(A suivre.)
Il en donne la raison théologique (cf. Sub Tuum n° 2, p. 14 et et surtout p. 17 ; et plus bas, ainsi que p. 12).
Ce n'est donc pas le "composé" qui serait en ce cas déclaré déchu. Mais la personne jusque là unie à la forme du Pontificat, à la juridiction universelle ou autorité souveraine, la personne qui était Pape avant sa déchéance par l'hérésie manifeste, et ne l'est plus depuis. Sinon, il jugerait le "composé", ce qu'il a maintes fois prouvé impossible.
Votre interprétation de la thèse de saint Robert est donc manifestement fausse.
Mais il en est de même de celle de saint Alphonse, qui dit : "Si jamais le Pape, comme personne privée, tombait dans l'hérésie, il serait A L'INSTANT déchu du Pontificat".
Ce qui veut bien dire : par le fait même de l'hérésie, ipso facto. Ce que confirme la suite : "car comme il serait ALORS hors de l'Eglise" : il n'est donc d'ores-et-déjà plus Pape ! ; "l'Eglise devrait non pas le déposer", puisqu'il l'est déjà et "puisque" cela est contraire à la sentence de tous les Pères enseignant que "personne n' a d'autorité sur le Pape. Mais" l'Eglise devrait "le déclarer" déjà "déchu" du Pontificat."
Vous qui m'accusez à tort d'interprétations absolues, c'est ce que vous faites ici.
Car saint Alphonse dit d'abord clairement qu'un Pape qui tomberait dans l'hérésie serait à l'instant déchu du Pontificat, et donc ne serait plus Pape. Terme qu'il n'emploie ensuite que pour désigner la personne qui l'était jusque là.
Saint Robert emploie lui aussi une fois le mot Pape pour désigner la personne qui l'aurait été jusque là :
"Un Pape manifestement hérétique cesse de lui-même d'être le Pape et la Tête, de la même façon qu'il cesse d'être un chrétien et un membre de l'Eglise."
Il veut dire qu'il serait Pape jusqu'au moment de son hérésie manifeste par laquelle il cesse, à l'instant, d'être le Pape.
Ce qui est rendu évident par la démonstration par laquelle il en arrive à énoncer cette sentence, juste après :
" Le principe suivant est des plus certains : le non-chrétien ne peut, en aucune façon, être Pape... La raison en est qu'il ne peut pas être la tête s'il n'est pas membre ; or le non-chrétien n'est pas membre de l'Eglise, et un hérétique manifeste n'est pas chrétien, comme l'enseignent clairement S.Cyprien, S.Athanase, S.Augustin, S.Jérôme, et d'autres.. C'est pourquoi un hérétique manifeste ne peut pas être Pape."
Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1988)
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
C'est également ce que fait le Pape Innocent III au début du passage suivant, avant d'expliciter sa pensée :
"Le Pontife peut être jugé par les hommes, ou plutôt être montré comme DEJÀ jugé, s'il arrive qu'il s'évanouisse dans l'hérésie, car "celui qui ne croit pas est déjà jugé." (Jn.3,18).”
Il est clair qu'il entend ici par Pontife, la personne qui l'était jusque là, et qui par l'hérésie s'est déjà jugée, c.à.d. ici condamnée elle-même.
C'est dans ce même sens que saint Alphonse dit aussi :
"Il est hors de doute que si un Pape était hérétique déclaré, comme le serait celui qui définirait publiquement une doctrine opposée à la loi divine, il pourrait non pas être déposé par un concile, mais être déclaré déchu du Pontificat en sa qualité d'hérétique."
Il s'agit d'un constat d'hérésie publique et de la déchéance du Pontificat qui a découlé du fait même de cette hérésie.
Alors, pourquoi saint Alphonse dit-il ici que l'Eglise pourrait le déclarer déchu, et plus haut : "devrait le déclarer déchu" ?
Pour le bien commun, pour rendre la réalité manifeste évidente, et surtout pour légitimer le fait d'avoir à en nommer un autre.
Ce qui est montré clairement par le Canon 151 du Code, ainsi paraphrasé et commenté par Adrien Cance :
"Si l'office est vacant de droit mais n'est pas vacant de fait, parce qu'il est possédé illégitimement par quelqu'un, il peut être conféré, pourvu qu'il soit régulièrement DECLARÉ d'une manière conforme aux saints canons que la possession de l'office n'est pas légitime et qu'il soit fait mention de cette déclaration dans les lettres de la collation. Cette déclaration et cette mention semblent nécessaires à la validité (de la nouvelle nomination). D'autres auteurs admettent cependant que ces conditions ne semblent concerner que la licéité de la provision canonique."
