LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Une attribution si téméraire de ce qui
appartient à Dieu, ne s'arrête pas seulement
aux jeunes gens dont nous parlons, les filles
ont la même destinée; on en fait le choix
pour le cloître : et si l'on a assez de crédit,
on travaillera à les faire abbesses; ce qui
est, dit un concile de Paris, si on n'y apporte
pas toutes les précautions nécessaires, une
fosse ou un abîme où on les précipite.
C'est
pourquoi le second concile de Châlons, et
un concile de Mayence ordonnent qu'on n'élira
que des abbesses d'une grande religion
et sainteté, qui servent de guides par leurs
bons exemples en toutes choses, et même à
l'extérieur dans leurs habits, aux religieuses
qni leur sont sujettes, pour les conduire au
royaume du ciel.
Cet ordre de ces conciles
à l'égard des habits, nous donne lieu en
passant de remarquer un abus ordinaire au
sujet des habits, lorsqu'on reçoit les filles à
leur entrée. Le quatrième concile de Carthage
veut qu'on la présente à l'évêque avec
des vêtements qui conviennent à la vie
qu'elle doit mener :
mais l'abus est si grand
dans cette occasion que l'on présente quelquefois
les filles non-seulement parées excessivement,
et d'une manière indigne de
chrétiennes, mais encore la gorge et les bras
découverts; et quelquefois elles sont habillées
de la sorte par les religieuses, qui emploieront
avec elles beaucoup de temps à
les parer de la sorte, leur remplissant l'esprit
et l'imagination des vanités honteuses
du siècle,
au lieu de les préparer à l'action
sainte qu'elles vont faire par l'oraison, le recueillement,
et une profonde méditation
de la grandeur de la majesté infinie de Dieu,
à laquelle elles vont s'offrir.



Après tout, que ceux qui entrent dans un
état de vie, que ceux qui y font entrer,
fassent une sérieuse réflexion sur ce que
nous avons rapporté de l'Apôtre : Que Jésus-
Christ ne s'est pas glorifié lui-même
pour être pontife, mais qu'il a été glorifié
par son Père. (Hebr. V, 5.)
Cependant y a-t-
il jamais eu, et y peut-il avoir jamais
quelqu'un qui ait plus de divines qualités
pour être pontife ? avec cela néanmoins il
faut qu'il reçoive l'ordre de son Père; et
de viles créatures , de chétifs néants ne
voudront pas l'attendre. On s'appropriera
ce qui appartient à un Dieu. On voudra ,
par une élévation damnable, se rendre les
maîtres du choix du genre de vie, ou pour
soi, ou pour les autres : en cela semblables
à ceux dont parle le Prophète-Roi , qui disent
: Qui dominera sur nous ?



On fait entrer dans le clergé ou le cloître
ceux que Dieu n'y appelle pas, et on empêche
d'y entrer ceux que Dieu y appelle.
La créature
se regarde et ses propres intérêts : elle
a ses vues de l'établissement d'une famille;
elle cherche sa satisfaction , elle se consulte ,
et des gens qui agissent par le même esprit,

et on ne consulte point Dieu ; on ne fait point
d'attention à sa gloire, on ne s'attache point
à sa divine volonté,
ou ceux qui ont quelques
sentiments de piété tâchent inutilement
de la faire servir à ce qu'ils veulent. Ils
veulent que Dieu s'assujettisse à ce qu'ils
veulent. De la sorte, ou l'on s'oppose à la
vocation soit à l'état ecclésiastique, soit à la
vie religieuse, ou l'on retarde, ou à peine
peut-on se résoudre à y consentir; et quelquefois
les personnes appelées, succombant
à tous ces obstacles, perdent leur vocation,
embrassent un état où Dieu ne les met pas :
ce qui attire de grands malheurs, non-seulement
pour l'autre vie, mais pour la vie présente.

A cela les personnes qui ont l'esprit
du siècle demandent si on ne peut pas se
sauver dans le monde; mais elles ne voient
pas qu'étant dans un état hors de l'ordre de
Dieu, il n'y donne pas les grâces qu'il aurait
accordées abondamment , et qu'il y est très-aisé
de se perdre et très-difficile de s'y sauver.
De plus, pensent-elles que ce soit peu
de choses de résister à un Dieu, de laisser
ses desseins pour exécuter ce que désire et
ce qui plaît à la chétive créature.



