Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

chartreux
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SWS, Livre I, I, C3, §17 traduit par le chartreux a écrit : Le but principal de l'Écriture-Sainte est de nous donner une connaissance certaine de la Révélation. La pratique constante de l'Église lui a également attribué un rôle tout différent qui est cependant en harmonie avec le premier. Dans ce livre ouvert qu'est la nature nous avons une image fidèle quoique imparfaite de la Sagesse de Dieu, mais dans les livres inspirés cette imperfection est corrigée, ce qui nous présente une image bien plus complète et destinée à éveiller et élever dans notre esprit un savoir bien structuré du monde surnaturel. Ce but est atteint quand nous avons cette capacité de tirer du texte sacré des suggestions et considérations pieuses, pas nécéssairement contenues dans le texte sous la forme dans laquelle elles nous apparaissent, sans être entièrement arbitraires cependant.

III. L'étude et la comparaison attentive des divers passages de l'Écriture éclaire grandement l'enseignement dogmatique de l'Église ; réciproquement, une bonne connaissance de cet enseignement nous fait aller plus profond dans la Parole Écrite de Dieu. L'exégèse théologique surpasse de loin la simple critique théologique, et atteint des résultats qui sont inaccessibles à cette dernière. Ainsi, par exemple, l'Écriture nous dit que Dieu a un Fils, que ce Fils est le Verbe, l'Image, le Miroir et la Sagesse de Son Père. Le mélange est la comparaison entre ces expressions aide grandement à comprendre la génération éternelle du Fils ; d'une autre côté, la connaissance théologique de cette génération est la seule base possible pour une interprétation juste de toutes ces expressions.
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SWS, Livre I, I, C3, §18 traduit par le chartreux a écrit : Section 18. Le système faux et contradictoire des Protestants concernant la place et le l'importance de l'Écriture Sainte.

Nous venons de voir que la sainte Écriture est très importante comme source de foi. Cela ne veut cependant pas dire que c'est la seule source, ni même une source accessible et nécéssaire à chacun des fidèles. Car sans l'intervention d'une autorité distincte de l'Écriture Sainte elle-même, nous ne pourrions même pas démontrer que l'Écriture est une source de foi. Cela n'empêche pas les Protestants de rejeter l'apostolat enseignant, et d'insister que la Bible, toute la Bible et rien d'autre que la Bible, est la source et la règle de la foi. Nous prouverons au §21 que la tradition orale est une partie importante du dépôt apostolique, et que par conséquent l'Écriture n'est pas la seule source de foi. Qu'elle ne soit pas la seule règle de foi peut être démontré à partir des considérations suivantes.

I. La règle de foi devrait être matériellement complète, c'est-à-dire qu'elle devrait embrasser l'intégralité de la vérité révélée ; formellement parfaite, c'est-à-dire n'ayant besoin d'aucune adjonction d'autres règles ; et enfin universelle, c'est-à-dire applicable à tous, partout et toujours. Aucune de ces caractéristiques ne peut être affirmée de l'Écriture Sainte. Comme nous le verrons bientôt, il y a un certain nombre de doctrines révélées qu'on ne trouve que dans la tradition orale. De plus, la Bible nonobstant l'excellence de son contenu, peut trop facilement devenir une lettre morte, manquant d'organisation systématique, souvent obscure et difficile, et sujette à bien des fausses interprétations. Il faut bien que Dieu fournisse de quoi résoudre ces difficultés, car sinon la Révélation n'atteignerait pas son objectif. Et, enfin, certaines des caractéristiques même qui font l'excellence de la Bible - le fait que ce soit un document d'une longueur considérable, rempli de sujets profonds et difficiles exprimé dans le langage métaphorique de l'Orient - la rendent inadaptée à un usage général et ordinaire par le peuple.
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SWS, Livre I, I, C3, §18 traduit par le chartreux a écrit : Les Protestants eux-mêmes ne peuvent s'empêcher de sentir la force de ces arguments. Ils admettent habituellement, et plus ou moins explicitement, telle ou telle règle de foi supplémentaire, comme par exemple l'esprit du lecteur guidé par une révélation privée surnaturelle, ou par ses lumières et tendances personnelles. Ce qui a fait de la Bible le fétiche d'innombrables sectaires et la source de divisions sans fin. Dans la pratique cependant, ces méfaits ont été dans une large mesure évités par la soumission du peuple à la direction de quelques-uns, voire à des "confessions et formulaires de foi", bien que ces derniers n'aient aucune autorité reconnue.