C'est pourquoi les "Sédévacantistes" (non les "Guérardiens") ont toujours tenu cette déclaration de la vacance actuelle du Saint-Siège comme nécessaire pour légitimer et rendre licite le refus de la juridiction extérieure et apparente de l'anti-pape, avec tout ce que cela implique de suppléance. Car pour qu'il y ait suppléance, il faut d'abord qu'il y ait absence de l'autorité habituelle.
C'est aussi pourquoi ils tiennent que des sacres ne sauraient être actuellement légitimes et licites, avant une déclaration publique de la vacance du Saint-Siège.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Mais, objectez-vous encore dans votre n° 72, p. 14 :
"Il est bien évident que ce serait livrer l'Eglise à l'anarchie que de permettre à des clercs et à des laïques sans mandat de porter un jugement positif d'hérésie formelle sur le Pape."
Voici ce que je répondais, il y a 7 ans jour pour jour, le 28 avril 1980, à une objection semblable faite par un prêtre, en faveur lui, de la thèse du "deponendus est" :
Cet auteur montre par la suite que cette position la plus conforme est celle de saint Robert, puisqu'elle est celle de tous les Pères et se base sur la nature même de l'hérésie et du Pontificat."Vous parlez ensuite des ravages du libre examen, et de la plus grande garantie qu'offrirait la solution "deponendus".
Saint Robert Bellarmin ayant vécu de 1542 à 1621, a bien connu le libre-examen, lui qui, entre autres par ses "Controverses", a été appelé "le marteau des hérétiques" protestants, ce qui ne l'empêche pas d'affirmer qu'un Pape manifestement hérétique perdrait sa juridiction (ipso facto).
Mais je pense que c'est le côté "anarchique" d'une telle solution qui vous froisse.
Voilà comment y répond Arnaldo da Silveira [ comme simple prête-nom et secrétaire de Mgr de Castro Mayer ] :
"Il est hors de doute que l'application concrète de cette opinion dans l'éventualité d'un pape hérétique occasionnerait les plus graves confusions et afflictions pour l'Eglise.
Il nous semble pourtant que si un pape devenait hérétique, ces confusions et afflictions suivraient de façon inéluctable, quelle que soit la sentence des théologiens adoptée.
En ne considérant les choses que du point de vue des schismes, des confusions et des rivalités qui pourraient naître, nous ne voyons pas comment préférer une des opinions aux autres.
Nous prendrons simplement comme exemple la position de Suarez : Quelles divisions n'apparaîtraient pas si des cardinaux et des évêques déclaraient le pape hérétique, tandis que d'autres le soutiendraient !
Mais nous croyons que le véritable point de vue, à partir duquel cette question devrait être examinée, n'est pas celui-là.
Fondamentalement, la question n'est pas de savoir quelle est la situation qui sauvegarderait le mieux la "paix", mais plutôt celle qui sauvegarderait le mieux la foi, et qui s'accorderait le mieux avec l'institution divine"."
Un peu plus loin, dans cette même lettre d'il y a 7 ans, j'écrivais déjà :
"Il n'y a rien faire : tant que tel individu est Pape, il ne peut pas même être jugé par personne, encore moins condamné ... Ou bien cette personne privée est toujours Pape et ne peut pas être jugée, et donc pas non plus être déclarée hérétique ; ou bien elle ne l'est déjà plus, et l'on peut la déclarer telle."
Tel est le sens exact de la doctrine exposée par saint Robert et saint Alphonse, et, après eux ainsi que tous les Pères, par les "Sédévacantistes".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Notons, et répondons à une dernière objection de votre N° 72, p. 13 :
"Ce qui est certain, par contre, c'est que le cas d'une hérésie manifeste chez un Pape ne se produira probablement jamais. "Manifeste", en effet, ne signifie pas seulement "incontestable" mais d'une totale évidence, d'une évidence telle que l'hérésie du Pape ne pourrait être contestée par personne.
Ce serait par exemple le cas d'un Pape qui déclarerait qu'il y a quatre personnes en Dieu et non pas trois. Je ne pense pas qu'un Pape soit assez fou pour prendre une pareille attitude."
