Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :

IV. La volonté divine a donc un empire, une efficacité absolue, et, à parler rigoureusement, on peut dire d'elle que ses résolutions ne sauraient demeurer sans effet, et surtout qu'elles ne sauraient être anéanties ou traversées par une volonté étrangère. Cependant, cela n'est pas vrai dans une égale mesure de toutes les résolutions dans toute espèce de direction et de rapport, en sorte que Dieu ne puisse en aucune manière vouloir ou se proposer un effet qui n'ait pas lieu. Il faut dire, au contraire, que sous plusieurs rapports tout ce que Dieu veut ne se réalise pas, que la volonté divine demeure quelquefois sans effet, et que la volonté créée peut s'opposer à la volonté divine, lui résister et déjouer ses intentions. Seulement, on ne peut dire en aucune sorte que la volonté divine est vaincue par la volonté créée, ou qu'elle est, en face de celle-ci, vaine ou inefficace ; ce serait dire qu'elle est plus faible ou du moins ne lui est pas supérieure. Pour bien entendre cette doctrine, il faut examiner en particulier, dans leurs directions et leurs relations principales, les desseins de la volonté divine qu'il s'agit de réaliser. Évidemment, il s'agit surtout ici de ceux dont l'exécution dépend de la liberté des créatures.
chartreux
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
IV. 1. Les desseins qui concernent l'ordre moral de l'univers, ainsi que son application et son maintien, ne s'accomplissent pas toujours dans leur forme première et originale, en tant qu'ils imposent à la liberté humaine des exigences morales et représentent la loi de Dieu ; la créature peut, en vertu de sa liberté physique, refuser de s'y soumettre. Par là, cependant, la volonté de Dieu dirigée vers l'intégrité de l'ordre moral n'est pas vaincue ou rendue inefficace. Elle n'est pas vaincue, parce qu'elle admettait d'avance cette alternative ou que la créature se soumettrait d'elle-même à la loi de Dieu, ou qu'elle y serait forcément soumise par le jugement de cette loi. La volonté divine, en tant que loi, n'est pas rendue inefficace, parce que sa vraie force consiste à imposer une obligation, et que cette obligation, la créature ne peut s'en décharger. La volonté de Dieu en tant qu'elle gouverne, n'est pas vaincue davantage par l'obstacle que rencontre la volonté qui commande, parce que le péché ne devient possible qu'autant que Dieu le permet, et qu'il ne le permet qu'autant qu'il peut le faire servir aux fins de sa providence. C'est donc toujours Dieu qui, en fin de compte, demeure victorieux du péché ainsi que du pécheur.
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
IV. 2. Les conseils par lesquels Dieu conduit la créature raisonnable à sa fin dernière ne s'accomplissent pas toujours en tant qu'ils correspondent à l'intention première et originelle de la volonté divine, à la « volonté de la bonté, » qui tend à rendre les créatures saintes et heureuses, et à procurer par leur sainteté et par leur bonheur la gloire de Dieu. Plusieurs créatures en arrêtent l'accomplissement, soit par un refus de concours, soit par une résistance positive. Cependant la volonté divine dirigée vers le but final des créatures n'en est pas vaincue ni rendue inefficace. Elle n'est pas vaincue, car cette intention première dirigée vers le salut des hommes, cette volonté de les sauver n'est qu'un des éléments d'une intention si haute, qui est de se glorifier par le moyen de la créature. L'intention absolue de Dieu ne vise qu'à cette dernière, et elle admet cette alternative d'y atteindre ou par le salut des hommes ou par leur juste châtiment. Elle n'est pas inefficace, parce que l'essentiel de son efficacité consiste simplement à fournir à la créature les moyens de se sauver, et que sa sincérité n'exige pas absolument qu'il amène de toute nécessité et assure le concours actuel de la créature. Cette volonté, du reste, n'est pas arrêtée dans ses effets par ce qu'elle ne peut amener le concours de la créature, mais par ce qu'elle ne veut pas employer pour chacune tout ce qui peut contribuer à la production effective de ce concours.
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
IV. 3. Enfin, les conseils de Dieu qui tendent directement et formellement à réaliser des actes qui dépendent du concours de l'homme, qui correspondent à la loi morale et sont un moyen de salut, ne sauraient, d'après ce qui précède, demeurer sans effet que lorsqu'ils ont en vue des actes d'une manière conditionnelle, lorsqu'ils n'impliquent pas la volonté décidée d'amener dans tous les cas le concours de la volonté créée, mais qu'ils tendent simplement à le promouvoir, à le faciliter. Mais quand ils visent résolument à amener sans conditions et pour tous les cas ce concours la volonté, et à la déterminer d'une manière absolument certaine, ils se réalisent infailliblement. Dieu ne permet pas que l'homme refuse son concours ou qu'il abuse de sa liberté ; il fait de sa puissance sur la volonté créée l'usage qu'il sait devoir amener le libre consentement de l'homme.
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :
V. Quant à savoir si toutes les bonnes actions des créatures qui s'accomplissent réellement sont voulues de Dieu de cette manière, ou, ce qui revient au même, si les actions que Dieu veut de cette sorte sont les seules qui s'accomplissent, c'est là une question toute spéciale, qui ne se résout pas uniquement par l'efficacité infaillible de la volonté divine et qui ne peut être affirmée sans plus d'explication. On peut très-bien soutenir que les desseins absolus de Dieu qui réclament une efficacité infaillible sont infailliblement efficaces, sans admettre que toute autre forme des desseins de Dieu demeure aussi inefficace que l'accomplissement des premiers est certain.

