Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §86 traduit par le chartreux a écrit :
Si Dieu permet le péché pour y trouver une occasion de manifester sa justice vengeresse, il ne le fait pas de la même manière qu'il veut la production des bonnes œuvres afin de pouvoir les récompenser. La manifestation de la justice vengeresse est plutôt le but du châtiment lui-même. Elle n'est le but de la permission du péché qu'autant que la permission de la durée ou de l'accroissement du péché est la punition d'un péché déjà existant. Avant la permission d'un premier péché, la justice vengeresse n'a point d'objet ; si la justice de Dieu le permet, c'est uniquement pour conserver le bon ordre de la création, sauvegarder la liberté divine et la liberté humaine, manifester le néant de la créature et la toute-puissance divine, vaincre le péché et le faire servir à ses desseins. Mais on peut dire avec autant de raison que la permission du premier péché a lieu pour manifester la miséricorde divine, et non-seulement la miséricorde que Dieu exerce librement en préservant d'autres hommes du péché ; mais encore cette sorte de miséricorde que Dieu ne peut exercer qu'envers les pécheurs, et qu'il ne témoigne pas à tous dans la même mesure.
chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :

Section 87. La miséricorde et la véracité de la volonté divine.

La bonté divine, benignitas ou bonitas relativa, considérée sous le rapport de la grandeur de Dieu, de l'étendue de sa complaisance et de ses effets, se nomme magnificence ; sous le rapport de la distance infinie qui sépare Dieu de la créature, grâce et faveur ; par rapport à l'homme en particulier, et pour marquer la condescendance avec laquelle Dieu s'abaisse jusqu'à converser familièrement avec lui, humanité.

Envisagée dans ses différents effets ou modes d'agir, la bonté s'appelle libéralité, parce qu'elle est une source inépuisable de biens qu'elle dispense gratuitement et avec abondance ; miséricorde, parce qu'elle délivre ou préserve la créature du mal, surtout du plus grand de tous les maux, le péché et ses suites, sans que Dieu y soit obligé par sa miséricorde, et quelquefois même d'une manière qui semble indiquer qu'Il renonce à faire valoir ses droits contre la créature.
chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :
De tous ces noms, celui de miséricorde est le plus fécond, le plus beau et le plus gracieux ; il renferme la signification de tous les autres et y ajoute des éléments nouveaux. Non-seulement en effet, la miséricorde est éminemment magnificence, faveur, humanité ; mais dans un sens plus large elle comprend aussi la libéralité, laquelle n'a toute sa valeur et sa portée qu'au service de la miséricorde. La libéralité de Dieu au service de la miséricorde : 1) fait toujours disparaître par ses dons quelque défaut ou quelque besoin dans la créature ; 2) elle ne se laisse point détourner par le défaut de dignité, ni même par une indignité positive, mais elle en prend occasion pour se déployer plus largement ; 3) elle dispense gratuitement ses dons, et elle en empêche les abus qui seraient à craindre de la fragilité de la créature et qui entraîneraient leur inefficacité ou leur perte. On considère surtout comme un acte de la miséricorde divine la préservation ou la délivrance du péché, puisqu'elle empêche ou supprime un mal imputable à la créature. Cette indulgence de Dieu envers le pécheur, l'Écriture sainte la nomme tantôt clémence et mansuétude, tantôt patience et longanimité. Ces noms, ces aspects différents de la bonté et de la miséricorde de Dieu, l'Écriture sainte les répète souvent, elle les accumule afin d'exciter notre amour et notre espérance.
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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :
Ps. 102:8-11 a écrit : Le Seigneur est compatissant et miséricordieux, patient (lent à punir) et très (bien) miséricordieux. 9 Il ne s’irritera pas perpétuellement, et ne menacera pas sans fin. 10 Il ne nous a pas traités selon nos péchés, et il ne nous a pas punis (rétribués) selon nos iniquités. 11 Car autant le ciel est élevé (selon la hauteur des cieux) au-dessus de la terre, autant il a affermi (corroboré) sa miséricorde sur ceux qui le craignent
Cf. aussi Ps. 144:8, Sag. 11:24 et suiv., 12:1 et suiv.

