formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

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Alexandre
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EXAMEN PARTICULIER EN USAGE DANS UNE PIEUSE ASSOCIATION

Esprit de lumière et de vérité, éclairez et touchez mon âme.
Convaincu de l'infinie bonté de Notre-Seigneur et de ma particulière misère et ingratitude, me suis-je, puisqu'il le veut bien, abîmé dans son coeur doux et humble? M'y suis-je tenu caché, anéanti,et abdiquant toute vie trop personnelle pour vivre sa vie à lui.

L'ai-je considéré s'anéantissant avec moi devant son Père dans l'acte d'humilité du matin, dans la sainte communion et dans les exercices de piété? (S'anéantir pour adorer, rendre grâce et prier.)

Lui ai-je procuré cette joie qu'il recherche, de savourer en moi les humiliations extérieures ou intérieures: humiliations venant de Dieu, du prochain, de moi-même, de toutes choses contraires?

Me suis-je tourné avec lui contre moi, quand mon orgueil et mon jugement personnel se fait sentir? Me suis-je alors promptement uni au mépris qu'ils inspirent à Jésus vivant en moi?

Me suis-je rappelé que c'est Jésus doux et humble qui doit vivre en moi? Dans cet esprit:
_Avec mes supérieurs, me suis-je tenu en lui tout petit et tout simple, me sentant entre les mains de Dieu?
_Avec tout prochain, en ne parlant de moi que dans la mesure de la simplicité; abandonnant, méprisant même, quand il y a lieu, mon propre sentiment?
_Envers les inférieurs, en ne témoignant aucune exigence et au contraire beaucoup de douceur.

Ai-je mis ma règle de discernement dans cette simple question: Jésus peut-il penser avec moi cette pensée?
_Aimer avec moi cette affection?
_M'accompagnera-t-il dans cette démarche?

Ai-je parfois trouvé la paix dans cette parole: "Pourvu que Jésus soit content!" et le courage dans cette assurance: "J'ajouterai à son front un rayon de gloire."
_Ai-je eu à coeur de le faire toujours vivre, grandir et se complaire en moi?
En Jésus, ai-je abdiqué toute préoccupation personnelle, oubliant celle qui n'est pas pour m'occuper surtout de Celui qui est?

Ai-je rapporté à Dieu tout bien?
Ai-je compté absolument sur lui pour triompher de tout mal?

O Jésus, doux et humble de coeur, vivez librement dans mon âme!
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Alexandre
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Message par Alexandre »

ELEVATION SUR LES RAPPORTS DE L'HUMILITE ET DE L'AMOUR DIVIN


Quand je contemple d'un même regard l'humilité inclinée, pauvre d'aspect, cherchant l'ombre; et, à côté d'elle, l'amour dans sa fierté, son éclat, son besoin d'expansion, je me demande comment peuvent se justifier ces assertions des saints, qui les comparent et qui les unissent. Cependant, à mesure que mon regard se fait plus pénétrant, je distingue entre ces deux sentiments des rapports, si étroits qu'on les reconnaît de même origine; une action réciproque se complétant si bien que l'on se demande si l'humilité et l'amour ne sont pas un composé formant une seule vertu, comme le corps et l'âme forment le composé humain.
Assurément l'humilité et l'amour constituent deux vertus distinctes: mais il n'est pas téméraire de dire qu'on ne les voit jamais séparées.
Unissant leurs drapeaux, elles marchent ensemble vers la gloire de Dieu. Issues des mêmes vues, elles donnent à Dieu la même préférence sur toutes choses et parlent même langage, le plus sublime, celui de l'adoration.
L'amour trouve son Dieu en s'élançant vers lui; L'humilité le rencontre au fond des abaissements. Tous les deux se dégagent du créé: l'amour en s'élevant à lui, dans une sphère où il le domine; l'humilité en descendant vers lui et le touchant dans son dédain. Une soumission universelle est le propre de l'amour comme de l'humilité; chez l'un compte chez l'autre, elle est un besoin ici de justice, là d'affection.

