur essence et de leur nature supérieure, se possèdent elles-mêmes et possèdent tout Ce qu'elles ont d'une façon plus élevée ; elles ne sont pas de purs supports, mais des possesseurs formels de leur essence et de leur nature ; elles ne sont pas des substances quelconques qui s'appartiennent à elles-mêmes, elles sont de plus des substances qui se gouvernent elles-mêmes, sui juris.

Quant aux hypostases impersonnelles, elles n'exercent pas de droit réel sur les parties dont elles se composent et n'ont pas conscience de leur jouissance ; elles n'ont pas sur elles un empire proprement dit ; elles sont et demeurent de pures choses: le moi leur fait défaut. Les personnes, au contraire, à raison de leur nature spirituelle, possèdent une dignité qui commande le respect. Par la conscience qu'elles ont d'elles-mêmes, elles peuvent vraiment jouir de ce qu'elles sont et de ce qu'elles possèdent ; elles ont la faculté de disposer librement et pour un but voulu de leurs forces et de leurs facultés. Cette dignité des personnes, cette faculté d'agir par elles-mêmes implique une plus haute indépendance que celle qui revient aux hypostases impersonnelles.
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SWS, Livre II, II, C3, §99 traduit par le chartreux a écrit :
Cette indépendance se révèle surtout dans les points suivants : 1) leur substance spirituelle est impérissable et inamissible, elle ne saurait passer dans une autre hypostase par voie de dissolution ; 2) tout en pouvant être subordonnées à une personne plus élevée, elles ne sauraient être traitées par aucune comme une simple chose, elles demeurent toujours, en un certain sens, leur propre but ; 3) les êtres personnels d'une même espèce, étant possesseurs ou propriétaires à un titre spécial, sont plus nettement séparés les uns des autres, moins susceptibles d'être confondus ensemble que n'importe quelles hypostases de la même espèce ; non qu'ils soient en hostilité, mais parce qu'une personne doit le respect à une autre, et ne peut être supplantée et remplacée par elle, comme on remplace une chose par une autre chose.
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