Comme la bonté de Dieu, sa libéralité et sa miséricorde sont infinies. Par contre, cette infinité n'implique pas que l'exercice réel de la bonté et de la miséricorde sur les créatures ne puisse avoir aucune borne. L'extension des œuvres de la miséricorde est essentiellement déterminée par les sages desseins de la liberté divine. C'est en ce sens qu'il faut comprendre la phrase, "Il fait donc miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut." (Rom. 9:18).
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :
II. La véracité et la fidélité de Dieu tiennent le milieu entre la bonté et la justice. Comme la bonté, elles se rapportent en principe à un bienfait librement accordé de Dieu à la créature, et comme la justice elles entraînent une nécessité morale hypothétique d'agir de telle ou telle façon.

II. 1. La véracité de Dieu consiste en général en ce qu'Il ne peut être pour la créature la cause directe et positive d'une erreur ni d'un péché. Telle que nous l'entendons ici, elle consiste notamment en ce que Dieu, quand Il parle formellement à la créature, quand Il lui demande de tenir pour vrai ce qu'Il lui manifeste, ne peut la tromper, ni abuser de son autorité pour accréditer une fausseté et pour induire en erreur un être raisonnable. Cette vertu revient à Dieu dans un sens éminent, car sa sainteté absolue lui donne une horreur absolue pour toute espèce de péché, et l'essence du péché est infiniment plus contraire à sa nature, Il blesserait Sa dignité infiniment plus qu'il ne blesse celle des créatures. Dieu, en commettant le mensonge, abuserait à la fois et de notre légitime confiance, et de Son autorité souveraine sur l'esprit créé ; Il tromperait la plus absolue, la plus sainte confiance qui puisse exister.
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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :
II. 2. Il faut en dire autant de la fidélité de Dieu dans le sens strict de fidélité dans l'accomplissement de ses promesses ; d'autant plus que la résolution de Dieu, une fois qu'elle est véritablement exprimée et par conséquent réellement existante, est irrévocable d'une nécessité non-seulement morale, mais métaphysique, à cause de l'immutabilité de Dieu. On peut cependant envisager aussi la fidélité dans un sens plus large et en faisant abstraction d'une promesse formelle ; on peut l'envisager comme une conséquence de cette volonté pleine de sagesse par laquelle Dieu exécute ce qu'Il a résolu avec toutes ses conditions et ses suites, et notamment les ouvrages qu'Il a commencés, autant qu'il dépend de Lui, c'est-à-dire autant que le concours exigé ne lui fait défaut du côté de la liberté créée, d'après ce mot de l'Apôtre : "ayant la confiance que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la perfectionnera " (Phil. 1:6).
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SWS, Livre II, I, C5, §87 traduit par le chartreux a écrit :
Ces deux sortes de fidélité concourent ordinairement ensemble, surtout dans l'administration de la vie surnaturelle, et c'est grâce à elles qu'un simple désir, une simple prière de l'homme peuvent prétendre à la miséricorde et à la bonté de Dieu aussi infailliblement, en un certain sens, que le juste peut compter sur la justice rémunérative quand il a accompli des œuvres agréables à Dieu. "Celui qui m’a envoyé est véridique" (Jean 8:26), "Dieu n’est point comme l’homme pour être capable de mentir, ni comme le fils de l’homme pour être sujet au changement. Quand il a dit une chose, ne la fera-t-il pas ? Quand il a parlé, n’accomplira-t-il pas sa parole ?" (Nombres 23:19) Cf. aussi Jean 3:33 ; Rom. 3:4 ; Ps. 144:13 ; Héb. 10:23 ; 2 Tim. 2:13 ; Matth. 24:35. La nature des choses exige donc que toute parole émanée de Dieu ait la vertu d'un serment, car quand les hommes confirment leur parole par un serment, ils ne font qu'invoquer le témoignage ou la garantie de Dieu. Cependant pour condescendre à notre faiblesse, Dieu a souvent, dans les termes les plus expressifs, confirmé par le serment ses plus importantes promesses ; et comme Il n'a point de supérieur, Il a attesté la vérité et la fidélité de sa parole en jurant par Lui-même : "lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, n'ayant pas de plus grand que lui par qui il pût jurer, il jura par lui-même"(Héb. 6:13).
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :

Section 88. Efficacité et empire de la volonté divine sur les volontés créées.