(Ce n'est certes pas l'habile anti-pape J.P.II qui commettra une bêtise aussi grossière.)
Pour répondre à cette objection, astreignons-nous d'abord à une nécessaire leçon de vocabulaire, pour établir le sens exact du mot "manifeste" : 1̊) en général ; 2̊) dans le sens précis que lui donne ici saint Robert.
Partons pour cela du sens que vous attribuez à cet adjectif, sens qui est le plus récent et moderne, en allant peu à peu vers le sens ancien du latin employé par saint Robert, pour aboutir au sens précis dans lequel il en use dans ce passage de son traité.
Vous écrivez : "manifeste ne signifie pas seulement incontestable mais aussi d'une totale évidence, d'une évidence telle que cela ne puisse être contesté par personne."
C'est là le sens le plus moderne de cet adjectif, et encore en poussant ce sens récent à l'extrême.
Cela correspond à peu près à la définition qu'en donne le "Petit Larousse" (1985) : "Manifeste. adj.(Lat. manifestus). Qui est d'une totale évidence".
Pour rester dans la collection Larousse, et remonter le temps avec elle, voici deux autres définitions plus anciennes qui se rapprochent davantage du sens latin d'origine :
Larousse de poche (1979) : "Manifeste. adj. (Lat. manifestus). Evident.".
Larousse universel (1948) : "Manifeste. adj.(Lat. manifestus). Evident, notoire. Dont le caractère est notoire.".
Passons à présent au "Littré" (1963) qui lui, dans les nuances qu'il indique, correspond au sens latin :
"Manifeste. (lat. manifestus XIIe.S.), adj. En parlant des personnes prises sur le fait. En parlant des choses, apparent, palpable.".
Passons ensuite au sens latin lui-même.
D'abord, en résumé, avec "Hatier"(1960) : "Manifestus,a,um : Manifeste, clair, évident. Convaincu de, qui montre, qui laisse voir.".
Puis, de façon complète, avec le célèbre "Gaffiot"(1934) :
"Manifestus,a,um : 1. Manifeste, palpable, évident. 2. (en parlant de qqn.) pris en flagrant délit. (Avec gén.) : a) convaincu de ; b) laissant paraître, laissant voir... (Tacite, Sénèque, Ovide)... (Avec inf.) : laissant voir que.".
Voilà pour le sens de ce mot, en général.
Voyons à présent le sens précis dans lequel saint Robert en use ici.
Remarquons tout d'abord que les deux passages où saint Robert met cet adjectif en rapport avec le nom : hérétique et le terme de Pape, sont précisément construits avec des infinitives :
1. En énonçant la thèse "deponendus est" : "Papam haereticum manifestum non esse ipso facto depositum sed posse ac debere deponi ab Ecclesia".
2. En exposant la sentence juste :
"Papam haereticum manifestum per se desinere esse Papam et Caput..."
Selon cette construction, comme l'explique le Gaffiot, c'est donc d'ores-et-déjà le sens de "laisser voir", "laisser paraître" qu'il faut entendre.
Mais ce que dit saint Robert à la fin de ce chapitre 30, ne laisse aucun doute qu'il emploie l'expression "hérétique manifeste" par opposition à "hérétique occulte".
En même temps, il indique le fondement théologique de la juste sentence du "depositus est" :
"Le fondement de cette sentence est que l'hérétique manifeste (haereticus manifestus) n'est en aucune manière membre de l'Eglise, c.à.d. n'appartient ni à son âme ni à son corps, ou ni par union interne ni par union externe.
Car les Catholiques, même mauvais, sont unis et sont membres, de son âme par la Foi, de son corps par la confession de la Foi et par la participation aux Sacrements visibles. Les hérétiques occultes (haeretici occulti) sont unis et sont membres, seulement par union externe, de même qu'à l'opposé les bons Catéchumènes appartiennent à l'Eglise seulement par union interne et non par union externe. Tandis que les hérétiques manifestes (haeretici manifesti), comme cela a déjà été prouvé, n'y appartiennent d'aucune manière."
Saint Robert enseigne donc que pour que le Pape soit "depositus", il faut que son hérésie devienne manifeste, autrement dit externe, publique, notoire. Car si elle demeure "occulte", il n'est pas "depositus" mais encore Pape.
