Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Cette époque moderne peut être divisée en quatre :

I. La période préparatoire, jusqu'à la fin du Concile de Trente ;
II. La période florissante, du Concile de Trente à 1660 ;
III. La période décadente, jusqu'à 1760.

À cette division qui correspond bien à celle des époques patristiques et médiévales, on pourrait ajouter :

IV. La période d'aggravation, de 1760 jusqu'à 1830 environ.

I. Dans la période préparatoire on voit peu de travaux recouvrant toute la théologie, mais un certain nombre de traités et d'écrits de controverses dont l'influence se voit dans les décrets du concile de Trente et le catéchisme romain.

Les nombreux polémistes de cette époque sont bien connus, et on peut trouver un compte rendu de leurs écrits dans le Kirchen-Lexicon de Freiburg. En Allemagne, nous pouvons mentionner John Eck d'Eichstatt, Frederick Nausea et Jacques Noguera de Vienna, Berthold de Chiemsee, John Cochlceus de Nurenberg, Fred. Staphylus d'Ingolstadt, James Hogstraeten, John Gropper et Albert Pighius de Cologne, Cardinal Stanislaus Hosius et Martin Cromer à Ermland, et enfin le bienheureux Pierre Canisius ; en Belgique, Ruard Tapper, John Driedo, James Latomus, James Ravestein (Tiletanus), et d'autres ; en Angleterre, les martyrs S. John Fisher, évêque de Rochester (Roffensis), et S. Thomas More, le cardinal Pole, Stephen Gardiner, évêque de Winchester ; et plus tard le cardinal Allen, S. Edmond Campion, s.j., et Nicolas Sanders ; en France, Claude d'Espence, Claude de Sainctes, Jodocus Clichtovée, Jacques Merlin ; en Italie, les dominicains Sylvestre Prierias, Ambrose Catharinus, et Jacques Nacchiante (Nadantus), et le cardinal Seripandus, moine augustinien ; en Espagne, les frères mineurs Alphonse de Castres, André Vega and Michel de Médina, les dominicains Pierre et Dominique Soto, et Melchior Canus ; au Portugal, Payva de Andrada, Perez de Ayala et Osorius. Ces écrivains traitent de l'Église, des sources et des règles de foi, de la grâce, de la justification, des sacrements, particulièrement la Sainte Eucharistie, et jusqu'à un certain point leur études sont positives aussi bien que polémiques.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Les traités suivants ont laissé une influence importante et durable : M. Canus, De Locis Theologicis ; Sander, De Monarchia Visibili Ecclesiae ; Dom. Soto, De Natura et Gratia, et André Vega, De Justificatione, écrit pour expliquer la sixième session du concile de Trente, session dans laquelle la contribution de ces deux auteurs fut essentielle ; B. Canisius, De Beata Maria Virgine, qui est une mariologie complète - son grand Catéchisme, intitulé Summa Doctrinae Christianae, qui par ses nombreux extraits de l'Écriture Sainte et des Pères peut être considéré comme un "Livre des Sentences" moderne.

