La Communion spirituelle - R.P. Derely

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Laetitia
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La Communion spirituelle - R.P. Derely

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La Communion Spirituelle - R.P. J.M. Derély, S.J., 1934

La communion spirituelle est l'un des exemples les plus impressionnants et les plus nets de la valeur théologique du désir. N'est-ce pas sous le titre suggestif : "Quelques éléments de la théologie du désir. De l'efficacité du désir loyal et plein de foi dans l'Eucharistie", que M. le chanoine Anger rangeait dans sa "Doctrine du Corps Mystique" la question de la communion spirituelle ?

Nous allons voir jusqu'où va l'efficacité de ce désir quand il s'agit de la communion.

Les conclusions en seront si importantes à la fois et si merveilleuses qu'on ne peut trop en assurer les prémisses.
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Aussi après avoir fait consciencieusement le tour des théologiens qui étudièrent la question en elle-même ou par quelque biais, nous emprunterons ces prémisses à saint Thomas d'Aquin et au Concile œcuménique de Trente : il n'est pas de bases plus solides.

Il y a deux manières, dit saint Thomas, de manger l'Eucharistie, l'une sacramentelle par laquelle on reçoit uniquement les saintes espèces, l'autre spirituelle par laquelle on reçoit l'effet du sacrement, c’est-à-dire l'incorporation au Christ.
Mais il y a aussi deux façons de manger spirituellement le sacrement de l'Eucharistie et d'en recevoir les effets : ou dans la communion spirituelle et sacramentelle à la fois par laquelle on reçoit le sacrement en réalité, ou dans la communion spirituelle seulement, par laquelle on reçoit le sacrement en désir.

Sans doute, la communion sacramentelle, dit le saint Docteur, n'en devient pas inutile pour cela, car 1) le désir serait illusoire qui ne se réaliserait pas dès que c'est possible ; 2) la manducation sacramentelle procure plus pleinement l'effet du sacrement ; 3) elle donne un accroissement de grâce, un perfectionnement de la vie spirituelle.

Mais déjà la seule communion spirituelle 1) suffit à nous donner la vie surnaturelle : Ad hoc quod simpliciter habeatur spiritualis, sufficit perceptio eucharistiae in voto; 2) nous apporte le fruit, les effets de la communion : Desiderant Eucharistiam et per consequens recipiunt rem ipsius ; 3) nous transforme en Jésus et nous incorpore à lui : Potest aliquis in Christo mutari et ei incorporari, voto mentis, etiam sine hujus sacramenti perceptione.

Ces effets merveilleux de la communion, même si elle n'est que spirituelle, que le Docteur Angélique affirme en maints endroits (cf. 3. 73, 68, 79, 80 passim), il les attribue d'abord à la valeur du désir inspiré de la Foi et de la Charité surnaturelle : « L'effet d'un sacrement », déclare-t-il, « peut être obtenu si on a le désir de ce sacrement, bien qu'on ne le reçoive pas en réalité ; ainsi en est-il de ceux qui se nourrissent spirituellement de l'Eucharistie avant qu'ils ne s'en nourrissent sacramentellement »(3.1,3). Et il compare cette efficacité à celle du baptême de désir ou de la contrition parfaite incluant le désir de se confesser.

Mais il y ajoute une efficacité spéciale venant de l'excellence du sacrement de l’Eucharistie : « Telle est l'efficacité de sa vertu propre, que le désir même de ce sacrement obtient à l'homme la grâce qui le vivifie spirituellement ». Quelle que soit d'ailleurs l'explication, le fait reste, pour lui, hors de conteste : L'effet du sacrement de l'Eucharistie, l'unité du Corps mystique sans laquelle il n'est point de salut possible, peut être obtenu avant la réception du sacrement, par le désir de recevoir le sacrement.
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C'est cette doctrine de saint Thomas que reprendra, quelques siècles plus tard, en s'appuyant sur la Tradition, le Concile œcuménique de Trente, dans ses décrets dogmatiques sur l'Eucharistie.

On y lit au chapitre VIII de la XIIIe session :
« Quant à l'usage que l'on doit faire de l'Eucharistie, nos Pères ont légitimement et sagement distingué trois façons de recevoir ce saint sacrement.