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Message par InHocSignoVinces »

C'est de la manière dont le monde se règle.
On se conduit et l'on agit par des motifs humains.

Continuons à soupirer inconsolablement
sur le malheur des ténèbres de ce
monde misérable. On ne remarque en tout
son procédé que des vues de la créature.
Ah ! qu'il est vrai que Dieu est peu considéré !

Les saints conciles ordonnent que l'on donnera
les bénéfices à ceux qui en sont les
plus dignes , à ceux dont l'on doit attendre ,
avec un vrai fondement, qu'ils en feront
usage pour la plus grande gloire de Dieu;
qu'ils en emploieront les revenus, après en
avoir pris le nécessaire , à la nourriture des
pauvres et à d'autres oeuvres de piété; qui
s'acquitteront parfaitement de toutes les
charges; qu'ils entreront dans l'amour et le
zèle de Jesus-Christ pour le salut des âmes.

Ainsi il les faut donner à ceux qui ont un
véritable amour de Dieu ;
non pas aux plus
savants qui n'ont pas beaucoup de l'amour
divin.
C'est la remarque de saint Jean Chrysostome,
sur ces paroles du Fils de Dieu à
saint Pierre, lorsqu'il lui veut donner le
gouvernement des âmes : Pierre, m'aimez-vous ?
ce qu'il lui répète par trois fois. Il lui
demande uniquement le divin amour; c'est
parce que jamais celui qui aime véritablement
Dieu n'entreprendra rien sans toutes
les qualités nécessaires de science, de prudence
chrétienne et de tout ce qui est propre
à son état.



Malheur sur malheur à tous les patrons,
nominateurs ou collateurs des bénéfices, qui
ont des considérations de parenté, de services,
de respects humains. Un grand cardinal
a dit, avec bien de la justice, qu'il était
convaincu que l'on se damnait si l'on nommait
aux bénéfices en considération des
amis, à la recommandation, à la sollicitation.

C'est une chose très-digne d'être considérée,
et qui a été remarquée par un serviteur
de Dieu , que tout le collège des apôtres
n'osa pas nommer un successeur à Judas,
pas même l'un des deux saints qu'ils
connaissaient très-dignes; que la très-glorieuse
Vierge, toute pleine de divines lumières,
ne voulut pas s'en mêler, disant aux
apôtres ses sentiments. Les communautés
qui donnent les bénéfices aux fils de leurs
avocats, de leurs procureurs, à la simple recommandation
de leurs juges ou des personnes
dont elles ont besoin, doivent bien
faire réflexion sur cet exemple.
L'angélique
docteur estimait même que l'on est indigne
d'un bénéfice dès lors qu'on le demande ou
qu'on le fait demander. Enfin, donner les bénéfices
à ceux qui n'y entrent pas par la
porte, par Jésus-Christ, c'est les donner à
des voleurs, selon la doctrine de cet adorable
Sauveur.



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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Comment donc les rendre, pour ainsi
dire, héréditaires ? Comment travailler à ne
les pas laisser sortir des familles ? Saint Pierre
Damien,
parlant de ceux qui ont fondé des
bénéfices, à condition que leurs descendants
les posséderaient, dit qu'ils font comme une
échelle par où toute leur postérité est en
grand danger d'aller en enfer, et il rapporte
une vision terrible sur ce sujet, dans laquelle
on vit une échelle qui s'enfonçait
dans l'enfer à mesure que les descendants
du fondateur s'asseyaient sur ses échelons,
jusqu'au dernier de la lignée, après quoi on
ne la voyait plus, étant tout abîmée.