I. Leur but commun : la gloire de Dieu.

L'amour veut le bien de son Dieu, et ce bien ici-bas s'appelle la gloire. Tout pour elle, et ce qui vit dans mon coeur, et ce que mon action peut atteindre, et ce que rêvent mes désirs! Tout pour sa gloire afin qu'elle éclate de toutes parts! C'est elle seule qui qui doit régner dans l'univers; et il n'est pas un atome qui ne puisse devenir une voix qui la proclame, un moyen qui la serve, un ornement dont elle s'embellisse.
Son rival dangereux est l'exaltation du moi humain, l'orgueil. Que je m'élève dans ma propre estime, ou que je me fasse un piédestal de l'estime des autres, j'oublie Dieu; je ne songe pas à sa gloire. Si mon âme est médiocre, elle se contente de se complaire elle-même; si elle est grande, elle veut s'élever au-dessus des autres et elle use de ses ressources dans les tourments de l'ambition ou de l'envie. L'orgueil mesquin remplit vainement toute une existence; l'orgueil superbe la dévaste.
L'humilité vengeresse chasse toutes ces usurpations: si tu es le néant et le mal, dépose tes ridicules prétentions. L'être doué de raison n'a pas le droit de s'abaisser à se rechercher lui-même; il a le devoir de tendre vers la grandeur, la bonté, l'infinie perfection. C'est son but nécessaire en tant que créature. C'est son occupation maîtresse en tant qu'activité. C'est l'élément supérieur dont se fait toute sainteté ici-bas, toute déification là-haut.
O humilité, en renversant l'idole, tu ne laisses pas le temple vide. A la place de ce triste moi que tu me défends de servir, tu fais régner Dieu et sa gloire. Tu t'abaisses, il est vrai, mais c'est pour prendre un élan plus vigoureux vers les hauteurs; et si tu te dédaignes, c'est pour t'affranchir.
Inséparables compagnes de lutte de la terre, l'humilité et l'amour ne sauraient vaincre sans cette alliance intime: la mort de l'une amènerait la ruine de l'autre. Sans humilité, l'amour s'évanouirait dans l'illusion; sans l'amour, l'humilité s'effondrerait dans la bassesse.
Réunis, ces deux sentiments donnent à Dieu sa plus grande gloire par le sacrifice de tout ce qui surélève la personne humaine. Ils déposent sur l'autel et l'estime des hommes et ce qui d'ordinaire l'attire: le talent, le succès et jusqu'à cet honneur légitime que l'on a le droit de sacrifier qu'à Dieu.
L'humilité fournit la matière, l'amour le feu sacré.
L'humilité est la justice qui porte la sentence, l'amour est le glaive qui l'exécute, car seul l'amour est fort comme la mort; et si, parfois, le Maître d'en haut arrête le glaive et soustrait la victime, comme il le fit auprès d'Abraham; s'il laisse à l'âme, en faveur du bien, l'auréole de l'admiration générale, elle les porte comme un objet d'emprunt.
C'est ainsi que, par l'amour, l'humilité pousse son mouvement jusqu'aux derniers confins de son idéal propre: l'anéantissement.
C'est ainsi que, par l'humilité, l'amour trouve pour l'offrir à son Dieu une victime digne, s'il est possible, de son infini.

(A suivre: dialogue saisissant entre l'amour et l'humilité.)
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Alexandre
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Message par Alexandre »

