Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

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Abbé Zins
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Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



Introduction :

93. Selon la méthode d'enseignement et le procédé d'explication de Saint Thomas d'Aquin dans les articles de sa Somme Théologique, et comme nous l'avons déjà fait pour la question du doute de Saint Joseph (cf. S.T.P. n° 4 p. 13 à 20), nous exposerons dans cet article : d'abord les objections à la vérité que nous nous proposons de mettre ici en lumière, puis nous indiquerons la juste et bonne réponse à la question posée dans le titre, avant de répondre aux objections.


94. Etant donné la nature de ces objections, il nous paraît important vis-à-vis d'un certain nombre de nos lecteurs de préciser ceci : la plupart des arguments employés dans ces objections sont justes en eux-mêmes, et c'est ce qui fait leur valeur, leur intérêt, et leur force a priori.

Souvent, ce qui s'y trouve erroné, c'est simplement l'application qui en est faite dans la conclusion ; parfois, l'erreur repose uniquement sur l'insinuation sous-jacente à l'ensemble du contexte et à la connexion de ces objections entre elles.

Ce qui fait la grande force de certaines d'entre elles, c'est le préjugé général de l'ensemble des milieux dits traditionalistes qui va dans leur sens et prédispose de ce fait nombre de lecteurs de ces milieux à les admettre sans guère réfléchir, ou à correspondre aussitôt de façon favorable aux applications erronées ou aux insinuations qui y sont faites.

Ce préjugé général repose sur une erreur fondamentale contre laquelle s'élève l'ensemble de ce double numéro spécial, et s'appuie sur la méconnaissance, l'ignorance ou la non considération de plusieurs distinctions élémentaires et capitales que cet article a pour but de rappeler.

C'est en cela que les objections et les réponses qui y sont faites s'avèrent fort utiles ; car, comme nous l'avons exposé brièvement dans l'avant-propos (n° 11.), il s'agit de ne tomber ni dans un excès ni dans son opposé, concernant le délicat sujet traité.


95. Bien loin, donc, d'avoir un a priori défavorable à l'encontre des objections indiquées, du fait qu'elles sont des objections, que nos lecteurs y appliquent au contraire leur attention et leur réflexion : d'une part, parce qu'ils apprécieront et comprendront davantage les réponses données s'ils ont d'abord cherché à trouver par eux-mêmes la bonne et juste solution des objections (ce qui n'est pas le moindre des avantages de cette méthode d'enseignement) ; d'autre part, parce que certaines des précisions et distinctions justes et enrichissantes qui sont contenues dans ces objections sont simplement concédées et non répétées dans les réponses données, où se trouve seulement réfuté ce qu'il y a de faux ou d'erroné dans chacune.

C'est pour cette raison que l'exposé des objections et des réponses données se trouve être beaucoup plus étendu que celui du corps même de la réponse juste donnée à la question posée dans le titre.

Précisons enfin que la plupart des objections ont été composées par nous, en dehors de quelques-unes tirées en substance du n° 16 de "La Voie" et que nous mentionnons à chaque fois comme telles. Nous avons cependant donné à ces dernières une forme plus scolastique, et les avons parfois augmentées d'un complément d'arguments.

Nous conseillons à nos lecteurs de lire cet article dans sa suite chronologique, en ne lisant les réponses aux objections qu'après avoir lu le corps même de la réponse à la question posée dans le titre. Car en procédant ainsi, ils apprécieront et comprendront davantage les réponses données, qui ne font de plus que préciser le corps de la réponse, tandis que l'ensemble des objections sert à mieux poser et situer le problème dans toutes ses nuances.

En outre, la suite logique et progressive des objections fait acheminer peu à peu la pensée du lecteur d'une vue particulière, restreinte et bornée de la question vers une vue générale et complète, d'une motivation imparfaite de nos rapports avec Dieu vers une motivation parfaite.

Une fois arrivé à la réponse aux objections, le mieux est alors de relire rapidement chaque objection avant la lecture de chacune des réponses.


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OBJECTIONS :


96. 1/ Il semble que le salut soit la fin suprême de l'homme. En effet, « que sert à l'homme de gagner l'univers s'il perd son âme ? » (Mt. 16,26 ; Mc. 8,36 ; Lc. 9,25 ; cf. aussi D.B. 2273)


97. 2/ C'est ce qu'exprime clairement Saint Ignace de Loyola dans le très célèbre "Principe et Fondement" de ses Exercices Spirituels tant loués par les Papes : "L'homme a été créé pour louer, honorer et servir Dieu, et, par ce moyen, sauver son âme." Donc la fin principale de l'homme est de sauver son âme, et le moyen pour y parvenir consiste à louer, honorer et servir Dieu.


