John Galvin sur Humanae Vitae

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Re: John Galvin sur Humanae Vitae

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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Les arguments scripturaux en faveur de la position de l'Église sont nombreux et très forts, au point que presqu'aucune secte chrétienne n'a differé de l'Église Catholique sur ce point jusqu'à 1930. D'abord, dans le tout premier chapitre de la Bible il y a le commandement "Croissez et multipliez-vous, remplissez la terre" (Gen 1:28).

De plus, Dieu ne donne pas ce commandement à Adam seulement, il le répète chaque fois qu'il fait une nouvelle alliance avec l'humanité. Ainsi Dieu dit la même chose à Noé (Gén. 9:1, 9:7). Dieu ordonne à Abraham d'être fertile quand il lui change son prénom (Gén 17:4-6). Ainsi le commandement de fertilité est non seulement le premier donné par Dieu, mais aussi celui sur lequel Dieu insiste le plus.

L'histoire d'Onan dans l'Ancien Testament est la condamnation la plus forte imaginable de toute régulation des naissances. Nonobstant certaines opinions modernes, il est certain que tous les commentateurs juifs classiques, S. Augustin, tous les papes et même chacun des trois grands sectateurs protestants sont d'accord sur le sens moral du texte : "Le commerce charnel même entre époux légitimes, est peccamineux et viole la loi si la conception est empêchée. Dieu a puni de mort Onan le fils de Juda pour ce crime."
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Pie XII note (dans son discours à l'union catholique des sages-femmes du 29 octobre 1951) : " Avec quelle délicatesse, avec quel charme, la Sainte Écriture montre la gracieuse couronne des fils réunis autour de la table paternelle et qui sont la récompense du juste, comme la stérilité est bien souvent le châtiment du pécheur. Ecoutez la parole divine exprimée dans la sublime poésie du psaume : « Ton épouse sera comme une vigne féconde au milieu de ta maison ; tes fils, comme des rejetons d'olivier autour de ta table. Voilà comment est béni l'homme qui craint Dieu. »(Ps. CXXVII) Du méchant, il est écrit : « Que sa postérité soit condamnée à la mort, qu'à la première génération soit effacé jusqu'à son nom » (Ps. 108,13).

Mon exemple préferé est le Psaume 126, "C’est un héritage du Seigneur que des enfants (fils) ; le fruit des entrailles est une récompense. Comme les flèches dans la main d’un homme vaillant (archer vigoureux), ainsi sont les fils des hommes opprimés (exilés). (Bien)Heureux l’homme qui en (par eux) a rempli son désir."
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Le Nouveau Testament n'est pas en reste. Pie XI dans Casti Conubii unit l'Écriture, la Tradition et le magistère : "C'est ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l'apôtre saint Paul à Timothée, en disant : « Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l'Apôtre en témoigne en ces termes : Je veux, déclare-t-il, que les jeunes filles se marient. Et comme pour répondre à cette question : Mais pourquoi ? il poursuit aussitôt : qu'elles procréent des enfants, qu'elles soient mères de famille. "

À un autre endroit du Nouveau Testament, en Galates 5:19-21, il y a une liste de péchés que S. Paul condamne comme "oeuvres de la chair". Dans cette liste il y a le terme grec pharmakeia , que l'on traduit habituellement par "sorcellerie", mais qui dans les premiers siècles désignait spécifiquement le mélange de potions à des fins illicites comme par exemple un avortement. Deux autres occurrences du terme pharmakeia (en Apoc. 9:21 et 21:8) indiquent une association similaires entre des péchés sexuels et le meurtre. S. Paul nous avertit que "ceux qui vivent ainsi n'hériteront pas le royaume de Dieu."


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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
5. Le manque de références à la Tradition

La théologie catholique n'a jamais été quelque chose qui sort tout prêt du front de Zeus, mais au contraire quelque chose que l'on ne peut faire accepter qu'en montrant qu'elle a "été tenue toujours et partout par tous les fidèles". Il y a ici une différence frappante entre tous les actes officiels des papes précédents et HV, qui fait table rase de toute l'histoire antérieure de cet enseignement contesté, n'invoque pas d'autres autorités que la sienne propre, et ne mentionne que peu de sources datant de plus d'une décennie.