II. Leur origine commune : la vue de Dieu.

Un sentiment naît du mobile qui l'inspire. L'amour trouve le sien dans l'amabilité souveraine. C'est elle qu'il envisage et dont il s'éprend.
C'est vers elle qu'il s'élance, et son essor s'élève à mesure qu'elle lui manifeste davantage ses attraits. Il grandit avec cette vue; il se hausse pour atteindre toujours plus loin.
Que cet amour soit une passion sainte qu'entraîne ou qu'il reste simplement un amour de volonté qui se détermine par choix, il n'en est pas moins un sentiment désintéressé, car telle est son essence: passion sainte, choix volontaire, n'ont en vue que la divine amabilité.
L'humilité parfaite, elle aussi, demande à ses mêmes perfections divines le motif principal à son inclination. En face de l'Autorité souveraine, elle s'agenouille dans une dépendance absolue. Que l'action de Dieu, nécessaire et profonde, cause mystérieuse et réelle de tout bien, se révèle à sa raison croyante et la voilà qui cherche vainement sur quoi appuyer ses prétentions. Rien n'appartient en propre à la créature, car le néant et le mal n'ont rien de positif.
Or, à mesure que tout s'efface ainsi du côté de la terre, l'Être divin se déploie au-dessus de nos têtes, dans ses splendeurs.

Je ne puis donc vous contempler, ô mon Dieu, dans vos merveilleux attributs, sans éprouver ce double sentiment d'amour et d'humilité!
Ils naissent du même regard, palpitent des mêmes surprises, et, mutuellement, s'accroissent en se complétant. Toute ascension de l'un porte l'autre plus haut.

L'amour dit: Que Dieu est beau!
L'humilité répond: Près de Lui, que je suis vile!
L'amour dit: Il nous aime!
Et l'humilité s'écrie: Se peut-il?
Alors l'amour se penche sur pour tout lui expliquer: Vois-tu, Il est aussi bon qu'Il est beau; Il ne tient pas compte du peu que nous sommes; Il se contente de ce que nous pouvons Lui donner.
L'humilité relevant le front: Mais alors il faut L'aimer davantage! Cette bassesse où je me vois et qui me rend timide; ces fautes qui remplissent ma vie et qui me fermeraient le coeur; toutes ces misères, qui sont mon être, deviennent des motifs d'amour! Quoi! Je suis aimée ainsi faite! Qu'on aime ce qui est beau et pur, c'est l'inclination naturelle de la bonté mais quelle est donc cette bonté qui aime sans cela, que dis-je? qui aime, malgré les laideurs et les ingratitudes?
L'amour: O Humilité, ô ma soeur, il y a donc des profondeurs de bonté que sans toi je ne saurais connaître: tu étends mes vues; et ce que je découvre, blesse mon coeur du désir d'aimer davantage. Veux que nous aimions ensemble?
L'humilité: O amour divin, frère saint dont je suis indigne, tu veux me transformer en toi. Je reste humilité, mais je deviens amour. Je me revêts de tes riches parures. Sous elles, cependant, laisse-moi garder mes haillons. Sans cesse, ils toucheront ma chair pour lui imprimer le sentiment de sa misère native, et pour faire passer sur mes traits, dans ma voix et jusque dans mes moindres actions, quelque chose de plus confus et de plus tendre.
L'amour: Et cette physionomie, cette voix, cette attitude, je les adopterai moi-même, car elles plaisent à Dieu et dérobent l'admiration des hommes. Je descendrai aussi dans tes impressions profondes pour y perdre toute complaisance en moi-même; et, tant que je serai de ce monde, pour traverser l'estime vaine, je marcherai caché sous ton manteau.
L'humilité: Alors, au ciel tu me rejetteras comme le voyageur en arrivant rejette le manteau qui fut son abri dans la route?
L'amour: Oh! Non, je te transformerai; tu deviendras l'adoration béatifique, le manteau d'or que revêt le néant.
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Alexandre
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Message par Alexandre »

EXAMEN GENERAL

Quelle estime et quels désirs avons-nous à l'égard de l'humilité?
Comprenons-nous que l'humilité seule peut donner à l'âme la capacité de recevoir et de conserver toutes les autres vertus?
L'humilité est-elle un des objets les plus accoutumés de nos prières; de nos supplications? En faisons-nous souvent le sujet de nos méditations, de nos lectures, de nos examens?
Parmi les moyens d'acquérir l'humilité, y en a-t-il au moins un que nous employions avec persévérance?
Quand nous sommes en présence du Très Saint Sacrement quand nous le possédons dans notre coeur, cherchons-nous à attirer en nous l'humilité ineffable de Jésus-Hostie et sa douceur si communicative?