I. Chez tous les êtres raisonnables la volonté est le principe déterminant des opérations extérieures ; l'étendue, la force et l'excellence de ces opérations dépendent de la perfection de la volonté même et de celui qui l'exerce. Il suit de là que la volonté divine doit avoir dans tous les sens la plus haute efficacité, car non-seulement elle est parfaite en elle-même, mais elle est réellement identique à la sagesse, à la puissance et à la dignité absolue de Dieu ; son activité s'étend à tout ce qui est, ainsi qu'à l'activité de toutes les causes qui sont hors de Lui ; tout être procède de Lui et toute activité est portée et dominée par Lui ; rien n'existe sans son influence ou sa permission. Il exerce notamment une influence fondamentale et un souverain empire sur toute autre volonté, et c'est dans cette direction que son activité manifeste le plus clairement sa perfection intrinsèque ; aussi est-elle de la plus grande importance pratique pour la créature raisonnable. Nous allons donc étudier l'efficacité de ]a volonté divine en nous restreignant à son influence sur la volonté, d'autant plus que nous l'avons déjà examinée dans sa généralité en traitant de la puissance de Dieu.
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
II. L'action de la volonté divine sur la volonté créée est une direction qui lui impose une obligation morale. La volonté divine n'est pas seulement, à cause de sa perfection morale absolue et de sa sainteté essentielle, l'idéal où doit tendre la volonté créée pour devenir parfaite ; la dignité, la souveraineté absolue de Dieu exige encore que, dans ses exigences envers la volonté créée, sa volonté soit la loi essentielle et absolue du vouloir des créatures, en sorte qu'elle peut lui imposer, par sa propre puissance, la nécessité morale du devoir, ou plutôt sa puissance est la seule puissance qui puisse engendrer d'elle-même un devoir proprement dit ; c'est à elle qu'il faut rapporter toute espèce de devoir, comme à son principe obligatoire. D'autre part, il est dans la notion du devoir que nous nous croyions liés et par la conscience de ce qui convient à notre nature, et par les exigences d'une volonté étrangère, à laquelle nous sommes essentiellement soumis et qui s'impose à nous comme absolument vénérable. Nul autre législateur et maître ne peut imposer un devoir qu'autant qu'il remplit la place de Dieu et agit en son nom, et les exigences de notre nature, de notre raison, ne deviennent un devoir proprement dit que lorsqu'elles sont en même temps des exigences de la volonté divine et reconnues pour telles. Même la règle éternelle de la sagesse divine, par laquelle Dieu reconnaît ce qui convient à la créature, ne devient elle-même une loi obligatoire pour nous que parce que la volonté divine en exige l'observation.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
III. De plus, l'efficacité de la volonté divine, comparée à la volonté créée, est éminemment ou plutôt exclusivement une volonté qui se meut elle-même, qui influe sur l'origine et la direction de son activité. Comme la volonté créée tire tout son être et toute sa nature de la volonté divine, sa libre activité ou l'acte par lequel elle se détermine est un effet de l'activité de la seconde. Et cela est vrai non-seulement de sa liberté potentielle et habituelle, ou de la faculté de se déterminer, mais aussi de sa liberté actuelle ; l'exercice, l'application de sa détermination ne se peut concevoir que sur le fondement d'une influence conservatrice et motrice de la volonté divine. Celle-ci est tellement sa racine, que ses œuvres positivement bonnes sont aussi et en première ligne des œuvres de Dieu. De là vient que la volonté divine non-seulement peut mouvoir moralement et indirectement la volonté humaine, en lui donnant une impulsion du dehors ou en lui présentant des motifs, mais encore physiquement et directement, par un mouvement intérieur, en influant sur l'inclination du vouloir ou en amenant ce vouloir même.


De là vient encore, que la volonté divine peut, en influant directement sur la volonté créée, non-seulement y empêcher tous les actes qu'elle ne veut pas permettre, mais y produire positivement, sans supposer un consentement indépendant d'elle, tous les actes qu'elle y veut produire, ou y provoquer une disposition contraire à celle qui s'y trouve. Et elle le peut tout en sauvegardant la liberté humaine et en lui faisant poser directement des actes libres. Cette doctrine est d'une haute importance pratique, notamment pour la confiance au succès des demandes que nous faisons à Dieu quand nous implorons la grâce de conversion pour les autres, même pour les pécheurs endurcis, ou que nous lui faisons pour nous-même afin qu'il aide à la faiblesse de notre volonté, qu'il surmonte notre opiniâtreté, "Car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir (sa bonne volonté)" (Phil. 2:13). cf. aussi Isa. 26:12, Prov. 21:1 et Rom. 11:23. “Ad Te nostras etiam rebelles compelle propitius voluntates! (secrète du 4ème dimanche après la pentecôte). Cf. S. Thom. Ia, q.3, art.2.
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