Si l'on considère la sincérité avec laquelle Dieu désire les bonnes actions de tous les hommes à qui il les demande ou les rend possibles, on concevra difficilement qu'il ne laisse effectivement arriver que les actions qu'il veut sans condition ; car il semblerait que celles qu'il ne veut pas ainsi sont impossibles, que non-seulement il permet qu'elles n'arrivent point, mais qu'il le veut, par conséquent qu'il ne désire pas sérieusement le contraire et qu'il ne serait pas prêt à venir en aide si l'homme y concourait. Cette apparence disparaîtra, au contraire, si l'on n'admet pas pour toutes les actions qui se réalisent une intention divine absolue ; mais si l'intention conditionnelle ne devient absolue que dans la prévision que la condition se réalisera c'est-à-dire que l'homme prêtera un concours que Dieu aura préparé et qu'il soutiendra. Dans ce cas, la miséricorde trouvera un terrain suffisant pour empêcher sûrement l'abus de la liberté, et si la volonté conditionnelle est anéantie, il ne faudra l'imputer qu'à cet abus. Nous achèverons ce qui regarde cette question dans le traité de la grâce.
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SWS, Livre II, I, C5, §88 traduit par le chartreux a écrit :

En général, on peut dire avec les théologiens que la volonté divine ne s'accomplit pas toujours comme volonté antécédente, si l'on entend par là les exigences, les intentions, les dispositions premières et originelles de Dieu. Cette volonté, par cela même, n'est pas encore résolue et décidée à tous égards, surtout si l'on fait abstraction de la manière dont se comportera la volonté humaine : c'est donc un vouloir secundum quid. Elle s'accomplit toujours, au contraire, si on l'envisage comme volonté conséquente, et si l'on entend par là les exigences, intentions et dispositions du vouloir divin dans toute leur précision (velle simpliciter), et si l'on a égard à ce que fera réellement la volonté créée. Cf. S. Bonaventure, I. Sent. dist. 47, art. 1, pour un exposé très-bref de cette doctrine. Il faut remarquer que les expressions de volonté antécédente et conséquente ne sont pas toujours utilisées dans le même sens par les théologiens.
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SWS, Livre II, I, C5, §89 traduit par le chartreux a écrit :

Section 89. Le vouloir divin comme bonté et sainteté de Dieu. Dieu est la sainteté absolue, essentielle et substantielle.

I. L'Écriture exprime toute la perfection de la vie intellectuelle de Dieu en disant que Dieu est la « vérité », et elle exprime toute la perfection de la vie de sa volonté en appelant Dieu le Saint, le saint des saints. "Je suis saint, moi qui suis le Seigneur votre Dieu" (Lev. 19:2 ; cf. 1 Pierre 1:16). Mais parce que la sainteté exprime en Dieu la perfection la plus intime de sa volonté, il ne faut pas seulement qu'elle indique une parfaite direction de sa volonté vers le bien moral ; il faut encore qu'elle soit l'union affective la plus immédiate et la plus étroite avec la bonté et la beauté objective la plus haute, la plus sainte, la plus pure et la plus immuable. Dieu est la sainteté même tout comme Dieu est la Vérité même.

Cette proposition : Dieu est la sainteté, renferme les trois éléments suivants :

1. La vie de la volonté divine est la sainteté absolue et par excellence, parce que le vouloir divin est entièrement, immédiatement rempli et pénétré de la bonté et de la beauté absolue de l'être qui comprend en lui toute bonté et toute beauté, parce qu'il leur est uni de toutes les manières imaginables, comme complaisance, amour et jouissance, parce qu'il leur est tellement conforme et adéquat que sa bonté est aussi pure, entière et solide que la bonté de l'être divin.

2. La vie de la volonté divine est de plus la sainteté substantielle, par ce que le vouloir divin est non-seulement uni mais même réellement identique à la sainteté.

3. La vie de la volonté divine est la sainteté par nature, parce que la nature de Dieu n'est pas une simple disposition à la sainteté, mais contient encore la sainteté comme force et comme activité ; la sainteté entre dans la constitution de sa nature. Et parce qu'elle est identique à la nature de Dieu, sa sainteté est une sainteté substantielle, une substance, et Dieu, à son tour, est par sa substance la sainteté même, comme il est la vérité et la vie.