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OBJECTIONS :


98. 3/ Du reste, comme l'explique très bien S. Jean Chrysostome (hom. 1 in Eph.) : « Pourquoi Dieu veut-il être loué et glorifié par nous ? Pour qu'on le loue ? Pour qu'on le glorifie ? Et à quoi bon ? A rien, car rien ne manque à Dieu. Pourquoi donc ? C'est afin que notre amour pour lui devienne plus ardent. Il ne désire rien de nous, si ce n'est notre salut ; ni service, ni gloire, ni quoi que ce soit ; en toutes choses, c'est notre salut seul qu'il a en vue.» Conformément à cette pensée du saint Roi-Prophète David : « Quoniam bonorum meorum non eges » (Ps. 15,2).

« Car Dieu n'a pas besoin des louanges des hommes : « Je ne tire point ma gloire des hommes » (Jn. 5,41).» (S. J. Chrys. hom. 2 in Tite)


« L'honneur que Dieu nous fait nous touche,tandis que celui que nous lui rendons ne l'atteint pas,car il n'a pas besoin de ce qui vient de nous, alors que nous avons besoin de ses faveurs. En sorte que lui rendre gloire, c'est travailler à notre élévation... Celui qui vénère Dieu et lui rend honneur, se sauve lui-même et se procure le plus grand des biens. Comment ? Parce qu'il suit la voie de la vertu et est glorifié par Dieu même : « Ceux qui me glorifient, je les glorifierai.» (I Rois 2,30).» (S. J. Chrys. hom. 4 in I Tim. 1,17)

Puis donc que Dieu ne saurait jouir de l'honneur que nous Lui rendons, cela confirme que louer et glorifier Dieu n'est qu'un moyen en vue d'obtenir notre salut. Ce en quoi nous imiterons Dieu, puisque S. J. Chrysostome (in Ps. 113,9) dit encore : « Dieu ne se soucie pas tant de sa gloire que de notre salut.»


De là résulte également que prétendre honorer Dieu purement gratuitement n'est qu'un leurre qui ne peut être que le fruit de l'ignorance ou d'un aveuglement dû à l'orgueil.


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99. 4/ C'est ce que confirme bien ce que dit saint Thomas (Contra Gentes 3,1) :

« La fin ultime de quiconque agit, en tant qu'il agit, est lui-même. En effet, nous employons les actes accomplis par nous pour nous ; et si un homme fait parfois quelque chose pour un autre, il réfère cela à son propre bien : utile, délectable, ou honnête.»

D'où aussi ce que dit saint Augustin (De trin. 135 n° 8) : « Il est vrai que tous les hommes veulent être heureux et le désirent d'un amour très ardent, et désirent tout le reste pour cela.» Il n'est donc pas étonnant que S. Thomas (1.2. 8, S.C.) en arrive à dire : « La fin ultime de l'homme est la béatitude que tous désirent, comme le dit S. Augustin (Cité de Dieu 19,1 et 13 ; De Trin. ch. 4).»

Or la recherche du salut n'est pas autre chose que la recherche de la béatitude. Ce qui confirme une fois de plus que le salut est la fin ultime de l'homme. D'où ce que dit encore S. Augustin : « La fin de notre bien est le souverain bien » (C.D.19,1), en précisant plus loin (19,4) : « La vie éternelle est le souverain bien.»



100. 5/ Que le salut, autrement dit l'obtention de la vie éternelle, soit la fin suprême à laquelle l'homme doit tendre, l'Eglise l'enseigne explicitement par le rite du Baptême en lequel Elle nous apprend ce que nous devons désirer et demander à Dieu dés le début de notre vie chrétienne :

« - Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu ?

- La foi.

- Que vous procure la foi ?

- La vie éternelle.

- Si donc vous voulez entrer dans la vie, observez les Commandements : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.»

Par conséquent, la fin suprême de l'homme est bien le salut, comme le disent expressément saint Pierre : « reportez la fin de votre foi au salut de vos âmes » (I Petr. 1,10), et saint Paul : « Vous avez pour fin la vie éternelle » (Rom. 6,22), et le moyen de l'obtenir est bien l'amour de Dieu et du prochain.



