Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C4, A, §72 traduit par le chartreux a écrit :
CHAPITRE 4. LES ATTRIBUTS AFFIRMATIFS DE DIEU.

A. ATTRIBUTS INTRINSÈQUES

Section 72. L'unité absolue de Dieu.

I. Dieu, en raison de la simplicité parfaite de sa Substance et de son Être, est Un d'une manière suprême et unique : maxime unus dit S. Thomas et Unissimus dit S. Bernard. Il est Celui qui est Un avant tout ; c'est-à-dire qu'Il n'est pas fait un, mais il est éminemment un par Son essence propre, incomparablement plus un que tout ce qui est en dessous de Lui. Cette unité de Dieu possède une excellence particulière du fait qu'elle est à la fois infiniment exhaustive, et d'un autre côté parfaitement immuable et toujours la même. C'est pourquoi les Pères disent de Dieu qu'Il est non seulement un, mais qu'Il est l'Unité même, Ipsa Unitas, ένάς μονάς.

II. En vertu de la perfection absolue de Son unité, Dieu est absolument unique ; il ne peut y avoir d'autre être au-dessus ou à côté de Lieu ; il est nécessairement seul au-dessus de tous les autres êtres. Sa simplicité absolue exclut tout particulièrement toute multiplication de Son Essence. "Je suis le Seigneur, et il n’y en a pas d’autre ; hors de moi il n’y a pas de Dieu." (Isa. 45:5) Les preuves de cette unicité sont exposées le mieux dans S. Thomas, Contra Gentes, 1:1, c. 42. Mentionnons une de ces preuves : l'Infinité divine épuise la plénitude de l'être ; on ne peut donc concevoir aucun être qui soit indépendant de Lui. S'il y avait un autre Dieu, aucun des deux ne serait l'être le plus haut, et aucun des deux ne serait vraiment Dieu.

III. Dieu, par son unité éminente et absolument parfaite, est le fondement et l'idéal ultime d'unité de tous les autres êtres. Il est en même temps, par la plénitude et la richesse de Son unité, le principe et l'idéal de la multiplicité et de la variété. Par son éternité immuable Il est le centre autour duquel les autres êtres gravitent, et par lequel ils sont retenus ensemble. Il est à la fois l'Alpha et l'Oméga de toutes choses.

chartreux
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SWS, Livre II, I, C4, A, §73 traduit par le chartreux a écrit :
Section 73. Dieu est la vérité objective absolue.

I. Comme Dieu est essentiellement la perfection la plus simple, infinie, et immuable qui soit, Il possède l'attribut de vérité objective ou ontologique à un degré infini. L'acte par lequel l'essence divine se connaît elle-même n'est pas seulement une représentation de l'essence divine dans l'esprit divin : elle est identique à l'essence. Ainsi Dieu est la vérité la plus claire et la plus pure. Comme la perfection de l'essence divine est infinie, elle est aussi infiniment connaissable, et remplit l'esprit divin d'un savoir dont on ne peut concevoir de plus grand ; Dieu est donc la vérité la plus élevée et la plus complète. De plus, la vérité divine participe à l'immutabilité de l'essence divine, et Dieu est donc la vérité immuable. Et enfin, comme Dieu est son propre être, Il est aussi à Lui-même sa propre vérité, Il est la vérité pure et simple ; ce qui veut dire qu'Il se connaît nécessairement tel qu'Il est, et que son savoir est indépendant de tout ce qui n'est pas Lui.

Cette doctrine n'est que la répétition, sous une autre forme, de la doctrine concernant l'essence divine. Elle est implicitement contenue dans Jean 14:6, "Je suis la voie, la vérité et la vie" et 1 Jean 5:6, "le Christ est la vérité(ἡ ἀλήθεια)".