Il est évident que la sainteté éminente que nous venons de décrire n'appartient qu'à Dieu seul.
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SWS, Livre II, I, C5, §89 traduit par le chartreux a écrit :

II. Dieu étant la sainteté substantielle et, à plus forte raison, la bonté substantielle, sa bonté pour les créatures, lesquelles ne reçoivent et n'exercent leur bonté vivante et formelle qu'en se rattachant à d'autres biens extérieurs et supérieurs à elles, et en dernière instance à Dieu, le bien suprême, cette bonté est l'idéal et la source de toute complaisance et de tout amour, de toute joie et de tous délices, ainsi que de tout effort par lesquels elle exerce son amour pour le bien, tend à sa parfaite possession et à sa douce jouissance. Elle est donc immobile en elle-même, le principe de tout mouvement et de tout repos dans la vie des créatures, dont toute la vie affective et appétitive n'est qu'un écoulement, une participation de la bonté substantielle de Dieu. La bonté divine révèle surtout sa puissance et sa fécondité dans l'ordre surnaturel, amenant les créatures spirituelles à être "participants de la nature divine" (2 Pierre 1:4). Cette participation qui fait que les bienheureux voient Dieu face à face et sont remplis de sa béatitude, demeure toujours accidentelle dans la créature ; elle la rend semblable à Dieu, mais pas égale à Dieu. Nous développerons plus cette doctrine dans les traités sur la Trinité et la gloire sanctifiante.
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SWS, Livre II, I, C5, §90 traduit par le chartreux a écrit :
Section 90. La félicité et la gloire de la vie divine.

I. La vie de Dieu est essentiellement une vie infiniment heureuse et glorieuse, ou plutôt Il est la félicité suprême et la gloire vivante. La vie de Dieu, en effet, consiste essentiellement dans l'amour et la connaissance parfaite de la bonté et de la beauté absolue de l'être divin. Cette activité contient d'une part la possession, la jouissance la plus parfaite, la plus immédiate et la plus adéquate du bien suprême et infini, et elle procure un rassasiement, une satisfaction consommée ; c'est un repos plein de délices, et partant la suprême félicité. D'autre part cette activité révèle tout l'éclat, toute la beauté et la splendeur admirable de son principe, la nature divine, et de son objet, l'essence divine. En un mot, Dieu est par sa nature la béatitude et la gloire infinie, parce qu'il est dans sa vie la vérité et la sainteté même. C'est pourquoi l'Écriture appelle Dieu le "bienheureux" (1 Tim. 1:11, 6:15), et elle indique sous les formes les plus diverses qu'Il est seul glorieux, en montrant que sa vie et son être sont seuls dignes de toute louange.

Quant à l'esprit créé, il ne possède pas naturellement une vie infiniment heureuse et glorieuse. Il ne possède même pas en vertu de sa nature, comme quelque chose qui lui serait inséparablement uni, la félicité et la gloire de la vie à laquelle il est naturellement destiné et dont il est capable. Cette gloire et cette félicité, il y est introduit par l'influence de Dieu qui le soutient et l'élève. Cette gloire ainsi communiquée est une révélation éclatante de la propre gloire de Dieu, qui se réfléchit dans la créature comme en un miroir ; c'est elle qui rend la créature le plus agréable à ses yeux et qui la maintient en honneur auprès de Lui.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, I, C5, §90 traduit par le chartreux a écrit :

II. L'excellence de la félicité et de la gloire de Dieu, leur rapport avec la gloire et la félicité des créatures, puis le rapport de la gloire et de la félicité entre elles ne ressortira mieux des considérations suivantes.

II. 1. La félicité de Dieu est absolue parce que Dieu possède en Lui-même et par Lui-même tout ce qui est et peut être un objet de possession heureuse et de jouissance. Et en tant que la glorification de Lui-même, par l'hommage respectueux qu'Il se rend, fait partie de l'objet de sa félicité. Dieu possède dans la connaissance et l'amour de soi un hommage respectueux qui est aussi infini que sa bonté et sa beauté ; il ne peut être augmenté par la louange et les honneurs que lui rendent d'autres êtres, mais seulement reflété et imité. Quant à la possession des biens extérieurs, elle ne vient en considération dans la félicité de Dieu que parce qu'Il a conscience de les produire à son gré et de se glorifier au dehors par l'empire absolu qu'Il exerce sur eux, non toutefois pour augmenter sa félicité intérieure par leur jouissance. Ainsi la possession actuelle de biens extérieurs ne peut pas même être considérée en Dieu comme une félicité accidentelle, mais seulement comme la manifestation de sa félicité interne. En revanche, la félicité des créatures est essentiellement relative, parce qu'elle consiste dans la possession de biens qui ne sont pas contenus dans leur nature. C'est avec Dieu même qu'elles doivent entrer en union, et le sentiment qu'elles sont aimées et honorées de Lui est essentiel à leur félicité ; l'amour de Dieu contenu dans ce bonheur exige même que les plus grandes délices d'une créature heureuse consistent, non à se réjouir de posséder le bien suprême, mais à se réjouir de la félicité et de l'honneur que Dieu possède. Elles consistent aussi en ce que l'esprit se réjouisse de sa propre perfection parce qu'elle plaît à Dieu et contribue à sa gloire, plutôt que parce qu'elle lui plaît à lui- même et tourne à son honneur.
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