Il y a peu de travaux vraiment significatifs en dehors des controverses. Parmi les traités systématiques, mentionnons l'Institutiones ad Naturalem et Christianam Philosophiam du dominican Jean Viguerius, et le Compendium Instit. Cathol. du cardinal fransiscain Clément Dolera ; le premier de ces ouvrages, très prisé et souvent réimprimé, s'efforce de donner un résumé rapide de la théologie spéculative. D'un autre côté, des progrès importants commencaient à naître dans l'exegèse théologico-philologique de la Sainte-Écriture, particulièrement chez Genebrard, Arboreus, Naclantus, D. Soto et Catharinus, les trois derniers se distinguant par leurs commentaires sur l'Épître aux Romains qui était très discutée à cette époque. Dans sa Bibliotheca Sancta (publiée pour la première fois en 1566), Sixte de Sienne fournit une matière abondante pour l'étude régulière de l'Écriture-Sainte.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : II. La période florissante commence tout de suite après le concile de Trente, et est née aussi bien des discussions du concile que de ses décrets. Cette période est d'une richesse et d'une variété inégalable. Les travaux strictement théologiques (excluant donc la théologie morale, l'histoire, et le droit canon), peuvent être divisés en cinq groupes : 1. L'exegèse ; 2. La controverse ; 3. La scolastique ; 4. La mystique ; 5. La théologie historico-patristique. Ces groupes se rencontrent souvent, par ce qu'alors on s'efforçait de garder proches les unes de autres les différentes branches de la théologie. L'exegèse n'était pas limitée à la philologie et à la critique, mais utilisait la théologie scolastique et patristique pour mieux connaître et consolider la doctrine catholique. Les grands polémistes avaient acquis leur haute compétence en unissant étroitement leur connaissance exhaustive de l'exegèse et de l'histoire à leur formation scolastique. De plus, les meilleurs théologiens spéculatifs ne se cantonnaient pas à la spéculation pure, mais s'inspiraient beaucoup de l'Écriture-Sainte et des Pères. De même, les théologiens patristiques les plus éminents étaient guidés par la scolastique. Et beaucoup de théologiens s'appliquaient à plusieurs ou à toutes ces branches de la théologie.

1. Au tout début de cette période, l'exegèse fut portée à une telle perfection, principalement par les jésuites espagnols, qu'il ne restait pas grand-chose à faire dans la période qui suivit, et pour longtemps les connaissances emmagasinées à cette époque parurent suffisantes. Les travaux protestants ne sont rien par rapport à ce qui a été fait dans l'Église Catholique.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : La liste des grands exegètes s'ouvre avec Alphonse Salmeron, s.j. Son travail gigantesque sur le Nouveau Testament (15 vols. in-folio) n'est pas un texte commenté mais une réorganisation du contenu des livres du Nouveau Testament, ordonné par thèmes, et contient ce que l'on pourrait presque appeler la théologie biblique, quoique sous cet aspect il est peu utilisé et peu connu. Salmeron est le seul des camarades de S. Ignace dont les écrits ont été publiés. Il a composé cette oeuvre pendant les soixante dernières années de sa vie, après une carrière publique bien remplie. Ses compatriotes jésuites, comme Maldonat à Paris et Francis Toletus (à Rome), ainsi que le Lorrain Nicolas Serarius, peuvent être désignés comme les fondateurs de l'interprétation classique de la Sainte-Écriture. Nous pouvons mentionner également les jésuites suivants : Francis Ribera, Jean Pineda, Benoît Pereyra, Caspar Sanctius, Jérôme Prado, Ferdinand de Salazar, Jean Villalpandus, Louis d'Alcazar, Emmanuel Sa (tous espagnols) ; Jean Lorin (un Français), Bened. Justinianus (un Italien), Jacques Bonfrere, Adam Contzen et Cornelius a Lapide (aux Pays-Bas), ce dernier étant le plus connu. En dehors des jésuites, en Italie on trouve les dominicains Malvenda et François Forerius, Antoine Agelli (clerc régulier) ; et aux Pays-Bas, Luc de Bruges, Cornelius Jansenius de Gand, et Guillaume Estius.

En ce qui concerne l'interprétation dogmatique, les travaux les plus importants outre ceux de Salmeron sont ceux de Pereyra et Bonfrere sur la Genèse ; Louis da Ponte sur le Cantique des Cantiques; Lorin sur le Livre de la Sagesse ; Maldonat, Contzen, and Bonfrere sur les Évangiles ; Ribera et Toletus sur S. Jean ; Sanctius, Bonfrere, et Lorin sur les Actes ; Vasquez, Justinianus, Serarius et Estius sur les Épîtres de St. Paul ; Toletus sur l'Épître aux Romains, et Justinianus, Serarius, et Lorin sur les Épîtres catholiques.