Regardons-nous les humiliations qui nous viennent, soit du prochain, soit de nous-mêmes, comme autant d'occasions précieuses et providentielles de nous avancer dans la science de l'humilité?
Sommes-nous persuadés que nos actions les meilleures en apparence ont trop souvent déflorées par quelques-unes de nos secrètes inclinations mauvaises?
Comment supportons-nous l'échec de notre amour-propre quand on s'aperçoit que, sur tel ou tel point, notre réputation est surfaite ou usurpée? Notre paix n'est-elle pas troublée ou perdue quand on arrive à découvrir ce que nous sommes en réalité et le peu que nous valons?
Aussi ne mettons-nous pas beaucoup de soi à dissimuler nos fautes, beaucoup plus qu'à les éviter?
Conversons-nous volontiers avec les gens de condition inférieure?
Où vont d'instinct nos sympathies: du côté des âmes simples et modestes, ou du côté des esprits audacieux, des gens toujours sûrs d'eux-mêmes?
N'aimons-nous pas en général tout ce qui est distingué, uniquement parce que cela tranche sur le commun, sur le vulgaire, comme on dit dédaigneusement?
Dans notre façon de parler et d'agir, ne prenons-nous jamais des airs de grandeur que nous trouverions très ridicule chez autrui?
Croyons-nous que l'esprit de l'Evangile demande au chrétien de rechercher la simplicité dans son genre de vie, ses vêtements, sa nourriture, et dans tout le reste , où les mondains mettent de l'ostentation?

N'entrons-nous jamais dans cette conspiration universelle contre la vérité qui se fait au profit de la vanité de chacun?
Répugnons-nous à accepter et à offrir ces flatteries mensongères, dont les personnes de la société se paient mutuellement?
Aimons-nous à faire nos bonnes oeuvres en secret?
Tout en remplissant le devoir de l'édification, restons-nous dans l'esprit du conseil qu'a donné Notre-Seigneur: "Pour prier, le Père céleste préfère un endroit caché."Ne tombons-nous pas quelques fois dans ce déplorable travers, qu'ont plusieurs, de parler de leurs oeuvres de zèle avec autant de satisfaction que de prolixité?

A suivre...
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Alexandre
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Message par Alexandre »

EXAMEN GENERAL (suite):