101. 6/ Le salut n'est en effet rien d'autre que l'entrée en possession de la vie éternelle, comme le démontre S. Thomas (cf. n° 49). Or le Docteur Angélique montre aussi (ibid.) que Dieu a créé l'homme pour la vie éternelle. Ce qui est une preuve de plus que le salut est la fin suprême.


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102. 7/ C'est du reste le but même que Dieu nous a assigné, conformément à cette parole de saint Paul : « Votre sanctification est la volonté de Dieu » (I Thes. 4,3). Or le lien entre la sanctification et le salut est rendu évident par cette autre parole de saint Paul : « Recherchez la sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (Hb. 12,14).

Qui plus est, et nous touchons là à un argument décisif et péremptoire puisqu'il s'agit d'un des articles mêmes du Credo, c'est la fin principale que Dieu a assignée à l'Incarnation Elle-même du Verbe de Dieu : « Propter nos homines, et propter nostram salutem, descendit de coelis : et incarnatus est ».

Passage auquel l'Eglise attache une telle importance dans la Liturgie, qu'Elle nous y prescrit de faire une génuflexion en prononçant ces paroles ; ce qui est aussi le cas pour les paroles semblables du "Te Deum" : « C'est pourquoi, nous vous en supplions, venez au secours de vos serviteurs que vous avez rachetés par votre précieux sang ».

Cette fin principale de l'Incarnation a d'ailleurs été démontrée dans "Consummatum Est" I n° 237-243, p.179-182.

Il y a donc un lien très profond entre l'Incarnation et la fin suprême de l'homme qu'est le salut ; ce qui va apparaître davantage encore plus loin (cf. n° 111-112).


103. 8/ Cette fin suprême de l'homme, objet d'un article du Credo, est bien résumée par la formule lapidaire de cet adage : "Le salut des âmes est la loi suprême".

Il est donc scandaleux que certains, qui se veulent pourtant catholiques, puissent avoir le toupet de le contredire et de le remettre en cause, jusqu'à avoir l'audace d'affirmer qu'il ne s'agit point là d'un principe catholique mais d 'un vieil adage romain : Salus populi, suprema lex, que l'on a christianisé pour les besoins de la cause (cf. "La Voie" n° 16 p. 48 ; et notre tract sur les sacres, note 1).


104. 9/ Ces "contradicteurs" et "contempteurs" de la vérité autant que de la charité (cf. La Voie n° 16 p.48-49), feraient bien de méditer ces paroles du Pape saint Grégoire (hom. 12 in Ez.) : « Nul sacrifice n'est plus agréable à Dieu que le zèle pour les âmes.» (cf. aussi Mc. 12,33), et celles-ci de saint Paul : « Je supporte tout pour les élus, afin qu'eux aussi aient le salut, qui est dans le Christ-Jésus, avec la gloire céleste » (II Tim. 2,10).


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105. 10/ En outre, puisque le salut des âmes est la loi suprême, comme la loi suprême est énoncée dans le premier Commandement de Dieu qui concerne l'amour de Dieu et du prochain, cela implique que l'amour de Dieu et du prochain ne fait qu'un avec le salut des âmes (cf. La Voie n° 16 p. 52).


106. 11/ En effet, saint Paul (Rom. 13,8-10) ramène le plein accomplissement de la loi, et donc la loi suprême, à l'amour du prochain, et non à l'amour de Dieu qui est pourtant le premier Commandement.

Ce qui peut paraître surprenant a priori, mais s'explique très bien par ces paroles de l'Apôtre que Jésus aimait : « Si quelqu'un dit : j'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur » (I Jn. 4,20).

C'est pourquoi le Pape saint Léon dit : « L'amour envers le prochain est l'amour envers Dieu même ».


107. Il s'ensuit que l'amour porté au prochain est la preuve de l'amour que nous portons à Dieu.

Cela : 1̊) vis-à-vis de Dieu, puisque à moins de faire du bien à ceux qu'Il aime, nous ne pouvons prouver en acte à Celui qui possède tout et n'a aucun besoin de nos biens, notre amour pour Lui ; 2̊) vis-à-vis du monde (cf. Jn. 13,35).

L'observance du second Commandement est donc le fruit de l'observance du premier et lui est donc semblable : la loi suprême se ramène donc à l'amour du prochain.