Contrairement à la période précédente, la controverse fut poussée de façon systématique et avec une expression très soignée, si bien que comme pour l'exegèse, il ne resta plus après qu'à s'occuper des questions de détail. Les représentants les plus significatifs de cette époque, qui se sont aussi distingués par leurs travaux spéculatifs, sont S. Robert Bellarmin, Grégoire de Valence, Thomas Stapleton, Du Perron, Tanner, Gretser, Serarius, et les frères Walemburch.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Le cardinal Bellarmin, s.j. (mort en 1621), a rassemblé dans son grand ouvrage Disputationes de Rebus Fidei hoc tempore controversis , les principales questions de son époque, sous trois catégories : (a) la parole de Dieu (l'Écriture et la Tradition), le Christ (le Verbe de Dieu Incarné et Personnel), et l'Église (temple et organe du Verbe de Dieu) ; (b) la grâce et le libre-arbitre, le péché et la justification ; (c) les canaux de la grâce (c-à-d les sacrements). Il traite de pratiquement toute la théologie, en suivant un ordre particulier adapté à son propos. La grande érudition, la clarté, la solidité et l'excellence de ce travail est reconnu même par ses adversaires. Ce livre a pendant longtemps constitué un élement clé dans la controverse entre protestants et catholiques.

Grégoire de Valence, s.j. (Espagnol qui enseignait à Dillingen et Ingolstadt, mort en 1603), a écrit une série de traités classiques contre les réformés, qui furent ensuite rassemblées en un grand volume. Le plus importants de ces traités sont l' Analysis Fidei et le De Trinitate. L'essentiel du contenu de ces textes se retrouve dans son commentaire sur la Somme.

Thomas Stapleton est né à Henfield, dans le Sussex, en 1535, et reçut son éducation à Winchester et à la nouvelle Université d'Oxford, dont il devint membre. Quand Elizabeth monta sur le trône, il était prébendier de Chichester. Il partit pour le Louvain, et fut ensuite catéchiste à Douai pendant quelques temps, mais fut rappelé au Louvain où il fut nommé regius professor de théologie. Il est mort en 1598. Stapleton est incontestablement le polémiste le plus important concernant les règles de foi protestante et catholique. Il a concentré ses efforts sur deux ouvrages principaux, chacun en douze livres. Le premier est la meilleure réfutation qui ait jamais été écrite jusqu'à ce jour du principe formel des protestants - la Bible comme seule source et seule règle de foi : De Principiis Fidei Doctrinalibus (Paris, 1579), auquel est ajoué un traité plus scolastique, le Relectio Principiorum Fidei Doctrinalium , et une longue dissertation apologétique contre Whitaker. L'autre livre s'occupe du principe matériel des protestants - la justification par la foi seule : Universa justificationis Doctrina hodie controversa (Paris, 1582), qui correspond à la deuxième partie du travail de Bellarmin, mais qui lui est inférieure. Les deux livres ensemble contiennent un exposé complet et une défense complète de la doctrine catholique concernant la foi et la justification.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Nicolas Sander, ou Sanders (né en 1527), enseignait à Winchester et était membre de la Nouvelle Université, comme Spatleton. Quand Elizabeth arriva au pouvoir il partit pour Rome, et fut présent au Concile de Trente. Son ouvrage principal, De Visibili Monarchia Ecclesiae, fut achevé au Louvain en 1571. Un autre livre, le De Origine ac Progressu Schismatis Anglicani, fut publié après sa mort, et a été récemment traduit et réedité en anglais par Mr. Lewis (Burns & Oates, 1877). Sander fut envoyé en Irlande comme nonce par Grégoire XIII, où l'on dit qu'il est mort (vers 1580) dans l'indigence, persecuté jusqu'à la mort par des agents d' Elizabeth.

Le cardinal Allen naquit dans le Lancashire en 1532 et reçut son éducation à l' Oriel College d'Oxford. Il fut finalement nommé principal de St. Mary Hall. À la mort de Marie il quitta l'Angleterre, et habita dans le Louvain pendant un certain temps. Il fonda un séminaire anglais à Douai qui devient célébre, et fut élevé au cardinalat par Sixte V. Son livre intitulé Souls Departed: being a Defence and Declaration of the Catholic Church's Doctrine touching Purgatory and Prayers for the Dead ("Les âmes trépassées : exposé et défense de la doctrine catholique concernant le purgatoire et les prières pour les morts") , a récemment été edité par le p. Bridgett (Burns & Oates, 1886). Il est mort à Rome en 1504.

