Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :
Formellement, la volonté divine ne peut renfermer que ces sortes de dispositions intérieures qui n'impliquent pas nécessairement une imperfection ou un trouble, comme l'amour et le plaisir ; celles-là on les attribue à Dieu dans le sens proprement dit. Sous le rapport non formel, mais virtuel seulement, c'est-à-dire en ce qui concerne sa manifestation et sa réalisation extérieure, le vouloir divin renferme des dispositions qui supposent une certaine imperfection et impliquent quelque trouble, comme la crainte, la tristesse : on ne peut les attribuer à Dieu que dans un sens impropre et métaphorique. Comme la volonté divine ne peut être affectée du dehors, ni s'attacher à quoi que ce soit hors de Dieu, au point d'en être intérieurement touchée ou modifiée ; comme elle ne peut être affectée et déterminée que par la nature de Dieu, elle ne peut avoir que ces sortes d'affections qui correspondent à la bonté absolue de son être.

Il va de soi, pour la même raison, que les affections ne sont pas aussi diversifiées en nous qu'elles le sont en Dieu, bien que, jugeant de ses affections par les nôtres, nous en distinguions de plusieurs sortes. Non-seulement il ne peut y avoir dans sa volonté une lutte d'affections opposées, mais toutes les affections possibles en Lui sont représentées par un seul acte ; elles ne sont donc pas réellement, mais tout au plus virtuellement distinctes.
chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :

II. Munis de ces principes, nous allons maintenant pouvoir voir quelles affections peuvent être attribuées à la volonté divine.

1. L'affection qui revient à Dieu de la manière la plus réelle et la plus formelle est précisément celle qui revient en propre au vouloir raisonnable, celle qui est la racine de toutes les autres et qui donne leur caractère spirituel à toutes les autres affections qui se trouvent en lui ; c'est une complaisance pleine d'estime et d'approbation dans le bien et le beau objectif, et par-dessus tout dans sa propre nature, qui est la bonté et la beauté absolue, puis dans tout ce qui représente hors de lui une image, un reflet de sa bonté et de sa beauté.

C'est dire en même temps qu'il faut attribuer formellement à Dieu l'affection du dégoût et de la désapprobation pour tout ce qui est mal et difforme. Dans les créatures, il est vrai, l'horreur du mal est accompagnée et suivie d'un sentiment pénible de dégoût et de répulsion, et d'autant plus pénible qu'elles connaissent et apprécient mieux le mal réel. Mais ce sentiment douloureux n'est pas de l'essence de l'horreur et de la désapprobation, et il peut ne pas exister en Dieu, sans que l'horreur disparaisse. Il doit même ne pas exister en Lui, parce que, tout en appréciant parfaitement le mal, Il sait pourtant qu'il peut être subordonné par sa puissance et sa sagesse divine au but suprême du monde et servir à ses fins.
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :


II. 2. Il faut attribuer à Dieu dans le sens propre et formel une inclination affectueuse et bienveillante pour sa propre personne, qui est le souverain bien lui-même, et pour tous les êtres qu'Il crée ou créera librement, et qui participent en quelque façon à sa bonté. Cette affection lui est même d'autant plus propre que l'affection contraire de la haine et de la malveillance, n'est nullement possible en Dieu dans le sens réel, comme « haine d'inimitié ». Car la haine, prise dans son vrai sens, veut du mal à autrui, et elle le veut en tant qu'il est funeste aux autres. Elle se réjouit du mal qui leur arrive, et s'efforce plus ou moins de détruire impitoyablement ce qu'ils sont et ce qu'ils possèdent.

Or un tel vouloir est indigne de Dieu, il est même incompatible avec son repos et sa félicité absolue. Il est de plus inconciliable avec la nature de sa volonté, car Dieu veut que les créatures soient essentiellement des copies de sa propre bonté, et Il ne peut influer sur elles qu'en leur communiquant le bien qui est en Lui. Cet amour ne cesse pas à l'égard des pécheurs, alors même qu'ils sont définitivement damnés : Dieu leur souhaite encore le bien de la nature et le bien de la félicité, sans se réjouir de leur malheur. Il ne veut leur châtiment qu'autant qu'il atteint par ce moyen le bien général de la totalité, dont les pécheurs font partie, et, en ce qui concerne les pécheurs eux-mêmes, autant qu'il réalise par là le seul bien qui leur est encore possible, la soumission obligée à l'ordre voulu de Dieu. Lors donc que l'Écriture parle de la haine de Dieu, ou elle entend simplement une haine d'abomination, ou bien c'est par métaphore qu'elle appelle haine d'inimitié l'acte par lequel Dieu se détourne du pécheur et le punit.
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :
II. 3. Une autre affection qui convient proprement et formellement à la volonté divine, c'est celle de la joie et de l'allégresse, joie spirituelle, delectatio et gaudium, résultant de la complaisance et de l'amour pour sa beauté et sa bonté suprêmes. Cette affection s'étend à tout le bien hors de Lui, à la possession de ce bien par les créatures, puis à la gloire qui en revient à Dieu. Par contre, on doit rigoureusement exclure de la volonté divine l'affection de la douleur, de la tristesse ou de l'affliction, dolor et tristitia, parce qu'elle ravirait à la volonté divine son repos et sa félicité absolue. Lors donc que l'Écriture dit que Dieu ressent de l'affliction à cause du péché, ces termes doivent s'entendre métaphoriquement ; cela est vrai même de la plus noble tristesse, celle de la compassion ; elle ne revient à Dieu que « quant à l'effet », et non « quant à l'affection », disent les théologiens. L'affection du désir est également exclue de Dieu comme incompatible avec son absolue félicité, parce qu'elle exprime une aspiration non encore satisfaite, inquiète par conséquent, vers un bien qu'on n'a pas encore.