Il est donc clair que la lecture de la Bible n'est pas nécéssaire au salut, ni même recommandée à tous en toutes circonstances. C'est pourquoi l'Église a, avec une grande sagesse, imposé certaines restrictions. Cf. le Pape et la Bible, du rév. R.F. Clarke, s.j.

II. La théorie protestante sur ce point est non seulement fausse, elle est aussi contradictoire. L'inspiration est le résultat d'une influence si mystérieuse de Dieu que son existence même ne peut être connue que par Révélation. Nous ne pouvons déduire cette inspiration de la personnalité des écrivains ou de la nature de leur écrits. Il y a eu des Prophètes et des Apôtres qui n'était pas inspirés (au sens précis où nous l'entendons), et certains parmi les écrivains inspirés n'étaient ni Apôtres ni Prophètes. Certains des livres sacrés déclarent que leur auteur était mû par l'Esprit-Saint, mais cela n'implique pas nécéssairement cette influence divine très particulière qu'on appelle inspiration. Même si l'on admet ce point, il reste encore à savoir si ces affirmations elles-mêmes sont inspirées. La seule façon de sortir de ce raisonnement en cercle vicieux est d'en appeler à un témoignage extérieur aux livres inspirés eux-mêmes. L'effet rassurant sur le lecteur, le gustus spiritualis des premiers Protestants, ne saurait sérieusement être proposé aujourd'hui comme critère du caractère inspiré ou non d'un texte. Il faut bien qu'il y ait un témoignage authentique et public du phénomène de l'inspiration et nous avons vu que c'est le cas dans l'Église Catholique, avec son Église enseignante (cf. Card. Newman, Idea of a University, p.270).

Il y a un autre problème avec la théorie protestante. Même si nous concédons que le caractère inspiré de chacun les livres de la Bible a été rendu public à l'époque de leur publication originelle, nous devons encore exiger un témoignage officiel de cela. De plus, comment pouvons-nous être surs que les copies que nous possédons aujourd'hui sont conformes aux originaux ? Si l'on excepte l'autorité de l'Église, les documents et faits purement historiques qui soutiennent la croyance commune au canon de l'Écriture et à sa préservation dans les diverses copies n'est pas du tout conclusive. D'ailleurs cette croyance elle-même est l'oeuvre de l'Église. Nous pouvons répéter aujourd'hui ce que S. Augustin disait il y a longtemps : "En ce qui me concerne, je ne croirais pas aux Évangiles, sans l'autorité de l'Église." (Ego vero Evangelio non crederem, nisi me Catholicae Ecclesiae commoveret auctoritas, (Contra Ep. Manichaei, Fundam., 6).
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SWS, Livre I, I, C3, §19 traduit par le chartreux a écrit : Section 19. La place et l'importance de l'Écriture Sainte dans le système catholique.

La place et le l'importance de l'Écriture Sainte dans le système catholique peut être brièvement résumée par la proposition : l'Écriture est un dépôt apostolique confié à l'Église. Autrement dit, les apôtres ont publié la Sainte Écriture comme un document de Révélation divine, et l'ont transmise comme telle à leurs successeurs. C'est de cela que l'Église tient le droit de préserver et d'exposer les écrits sacrés. Les Protestants en revanche n'ont aucun titre pour dire que la Bible est le, ou même un, dépôt apostolique. Il rejettent la promulgation par les Apôtres, ainsi que la nécéssité de confier le dépôt de la Révélation à un apostolat vivant ; le terme de "dépôt" est donc dépourvu de sens dans leur bouche. La Bible est pour eux quelque chose de jeté par le vent, venant d'on ne sait où.