Ce qu'il dit explicitement dans le paragraphe précédant celui que nous venons de citer :
"Les hérétiques occultes sont encore de l'Eglise, ils en sont parties et membres, et c'est pourquoi un Pape hérétique occulte (Papam haereticum occultum) serait encore Pape."
Ce qui n'est plus le cas, comme on l'a vu maintes fois, dès que son hérésie devient manifeste en s'extériorisant et en devenant publique et notoire.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Or au sujet de J.P.II, il n'y pas seulement une hérésie publique, mais un bon nombre (cf. ma brochure "Face à Face") ; pas seulement schisme par rupture radicale avec toute la Tradition, mais apostasie ouverte ; pas seulement délit d'hérésiarque, mais de grand propagateur d'une "nouvelle" "religion" humaniste.
Pour ce qui est de ses hérésies, voici ce que j'écrivais il y a également 7 ans, dans une lettre du 21/3/1980, adressée à un séminariste :
"Pour ce qui est des hérésies de J.P. II, en très résumé : il professe le droit à la liberté religieuse et de conscience : or cela est condamné par Pie IX dans Quanta Cura (document infaillible) et frappé d'anathème, de plus des milliers de catholiques sont morts pour avoir défendu le contraire, et cela va contre le dogme "hors de l'Eglise pas de salut" ; il professe les "droits de l'homme" pour le refus desquels tant de têtes sont tombées sous la Révolution, et qui sont condamnés par Pie VII ; il professe qu'on peut se sauver dans les religions musulmanes et juives, qui, dit-il, croient au même Dieu que nous (eux qui nient la Sainte Trinité !), là aussi opposition au dogme, milliers de martyrs, et condamnations des Papes ; il professe l'humanisme en union avec la franc-maçonnerie qu'il loue : tous deux sont condamnés par les vrais Papes ; "Redemptor hominis" laisse directement entendre que tout homme est sanctifié (et uni pour toujours au Christ), après l'union de Notre Seigneur à la Nature humaine, dès sa conception ; et puis la vraie Eglise ne peut pas donner aux fidèles, par un vrai Pape, une Messe dangereuse pour la Foi et les Moeurs (c'est là une proposition janséniste condamnée par Pie VI) ; enfin, il professe toutes les erreurs de Vatican II."
A cela, que de choses à ajouter, depuis 7 ans...
Parmi les plus graves : rites idolâtriques accomplis par J.P. II dans une "forêt sacrée" en Afrique noire, encouragement des musulmans dans leur erreur à Casablanca, initiation hindoue avec signe du "dieu Siva" imposé sur son front par une "prêtresse" aux Indes, attente du Messie toujours à venir avec les juifs dans la synagogue de Rome, congrès mondial des fausses religions à Assise, au point que Mgr. Lefebvre lui-même ose maintenant crier ouvertement à l'apostasie et à l'hérésie publiques, sans néanmoins en tirer les conséquences.
Que vous faut-il de plus public et évidemment contraire à la Foi !?
Telle est donc, ce que l'on pourrait appeler, la 2e. voie pour prouver la vacance du Saint-Siège ; la 3e. étant de démontrer que ni J.B. Montini ni K. Wojtyla n'étaient "papabiles", validement éligibles, ce qui a été remarquablement fait par Mle Davidoglou dans une série d'articles de son Bulletin "La Voie", et dans Sub Tuum n° 3, p. 22-35.
Mais il y a encore plus évident, au regard de la Foi : et c'est la lère voie par la pseudo-définition solennelle de la liberté religieuse dans le pseudo-schéma-conciliaire "dignitatis humanae".
Comme le dit saint Alphonse : "si un Pape" (ou plus exactement un pape apparent, une apparence de pape) “était hérétique déclaré, comme le serait celui qui définirait une doctrine opposée à la loi divine".
C'est ce que Paul VI a fait avec "Dignitatis humanae" (cf. Sub Tuum n° 2, p. 19-30 et ma lettre du 21/10/1986, p. 5)
Voilà donc tout à fait réfutée votre argumentation contre saint Robert Bellarmin (et les "Sédévacantistes") dans votre N° 72 "de Rome et d'ailleurs".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
De là, il ne nous reste plus qu'à donner quelques précisions contre ce que vous dites dans votre lettre du 3O/3/1987,p.6. Vous y faites à nouveau un énorme sophisme que voici :
"Le raisonnement de Bellarmin est le suivant : 1. L'hérésie exclut par elle-même de l'Eglise. D'accord. 2. Et de conclure : Un Pape hérétique ne peut donc pas être Pape, car on ne saurait être la tête d'un organisme dont on ne fait partie. 3. L'Eglise peut donc juger un Pape hérétique et même le punir, puisque ce n'est plus un Pape qu'elle juge."