Le cardinal Jacques Davy du Perron (Français, mort en 1618) écrivait dans sa langue maternelle. Ses oeuvres principales sont le Traité du Sacrement de l'Eucharistie, ses controverses avec Jacques Ier d'Angleterre (c'est-à-dire avec Casaubon en fait), et les célèbres compte-rendus de ses discussions avec Philippe Mornay, celui que l'on surnommait le Pape calviniste.

Grégoire de Valence eut des disciples de valeur en Allemagne : l'érudit sagace Adam Tanner (mort en 1635), et le prolifique James Gretser (mort en 1625), tous deux jésuites d'Ingolstadt, qui travaillaient ensemble et dont les oeuvres se complètent mutuellement. Tanner, qui était aussi un scolastique remarquable, suivit l'exemple de son maître en condensant sa production de polémiste en un commentaire de la Somme. Gretser par contre dépensait sans compter son énergie dans d'innombrables controverses, particulièrement celles qui concernaient l'histoire. Ses travaux remplissent seize volumes in-folio. L'Allemagne fut également le lieu de l'activité des frères Adrien et Pierre Walemburch, natifs de Hollande, et tout deux évêques-coadjuteurs, l'un de Cologne, l'autre de Mayence. Ils ont composé ensemble des traités de controverses qui furent un succès, mais qui n'étaient originaux qu'en partie. Ils furent rassemblés dans le Controversiae Generales et Particulares, en deux volumes in-folio.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Des traités classiques sur des sujets particuliers commencerent à apparaître en France à ce moment ou peu après. Nicolas Coeffeteau, un dominican, écrivit contre M. A. de Dominis, le Pro Sacra Monarchia Ecclesiae Catholicae ; Michel Maucer, docteur de la Sorbonne, écrivit De Sacra Monarchia Ecclesiastica et Saeculari, contre Richer ; et les jansénistes Nicole et Arnaud composèrent leur célèbre traité De la Perpétuité de la Foi de l'Église Catholique sur l'eucharistie , etc. Des controverses de S. François de Sales il ne nous reste que quelques fragments courts mais très beaux.

Pour ce qui concerne la fin de cette période et le début de la suivante, nous pouvons mentionner l'Histoire des Variations de Bossuet, sa célèbre Exposition de la Foi ; parmi ses travaux moins importants, citons sa lettre pastorale Les Promesses de l'Église . Le gallican Noël Alexandre a inclus beaucoup de dissertations dogmatiques érudites et polémiques dans sa grande Histoire de l'Église.

3. La théologie scolastique, c'est-à-dire spéculative et systématique, tout comme l'exegèse et la contreverse, fut pratiquée si intensément que les fruits de ce travail, bien qu'inférieurs à ceux du XIIIème siècle en originalité, en modération et en impertubabilité, leurs sont néanmoins supérieurs par leur varieté et leur usage des trésors de l'Écriture et de la Tradition primitive. Quand S. Pie V a elevé S. Thomas à la dignité de docteur de l'Église en 1567 et quand Sixte V a fait de même pour S. Bonaventure en 1587, dans les deux cas cet hommage leur été a rendu en raison de leur maîtrise de la théologie scolastique, et a causé la publication de l'intégralité de leur oeuvre ; c'est l'Église qui, à chaque fois, donnait l'impulsion et la direction du nouveau mouvement.