II. 4. De même que la haine et la tristesse, lesquelles sont de simples oppositions à l'amour et à la joie, toutes les autres affections mixtes ne peuvent s'appliquer à Dieu que dans un sens impropre, ou plutôt elles ne lui conviennent nullement, parce que toutes, à les prendre rigoureusement, impliquent une certaine imperfection ou faiblesse, une certaine amertume, une tristesse, ou l'absence d'une complète satisfaction, comme l'espérance et la crainte, le respect et l'étonnement, et surtout la colère et le repentir. Les deux premières affections, l'Écriture ne les applique nullement à Dieu ; tandis qu'elle lui applique souvent les deux dernières, dans un sens impropre, pour rendre sensible sa conduite dans ses relations avec les hommes.
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :

III. Si l'on voulait indiquer le type principal et souverain de l'affection divine, le sentiment qui domine tous les autres, on pourrait dire que c'est l'amour. Cela est tellement vrai qu'on peut dire de Dieu Lui-même qu'Il est amour, c'est-à-dire tout amour, l'amour absolu ; que tout ce qui est contraire à l'amour lui est essentiellement contraire, parce qu'il est opposé à sa nature, et que tout ce qui est conforme à l'amour convient tellement à sa nature, que Dieu y incline naturellement. D'où les formules : Deus cujus natura bonitas, "Dieu, dont la nature est bonté" (S. Léon), "Dieu est charité (ἀγάπη)" (1 Jean 4:8). Par les mots amour, charitas, ἀγάπη, et bonitas, on entend surtout ici par amour l'amour de bienveillance par lequel on veut du bien aux autres comme on en veut à soi-même. Cette proposition, ainsi entendue, indique bien encore le trait dominant de l'amour, celui qui a son fondement dans l'essence de la volonté divine, qui révèle son caractère distinctif et qui domine sa conduite au dehors ; mais elle ne marque pas son germe, la racine même qui produit les autres affections divines. Cette racine se trouve dans l'amour, si l'on l'entend pas seulement par là une bienveillance sincère, ni même une bienveillance générale pour le bien objectif, mais encore et surtout cette noble et suprême forme de l'amour que la langue théologique, qu'il s'agisse le Dieu ou des hommes, exprime par le mot de « charité ».
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :
IV. En ce qui concerne l'amour de bienveillance que Dieu porte à la créature, on peut expliquer ainsi son caractère et sa sublimité.

IV. 1. Cet amour, considéré comme actuel et dirigé vers des créatures existantes et déterminées, n'est autre que l'amour que Dieu se porte à Lui-même comme bien suprême, dans la direction et les relations qu'Il a prises librement par rapport à des êtres extérieurs déterminés, qui reçoivent leur existence en vertu de cet amour.

IV. 2. L'amour de bienveillance en Dieu est un amour éminemment gratuit, et dans un double sens : a) il n'est ni révoqué ni exigé par une bonté et une amabilité préexistante dans les objets aimés ; b) Dieu ne peut ni atteindre à un accroissement de sa félicité, ni obtenir pour Lui-même un avantage réel par les objets qu'Il aime et par son union affectueuse avec eux.

IV. 3. L'amour divin ayant son origine dans la sagesse de Dieu et dans son amour pour Lui-même en tant que souverain bien, est de sa nature infiniment sage et saint ; il tend essentiellement au salut des créatures et les subordonne nécessairement au bien souverain. Il est donc infiniment éloigné de cette tendresse molle et aveugle qui sacrifie aux désirs capricieux des créatures leur propre salut ainsi que la gloire de Dieu. Celui qui donnerait à Dieu le nom de « pur amour » dans le sens de cette indigne tendresse, commettrait un blasphème ; cet amour-là serait plutôt un amour impur et n'aurait rien de commun avec la « charité ».