II. Dieu est encore la vérité première (prime veritas). Aucune vérité ne le précède ou dépasse. Comme Cause première, Il est fondement de la vérité objective de toutes les choses existantes, et aussi de la possibilité de toutes les choses possibles. Il est le prototype, l'idéal, de toutes choses, et par conséquent la mesure de la vérité qu'elles contiennent. Il est, en quelque sorte le miroir de la lumière objective, qui permet à toutes les choses d'être mieux connues qu'en elles-mêmes, quoique ce ne soit pas nécessairement par nous. Il découle de cela que (1) nous ne pouvons connaître la vérité de quoi que ce soit sans une influence de la vérité première sur notre esprit ; que (2) l'affirmation d'une vérité quelle qu'elle soit emporte l'affirmation de la vérité première et fondamentale ; et que (3) la négation de Dieu implique la négation de toute vérité objective, rendant ainsi toute connaissance incertaine, et la changeant même en mensonge et tromperie.
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SWS, Livre II, I, C4, A, §74 traduit par le chartreux a écrit :

Section 74. Dieu est la bonté même et le bien souverain.

I. Tout ce que les créatures sont ou possèdent, leur vient de l'extérieur ; elles ne sont donc pas des sources de bonté, mais plutôt des sujets capables d'être rendus bons par l'acquisition de nouvelles perfections. Les créatures ne contiennent jamais en elles-mêmes toute leur bonté ; leur bonté intérieure n'est qu'une partie de leur bonté totale, ou bien est un moyen d'acquérir et de jouir de biens extérieurs. Dieu, étant au contraire essentiellement la plénitude de la perfection, nous apparaît comme bon, contenant éminemment tout ce qui vaut d'être désiré ou possédé. Il ne peut pas être rendu meilleur par l'acquisition de biens extérieurs. Toute la bonté hors de Dieu n'est qu'une communication, qu'un débordement de l'abondance divine de perfection. Il n'est pas un bien d'un type ou d'une classe particulière : Il est le Bien pur et simple, la Bonté essentielle.

II. L'essence Infinie de Dieu n'est pas seulement le bien de Dieu lui-même, où Il trouve tout ce qu'Il peut désirer et posséder, elle est aussi le bien de toutes les autres choses ; autrement dit, c'est la source inépuisable d'où toutes les autres choses tirent leur bonté, et que toutes, à cause de leur insuffisance en elles-mêmes, veulent posséder. La bonté divine est le bien de tous, par ce qu'elle contient plus que l'équivalent de tous les autres, et produit tous les autres, et est ce que nous désirons ou ce vers quoi nous tendons, quand nous désirons d'autres biens. Cette Essence est aussi le seul bien qui soit nécéssaire et qui se suffit à lui-même ; le bien souverain et le plus élevé ; le bien premier et fondamental, et aussi la fin et l'objet de tout bien ; tous les autres biens doivent être désirés comme venant de Dieu, et doivent être possédés comme une participation de la Bonté divine elle-même.
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SWS, Livre II, I, C4, A, §74 traduit par le chartreux a écrit :
III. C'est particulièrement dans le contexte de ses créatures intelligentes que Dieu apparaît comme le bien le plus élevé, et la fin de toute bonté. Il est le bien des créatures non douées de raison, dans la mesure où Il leur communique l'existence et les perfections créés concomitantes ; tandis qu'aux créatures intelligentes Il se communique Lui-même, comme devant être possédé par la connaissance et l'amour. En cette qualité Dieu est le plus grand bien de ses créatures raisonnables, au-dessus de tous les autres biens qu'Il surpasse tous en perfection, et seul capable de satisfaire tous les désirs et de réaliser toutes les aspirations d'un esprit crée. Il apparaît comme la fin de tous les autres biens, qu'ils ne soient pas vraiment tels ou qu'ils ne soient pas seulement tels, mais aussi et surtout des moyens d'atteindre la jouissance du Bien divin. Les scolastiques expriment cela en disant que Dieu est bonum fruendum, "le Bien dont on doit jouir", tandis que les créatures sont bona utenda, "des biens qu'on doit utiliser".

Les textes classiques des Pères sur la Bonté divine sont : S. Augustin, De Trinitate, 1. viii., n. 4, 5; Dionysius (Vulg.), De Div. Nom., c. iv., particulièrement le § 4; S. Anselme, Proslog., cc. 23—25.

IV. Dieu est éminemment bon et aimable, par ce qu'Il possède actuellement et à un degré infini tout ce qui est bon et aimable, et par ce que tout ce qui est hors de Lui n'est bon ou aimable que par participation à la bonté divine.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C4, A, §75 traduit par le chartreux a écrit :
Section 75. La beauté absolue de Dieu.