I. Les catholiques soutiennent, et peuvent démontrer leur doctrine à partir de preuves tirées des premiers siècles, que les Apôtres ont promulgué sur ordre de Dieu à la fois l'Ancien et le Nouveau Testament, et leur ont donné la dignité et l'efficacité d'une source et règle légitime de foi. Cette promulgation était toute naturelle du fait de la nature de l'Écriture et du rôle des Apôtres. Dieu n'avait pas à transmettre sa Parole par l'intermédiaire d'un tulmute d'opinions contradictoires. Il était beaucoup plus logique et convenable qu'il confie la promulgation de cette Parole à ceux qu'il a envoyé prêcher l'Évangile à toutes les nations, et avec qui Il avait promis de rester toujours, jusqu'à la consommation du monde. Les Pères de l'Église mentionnent généralement cette promulgation par les Apôtres en connexion avec la transmission de l'Écriture. Le simple fait d'être écrit et publié, même par un Apôtre, n'était pas considéré comme suffisant pour être un document inspiré. Il fallait encore que le document soit mis sur un pied d'égalité avec l'Ancien Testament, et approuvé pour la lecture publique dans les églises. Comme le dit S. Jérôme de l'Évangile de Marc : "Quand Pierre eut fini de l'entendre, il l'approuva et ordonna qu'il soit lu dans les églises" (De Script. Eccl.).
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SWS, Livre I, I, C3, §19 traduit par le chartreux a écrit : II. En plus de promulguer l'Écriture-Sainte comme un document divin, les Apôtres l'ont transmise à leurs successeurs avec le droit, le devoir et le pouvoir de continuer sa promulgation, de préserver son intégrité et son identité, d'expliciter sa signification, de l'utiliser pour illustrer la doctrine catholique, et aussi de rejeter et de condamner toute attaque de ce qu'elle enseigne, ou tout abus. Encore une fois, tout cela découle de la nature de l'apostolat, et du caractère des écrits sacrés. Cf. les passages de S. Irenée et de Tertullien que nous avons cités plus haut, au §9, III.

III. Le rôle de l'Écriture Sainte dans l'Église catholique se résume à deux choses, qu'elle est un dépôt apostolique, et que son usage légitime appartient à l'Église.
Ainsi :

1. L'Écriture-Sainte, en vertu de sa promulgation permanente et officielle, est un document public, dont l'autorité divine est évidente à tous les membres de l'Église.

2. L'Église possède nécéssairement un texte authentique des Écritures, identique à l'original. Si, soit par un usage constant soit par une déclaration expresse, un certain texte est approuvé par l'Église, ce texte reçoit par là une marque publique d'authenticité ; dès lors, sa conformité à l'original doit être non seulement présumée juridiquement, mais même tenue pour certaine en vertu de l'infaillibilité de l'Église.

3. Tout texte authentique dument promulgué, devient source et règle de foi ; mais même à ce stade, ce n'est encore qu'un instrument d'instruction et de preuve dans les mains des membres de l'Église enseignante, qui seuls ont le droit d'imposer leur interprétation.

4. L'interprétation privée doit se soumettre à l'interprétation autorisée.
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SWS, Livre I, I, C3, §19 traduit par le chartreux a écrit : 5. La garde et la gestion de l'Écriture-Sainte n'est pas confiée indistinctement à toute l'Église, mais à l'Église enseignante ; l’Écriture n'en reste pas moins la propriété commune de tous les membres de l'Église. Le devoir des administrateurs est de communiquer les enseignements de l'Écriture à tous ceux qui suivent la foi. Cela donne a l'ensemble des fidèles une meilleure connaissance que si chacun interprétait suivant ses propres lumières. De plus, une telle "gestion privée" de l'Écriture est opposée à l'idée que l'Écriture est la propriété commune de tous.

6. La Bible est la propriété de l'Église et de l'Église seule. Cepedant, si ceux qui sont hors d'elle l'utilisent comme moyen de découvrir l'Église et d'en devenir membre, un tel usage est entièrement légitime. Mais ils n'ont pas le droit d'utiliser l'Écriture pour leurs fins personnelles, ni de l'utiliser contre l'Église. Tel est le principe fondamental énoncé dans le Praescriptionibus Haereticorum de Tertullien. Il montre comment les catholiques, avant de discuter le moindre point de doctrine scripturaire avec des hérétiques, doivent avant tout contester le droit de ces derniers à en appeler aux Écritures, ce qui permet d'atteindre la racine même de leur action mauvaise (praescribere actionem, une défense qui correspond plus ou moins à notre fin de non-recevoir).

7. Enfin, l'Église enseignante a le droit de prendre et d'appliquer des mesures disciplinaires pour promouvoir le bon usage de l'Écriture-Sainte ou empêcher les abus.
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SWS, Livre I, I, C3, §20 traduit par le chartreux a écrit : Section 20. Décisions de l'Église concernant le choix du texte et l'interprétation de l'Écriture.

Les principes énoncés à la section précédente ont été appliqués aux conciles de Trente (session 4) et du Vatican (session 3).