Cette grande variété dans les sujets et dans les manières de les traiter rendent difficile d'en donner même un résumé. On peut dire que de façon générale les théologiens des ordres religieux anciens ou nouvellement fondés restèrent thomistes. Le scotisme resta limité aux fransiscains, et même parmi eux certains se tournèrent vers S. Thomas ou S. Bonaventure, particulièrement les capucins. La ligne éclectique et indépendante choisie par les jésuites malgré leur révérence pour S. Thomas, provoquèrent une réaction au sein de l'école thomiste traditionnelle et alimenta de longues discussions (cf. Werner, Thomas d'Aquin, vol. iii., p. 378, sqq.). Bien que la paix fût troublée et que beaucoup de temps et d'énergies furent dépensées pour un résultat apparamment douteux, ces disputes témoignent néanmoins de la grande activité et puissance intellectuelle de cette période. Comme c'étaient encore les ordres religieux qui enseignaient l'essentiel de la théologie à cette époque, on peut classer les théologiens suivant leur ordre.
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : (a) L'école thomiste stricte était naturellement representée par les dominicains. À leur tête, nous voyons les deux Espagnols Dominique Bannez (mort en 1604) et Bartolomé de Médian (mort en 1581), tous deux des dignes disciples de Dominique Soto et Melchior Canus, et remarquables par leur mélange d'éléments positifs et spéculatifs. Bannez n'a écrit que sur la Prima et la Secunda Secundae , tandis que Médina n'a écrit que sur la Prima Secundae et la Pars Tertia . Leurs travaux sont donc complémentaires, et l'ensemble peut être consideré comme un modèle classique de théologie thomiste. La doctrine de l'Église concernant la grâce fut défendue par Didacus Alvarez, Thomas Lemos (Panoplia Divinae Gratiae), et Pierre Ledesma (mort en 1616). Gonet (Clypeus Theologiae Thomisticae), Goudin, et le vénitien Xantes Marialles ont bien exposé et défendu l'enseignement de S. Thomas. Les carmes réformés par S. Thérèse furent des alliés importants des dominicains. Leur illustre Cursus Salmanticensis in Summam S. Thome (15 vols. in-folio), est l'oeuvre la plus vaste et la plus complète de toute l'école thomiste.

Pour les théologiens dont la position était plus ou moins thomiste, citons le bénédictin Alphonse Curiel, le cistercien Pierre de Lorca (mort en 1606), les augustiniens Basile Pontius et Augustine Gibbon, un irlandais qui enseignait en Espagne et en Allemagne (Speculum Theologicum); et Louis de Montesinos, professeur à Alcala (mort en 1623). Concernant les universités, celle du Louvain était particulièrement réputée pour son thomisme strict. Le livre des Commentaires sur les Sentences de Guillaume Estius est remarquable par sa clarté, sa rigueur et son érudition patristique. Les Commentaires sur la Somme, écrits par Jean Maldère (mort en 1645), John Wiggers (mort en 1639), et Francis Sylvius (recteur à Douai, mort en 1649), sont remplis de modération et de bon goût. Les trois théologiens scolastiques les plus importants de la Sorbonne étaient moins thomistes et plus proches de l'école jésuite : Philippe Gamache (mort en 1625), qui a hélas soutenu le gallican Richer ; André Duval (mort en 1637), un opposant de Richer ; et Nicolas Ysambert (mort en 1642). Les travaux de ces deux derniers auteurs sont très clairs et utiles. En Allemagne, c'est dans la ville de Cologne que l'on trouvait le centre thomiste le plus important ; ses opinions furent énergiquement reprises un peu plus tard par l'université bénédictine de Salzbourg. L'un des meilleurs traités thomistes qui aient jamais été écrits (bien que ce ne soit pas le plus facile à lire) est le Theologia Scholastica , composé vers la fin de cette époque par le bénédictin Augustin Reding (mort en 1692).
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : (b) Le scotisme fut revifié et développé dans des commentaires sur les Sentences par les branches les plus anciennes de l'ordre fransiscain, et particulièrement par ses membres irlandais, des compatriotes de Scot expulsés de leur propre pays par la persécution et dispersés maintenant à travers toute l'Europe ; il y a aussi des contributions italiennes et belges. Les auteurs les plus importants sont Maurice Hibernicus (mort en 1603), Anthony Hiquet (Hiquus, mort en 1641), Hugh Cavelle, et Jean Pontius (mort en 1660). Au milieu du XVIIème siècle, le belge Guillaume Herincx composa sur ordre de ses supérieurs un solide manuel pour débutants épuré des subtilités scotistes, la Summa Theologicae Scholasticae, mais ce travail est aujourd'hui dépassé par celui de Frassen.