Quelques-uns le reçoivent seulement sacramentellement, ce sont les pécheurs ; d'autres, sacramentellement et spirituellement, ce sont ceux qui, s'étant éprouvés et préparés, s'approchent de la Table Sainte avec la robe nuptiale ; d'autres enfin spirituellement seulement, ce sont ceux qui mangent ce pain céleste en désir, avec une Foi vive animée par la Charité, et qui en sentent aussi le fuit et l’utilité.

Le catéchisme romain du Concile de Trente, formulaire officielle de la doctrine romaine, publié par les Papes Pie V et Clément XIII en vertu d'un décret du Concile de Trente, transmettra aux pasteurs des âmes cette doctrine.

Le paragraphe 55 du chapitre IV de la IIe. partie a pour titre : « De combien de façons pouvons-nous communier au Corps et au Sang du Seigneur ? »

« On doit enseigner aux fidèles », y lit-on, « quels sont ceux qui peuvent profiter des fruits admirables de l'Eucharistie, et leur dire qu’il n’y a pas qu’une manière de communier, afin que le peuple fidèle se porte avec une sainte émulation vers les meilleurs dons... ».

Il reprend alors les paroles mêmes du Concile, s'appuyant sur le témoignage de nos Anciens dans la Foi, pour ranger près de la communion sacramentelle la communion spirituelle et lui attribuer les mêmes effets.

Pas tout à fait cependant : car là où le Concile avait dit simplement que la communion spirituelle procure le fruit et l'utilité de la communion sacramentelle, il précise -conformément à ce que nous avons vu dans saint Thomas- : « si non omnes, maximos certe utilitatis fructus consequuntur » : si la communion spirituelle ne procure pas absolument tous les fruits de la communion sacramentelle, elle nous en procure certainement tous les plus grands.
Le décret de Trente, remarque le cardinal de Lugo, semblait favoriser les théologiens qui attribueraient à la communion spirituelle une valeur ex opere operato.

Aussi Suarez et Velasquez s'élevèrent contre eux ; mais comme il faut expliquer les mots du Concile : ils sentiront le fruit et l'utilité du sacrement, le cardinal de Lugo s'essaie à les expliquer ainsi :
« Par la communion spirituelle, on reçoit d'abord l'accroissement de grâce que l'on aurait reçu de la communion sacramentelle, parce que le désir de communier apporte à l'âme une augmentation de la grâce sanctifiante et des dons de Dieu. Même il arrive souvent que quelqu'un, à cause de sa grande ferveur, puise plus de grâces dans une communion spirituelle qu'un autre dans une communion sacramentelle. Cette grâce est dite venir du sacrement, non par la vertu du sacrement, mais parce que le sacrement est l'objet du désir : ainsi le désir du martyre peut équivaloir au martyre. »

« Quant aux fruits secondaires de la communion sacramentelle, on peut les recevoir du sacrement, non comme un droit : de condigno, ex opere operato,- mais de congruo, impetratorie, de façon "impétratoire" : Dieu infiniment miséricordieux faisant à l'âme, à cause de l'excellence du sacrement de l'Eucharistie que l'on désire, les grâces qu'auraient apportées le sacrement reçu » (de Lugo B. 13-5 I, no1 et 2).

Saint Thomas avait donné une raison analogue pour la justification des adultes par le baptême de désir : « Dieu dont la puissance n'est pas liée par les sacrements visibles, sanctifie intérieurement l'âme à cause de ce désir qui procède de la foi opérant dans la charité »(q.6).
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De nos jours, les solides auteurs spirituels qui ont traité de la communion spirituelle, le P. Mullendorf en Allemagne, le P. Chauvin chez nous, après Mgr. de Gibergues, s'en tiennent à saint Thomas et au Concile de Trente.

Puisque c'est ce que l'Eglise, dans le Catéchisme de Trente, demande à tous les pasteurs des âmes de prêcher, c'est ce que nous dirions aussi aux âmes :

« QUAND LA COMMUNION SACRAMENTELLE EST IMPOSSIBLE, IL EST UNE AUTRE MANIÈRE DE COMMUNIER ET DE RECEVOIR LE FRUIT MÊME DU SACREMENT, "rem sacramenti", et, avec lui, sinon tous les effets, du moins CERTAINEMENT TOUS LES PLUS GRANDS : C'EST LA COMMUNION SPIRITUELLE. »

Les Saints, instruits par le Ciel, ne parlent pas autrement que l'Eglise, ses docteurs, et ses théologiens.