IV. 4. L'amour de Dieu est éminemment un amour intime. Il émane de l'amour de son être et il est contenu dans le même acte que celui-ci, il s'étend sur les créatures à raison de sa présence intime en elles, il tend essentiellement à unir la créature au Créateur par la participation et la jouissance de sa perfection. De là vient que l'amour divin est particulièrement une force unitive, et il l'est en ce sens que l'amour divin ne tend pas, comme l'amour des créatures, à attacher l'objet aimant à l'objet aimé, mais à unir l'objet aimé à l'objet aimant.
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SWS, Livre II, I, C5, §84 traduit par le chartreux a écrit :
IV. 5. L'amour divin est éminemment extatique. Dieu, dans sa complaisance pour sa bonté excessive, laisse déborder au dehors son amour, et avec son amour sa bonté, et, descendant aux créatures, il les pénètre si intimement de son efficacité qu'aucune créature ne peut rien de semblable à l'égard d'une autre. À parler humainement, on peut même dire sous un certain rapport que Dieu, dans la surabondance de son amour pour la créature, se dépouille dans l'incarnation ; car sans sacrifier sa gloire intérieure et son honneur absolu, il renonce dans l'humanité qu'il adopte à sa gloire extérieure. Cependant comme cette sortie de l'amour divin vise essentiellement à conduire les créatures à leur but suprême et à les unir à leur souverain bien, l'amour divin, dans son mouvement au dehors, retourne toujours à Dieu ; et c'est là ce fameux cercle de l'amour divin dont parle Denis l'aréopagite dans De Div. Nom., ch. 4.

IV. 6. L'amour divin est éminemment universel et compréhensif. Tout ce que Dieu aime Il l'aime par un seul et même acte, et on ne pourrait pas dire, à ce point de vue, ex parte actus, qu'il aime différents objets d'une manière différente, l'un plus, l'autre moins, qu'Il est attaché à l'un d'une affection plus vive. Il n'y a de différence dans l'amour divin que par rapport à ses objets et à ses effets, ex parte objecti et effectus, et il faut dire sous ce rapport que Dieu a plus d'amour pour un plus grand bien que pour un moindre parce que c'est Lui qui l'a voulu plus grand ; qu'Il porte un plus grand amour aux êtres qui sont pourvus de plus grands effets de son amour, parce qu'Il manifeste à leur égard sa complaisance dans une plus grande mesure.

IV. 7. L'amour divin est éminemment fécond et inépuisable.

IV. 8. L'amour divin se distingue encore par les propriétés négatives de l'infinité, de l'immutabilité et de l'éternité. Ces propriétés diverses que l'amour divin possède naturellement de préférence à toutes les créatures et notamment à la créature raisonnable, se révèlent la plupart d'une manière toute particulière dans l'amour surnaturel ou amour d'amitié que Dieu porte aux créatures raisonnables. Il les aime d'un amour semblable à celui qu'il éprouve pour Lui-même, il les élève à la participation de sa gloire et de sa félicité, et leur donne non-seulement un écoulement de sa bonté, mais encore Lui-même. C'est cet « amour de Dieu », caritas Dei, que le nouveau Testament a surtout et presque exclusivement en vue.
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SWS, Livre II, I, C5, §85 traduit par le chartreux a écrit :

Section 85. Le vouloir divin considéré sous le côté moral.

Sur la perfection morale de la volonté divine, le dogme fait d'abord ressortir, négativement, qu'il n'y a et ne peut y avoir dans la volonté divine aucun défaut ou défectuosité morale, aucune mésestime du bien souverain, aucun renversement de l'ordre dirigé vers son but suprême ; que Dieu ne peut vouloir, approuver ou produire ni dans les autres ni en Lui-même le mal moral. Dans la créature, le péché ne devient possible que parce que le pécheur oppose son propre moi, avec ses caprices et ses intérêts, au bien suprême ; or il n'y a pas en Dieu de différence réelle, ni par conséquent de contradiction possible, entre son moi agissant et le bien suprême.