Les capucins par contre, ainsi que les autres branches réformées de l'ordre, quittèrent Scot pour la théologie classique du XIIIème siècle, vers S. Thomas, et surtout vers S. Bonaventure. L'Espagnol Pierre Trigos (mort en 1593) projeta d'écrire une grande Summa Theol. ad mentem S. Bonav., mais n'en écrivit finalement que le traité De Deo . La mariologie de Jos. Zamora (mort en 1649) est particulièrement bonne ; Theodore Forestus, De Trin. Mysterio in D. Bonav. Commentarii ; Gaudentius Brixiensis, Summa, etc., 7 volumes in-folio, l'oeuvre la plus conséquente de cette école.


(c) L'école jésuite, célèbre pour ses travaux exegétiques et historiques, appliqua ces derniers à la théologie scolastique. Comme dit plus haut, les jésuites étaient éclectiques malgré leur révérence pour S. Thomas, et ils usaient librement de toutes les méthodes et découvertes nouvelles. On peut décrire leur position comme un thomisme moderé et ouvert d'esprit, infusé par un peu de scotisme, voire même de nominalisme dans certains cas (pour les relations entre thomisme et scotisme chez les jésuites, cf. Werner, S. Thomas d'Aquin , vol. iii., p. 256, sqq. et pour les divers courants théologiques et contreverses, cf. Werner, Suarez , vol. i., p. 172, sqq.).
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SWS, Livre I, Introduction, II traduit par le chartreux a écrit : Les représentants les plus importants de cette école sont Toletus, Grégoire de Valence, Francis Suarez, Gabriel Vasquez, et Didacus Ruiz, tous espagnols, et tous très perspicaces et profonds, très versés dans l'exegèse et les Pères, très supérieurs en cela aux théologiens des autres écoles.

Grégoire de Valence, le grand restaurateur de la théologie allemande (mort en 1603), dans ses commentaires sur la Somme (4 vols. in-folio, souvent réimprimé), combine de la façon la plus heureuse la théologie spéculative avec la positive, avec élégance et concision, tout comme Bannez et Medina.

Suarez (mort en 1617 à 70 ans), qualifié de Doctor Eximius par bien des Papes, et que Bossuet décrit comme l'auteur "dans lequel on entend toute l'école moderne," est le plus prolixe des scolastiques tardifs, et en même temps célèbre par sa clarté, sa profondeur et sa prudence. Ses travaux recouvrent toute la Somme de S. Thomas ; mais les plus développés et les plus classiques sont les suivants : De Legibus, De Gratia, De Virtutibus Theologicis, De Incarnatione, et le De Sacramentis, qui va jusqu'au sacrement de pénitence. On trouvera plus de détails dans le splendide ouvrage de Werner, Suarez et les scolastiques tardifs.

Vasquez (mort en 1604), qui intellectuellement parlant était naturellement porté à la critique, fut à Suarez ce que Scot fut à S. Thomas. Contrairement à Scot par contre, il était aussi bien à l'aise dans le domaine exegétique et historique que dans le domaine purement spéculatif.

Ruiz dépasse même Suarez en profondeur et érudition. Il a écrit le De Deo (6 volumes in-folio). Son chef-d'oeuvre, qui est d'ailleurs la référence absolue sur le sujet, est le traité De Trinitate.

Il y encore tout un ensemble d'auteurs à mentionner après ces quatre maîtres de l'école jésuite. En Espagne : Louis Molina (mort 1600), dont la célèbre doctrine de la Scientia Media fut tant controversée, n'était pas vraiment un chef de file, mais se distingue plus en tant que théologien moral. Jos. Martinez de Ripalda (mort en 1648), célèbre pour ses travaux contre Baius (alias Michael Bay), et pour son De Ente Supernaturali en douze livres, où pour la première fois toute la doctrine du surnaturel est systématiquement traitée ; le Cardinal Jean De Lugo (mort en 1660), connu surtout comme théologien moral, est remarquable par son sens critique plus que son érudition - son ouvrage dogmatique le plus important est le traité De Fide Divina si souvent cité. L' Opus Theologicum de Sylvestre Maurus, l'illustre commentateur d'Aristote, interpelle par sa simplicité, sa pondération, sa clarté, et par l'absence des subtilités peut-être un peu excessives, si courantes à son époque.
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