Avons-nous conservé l'humilité dans nos consolations et progrès spirituels, dans les succès les plus encourageants de nos oeuvres?
Sommes-nous capables, à défaut de ces joies assez rares, de nous contenter du témoignage de notre conscience?
Pouvons-nous passer longtemps de toute marque extérieure d'approbation de la part d'autrui?
N'avons-nous pas combattu nos tristesses et nos découragements par des regards de complaisance sur certains côtés avantageux de notre personnalité?
La défiance de nos propres forces n'est-elle que le prélude d'une grande confiance en Dieu?
Ne faisons-nous pas servir l'humilité de prétexte à la paresse, en perdant notre temps à gémir sur nos misères, au lieu de les racheter par le travail et la générosité dans le sacrifice?
Couvrons-nous du nom d'humilité une disposition d'humeur chagrine, à l'ennui de nous-même et de nos fonctions?
N'est-ce pas aussi par une fausse humilité que nous craignons de paraître, quand il le faut; que nous nous retranchons parfois dans l'isolement contre les avanies du monde?
Notre timidité n'est-elle pas tout bonnement un déguisement de l'amour-propre?
Quand l'utilité ou la charité requièrent que nous parlions de ce qui nous concerne, n'y a-t-il pas d'affectation dans notre modestie?
Nos sentiments d'humilité sont-ils assez surnaturels pour nous maintenir toujours patients et doux en face de nos incurables misères?
Comment acceptons-nous les occasions qui révèlent nos torts, nos défauts, et qui peuvent faire un thème à critique, à plaisanterie, à dénigrement?
Sommes-nous également indifférents aux éloges et aux blâmes; ou plutôt, notre amour-propre ne se froisse-t-il pas facilement, pour une petite parole piquante, pour un léger manque d'égard?
Le regret que nous avons de nos péchés n'est-il pas en grande partie causé par la honte et le dépit?
N'est-ce pas par manque d'humilité que nous ne savons ni nous relever aussitôt après nos chutes, ni dans la suite utiliser nos fautes; que nous cherchons à faire valoir des circonstances atténuantes, devant nous-mêmes ou devant les autres, peut-être même devant notre Directeur?
Redoutons-nous la présomption, comme une suite naturelle de l'habitude que nous avons, peut-être de réprimander, de diriger, de commander, d'avoir officiellement toujours raison?
Notre opinion de nous-même n'est-elle pas bien opposée au sentiment si étrange, humainement parlant, qui faisait dire à saint Paul: " Je suis pire que tous les démons.", ou à d'autres saints: "Parmi les serviteurs du bon Dieu, je suis le dernier des derniers?"
Sentons-nous profondément le besoin de prier avant d'agir, et de remercier après l'action?
Trouvant notre responsabilité actuelle déjà bien lourde, n'avons-nous pas d'autre ambition que celle de remplir de notre mieux les devoirs de notre situation présente?
Si modestes que soient nos fonctions, les estimons-nous bien au-dessus de ce que nous valons?
Aimons-nous à travailler en sous-ordre, à garder pour nous la part la plus laborieuse, puis à nous effacer au moment de la moisson, renvoyant à ce qui de droit le mérite et les louanges?
restons-nous bien calmes quand nous croyons voir que nos Supérieurs nous oublient ou font eu de cas de nous?
Ne parlons-nous d'eux qu'avec respect, même quand ils nous causent quelque peine?! comment recevons-nous leurs réprimandes ou même meurs simples observations? Est-ce avec force répliques, excuses et murmures, ou bien au contraire, avec promesse sincère de tâcher de les contenter à l'avenir?
Ne sommes-nous pas jaloux à l'excès de notre indépendance personnelle?
Observons-nous la règle générale de ne parler au prochain qu'en bonne part?
Nous efforçons-nous d'avoir de lui la meilleure opinion possible?
Détournons-nous de parti pris notre pensée de ses imperfections?
Nous refusons-nous à le juger?
Nous sommes-nous défaits de l'esprit de contradiction?
Sommes-nous peu enclins aux discussions?
Savons-nous ne pas interrompre autrui et nous taire à temps?
Laissons-nous volontiers aux autres ce qu'il y a de meilleur, de plus envié?
Avons-nous pour tous de constantes prévenances inspirées soit par le respect intérieur envers eux, soit par le sentiment sincère de notre infériorité?
N'y a-t-il en nous rien qui sente cet esprit de suffisance et de domination devant lequel tous doivent plier?
Supportons-nous doucement, à l'exemple du divin Maître, qu'on ne nous écoute pas, qu'on contredise nos paroles, qu'on dénature nos intentions, qu'on rebute nos demandes, qu'on se moque de nos conseils, qu'on nous traite sans ménagements, ou même avec un dédain affecté?
Quand nous pensons être victimes de la malveillance, de l'injustice, ne repoussons-nous pas ce qui nous blesse, avec impatience et colère?
Tandis que Notre-Seigneur s'est tu devant la haine et la calomnie: "Jesus autem tacebat.", ne sommes-nous pas tombés dans l'une de ces trois fautes:
_se venger par des paroles de mépris ou par des railleries sanglantes;
_entretenir contre ses agresseurs une amertume persévérante;
_ou bien enfin, laisser son courage succomber dans la tristesse?
Si cruelles que puissent être nos peines, reconnaissons-nous,que , comme pécheurs, nous méritons des traitements pires encore?
Avons nous excusé nos ennemis devant Dieu et prié pour eux?
Sommes-nous résolus à abandonner à jamais notre cause entre les mains de notre Père céleste, pour pouvoir vivre et mourir dans sa bien-heureuse paix?