La majeure 1. que vous attribuez à saint Robert est juste. La première partie de votre mineure 2. est imprécise et glisse vers la fausseté de la conclusion :
"Un Pape hérétique ne peut donc pas être Pape".
Saint Robert n'a pas écrit cela, mais ceci : "Un hérétique manifeste ne peut pas être Pape".
La 2e. partie de la mineure 2. est juste. Mais la lère partie de la mineure étant ambiguë et l'auteur du syllogisme appuyant l'ambiguïté dans le sens de la fausseté, la conclusion 3. en vient logiquement à être fausse, du moins dans sa lère partie :
"L'Eglise peut donc juger un Pape" : c'est ce que contredit la fin de la 2e. partie de votre conclusion qui, elle, est juste : "ce n'est pas un Pape qu'elle juge" ; c'est aussi ce que saint Robert montre de mille manières comme tout à fait impossible, de même qu'un Pape puisse être un hérétique manifeste et rester Pape, comme cela est rappelé dans la majeure 1.
La conclusion 3. devrait être : L'Eglise peut donc juger un hérétique manifeste autrefois Pape jusqu'à l'instant de son hérésie manifeste, et cela, selon la juste 2e. partie de votre conclusion : "puisque ce n'est pas un Pape qu'elle juge".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Ensuite, dans vos deux raisons tendant à démontrer la fausseté de l'argumentation que vous attribuez à saint Robert, vous élevez une exigence dans le 1̊), à laquelle vous répondez vous-même dans le début du 2̊).
Passons donc aussitôt au 2̊) : "Bellarmin répond implicitement : Le signe de cette révocation (du "Pape" hérétique par le Christ), c'est l'hérésie du Pape."
Ce n'est pas ce qu'enseigne saint Robert ; mais passons. Nous verrons cela juste après. Considérons d'abord ce que vous pensez en déduire :
"Et c'est là que se situe ce que je persiste à appeler le sophisme de Bellarmin. Celui-ci reconnaît qu'en matière de foi, le Pape ne peut être jugé par personne."
Ce que vous dites là est juste. Mais remarquons tout de suite que saint Robert reconnaît que le Pape, et non un hérétique manifeste même autrefois Pape, ne peut être jugé par personne. Tandis qu'un tel hérétique manifeste, même autrefois Pape, le pourrait !
"Et il déclare", c'est vous qui le prétendez, "en même temps que ce n'est pas juger le Pape que de le déclarer destitué par Jésus-Christ Lui-même parce qu'il est hérétique."
Or saint Robert ne dit pas que c'est le Christ qui le destitue (surtout pas après coup, après constatation publique officielle), mais que c'est l'essence même de l'hérésie manifeste qui fait qu'il n'appartient plus à l'Eglise et n'en est pas (ou plus) la Tête.
Mais abordons le beau sophisme achevé en votre conclusion :
"Comme si déclarer le Pape hérétique n'était pas porter sur lui un jugement en matière de foi ! "
Le sophisme réside dans le fait que ce n'est pas, ce n'est plus, le Pape qui est déclaré hérétique, mais la personne de l'individu qui a été Pape jusqu'à la manifestation publique de son hérésie, si toutefois il n'était pas Pape qu'en apparence déjà auparavant (cf. Sub Tuum n° 3, p. 22 à 35, en ce qui concerne les cas de J.B. Montini et K. Wojtyla).
Alors qui "raisonne sophistiquement" ?
"Je maintiens”, dites-vous page 7, "que c'est un grave sophisme de prétendre qu'en déclarant le Pape hérétique", ce qui n'est nullement le cas de saint Robert ni des "Sédévacantistes" d'ailleurs (tandis que c'est à présent le cas des "Lefebvristes" qui parlent même d'apostasie publique de celui qu'ils reconnaissent néanmoins comme Pape légitime ! ), "on ne juge pas le Pape puisqu'il a été destitué de sa charge par le Christ pour cause d'hérésie."