« Toutes les fois que tu me désires », disait Notre Seigneur à sainte Mechtilde, « tu m'attires à toi. Un désir, un soupir suffit pour me mettre en ta possession ».

« Ton désir de me recevoir a si vivement touché mon Cœur », dit le Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie, « que si je n'avais pas institué ce sacrement, je l'aurais fait en ce moment pour me rendre ton aliment... Je prends tant de plaisir à être désiré qu'autant de fois le cœur forme ce désir, autant de fois je le regarde amoureusement pour le tirer à moi ».

C'est encore Notre Seigneur qui disait à la bienheureuse Ida de Louvain : « Appelle-moi, et je viendrai ».
- « Venez Jésus », implora-t-elle aussitôt, et, tandis qu'elle se sentait remplie de bonheur comme si elle avait communié : « En quelque lieu, en quelque manière qu'il me plaît », lui dit Jésus, « je puis, je veux, je sais satisfaire les saintes ardeurs d'une âme qui désire ».

Et c'est le Christ encore qui chargeait sainte Marguerite de Cortone de rappeler à un religieux la parole de saint Augustin : « Crois... et tu auras mangé ». Cette « mise en possession du Christ », cette « façon mystérieuse par laquelle le Christ se fait vraiment notre aliment », cette « venue en nous du Christ », ce « regard merveilleux qui nous attire à lui », cette « manducation spirituelle du Christ » qui est le fruit propre de l'Eucharistie, s'accompagnera aussi, toujours au témoignage des saints, de la plupart des autres effets de la communion sacramentelle.

La liturgie appelle celle-ci « la nourriture et le remède », « cibus, remedium ».

Saint Augustin appelle celle-là « le pain du cœur et la guérison du cœur ».

Celle-ci est « l'aliment quotidien de la ferveur », et le saint Curé d'Ars dit de celle-là : « La communion spirituelle fait à l'âme comme un coup de soufflet sur un feu couvert de cendres et qui commence à s'éteindre.

Quand nous sentons l'amour de Dieu se refroidir, vite ! la communion spirituelle! ».
« Celui qui mange ma chair vivra par Moi », avait dit Notre Seigneur dans l’Évangile, et il disait à sainte Mechtilde : « A ton réveil, soupire après moi de tout ton cœur! Aspire-moi par un soupir d'amour et je viendrai en toi, j'opérerai en toi toutes tes œuvres, je souffrirai en toi toutes tes souffrances ».

On sait le retentissement éternel d'une communion sacramentelle: « Chaque fois », dit Notre Seigneur à sainte Gertrude, « qu'on regarde avec dévotion la sainte Hostie, on augmente son bonheur éternel et on se prépare pour là-haut autant de délices qu'on aura multiplié ces regards d'amour et de désirs vers l'Eucharistie ».

Saint Alphonse Rodriguez et sainte Gertrude avouaient avoir reçu parfois « plus de grâces d'une communion spirituelle que d'une communion sacramentelle ».
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« Par la communion spirituelle », disait saint Léonard de Port-Maurice, « beaucoup d'âmes sont arrivées à une haute perfection ».
- « Votre âme », écrivait-il un jour, « en retirera de très grands fruits ; si vous le faites souvent, je vous donne un mois de temps pour être tout à fait changé, mais soyez persévérant. »

« Par une communion spirituelle », déclarait sainte Thérèse (d'Avila), « la venue de Notre-Seigneur en mon âme y produit comme une douce chaleur qui peut durer plusieurs heures ».

« C'est par la communion spirituelle », témoignait le bienheureux Pierre Favre, "qu'on se prépare à recevoir de plus grandes grâces de la communion sacramentelle".