Et ce malgré le fait que l'enseignement de l'Église concernant la contraception est exceptionnellement bien attesté dans toute son histoire. Cela est reconnu même par John T. Noonan, l'un des membres de la commission papale qui s'est exprimé en faveur du renversement de l'enseignement de l'Église. En 1965, il écrivait :
John T. Noonan traduit par le chartreux a écrit :
Dans l'empire romain finissant de S. Jerôme et S. Augustin, dans l'Arles ostrogothe de S. Césaire, dans la Braga de S. Martin, dans le Paris de S. Albert et S. Thomas, dans la Rome de la Renaissance de Sixte V et dans le Milan de la Renaissance de S. Charles Boromée, dans le Naples de S. Alphonse de Liguori et le Liège de Charles Billuart, dans la Philadelphie de Mgr Kenrick, dans le Bombay du Cardinal Gracias, les maîtres dans l'Église n'ont jamais hésité ou varié dans leur enseignement que certains actes empêchant la procréation sont gravement peccamineux. Cet enseignement est clair et apparamment fixé à jamais.
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Pour énumérer ne serait-ce qu'une petite partie de toutes les références traditionnelles qui existent sur ce sujet, il faudrait déja un article entier de plus. En voici un petit échantillon qui montre la tradition ininterrompue, des temps apostoliques à aujourd'hui et qui atteint toutes les périodes de l'histoire de l'Église :

Clément d'Alexandrie (195) : "Du fait de son institution divine pour la génération humaine, la semence ne doit être ni éjaculée en vain, ni abimée, ni gaspillée." (Pédagogue, 2:10:91:2).

S Augustin : "Parfois cette luxure cruelle va jusqu'à chercher une stérilité contre-nature, et si elle échoue, le foetus conçu dans l'utérus est étouffé ou évacué d'une façon ou d'une autre, par une volonté de détruire cette créature avant qu'elle accède à la vie, ou de la tuer avant la naissance si elle est déja vivante dans l'utérus."

S Jean Chrysostome parle fréquemment de la contraception ; voici un exemple : "Pourquoi jeter la semence dans une terre qui ne tient qu'à corrompre son fruit ? Où tant de germes sont voués à la stérilité ? Où le meurtre a lieu avant la naissance ? Car par vous la courtisane n'est pas seulement la courtisane, vous en faites de plus une homicide. (...) un crime, plus détestable encore que le meurtre ; je ne sais quel terme employer. En effet, on ne tue pas ce qui est né, on empêche de naître. Pourquoi outragez-vous le don de Dieu ? " (Homélie 24 in Rom.)
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Dans une source médiévale, le pénitentiel de Vigila de Alveda (an 800 environ), on lit : "Une femme qui utilise des potions se considérera coupable d'autant d'homicides que d'enfants qu'elle aurait dû concevoir ou enfanter."

S Thomas dit : "Immédiament après le meurtre, qui détruit un être humain actuellement existant, le plus grave est ce peché par lequel on empêche la génération d'un être humain."

Cette tradition n'a pas progressivement disparu. Elle a continué a être unanimement professée jusqu'au premier jour de Vatican II. Les mêmes notes de théologie morale qui enregistrèrent les discussions volumineuses de 1966, pouvaient écrire en 1962, "depuis que la question des médicaments anovulants a été mise sur le tapis théologique il y a un peu plus de quatre ans de cela, les moralistes ont toujours été absolument unanimes que la loi naturelle ne peut permettre l'utilisation de ces stéroïdes progestatifs à des fins de contraception." Le même texte note que "le statut moral de la pilule est un dossier théologique clos".
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Pourquoi HV ne dit pas un mot de toute cette tradition ? Dans la revue Fidelity , l 'abbé Anthony Zimmerman, un prêtre officiant au Japon et un ardent défenseur de l'enseignement de l'Église, nous explique pourquoi "S. Thomas d'Aquin a été exclu de HV" :
Anthony Zimmermann a écrit : S. Thomas fonde le rejet de la contraception sur le bien commun de l'espèce humaine. Son nom n'apparait pourtant pas dans le texte de HV, sauf dans la note numéro 9 de bas de page, qui ne parle pas de son argument. Pourquoi le Vatican a t-il exclu l'argument de S. Thomas de HV ? J'ai eu une expérience une fois au Vatican qui me fait penser qu'il a été délibérément exclu ... En 1968, il n'était pas politiquement opportun d'utiliser un argument thomiste. Mentionner l'avis de S. Thomas sur la nécéssité de préservation de l'espèce humaine aurait pu avoir des conséquences secondaires déplaisantes. C'était un peu la même chose quand on était en train d'écrire le livre sur la régulation naturelle des naissances au synode des évêques de 1980, la contribution du père Gustave Martelet exprimait la crainte de la réaction du public devant l'argument de la loi naturelle tel qu'il est actuellement dans HV, et cela avait troublé plusieurs participants du synode.
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
6. Le manque de références au Magistère de l'Église