A suivre: Conseils pour la conclusion de ces exercices.
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Alexandre
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CONSEILS POUR LA CONCLUSION DE CES EXERCICES

I

1/ Vous arrêterez d'abord vos résolutions:
_Qu'ai-je à réformer?
_Qu'ai-je à introduire?
_Par quels moyens?

2/ Vous choisirez une VUE qui vous impressionne et que vous ferez planer sur votre pensée, par exemple:
_ l'infini de Dieu en face de votre néant,
_ la vie intime de Jésus en vous,
_ ou bien un souvenir comme celui de certaines fautes humiliantes;
_ ou encore la constatation d'une infériorité sensible, etc.

3/ Vous concentrerez votre effort dans une PRATIQUE très efficace, par exemple:
_ adorer Dieu profondément avant chaque prière.
_ S'imposer une physionomie toujours humble et sereine, même quand on est seul,
_ modérer ses mouvements, ses réponses, le ton de sa voix,
_ s'appliquer à écouter les autres, etc.

4/ Déterminer une SANCTION à tout manquement, par exemple:
_ quelques privations, quelques prières, une accusation détaillée en confession.
_ On peut se contenter encore de marquer chaque soir le nombre de ses manquements.

II

Consacrez ensuite quelques moments à parcourir des chapitres de cette formation, relever les méditations ou les lectures sur lesquelles il vous semblerait le plus utile de revenir, à raison d'une par semaine ou par mois. Ce conseil est de grande importance:
_ les détails se perdent, les impressions s'effacent, le mouvement se ralentit.
_ Se former à l'humilité est une oeuvre de longue haleine.
_ Allez souvent à cette formation , vous n'en reviendrez jamais sans profit.

III

Pour clore dignement ces saints exercices, ingéniez-vous à trouver diverses pratiques moins ordinaires.
Que la communion de ce dernier jour soit préparée avec plus de soin, et l'action de grâces plus prolongée. Emparez-vous si fort de Jésus que vous l'emportiez partout où vous irez.
Chez vous, s'il se peut, placer des fleurs et une petit lampe allumée, devant une de ses images.
Mettez dans votre physionomie quelque chose de très doux.
Parlez et écoutez de façon à faire plaisir à tous.
Que votre visite au Saint Sacrement prenne une sorte de solennité: extérieur plus soigné, démarche plus grave.
Cherchez une intimité plus sensible, en vous avançant vers l'autel le plus près possible, si près que, parlant à voix basse, Jésus et vous puissiez vous entendre..., si Dieu le permettait. C'est alors que vous réciterez lentement et de tout coeur la prière suivante:

AUPRES DU TABERNACLE

Au sortir de ces méditations où votre souvenir, ô Jésus, m'a suivi tout le long de la route, me voici encore à vos pieds.
Je n'ai plus sous les yeux le crèche où naquit votre humilité, la pauvre demeure de Nazareth qui la vit croître à son ombre durant trente ans,
le Calvaire qui la couronna dans les opprobres.
Mais pourquoi chercher à si longue distance quand je l'ai près de moi?
Pourquoi des souvenirs de vous, ô Jésus, quand je vous ai vous-même, Dieu, anéanti, là peut-être plus que partout ailleurs...
Oh! donnez-moi de comprendre votre Eucharistie!