I. Dieu étant le bien le plus élevé, est par conséquent le bien le plus beau. Cela implique que Dieu n'est pas désiré seulement comme un moyen vers une fin, mais qu'Il est désirable en Lui-même, du fait de Sa perfection essentielle ; que Dieu est aimable non seulement en raison des biens qu'Il prodigue, mais aimable en Lui-même et pour Lui-même ; qu'Il est admirable non seulement en raison de ses œuvres, mais aussi en raison de sa Perfection interne.

II. Dieu est de plus, la beauté absolue, et l'idéal subsistant par Lui-même de tout ce qui est beau ; dans sa Perfection infinie Il contient éminemment tout ce qui peut rendre une créature l'objet d'une contemplation agréable. Dieu est à Lui-même l'objet d'une joie éternelle, et c'est le bonheur qu'Il trouve dans la contemplation de Lui-même qui Le pousse à extérioriser sa beauté dans ses œuvres. Pour ses créatures intelligentes, Il est la seule beauté qui puisse satisfaire leurs aspirations, Il est l'idéal dont toute beauté créée n'est qu'une pâle copie. La beauté divine n'est cependant pas quelque chose qui résulte d'une harmonie entre des parties ou de quoi que ce soit qui présuppose une composition. Cette beauté réside dans la simplicité absolue de sa Perfection, dont tous les éléments brillent également de la beauté commune à tous. La sainte Écriture utilise habituellement le terme de gloire pour désigner la beauté divine. Cf. Sag. 13:3, et aussi 7,8; Ecclés. 24. Pour les Pères, cf. S. Basile, Reg. Fus., Disp. interr. ii.; S. Hilaire, De Trin., 1. i.; Dion. (Vulg.), De Div. Nom. c. iv., § 7.
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SWS, Livre II, I, C4, A, §75 traduit par le chartreux a écrit :
III. La beauté divine contient le modèle de tout ce qui est beau dans la création. Nous la voyons copiée avec des degrés divers de perfection dans toutes les œuvres de la puissance et de la sagesse. Elle apparaît très faiblement dans la beauté des proportions mathématiques, qui expriment une certaine unité dans la multiplicité, mais d'une façon toute abstraite. Les substances minérales, particulièrement les métaux nobles et précieux, expriment mieux le prototype divin. Mais la meilleure image de la beauté divine dans le monde matériel est très-certainement la lumière, qui non seulement possède sa beauté propre, mais la prête aussi à toutes les choses matérielles. La rareté relative de la lumière représente la limite de ce que notre connaissance sensible peut atteindre de la simplicité divine. Les êtres vivants représentent l'idéal divin de beauté dans l'unité d'organisation des énergies très-diverses qui les composent. Les esprits créés reflètent la beauté divine par leur vie, leur mouvement, leur connaissance et leur amour.

La beauté divine brille très-parfaitement et sublimement dans la Sainte Trinité, qui est le développement le plus achevé de la perfection divine ; on y discerne facilement toutes les caractéristiques de la beauté : l'unité dans la multiplicité, la splendeur de la perfection et de la vie, la ressemblance de l'image à l'idéal ou prototype. Et en fait, il n'y pas de plus grande unité dans la multiplicité que la parfaite identité des Trois Personnes divines ; aucun déploiement plus parfait de la perfection et de la vie essentielle que la fécondité trinitaire en Dieu, où toute l'Essence divine est communiquée - toute la Sagesse du Père est exprimée dans Son Verbe, tout l'amour du Père et du Fils est versé dans le Saint-Esprit ; et il n'y a pas de plus grande ressemblance entre l'image et son prototype, que la ressemblance entre le Verbe divin et le Père éternel. Par appropriation, la beauté est particulièrement prédiquée de Dieu et le Fils, puisqu'Il est la splendeur de la gloire du Père, l'expression parfaite de la Perfection divine.
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SWS, Livre II, I, C4, B, §76 traduit par le chartreux a écrit :
B. ATTRIBUTS EXTÉRIEURS.

Section 76. La puissance absolue ou toute-puissance de Dieu.