I. Le concile de Trente a produit deux décrets sur le texte sacré, dont le premier est dogmatique et le deuxième est disciplinaire. Ces décrets n'ont cependant pas conféré publiquement à la Vulgate son authenticité, ils ont seulement enteriné et déclaré plus officiellement l'authenticité qu'elle possédait déja du fait de son usage constant et de longue durée. "Si quelqu'un", dit le concile, "ne reçoit pas pour Sacrés et Canoniques, tous ces Livres entiers, avec tout ce qu'ils contiennent (libros integros cum omnibus suis partibus), tels qu'ils sont en usage dans l'Eglise Catholique, et tels qu'ils sont dans l'ancienne édition Vulgate Latine, ou méprise avec connaissance et de propos délibéré les Traditions dont nous venons de parler : qu'il soit anathème. Le même saint concile, considérant qu'il ne sera pas d'une petite utilité à l'Église de Dieu, de faire connaître entre toutes les éditions latines des saints livres qui se débitent aujourd'hui, quelle est celle qui doit être tenue pour authentique, déclare et ordonne, que cette même édition ancienne et Vulgate, qui a déja eté approuvée dans l'Église par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les disputes, les prédications, les explications, et les leçons publiques, et que personne, sous quelque prétexte que ce puisse être, n'ait assez de hardiesse, ou de témérité, pour la rejeter."

1. Ces décrets ne sont pas exclusifs. Ils affirment l'authenticité de la Vulgate, mais ne disent rien du texte original ni des autres versions. Ces dernières conservent donc leur valeur publique et privée. Aucun texte hébreu n'a été utilisé dans l'Église depuis le temps des Apôtres ; mais le texte grec utilisé publiquement durant les huit premiers siècles doit être consideré comme pleinement authentique pour cette période-là ; depuis le schisme grec, cependant, son authenticité n'est plus garantie que par les catholiques de langue grecque.
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SWS, Livre I, I, C3, §20 traduit par le chartreux a écrit : 2. La conformité de la Vulgate à l'original ne doit pas être entendue en un sens absolu. Des différences au niveau de la précision ou de la force des expressions, même dans des passages dogmatiques, peuvent être admises, et aussi des additions, des omissions, des variantes dans des textes non dogmatiques. Mais dans les matières de foi et de morale, la Vulgate ne peut proposer comme Parole de Dieu quelque chose qui contredirait la Parole de Dieu ou bien ne viendrait pas de Dieu du tout. Ainsi, l'intégralité de la Vulgate est correcte, et essentiellement identique à l'orginal. Cf. Kaulen, Histoire de la Vulgate (en allemand), p.58 et suivantes ; et Franzelin, De Script., section 3.

3. Quand on démontre ou explique des doctrines de foi et de morale, on peut utiliser la Vulgate avec confiance, et nul ne peut rejeter son autorité. Elle doit être utilisée dans tous les échanges publics concernant la foi et les moeurs, comme possèdant une force démonstrative complète dans l'Église. D'où l'adage, "la Vulgate est la Bible des théologiens". Le décret n'interdit cependant pas l'usage d'autres textes, et particulièrement les textes originaux, même dans des échanges publics, pour confirmer et illustrer la Vulgate, ou contre des non-catholiques dans des argumentum ad hominem, ou bien dans des travaux purement scientifiques.

Le pape Clément VIII, appliquant les décrets du concile de Trente, a publié une édition officielle de la Vulgate dont l'usage s'est généralisé, et qui doit aujourd'hui être considérée comme une reproduction authentique du texte approuvé par le concile.
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SWS, Livre I, I, C3, §20 traduit par le chartreux a écrit : II. Le concile de Trente a également produit un décret concernant l'interprétation de l'Écriture. Ce décret, bien qu'il soit expliqué plus longuement dans le catéchisme du concile écrit sous la direction de Pie IV, fut parfois très mal compris par la suite. C'est pour cela que le concile du Vatican a précisé sa vraie portée et sa vraie signification.