Et saint J.-B. Vianney se consolait par elle de ne communier qu'une fois par jour : « Nous ne pouvons pas recevoir Notre-Seigneur plusieurs fois par jour », disait-il, « mais si nous l'aimons véritablement, nous y suppléerons en nous unissant à lui par la communion spirituelle ».
Pour finir, ce cri de sainte Angèle de Foligno : « Si mon confesseur ne m'avait pas appris cette manière de communier, je n'aurais pu vivre ! ».

Ne pouvons-nous pas conclure cet exposé de l'efficacité de la communion spirituelle en disant avec Mgr. de Gibergues : « La communion spirituelle est peu connue, dans sa puissante efficacité, et trop peu pratiquée. On n'apprécie pas assez son étonnante valeur ».

Nous le disions nous-mêmes dernièrement à S. Exc. Mgr. Gerlier, et il nous répondit aussitôt : « Vous me parlez exactement comme le Pape me parlait il y a quelques jours. Je lui demandais de permettre aux grands malades de nos pèlerinages de communier chaque jour sans être à jeun ; et, au lieu de me répondre avec élan, comme je m'y attendais, qu'il accordait la permission, je fus étonné de l'entendre me dire : "Mais on n'apprécie pas assez, dans ce cas, la communion spirituelle ! Voyez donc ce qu'en dit Alphonse de Liguori". Saint Alphonse de Liguori redit lui aussi qu'elle est une vraie communion. »

« O merveilleuse puissance de l'âme humaine », écrit encore Mgr. de Gibergues. « Pouvoir qui permet à chacun de nous de réaliser pour lui-même d'une certaine manière ce que le prêtre accomplit pour tous les fidèles.

Un pauvre sauvage n'a plus de prêtre pour le baptiser, mais il fait monter vers le Seigneur la clameur de son désir : le voilà baptisé !
Une pauvre pécheresse se tourne vers Dieu : elle a soif d'amour et de pardon : la voilà pardonnée.

Vous ne pouvez vous approcher de la Sainte Table ; dites à Jésus : Venez, je meurs sans vous ! Jésus accourra, vous aurez communié.

Pendant la messe, Jésus s'élance à la voix de son ami qui l'appelle : le voilà entre les mains du prêtre. Âme pieuse, vous formulez dans votre cœur un désir ardent : Jésus s'élance vers son épouse bien-aimée, le voilà dans votre cœur !

La créature devient maîtresse de Dieu. La communion spirituelle est vraiment une toute-puissance donnée à la créature sur le Créateur, elle est bien, comme le dit le P. Faber, une des plus grandes puissances de la terre. »
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 CONCLUSION PRATIQUE

I - En quoi consiste au juste la communion spirituelle ?

En un désir sincère de recevoir Jésus dans l'Eucharistie, désir né d'une foi vive et animé par la charité surnaturelle. Ainsi la définit Suarez, après saint Thomas.

Le Concile de Trente disait d'une façon plus réaliste :

"Elle consiste à manger en désir le pain céleste, avec une foi vive qui agit par amour".

La formule la plus simple serait : "Veni, Domine Jesu ! Venez, Seigneur Jésus!", ou celle de nos petits Croisés : "Jésus-Hostie, j'ai faim de vous".

Mais la communion spirituelle suppose :

1° - qu'on peut vivre sacramentellement : les anges ne peuvent faire la communion spirituelle ;

2° - qu'on ne peut en ce moment communier sacramentellement : sinon le désir n'étant pas sincère en serait inefficace ;

3° - qu'on a la foi et qu'on est en état de grâce ou que l'acte de charité nous y met.


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II - Rôle de la communion spirituelle dans la vie des Chrétiens :

A) Avant la première Communion :

Si c'est une communion spirituelle, faite en leur nom par l'Eglise, dans le baptême, sacrement de la communion de désir, qui a donné aux baptisés la vie surnaturelle, la communion spirituelle aura plus d'efficacité encore, remarque le P. Mullendorf, chez l'enfant qui, déjà baptisé, pourra mériter, et qui désire de lui-même cette communion dont il a déjà quelque connaissance et quelque amour.

Si la communion spirituelle est vraiment une communion, où l'âme se nourrit spirituellement du Christ, pour en vivre et être de plus en plus incorporée à lui, ce sera donc, entre le baptême et la première confession ou communion, la grande nourriture de vie divine du petit baptisé, ce qui va surtout accroître sa taille spirituelle, sa vie de Christ.