I. La détention du pouvoir absolu est nécessairement comprise dans la perfection infinie de Dieu. Comme ce pouvoir vient immédiatement de l'essence divine, ses attributs correspondent à ceux de l'essence. Ce pouvoir est donc sans début ni fin, indépendant, nécessaire, se suffisant à lui-même, subsistant par lui-même et essentiel à Dieu ; absolument simple, c'est-à-dire purement actif ; communiquant la perfection, sans aucune composition en lui-même ; infini, comprenant tout pouvoir concevable ; parfaitement immuable ; présent dans tout l'espace et en tous temps. Tout cela est contenu dans les mots, "Je crois au Père tout-puissant (παντοκράτορ)".

II. Les symboles, les Pères de l'Église, et les théologiens, suivant l'Écriture considèrent que la création de rien est l'œuvre spécifique de la toute-puissance divine. Les causes créées, qui reçoivent leur être de l'extérieur, ne peuvent agir que sur quelque chose de déjà existant ; elles ne sont jamais des causes totales de ce qui est produit. Le pouvoir de Dieu, au contraire, non seulement modifie des choses pré-existantes, mais créé de rien toute la substance des choses existantes, et les maintient dans l'existence de telle façon qu'elles dépendent de Lui non pas seulement le premier instant, mais à chaque instant, de leur existence. Sans l'être divin on ne pourrait même pas concevoir l'existence d'aucun autre être. Cette doctrine est condensée dans le mot grec παντοκράτορ, qui dans la Septante, le Nouveau Testament et les crédos grecs, remplace l'omnipotens latin. Ce dernier exprime un pouvoir sur ou au-delà de toutes choses, tandis que le premier désigne un pouvoir soutenant toutes choses (omnitenens), et par conséquent contrôlant et pénétrant toutes choses.
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SWS, Livre II, I, C4, B, §76 traduit par le chartreux a écrit :
III. Dieu a le pouvoir de donner l'existence à tout ce qui est possible - c'est-à-dire tout ce qui n'implique pas contradiction. Les choses intrinsèquement possibles deviennent possibles extrinsèquement du fait du pouvoir divin, qui les fait passer de la non-existence à l'existence. "Je sais que vous pouvez toutes choses" (Job 42:2). "Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu."(Matth. 19:26) En ce qui concerne la possibilité intrinsèque des choses, qui résulte de la compatibilité entre leurs divers éléments, seul l'esprit Divin peut en mesurer l'étendue ; car bien des choses apparaissent possibles à un intellect infini, mais semblent impossibles voire impensables à un esprit fini. "Celui qui, par sa puissance (vertu) qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons" (Eph. 3:20).

La toute-puissance est infinie en elle-même ou subjectivement, et aussi extérieurement ou objectivement. Son infinité intérieure est évidente ; son infinité objective doit être comprise au sens où on ne peut concevoir de pouvoir plus grand, et qu'aucun nombre si grand soit-il de productions finies ne peut épuiser la Puissance divine. Bien que les effets produits soient finis, le Pouvoir qui les produit se montre comme infini par la création et la préservation, qui présupposent dans le Créateur une plénitude infinie d'être et de perfection, qui est aussi en même temps le fondement de l'inépuisabilité de la Puissance divine. Ainsi, la production de la plus petite créature indique une Force qui régit l'essence même des choses, et dont par conséquent tout être dépend pour son existence.