Dans le décret tridentin cité plus haut, on lit à la suite que "De plus, pour arrêter et contenir les esprits inquiets et entreprenants, il[ce concile] ordonne, que dans les choses de la foi, ou de la morale même, en ce qui peut avoir relation au maintien de la doctrine chrétienne, personne, se confiant en son propre jugement, n'ait l'audace de tirer l'Ecriture Sainte à son sens particulier, ni de lui donner des interprétations, ou contraires à celles que lui donne et lui a donné la sainte Mère Eglise, à qui il appartient de juger du véritable sens et de la véritable interprétation des saintes Ecritures ; ou opposées au sentiment unanime des Pères, encore que ces interprétations ne dussent jamais être mises en lumière." Le passage correspondant du catéchisme dit : "J'admets également les Saintes Écritures dans le sens que lui donne et lui a donné la sainte Mère Église, à qui il appartient de juger du véritable sens et de la véritable interprétation des saintes Ecritures ; et jamais je ne les tirerais ou interpréterais autrement que suivant le sentiment unanime des Pères."

Le décret du Vatican termine par les termes suivants : "Or, parce que certains interprètent mal ce que le saint Concile de Trente, afin de contenir les divagations des esprits, a salutairement décrété touchant l'interprétation de la divine Ecriture, Nous, renouvelant le même décret, déclarons que l'esprit en est que, dans les choses de la foi et des mœurs touchant à l'édifice de la doctrine chrétienne, il faut tenir pour le vrai sens de la Sainte-Écriture celui qu'a tenu et que tient la Sainte Église notre Mère, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l'interprétation des Saintes-Écritures; en sorte qu'il n'est permis à personne d'interpréter la Sainte-Écriture contrairement à ce sens, ou même contrairement au sentiment unanime des Pères." Ainsi, suivant l'explication qu'en donne la concile du Vatican, le décret tridentin sigifie que l'Église a le droit d'ordonner une décision judiciaire concernant la foi et les moeurs ; c'est-à-dire donner une interprétation qui est authentique, infaillible, et qui oblige tout le monde, non seulement indirectement et négativement, mais aussi directement et positivement. S'opposer à une telle décision est un délit, car c'est un déni du vrai sens des Écritures et pas seulement un acte de désobéissance. De plus, l'interprétation unanime des Pères, dont les écrits reproduisent l'enseignement authentique de l'Église, a une valeur similaire.

On se convaincra facilement que la règle catholique de l'interprétation de l'Écriture n'empêche pas une liberté raisonnable et le développement d'une exégèse scientifique. Bien au contraire, la période qui a suivi le concile de Trente a produit les plus illustres commentateurs de la Bible (cf. supra, Introduction, II,C), tandis que le principe du libre examen n'a produit que des erreurs et un doute qui détruit tout.

À ce sujet, lire aussi Stapleton, Princ. Fid. Demonstr., 11. x. et xi.; Franzelin, De Script., sect. iii. ; Vacant, Études Théol. sur Ie Concile du Vatican, t. i. p. 405 et suivantes.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

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SWS, Livre I, I, C3, §21 traduit par le chartreux a écrit : Section 21. Le dépôt apostolique oral, c'est-à-dire la Tradition au sens restreint du mot.

Le rejet protestant d'un apostolat enseignant permanent non seulement fait injure à la Parole Écrite de Dieu, mais détruit l'existence même de la tradition orale. La doctrine catholique par contre, maintient que la prédication des Apôtres, non-écrite aussi bien qu'écrite, est une source de foi indépendante et fiable, et constitue une partie essentielle du dépôt apostolique, autant que l'Écriture Sainte. Le concile de Trente "considérant que cette vérité, et cette règle de morale sont contenues dans les Livres écrits, ou sans écrit dans les Traditions ; qui ayant eté reçues par les Apôtres, de la bouche de Jésus-Christ même, ou ayant eté laissées par les mêmes Apôtres, à qui le Saint Esprit les a dictées, sont parvenues comme de main en main, jusqu'à nous : Le Saint Concile, suivant l'éxemple des Peres orthodoxes, reçoit tous les Livres, tant de l'Ancien, que du Nouveau Testament, (...) aussi-bien que les Traditions, soit qu'elles regardent la foi, ou les moeurs, comme dictées de la bouche même de Jésus-Christ, ou par le Saint Esprit, et conservées dans l'Eglise Catholique par une succession continue," (session iv).

I. La doctrine catholique sur ce point est une conséquence évidente de la perpétuité de l'apostolat. L'Écriture Sainte tout comme le témoignage des premiers Pères montrent que les Apôtres ont transmis à leurs successeurs, en même temps que les documents écrits de la Révélation, leur enseignement oral qui est une source de foi indépendante et permanente. En raison des qualifications naturelles et surnaturelles du dépositaire, le dépôt oral peut être transmis aussi surement et parfaitement que le dépôt écrit.
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