* * *

Ce qui me frappe tout d'abord, c'est cette humilité simple et bonne qui se fait toute à tous!
Vous aimez les belles cathédrales que vous offre la richesse des villes;
vous aimez tout autant les pauvres églises de campagnes, bâties par la sueur du paysan;
vous vous accommodez même d'un toit de chaume et d'une hutte de sauvage.
_ Ici, des fleurs, des flambeaux qui brillent, des harmonies qui chantent sous les voûtes sonores, des foules empressées...;
là-bas quelques cierges fumeux, des voix sans charme, quelques rares chrétiens distraits!...
Votre grand coeur, ô Jésus, plane au-dessus de ces choses;
il ne voit en elles que l'expression du sentiment;
il est content de ce qu'on lui donne, quand on lui donne ce qu'on peut.
Ici des âmes ignorantes et simples vous offrent des prières vocales, que les lèvres trop souvent sont seules à exprimer;
ailleurs des âmes de plus haute culture vous font entendre la douce mélodie des prières intimes...
Votre grand coeur s'arrête au sentiment de lui-même;
il est content de ce que chacun lui dit, quand on lui dit ce qu'on sait dire.
O Jésus, quelle leçon touchante! Pour me faire vous tout à tous, je dois être humble.
Il y a tant de formes différentes sous lesquelles il faut surtout chercher le coeur;
il y a tant de petits oublis qu'il ne faut pas trop ressentir

* * *
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Alexandre
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Message par Alexandre »

Si je vous contemple vous-même, je découvre une humilité plus profonde.
Votre personne, rien ne la montre;
votre présence, rien ne la trahit;
aucune lueur n'arrive à mes yeux;
aucun murmure ne se fait entendre;
pas un tressaillement ne soulève les espèces saintes qui vous contiennent vivant.
_ Quant à son tour, ma foi vous cherche, elle vous trouve tellement diminué, qu'elle s'étonne.
Quoi! pour votre corps ressuscité, compagnon glorieux de votre belle âme, temple auguste de votre divinité, quoi!
pour tout votre être eucharistique, l'espace mesquin d'un tabernacle! que dis-je? d'un ciboire!
d'une parcelle de pain; car enfin, la plus petite hostie qu'on nous donne, peut être divisée cent fois;
et chacun de ces centièmes vous contient, vous qui êtes si grand!...
Vous voilà sans apparence aucune, réduit à rien: vous n'avez pas de voix;
vous restez immobile;
on vous porte où l'on veut;
votre existence eucharistique, dépend de notre volonté!
O Jésus, si je me vois diminué dans ma réputation, dans mon activité, dans mes ressources, dans mes facultés même, je fixerai mes regards sur cette paix profonde de votre tabernacle, où règne votre humilité.

* * *

Mais que vois-je? les opprobres du passé vous poursuivent jusque dans cette retraite où vous vous cachez pourtant si bas;
ils s'acharnent sur votre petitesse qui s'efface;
ils ne reculent pas devant cette confiance qui se livre!
L'impiété vous nie et vous insulte;
l'incurie vous délaisse sur des linges déchirés ou malpropres, comme un pauvre sur son grabat;
vous vous donnez à l'indifférent;
vous ne vous refusez pas à la bouche fétide ou malade;
vous ne repoussez pas même le sacrilège;
vous êtes l'humble que rien ne rebute!...
Ne pouvant écarter sans de continuels miracles, toutes ces infamies triste produit de la liberté humaine, vous les avez bravement traversées, pour arriver aux coeurs qui vous aiment!
Notre amour vous fut donc plus cher que votre dignité!
O Jésus, si l'on est pour moi sans soins, sans égards, sans reconnaissance;
si par erreur ou par méchanceté, on m'impose des humiliations cruelles, je m'en irai souriant au milieu de ces peines, marchant vers vous.

* * *

O Jésus, par la communion, vous êtes à moi et je suis à vous.
Si nous ne faisons qu'un, comment nous séparer?
Vous me suivez donc dans la vie, me communiquant sans cesse votre esprit d'indulgence, d'effacement, de bonté constante, fruits si doux de votre humilité.
_ Et moi, je me verrais dans tous les tabernacles de la terre près de vous, heureux de cette intimité, confus de cette gloire;
je m'y tiendrai avec vous dans le silence de l'adoration;
et quand j'en sortirai, ce sera, comme vous,
que pour me donner!

* * *

O Jésus, si vous vous étiez moins anéanti,
vous auriez adoré moins profondément votre Père;
Ô Jésus, si vous vous étiez fais moins petit,
je n'aurais pu vous contenir en moi...
Quelle bonté! Quelle sagesse! Quelle leçon!

+ + +

FIN.
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