Voilà pourquoi saint Augustin (De moribus Eccl. Cath. 34,73) dit que les vrais Chrétiens « savent que la charité a été tellement recommandée par le Christ et les Apôtres que si elle seule manque tout est vide ; si elle est là, tout est plein ».

D'où le fait que saint Jacques (2,8) l'appelle « la loi royale » (cf. La Voie n° 16 p. 47, 48, 52, 53).


108. 12/ Le second Commandement est en effet semblable au premier, et en un sens ne fait qu'un avec lui. Il est donc à ce titre la loi suprême.

Or nous ne pouvons pas aimer le prochain comme nous-mêmes sans vouloir pour lui comme pour nous le souverain bien qu'est Dieu, désir qui suppose l'amour de Dieu.

La loi suprême se ramène donc bien au salut des âmes : la nôtre et celle du prochain.

C'est ce que saint Paul (Gal. 5,14) exprime ainsi : « Toute la loi tient en cet unique précepte : tu aimeras ton prochain comme toi-même » (cf. La Voie n° 16 p. 46-47).


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109. 13/ Du reste, comme cela apparaît en Mt. 25,3I-46, nous serons principalement jugés sur l'accomplissement ou non des oeuvres de miséricorde spirituelle et temporelle envers le prochain. Ce qui prouve que la bienfaisance envers le prochain est ce qu'il y a de plus important et de plus élevé dans la vie de l'homme.


110. 14/ Ce qui montre bien que l'amour du prochain qui oeuvre pour le salut des âmes est la loi suprême, c'est le fait que saint Paul n'ait pas craint d'aller jusqu'à désirer pour lui l'anathème en vue du salut de ses frères (cf. Rom. 9,3). Mgr. Lefebvre ne fait donc que l'imiter en s'exposant à l'anathème (par des sacres illégitimes) pour le salut des âmes.


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111. 15/ En outre, la glorification et la louange de Dieu elles-mêmes se trouvent liées à l'oeuvre du salut.

En effet, Dieu ne saurait être loué, honoré et servi ici-bas si les hommes n'avaient pas la foi, l'espérance et la charité, et ne devenaient pas des temples du Saint-Esprit ; et de même là-haut, s'il n'y avait pas d'élus.

Or ce n'est que par l'oeuvre du salut (cf. Jn. 17,1-4) que les hommes peuvent devenir les temples du Saint-Esprit et qu'il peut y avoir au ciel des élus.

Ce n'est donc que par l'oeuvre du salut que Dieu peut être loué, honoré et servi.

Par conséquent, la louange de Dieu et sa glorification se ramènent bien, elles aussi, à l'oeuvre primordiale du salut (cf. La Voie n° 16 p. 49-51).


112. 16/ Aussi, Notre Seigneur a-t-Il glorifié son Père en accomplissant l'oeuvre qu'Il en avait reçue à faire (cf. Jn. 17,4). Or cette oeuvre est précisément celle du salut (cf. Jn. 17,1-2). La glorification de Dieu s'obtient donc bien par le salut des âmes (cf. ibid. p. 49).


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113. 17/ Par ailleurs, si désirer le salut, soit la préservation de l'enfer et la possession du Souverain Bien qu'est Dieu, pour nous et le prochain, ne se rapportait qu'à ce qu'on nomme souvent la charité imparfaite, il faudrait dire qu'en Dieu, qui désire qu'aucun ne se perde et qui veut le salut de tous les hommes (cf. Ez. 18,23 ; I Tim. 2,4 ; II Petr. 3,9), il y aurait au moins une imperfection : celle-là ?! Ce qui est absolument impossible.

Par conséquent, désirer notre salut et celui du prochain se rapporte bien à la charité dite parfaite, qui est la fin principale de l'homme et la loi suprême édictée par Dieu.


114. 18/ Du reste, saint Paul enseigne aux fidèles à oeuvrer tant avec crainte : « Opérez votre salut avec crainte et tremblement » (Phil. 2, 12 ; cf. aussi I Cor.10,12), qu'en vue de la récompense éternelle : « C'est dans l'espérance que doit labourer celui qui laboure, et celui qui moissonne, dans l'espérance d'en recevoir le fruit... Est-ce que celui qui combat ne touche aucun salaire ? Qui plante une vigne et n'en boit pas le fruit ? Qui entretient des animaux laitiers sans en boire le lait ?... Courez donc de manière à remporter le prix... pour une couronne impérissable » (I Cor. 9,10,7,24,25 ; cf. aussi Gal. 6,19 ; Col. 3, 23-24 ; Tite 2,11-13).