Pour exprimer d'un seul mot la pureté essentielle de cette perfection morale de la volonté divine, son exemption de toute souillure propre ou de tout péché étranger, en un mot sa pureté universelle, on ne l'appelle pas simplement bonté et rectitude mais encore sainteté, au sens de cette définition de saint Denis, devenue classique : Sanctitas, ut nostro more loquamur, ab omni scelere libera et omnino perfecta et omni ex parte immaculata puritas (De Div. Nom., c. 12). Pour se bien rendre compte de cette exemption du péché, il importe de se rappeler que si Dieu est inaccessible au péché, s'Il ne peut avoir aucun contact avec lui, c'est parce qu'Il a nécessairement pour lui une horreur positive, et parce que cette horreur est en rapport direct avec l'amour et l'estime infinis que Dieu éprouve pour le souverain bien que le péché méprise ; c'est une horreur infinie. Il faut donc dire que cette pureté est infinie, ou qu'il y a de Dieu au péché une distance infinie. La sainte Écriture insiste par les expressions les plus diverses sur cette sainteté. "Dieu [...] est éloigné de toute iniquité, et il est rempli de justice et de droiture" (Deut 23:4). "Dieu n’est-il pas injuste en laissant agir sa colère ? 6(Je parle à la manière des hommes). Non, certes (pas du tout) ; autrement, comment Dieu jugerait-il ce monde ?" (Rom 3:5-6). Cf. aussi Rom. 9:14, Jean 3:9, Ps. 5:5 et 44:8.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §85 traduit par le chartreux a écrit :
De cette horreur infinie que Dieu ressent pour le péché, il suit de toute nécessité qu'Il ne peut le vouloir proprement et positivement comme moyen d'atteindre des biens liés accidentellement au péché ; Il ne peut avoir que la volonté de permettre le péché, voluntas permittendi, et, en le permettant, d'atteindre ces biens par une occasion utile. Si on prétendait que cette permission est elle-même contraire à la sainteté de Dieu, parce que la sainteté doit tendre essentiellement à empêcher aussi le mal dans les autres, quand elle le peut, on transférerait à Dieu la règle de sainteté applicable aux créatures. La créature est obligée, dès qu'elle le peut, d'empêcher le mal dans les autres, parce que son devoir est de sauvegarder, autant qu'il est en elle, l'honneur de Dieu, et que, d'autre part, elle ne peut réparer le désordre qui est dans le péché. Dieu, au contraire, dans le mépris duquel consiste le péché, peut à son gré, disposer de son honneur, non pas pour le sacrifier entièrement, mais pour le procurer d'une manière ou d'une autre, soit en empêchant le péché, soit en amenant le pécheur à se convertir, à rétracter ses fautes et à les expier, soit en le punissant.

Dieu, par tous ces moyens et abstraction faite de ses autres intentions bonnes, non-seulement maintient son horreur du péché, mais Il la manifeste positivement, et Il peut ainsi, d'une façon ou d'une autre, faire tourner le péché à son honneur. Ainsi, bien que le péché soit toujours un mal, non-seulement ce n'en est pas un que Dieu le permette, mais c'est positivement un bien. Et si l'on considère la quantité de biens qui n'existeraient pas sans cette permission, surtout la manifestation de la puissance de Dieu dans la destruction du péché et de sa miséricorde envers le pécheur, on peut dire que cette permission est « objectivement meilleure que l'empêchement total », car elle produit dans le tout une beauté plus vaste et plus universelle. Si l'Écriture sainte, en divers endroits, se sert d'expressions qui semblent indiquer que Dieu amène ou se propose directement le péché, ce n'est qu'une manière un peu brusque d'exprimer non-seulement que Dieu ne permet pas le péché comme l'homme le permet, parce qu'Il ne pourrait pas l'empêcher, mais qu'Il décide d'avance, dans sa sagesse et sa puissance suprême, ce qu'Il permettra ; qu'Il le dispose et l'emploie à ses fins avec autant de sûreté, avec plus de sûreté même, que l'homme ne dispose et n'emploie les actes qu'il a directement en vue. Cf. S. Thomas, Ia IIae, q. 79: Utrum Deus sit causa peccati.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §85 traduit par le chartreux a écrit :
II. Par son côté positif, la perfection morale et absolue de Dieu consiste en ce que sa volonté est essentiellement et immuablement dirigée vers le but suprême de tout vouloir, et que, dans tout son vouloir, elle est soutenue par un amour, une estime infinie du bien souverain et de son excellence infinie. C'est le vouloir le plus pur, le plus élevé et le plus constant, de sorte qu'on n'en peut concevoir de plus parfait.

Ce côté positif de la perfection morale de Dieu ne s'appelle pas simplement bonté morale, mais encore sainteté, pour marquer son caractère éminent. On donne déjà ce nom à la bonté morale de la volonté créée, parce qu'elle rappelle l'excellence, la majesté ou la sainteté objective de Dieu, non-seulement par son rapport avec une fin morale relative et subordonnée, mais encore par son rapport au but suprême, et qu'elle s'exerce dans cette direction. Elle mérite surtout ce nom quand elle développe une pureté, une vigueur, une fermeté de sentiments analogues à l'excellence de ce but, et que ces sentiments pénètrent la vie entière de la créature. Ce nom de sainteté est donc très-propre à désigner la perfection morale de Dieu. On offenserait même les oreilles pieuses, si on parlait de la bonté morale de Dieu, au lieu de sa sainteté.
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