Dire que l'on ne juge pas le Pape puisqu'il a été destitué s'avère inexact en fait mais pas faux en soi : serait tel le fait de dire : on ne juge pas le Pape puisqu'il va être destitué APRÈS notre déclaration.
Car si un Pape a été destitué de sa charge, ou plutôt s'en est lui-même déchu, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, c'est qu'il n'est pas (ou plus) Pape, mais seulement un quidam non catholique.
Déclarer, ou constater publiquement que ce quidam est hérétique manifeste n'est certes pas juger un Pape, mais seulement un quidam (ex-)catholique qui l'a été, si toutefois il ne l'était pas qu'en apparence (ut supra).
Par contre, méditez sur ce que vous faites vous-même si souvent dans votre Bulletin : critiquer, désapprouver, réprouver, rejeter et condamner tant de faits, gestes, et paroles de celui que vous tenez néanmoins comme Pape légitime ; n'est-ce pas, subjectivement parlant (en tant que vous le tenez pour Pape), juger le Pape !?...
"Je maintiens", dites-vous, que saint Robert et saint Alphonse ont fait un grave sophisme...
Et moi je maintiens que si c'est vous (et non pas ces saints Docteurs) qui êtes tombé non pas dans un, mais dans un bon nombre de sophismes, que j'ai démontrés tels tout au long de cette lettre, c'est en raison de votre manque de piété et de docilité envers les saints Docteurs et les textes d'autorité, auxquels vous préférez en pratique la "rigueur" supérieure de votre propre raisonnement.
Vous étant élevé au-dessus des saints Docteurs et Pontifes, le Bon Dieu permet que vous soyez réfuté par moins savant que vous s'appuyant sur ces lumières inspirées...
Voici donc démontré à profusion le point (1). (cf. plus haut p. 5), et par là se trouve également répondu au point(2). (Notons au sujet de ce point (2)., que j'y avais déjà répondu dans ma lettre du 21/l0/1986, p. 3, quoique d'une façon très concise).
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Vous dites dans le point (3). : "Ce que j'ai critiqué, c'est la thèse qu'on appelle "depositus est" " ; que vous aviez fort mal comprise et analysée comme nous venons de le démontrer : en fait, c'est à une des formes de la thèse "deponendus est" (celle de Suarez) que vous vous en preniez, en la mélangeant avec le "depositus est" exposé par saint Robert et l'unanimité des Pères, et donc justement suivi et défendu par les dits "Sédévacantistes".
Dans le point (4). vous sembliez ironiser sur le fait que j'avais remis à plus tard la réponse à vos critiques sur saint Robert. Vous voilà à présent comblé d'arguments à ce sujet.
Par là tombe aussi le point (5)., concernant votre conclusion un peu hâtive de "l'oubli de toutes les constatations qui vous gênent".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Il me semble avoir ici pensé à toutes vos constatations, et si je ne me trompe, par un oubli fâcheux et bien involontaire (que vous me rappellerez alors), il ne me reste que deux points à traiter :
1̊) Dans votre lettre du 3O/3/1987, p. 7, le paragraphe intitulé : "Les horreurs" : "C'est la raison et non le sentiment qui doit nous guider en Théologie." Concedo.
Mais par horreurs, j'entendais des énormités contraires à la doctrine, et non quelques faits éprouvants pour la sensibilité, comme le feu de l'Enfer (pour reprendre votre exemple).
J'écrivais, dans le texte que vous reprenez, que vous affirmiez implicitement une horreur (doctrinale, s'entend !), à savoir qu'un vrai Pape... etc.
La question est en effet qu'en ce cas il ne pouvait s'agir d'un vrai Pape, comme cela a été démontré (dans Sub Tuum n° 2, p. 11-30, n° 3, p. 22-35 et dans ma lettre du 21/10/1986, juste après le passage que vous attaquez, p. 2-3 où j'explicite justement ce que je voulais dire par "horreur", et aussi p.5), et que c'est la Foi qui nous oblige à déclarer ces papes apparents des imposteurs.
Tandis que vous ne m'avez toujours pas démontré qu'il y aurait 4 conditions, et non pas 3 seulement, à l'infaillibilité pontificale.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
2̊) Il ne me reste plus qu'à répondre à vos 3 questions (de la p. 2, de votre lettre du 24/4/87 ; auxquelles j'ai du reste déjà répondu en substance dans ma lettre du 21/10/1986, p. 2-4) :
"Je vous demande", dites-vous, "de répondre aux 3 questions suivantes sur ce passage de "Dei Filius" : — Il n'est pas un canon. Vrai ou faux ? — Ce qu'il dit n'est repris par aucun canon. Vrai ou faux ? — Il apparaît brusquement dans les textes principaux comme un bloc erratique. Vrai ou faux ?"