Et Notre divin Maître enseigne la même chose : « craignez celui qui a le pouvoir d'envoyer dans la géhenne » (Lc. 12,5) ; « réjouissez-vous et exultez, car votre récompense est grande dans les cieux » (Mt. 5,12) ; « Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2,10).


115. Et que l'on ne dise pas, là non plus, qu'ils enseignent cela seulement pour les imparfaits.

Car le Psalmiste, dont toutes les catégories de fidèles doivent s'approprier les saints sentiments, implore pour lui-même (Ps. 118,80) et nous fait donc implorer à tous et chacun dans l'Office divin, cette grâce : « Rendez mon coeur pur dans l'accomplissement de vos préceptes afin que je ne sois pas confondu ».

Ce que saint Robert et saint Jérôme (ibid.) commentent respectivement ainsi : « afin que je ne craigne point l'opprobre de la confusion dans le Jugement futur ».

« Coeur est employé ici pour âme. Comme s'il disait : Faites que mon âme soit sans péché mortel..., afin que je n'aie point à subir l'éternelle confusion ».

Et le Psalmiste peu après (v. 112) : « J'ai incliné mon coeur à accomplir vos préceptes à cause de la récompense », « de la vie éternelle, afin que je mérite de l'obtenir » (S. Jer. in Ps. 118,112).

« J'ai humilié mon coeur pour accomplir de plus en plus vos préceptes, en raison de la récompense éternelle.» (S. Bruno ibid.)

« Cette récompense est le Royaume des Cieux et l'habitation du Paradis... Celui qui espère du Christ la récompense des bonnes oeuvres et s'empresse vers lui, incline son coeur à accomplir les préceptes du Christ.» (Saint Ambroise ibid.)


116. « La cause d'une telle délectation dans l'accomplissement de la loi de Dieu est la récompense très abondante que l'observance de cette loi porte avec elle.

« J'ai incliné mon coeur à accomplir vos préceptes », en d'autres termes, tandis que la loi du péché m'attirait d'un côté et votre loi de l'autre, j'ai fait pencher mon coeur, comme le plateau d'une balance, à observer votre loi, parce que j'ai considéré que le salaire de la loi du péché est la mort éternelle, et le salaire de votre loi la vie éternelle.» (S. Robert in Ps. 118,112)


117. On a de plus deux beaux modèles de ces sentiments chez des âmes très parfaites, puisque saint Paul (Hb. 11,26) dit de Moise qu'il « regardait vers la récompense ».

Le saint Apôtre disant aussi à son propre sujet : « Moi, je cours donc... de manière à ce que je ne sois pas réprouvé » (I Cor. 9,26,27) ; « Désormais m'est réservée la couronne de justice que m'accordera le juste juge » (II Tim. 4,7).

Or il n'est point douteux que tant Moïse que saint Paul soient des exemples achevés de la pratique de la charité (dite parfaite).

Par conséquent, la crainte des châtiments de l'enfer et le désir des récompenses du ciel se rattachent non à un amour imparfait, mais à la charité, et, par elle, à la fin suprême.


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118. 19/ Il n'est donc pas étonnant que le Catéchisme du Concile de Trente (ch. 13) enseigne explicitement :

« Les fidèles doivent sans cesse avoir devant les yeux cette félicité si pleine et si complète de la récompense de la vie éternelle, et en faire le but et la fin de tous leurs désirs ».

Or comme le désir des récompenses du Ciel se rattache au désir du salut, on doit donc bien faire du salut le but et la fin de toutes nos pensées et de tous nos désirs.

C'est aussi ce qu'enseigne non moins explicitement saint Thomas (in Rom. 6,22) :

« La vie éternelle est la fin des justes eux-mêmes qui font toutes choses pour avoir la vie éternelle : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu...» (Mt. 6,33).

C'est aussi la fin de leurs oeuvres qui, étant faites par obéissance envers Dieu et par imitation de Dieu, méritent la vie éternelle (cf. Jn. 10,27-28).»

D'où ces paroles de saint Pierre :

« C'est pourquoi appliquez-vous d'autant plus à opérer par vos bonnes oeuvres votre vocation et votre élection..., car ainsi vous vous ménagez avec abondance l'entrée dans le royaume éternel » (II Petr. 1,10-11).


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