C'est encore un effet des ténèbres du
monde, que la translation des bénéfices sans
des causes évidentes de la gloire de Dieu.
Néanmoins c'est ce qui est très-ordinaire;
tous les jours on y voit des curés, et autres
bénéficiers, qui permutent, et, ce qui est
déplorable, souvent dans la pure vue du revenu
ou de quelque autre commodité temporelle.
Ainsi on demande communément,
quand il s'agit de permuter avec un autre
bénéfice, combien vaut-il ? et quelquefois,
après cela, si le revenu est considérable, le
changement est bientôt fait, quoique avec
des personnes indignes, et, en de certaines
occasions, qu'ils quittent pour leur mauvaise
conduite. Pour lors ne peut-on pas
leur attribuer ces paroles de Judas, dans la
trahison du Sauveur du monde : Que voulez vous
me donner, et je vous le mettrai entre
les mains ? Les translations des bénétices
sont défendues par le concile général de
Constance et celui de Latran, sous Léon X,
sans une évidente nécessité.



Au reste, que tous les patrons des bénéfices
cherchant des excuses dans leurs péchés,
ne se trompent en disant qu'ils présentent à
l'évêque ceux qu'ils nomment, et que c'est
son affaire de voir s'ils sont dignes ; car l'évêque,
en examinant la doctrine, ne peut
pas leur donner l'amour de Dieu , le zèle de
sa divine gloire et les autres qualités nécessaires.



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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Malheur donc au monde dans ses ténèbres
et même à l'égard des choses saintes, et il
est si extrême qu'il se rencontre encore dans
ce qui peut servir de remède aux désordres,
comme dans la prédication de la parole de
Dieu, que plusieurs font servir par un renversement
de tout ordre aux choses temporelles.
On a écrit que quelquefois, au lieu
de donner aux chaires des prédicateurs, on
donnait aux prédicateurs des chaires :
qu'au
lieu de faire manger le prédicateur afin qu'il
prêche, le prédicateur prêche pour manger,

estimant moins Jésus-Christ que son ventre.
On a écrit que, lorsque l'on donnait une
chaire à une communauté, cest lui donner du
temporel et non pas donner un prédicateur
à l'Eglise. Ordinairement on sollicite pour
avoir des chaires et pour soi et pour les autres.
Souvent elles se donnent aux recommandations.

C'est de la sorte que l'intérêt de Dieu est traité;
et c'est la cause du peu de fruit que l'on voit
dans les stations de l'avent et du carême.



C'est d'où vient la différence que l'on remarque
dans ce qu'on appelle missions et
ces stations.
On voit dans les missions les
pécheurs qui se convertissent, des restitutions
qui se font du bien d'autrui, les ennemis
se réconcilier, les personnes scandaleuses
renoncer aux occasions du péché,
des confessions générales pour remédier aux
abus de la vie passée.
Mais que voit-on dans
les stations de l'Avent et du carême ? Nous
parlons de ce qui arrive communément.
La
cause d'une si grande différence vient de ce
que les missionnaires n'annoncent point la
parole de Dieu par des vues temporelles : ils
n'ont en vue que la gloire de Dieu, et Dieu
répand ses bénédictions abondamment dans
leurs missions.



Il ne faut pas dire que c'est la multitude
des missionnaires qui causent les bénédictions
que l'on remarque dans les missions.

Nous avons connu un religieux de la Compagnie
de Jésus, homme de Dieu, qui prêchant
le carême dans une cathédrale, les coeurs
furent si vivement touchés qu'il y eut quatre
mille personnes qui firent des confessions
générales.
Mais les apôtres, qui souvent
allaient seuls, n'ont-ils pas converti l'univers ?



Certainement, c'est qu'ils étaient pleins
du Saint-Esprit.
Grand nombre de prédicateurs
font peu de chose, parce qu'ils ont peu
de cet Esprit divin, et beaucoup de l'esprit
de l'homme; et dans le sentiment de saint
Bernard, ces prédicateurs sont d'autant pires
que leurs talents extérieurs les relèvent, la
science, l'éloquence et les autres agréments
naturels.
Un homme d'oraison, de mortification,
désintéressé, qui ne cherche que Dieu
seul, qui ne se regarde point dans un entier
oubli de soi-même, est propre pour prêcher
les vérités d'un Evangile qui n'enseigne que
le renoncement à toutes choses, l'amour de
la croix, l'imitation d'un Homme-Dieu crucifié.