(Notons d'abord, pour éviter toute confusion, que la Constitution commençant par les mots "Dei Filius" et ainsi nommée par vous à la suite de "Dumeige", a pour titre : "De Fide catholica" dans le "Denzinger", de même que la Constitution commençant par les mots "Pastor Aeternus" y a pour titre : "De Ecclesia Christi (Primatus)".)
Pour répondre, non à la lettre de vos questions mais à l'idée qu'elles sous-tendent, il convient de se reporter au contexte de ce que vous tentiez de prouver par là, dans votre N° 61 "de Rome et d'ailleurs", p. 15 et 16.
Vous y disiez fort justement (p. 15) : "les canons sont compris à la lumière des textes principaux", entendant par ces derniers les textes des Constitutions.
Mais vous disiez plus haut : "Les canons sont courts... Dans ceux-ci, tous les mots sont exactement pesés et chacun a son rôle... c'est le souci de précision qui domine... Les canons, par leurs précisions, suppléent à celle qui peut manquer aux textes principaux."
Remarquons d'abord, à l'encontre de votre dernière assertion, que c'est l'inverse qui est vrai : les canons n'étant le plus souvent que de brèves condamnations des erreurs opposées aux vérités exposées dans la Constitution à laquelle ils se rattachent, ce sont, comme vous le rappeliez justement ailleurs, les canons parfois trop concis pour être aisément entendus dans toute leur étendue et toutes leurs nuances, qui doivent être compris à la lumière des textes de la dite Constitution.
Remarquons ensuite que, dans tout ce passage de votre N° 61, vous insinuez une certaine imprécision pour les textes des Constitutions, et le fait que chacun des mots n'y est pas exactement pesé, que ces mots n'ont point chacun leur rôle.
A ce niveau, votre distinction est arbitraire et fausse. Car les textes des Constitutions sont ciselés eux aussi au mot à mot, étant le fruit de débats de plusieurs heures, voire de jours, semaines ou mois...
Tout cela prépare de loin, sans doute inconsciemment, la relativisation du n° 1792 (dans le Denzinger 1946) de la Constitution de Fide catholica qui semble tant vous gêner, et dans lequel vous voulez démontrer 3 anomalies :
"1̊) Ce texte n'est pas un canon, il appartient au texte principal."
On ne voit pas pourquoi le fait que ce passage ne soit pas (dans cette Constitution) un canon serait une anomalie ?
Mais le but de votre présentation de ce texte comme "anormal" apparaît dans la suite :
"2̊) Ce qu'il dit n' est repris et précisé dans aucun canon". Sous-entendu qu'il est donc imprécis, et on va le voir bientôt, presque incompréhensible :
"3̊) Ce texte est perdu" (sic) "dans des considérations sur la foi... Il est donc impossible d'en préciser la signification en se rapportant à un canon ou au contexte puisqu'il n'y a ni canon ni contexte."
Enfin, voilà le but de déconsidération atteint pleinement :
"ce texte a été ajouté au texte primitivement prévu, il n'a pas été possible d'en faire un canon du fait de son imprécision et des longs développements qui auraient été nécessaires... qui auraient ajourné le vote."
Autrement dit, il a été fait à la va-vite, rajouté au dernier moment un peu n'importe où et sans être très exactement pesé, etc...
Et voici la botte finale : "on doit le considérer simplement comme une simple affirmation d'une vérité d'ordre général."
Donc, imprécise, et vague. Voilà donc ce que veut dire : "il n'est pas un canon", "du fait de son imprécision".
J'avais pourtant déjà répondu avec précision, mais en vain, à cette curieuse argumentation (dans ma lettre du 21/10/1986, p. 3 en haut) en montrant que ce passage n'est nullement "perdu" ni "un bloc erratique", en citant Léon XIII qui l'appelle un décret et l'expose précisément en liaison avec les autres textes sur l'infaillibilité, tandis que saint Pie X, en raison de la remarquable précision et de l'importance de ce décret, en a fait le canon 1321,1 du Code de Droit Canon.
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