M. Isaac Newton était sans doute l'un des plus grands esprits scientifiques qui aient jamais existé, mais pourtant il reconnaissait humblement que ses avancées n'avaient été possibles que par ce qu'"il se tenait sur les épaules de géants". La même attitude a toujours été une caractéristique des actes des Papes, jusqu'à très-récemment. Chaque pape prenait grand soin de bien montrer la continuité entre son enseignement et celui de ses prédécesseurs.

Pie XI, par exemple, tout en ne négligeant aucun aspect de son patrimoine propre, faisait la part belle à son prédécesseur Léon XIII : Nous Nous attacherons, ce faisant, aux pas de Léon XIII, Notre prédécesseur d'heureuse mémoire, dont Nous faisons Nôtre et dont Nous confirmons par la présente Encyclique, l'Encyclique Arcanum sur le mariage chrétien, publiée par lui il y a cinquante ans : que si Nous Nous attachons davantage ici au point de vue des nécessités particulières de notre époque, Nous déclarons cependant que bien loin d'être tombés en désuétude, les enseignements de Léon XIII gardent leur pleine vigueur.
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
On se demande bien de quelle utilité aurait pu être à Paul VI des passages d'Arcanum tel que celui-ci : Dieu voulut, dans sa très haute providence, que ce couple fût l'origine naturelle de tous les hommes et qu'il servît à la propagation du genre humain et à sa conservation dans tous les temps par une série ininterrompue de générations. Ou ce passage de l'encyclique la plus célèbre de Léon XIII, Rerum Novarum : Aucune loi humaine ne saurait enlever d'aucune façon le droit naturel et primordial de tout homme au mariage, ni écarter la fin principale pour laquelle il a été établi par Dieu dès l'origine : "Croissez et multipliez-vous" .

C'est pourquoi HV ne mentionne pas ces textes-là. Léon XIII et Pie XI sont entièrement absents ; aucun des deux n'est nommé dans le corps même du document. Léon XIII apparaît dans une note de bas de page, au milieu d'une longue liste de sources. L'encyclique Casti Conubii de Pie XI est mentionnée dans quatre notes, et à chaque fois dans une liste plus ou moins longue incluant toujours des écrits d'un autre pape. Il n'y a pas une seule citation directe.
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John Galvin traduit par le chartreux a écrit :
Au lieu de cela, il y a au début de HV un long développement notant que l'évolution récente de la société a entraîné des mutations telles que de nouvelles questions se sont posées, On assiste aussi à un changement, tant dans la façon de considérer la personne de la femme et sa place dans la société que dans la valeur à attribuer à l'amour conjugal dans le mariage, l'homme a accompli d'étonnants progrès dans la maîtrise et l'organisation rationnelle des forces de la nature, et De telles questions exigeaient du Magistère de l'Eglise une réflexion nouvelle et approfondie sur les principes de la doctrine morale du mariage. Ainsi HV commence par énoncer des généralités vagues permettant d'invalider l'applicabilité de toutes les déclarations papales antérieures.

Contrairement à ses prédécesseurs, Pie XII apparaît deux fois dans l'encyclique même, et plusieurs fois dans les notes de bas de page. Mais quand on y regarde de plus près, on constate que son point de vue n'est pas representé. Voici un passage du discours aux sages-femmes italiennes qui montre combien les approches de HV et de Pie XII sont radicalement différentes :
Pie XII, Discours aux sages-femmes a écrit : Le contrat matrimonial qui accorde aux époux le droit de satisfaire l'inclination de la nature, les établit en un état de vie, l'état conjugal. Or, aux époux qui en font usage, avec l'acte spécifique de leur état, la nature et le Créateur imposent la fonction de pourvoir à la conservation du genre humain. Telle est la prestation caractéristique qui fait la valeur propre de leur état, le bonum prolis. L'individu et la société, le peuple et l'Etat, l'Eglise elle-même, dépendent pour leur existence, dans l'ordre établi par Dieu, du mariage fécond.

Par suite, embrasser l'état du mariage, user constamment de la faculté qui lui est propre et qui n'est licite que dans ses limites et, d'autre part, se soustraire toujours et délibérément, sans un motif grave, à son devoir principal, sera un péché contre le sens même de la vie conjugale.
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