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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Il y en a qui semblent vendre la parole de
Dieu, qui l'altèrent, dit le grand Apôtre;
et cet Apôtre
plein de foi et du Saint-Esprit ne laisse pas d'exhorter
les Colossiens de prier Dieu pour lui, afin qu'il publie
l'Evangile en la manière dont il en doit parler. Et
cet Apôtre, après avoir reçu son apostolat
de la propre bouche du Fils dé Dieu, ne laisse
pas d'aller en Jérusalem, et cela par la révélation
de Dieu, afin de conférer avec les autres apôtres
qui y étaient, saint Pierre, saint Jean et saint Jacques,
de l'Evangile qu'il annonçait, de peur, dit-il, que toute
sa course passée, et celle de l'avenir ne fussent vaines.

Saint Bernard déplore ici la témérité des
prédicateurs qui se mettent si peu en peine
de leurs fonctions apostoliques, pendant que
le miracle des prédicateurs est dans la crainte et le tremblement.



Malheur au monde dans ses ténèbres,
puisqu'il traite la majesté infinie d'un
Dieu avec moins de respect que de
viles créatures pour lesquelles on a quelque
considération. La négligence des églises et
des chapelles n'est-elle pas une preuve
convaincante de cette vérité ? Les personnes de
qualité ont-elles autant de soin d'orner, de
parer, de tapisser les églises et leurs chapelles,
comme elles en ont de leurs chambres ?

Nous avons gémi dans plusieurs des livres que
la divine Providence nous a fait donner au public
sur un aveuglement si terrible, particulièrement
à l'égard des chapelles domestiques. C'est le lieu
saint de la maison, où celui devant qui les puissances
des cieux tremblent, celui qui est le Roi de
la gloire, devant qui tous les monarques ne
sont qu'un peu de poussière et de cendre,
est reçu, et qu'il veut bien visiter dans les excès
de ses miséricordes incompréhensibles.
Après cette vérité peut-on concevoir que ce ne
soit pas le lieu le plus propre et le mieux
orné ? Pourrait-on jamais s'imaginer que de
chétives créatures eussent la préférence sur
un Dieu dans leur logement, si l'expérience ne
laissait pas lieu d'en douter ?
Oh ! quelle
différence entre les ameublements des chambres
et les ornements qui servent à ces chapelles,
entre le beau linge que l'on fait servir à de chétifs
néants et les napes, les aubes destinées au service
du grand Dieu des éternités ! entre les chandeliers
et la vaisselle d'argent que l'on voit sur les tables,
et les chandeliers et les vases qui sont pour le saint Autel !
oserait-on le dire, les demoiselles suivantes, les valets
de chambre, les laquais seront vêtus plus proprement, auront
des habits en meilleur état, que les ornements de la maison
de Dieu. Mais ce qui passe toute pensée, est de voir le même
désordre, et quelquefois beaucoup plus grand, dans des chapelles
qui dépendent de gros bénéficiers. Nous en avons vu de honteusement
profanées servant aux receveurs ou fermiers à y retirer du grain,
ou à y mettre du foin et des choses pareilles. Feu M. Bourdoise
dont la mémoire est en bénédiction, assez connu pour son rare
zèle à l'égard de toutes les choses ecclésiastiques, disait, que
s'il venait quelqu'un des pays étrangers, et qu'il vit ces églises
et chapelles mal propres et la maison des bénéficiers ou seigneurs
belle, il dirait que les maîtres de la maison seraient des honnêtes gens,
et celui des églises et des chapelles un coquin.



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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Malheur au monde dans ses ténèbres ! car semblable aux idoles des païens, il a des yeux
et ne voit point.
On apprend à tous les Chrétiens dès leur enfance la présence de Dieu
en toutes choses ; et si on en interroge, on répond aussitôt que Dieu est présent partout.
Il est donc vrai qu'il est présent partout, et que partout il est ce qu'il est. La divine Providence
nous en a fait donner un petit livre au public. Il est avec autant de majesté et de grandeur dans une goutte
d'eau qu'il est dans le ciel. Il est dans cette majesté incompréhensible dans nos maisons,
dans nos chambres, dans les villes, dans les campagnes et en toutes sortes de lieux, et il y est plus
que nous n'y sommes :
et néanmoins on y pense aussi peu que s'il était très-éloigné de nous.
Une présence si intime n'occupe point, n'imprime pas le respect que la moindre personne considérable
donnerait, on ne l'entretient point, on ne la regarde pas même.