La Toute-Puissance n'implique pas le pouvoir de produire un être infini, par ce que la notion d'un être à la fois infini et créé est contradictoire. Bien que Dieu ne puisse pas créer d'infini, Il peut manifester et manifeste effectivement sa toute-puissance en communiquant son Infinité. Cette communication a lieu en interne vers les deuxièmes et troisièmes personnes de la Trinité ; en externe, vers l'humanité du Christ, qui, par l'union hypostatique avec la Personne divine, acquiert une dignité infinie ; de même les créatures spirituelles participent à l'infinie béatitude de Dieu lui-même par les moyens de la grâce et de la gloire. Dieu ne peut pas non plus changer le passé, par ce que ce serait contradictoire ; mais Il peut prévenir ou annuler toutes les conséquences futures d'un acte, comme les conséquences du péché. De plus, la toute-puissance ne donne pas le pouvoir de commettre des péchés, par ce que le péché est quelque chose de défectueux. De même, la capacité de souffrir ou d'accomplir des actes qui impliquent mouvement ou changement dans la cause, ne relèvent pas non plus de la toute-puissance.
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SWS, Livre II, I, C4, B, §76 traduit par le chartreux a écrit :
IV. La toute-puissance divine est la source, le fondement, la racine et l'âme de tous les pouvoirs et de toutes les forces hors de Dieu. C'est la source dont ils proviennent ; le fondement sur lequel ils reposent ; la racine qui leur communique son énergie ; l'âme qui coopère immédiatement avec eux, et qui pénètre intimement leur être le plus intérieur. Ainsi, la Force divine apparaît dans le monde minéral comme le principe de tout mouvement ; dans le monde vivant comme le principe de toute activité vitale ; et surtout, dans le monde spirituel comme le principe de toute vie intellectuelle et spirituelle. Seuls les esprits reçoivent directement leur être de Dieu ; eux seuls ont une vie qui n'a pas vocation à se subordonner à une autre vie d'un ordre plus élevé ; eux seuls peuvent être élevés et ennoblis jusqu'à partager avec Dieu la possession de son essence.

V. Le pouvoir de produire toutes les choses possibles est manifestement une perfection que Dieu seul possède, et qu'il ne peut communiquer aux créatures, même surnaturellement. On peut en dire autant du pouvoir de créer une seule chose à partir de rien, par ce qu'un tel pouvoir présuppose dans son détenteur la plénitude infinie de l'être. Que dans les faits, aucune n'a coopéré, ne serait-ce que comme instrument, à la création, est de foi, d'après l'enseignement commun des théologiens ; et qu'aucune créature ne puisse coopérer de cette manière est théologiquement et philosophiquement certain, malgré les nombreuses difficultés de détail liées à cette doctrine. Sur ce point en particulier, cf. Kleutgen, Phil. diss., ix, chap. iv, 1005 ; S. Thomas, Contra Gentes, 1. ii, c. 21 ; et Suarez, Metaph., disp. 26.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C4, B, §77 traduit par le chartreux a écrit :
Section 77. L'omniprésence de Dieu.

I. Dieu, qui est la cause absolue de l'essence la plus intérieure des choses créées, est présent en elles de la façon la plus intime. Non seulement l'espace n'établit aucune séparation entre les choses et Lui, mais Il pénètre, envahit et remplit tout. La présence divine dans les esprits a une spécificité toute particulière. Puisque les esprits ne sont pas composés de parties et n'occupent aucun espace, parler de présence en eux exprime nécessairement plus qu'une coexistence au même endroit ; cela implique une pénétration de leur substance qui n'est possible qu'à la substance infiniment simple de l'Auteur infini de toutes choses. Tout cela est de foi. Il y a controverse, cependant, sur la manière dont Dieu est présent dans les créatures. Les théologiens de l'école thomiste partant du principe qu'une cause doit être là où elle produit son effet, tiennent que le contact de Dieu avec ses créatures est tout entier contenu dans l'acte créateur. Tandis que les partisans de Duns Scot et d'autres admettent une action à distance et disent que le fait que Dieu créé ses créatures ne le rend pas nécessairement présent à celles-ci ; et par suite, l'omniprésence est pour eux, l'absence de distance locale entre la substance du Créateur et celle de la créature. Le point de vue thomiste est plus logique et séduisant ; le point de vue scotiste réduit l'existence de Dieu dans les créatures à une simple coexistence.

Il ne faut pas concevoir cette existence de Dieu dans les créatures comme un mélange des substances divines et créées, ce qui serait contraire à la simplicité divine ; ni une inclusion du Créateur dans la créature, ce qui irait contre son Immensité. La présence de Dieu en ce monde ne limite pas son Omniprésence, par ce qu'Il traverse tous les mondes possibles. De même que Dieu est en toutes choses, toutes choses sont en Dieu - non pas en le remplissant ou en l'envahissant, ni même en touchant la Substance divine, mais en étant maintenues par elle comme en leur principe premier. Les choses sont contenues en Dieu par ce que son immensité emplit tout l'espace et par ce que sa toute-puissance maintient tout ce qui existe.
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