Malheur au monde dans ses ténèbres, puisque Dieu veillant continuellement et sans l'interruption d'un seul moment par son aimable providence, sur tout ce qui se passe dans l'univers, sur tous nos besoins en particulier, et de telle manière qu'un seul cheveu ne tombe point de nos têtes sans sa divine conduite, prenant soin généralement, et sans la moindre réserve de tout ce qui nous regarde; les hommes ni ne font attention à une providence si douce et si universelle, ne voyant que les causes secondes, ni ne se confient à ses soins divins, mettant tout leur appui sur les moyens humains, comme si Dieu demeurait dans le ciel, sans se soucier de ce qui se passe en terre !


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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

Malheur au monde dans ses ténèbres, car il vit, dit saint Augustin, comme s'il n'avait point de foi, s'arrêtant seulement à ce que ses yeux de chair lui font voir, ne se conduisant que par les sens ! Ainsi, il ne faut pas s'étonner si la présence de Dieu, quoique très-intime, n'en est pas connue, puisque Dieu est un pur esprit. C'est pour la même raison que les esprits célestes qu'il donne par une providence qui ne se peut expliquer, dans le sentiment de l'Eglise pour gouverner les hommes par des soins si assidus et si charitables, en sont oubliés avec tant d'ingratitude. Toute la terre est pleine d'anges, quand il n'y aurait que les anges gardiens des hommes. On en rencontre donc autant qu'il s'en trouve dans les villes et les campagnes. Nos yeux de chair nous découvrent toutes les créatures visibles. Notre foi demeure presque inutile à l'égard de ces aimables esprits. Qui pense à converser avec eux, comme les saints Pères nous y exhortent, à les remercier avec la reconnaissance qui leur est due pour tant de bienfaits si obligeants, à avoir recours à eux dans les besoins, à s'appliquer à eux de temps en temps, à eux qui pensent sans cesse à nous.


Malheur au monde dans ses ténèbres, car y ayant marché durant toute sa vie, il y meurt encore misérablement. N'ayant point
aimé véritablement Dieu en la vie, il meurt sans l'amour en la mort. N'en est-ce pas une preuve très-sensible, de l'entendre parler
comme il fait. Si on l'exhorte à se confesser, à recevoir les sacrements, il dit sans difficulté qu'il n'est pas encore temps, qu'il
n'est pas assez malade, comme s'il y avait des temps dans la plus parfaite santé où l'on ne dût pas se réconcilier avec Dieu; comme
s'il n'y avait que la nécessité indispensable de la mort qui dût y obliger.
O grandeur infinie de Dieu, qu'il est vrai que le monde ni ne vous connaît, ni ne vous aime ! Si l'on apprenait aux malades que quelque monarque voulût leur faire l'honneur de leur rendre une visite, diraient-ils qu'ils ne sont pas encore assez malades ? Et voilà que le grand Dieu des éternités veut bien leur faire la grâce de les visiter, et, ce qui est incompréhensible, de se donner en nourriture, et ils crient qu'il n'est pas temps. Les prélats assemblés dans le grand concile de Latran, et il y en avait plus de mille, ordonnent, sous peine d'excommunication, aux médecins, d'avertir leurs malades, avant que de rien ordonner pour la santé du corps, d'appeler les médecins de l'âme, les prêtres. Et comment pouvoir négliger le soin des âmes, dont il n'y en a pas une seule qui ne soit d'un prix infini, pendant que l'on donne tant de soins à un malheureux corps qui doit mourir ?


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Re: LE MALHEUR DU MONDE, par Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux

Message par InHocSignoVinces »

*Nota: Doy por terminada la publicación de este estupendo dossier a pesar de no estar acabado debido a la priorización de otras publicaciones pendientes. Ruego paciencia y comprensión a los amables lectores.
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