Avec quel soin les mères chrétiennes, ou leurs suppléantes pour l'éducation religieuse des enfants, catéchistes et zélatrices de Croisade, devront-elles faire les meilleurs efforts pour faire désirer aux enfants, le plus vite possible et le plus souvent possible, de recevoir Jésus dans la petite Hostie. Elles seront ainsi les mamans nourricières de l'âme des petits.

Cette formation à la communion spirituelle fervente et fréquente croîtra, bien entendu, avec l'approche de la première Communion, aiguisant cet appétit spirituel du sacrement qui permettra au petit communiant de profiter pleinement de sa première nourriture eucharistique sacramentelle.


B) Après la première communion :

La communion spirituelle devrait avoir sa place :

1° - D'abord, à un moment fixe, tous les matins où l'on ne peut communier. Et ne pourrions-nous pas poser en principe que TOUT VRAI CHRETIEN DOIT COMMUNIER TOUS LES JOURS : OU SACRAMENTELLEMENT, OU, s'il ne le peut, SPIRITUELLEMENT.

L'Eucharistie est le pain du jour.

2° - Mais, en plus de cette communion quotidienne, sacramentelle ou spirituelle, comme il faudrait que l'habitude de la communion spirituelle soit prise par tous : par exemple, le soir, avant le coucher, en pensant à la communion du lendemain, et le matin, après l'offrande, dès le réveil : "A ton réveil", disait Notre Seigneur à sainte Mechtilde, "soupire après moi de tout ton cœur" ; à la communion de la messe, si l'on ne peut vraiment pas communier sacramentellement : "Alors, il faut dévorer des yeux de l'esprit ce divin aliment, ouvrir la bouche de son âme avec un ardent désir de le recevoir" (Rodriguez); au début et à la fin d'une visite au Saint Sacrement, comme le recommande saint Alphonse de Liguori ; en passant devant une église et en voyant un clocher. (1)

Peut-être pourrait-on y penser avant le repas, au lieu de se jeter sur la nourriture corporelle. Sainte Marguerite-Marie fit faire à ses novices, pendant une retraite, cinq communions spirituelles par repas. Elle-même, pendant une retraite, la faisait à chaque morceau qu'elle prenait.

Dans le catéchisme et les réunions de Croisade eucharistique, ne pourrait-on pas, après avoir fait comprendre aux enfants la valeur de la communion spirituelle, en faire l'objet d'un effort particulier qu'on marquerait de façon spéciale au Trésor du Sacré-Cœur. On y attacherait une grande importance et on signalerait les progrès ?
La grâce fera le reste.
"Sitit sitiri". Jésus a soif qu'on ait soif de lui.

"Qui edunt me adhuc esurient". Celui qui me mange aura encore faim. Plus nous le mangerons spirituellement ou sacramentellement, plus nous aurons faim de Jésus.

Et nous arriverons à cette soif insatiable de communier que le Sacré-Cœur donnait à sainte Marguerite-Marie comme la marque qu'elle était conduite par le Saint-Esprit :
"Tu reconnaîtras que c'est mon Esprit qui te guide, en ce qu'il te donne une soif insatiable de communier !".

(1) Note : Malheureusement, ces deux dernières pratiques, sont pour la plus part d'entre nous impossibles. Cependant, celle que saint Alphonse de Liguori conseille peut être avantageusement remplacée par un acte de réparation :

"Père Éternel, je vous offre le très Précieux de Jésus, en réparation des outrages et des sacrilèges dont l'Auguste Trinité est abreuvé dans la nouvelle messe. Mon Dieu que votre règne arrive. "

Devant cela, nul doute que le divin Jésus accourra se cacher dans cette âme si jalouse de sa gloire.

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Re: La Communion spirituelle - R.P. Derely

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Toutefois, en notre si éprouvante pénurie présente, il est utile d’ajouter à ce texte du R.P. Derely quelques considérations.

A très juste titre en temps ordinaire, on a appris aux Chrétiens-Catholiques à redouter fortement de manquer l’assistance à la Sainte Messe, au moins le Dimanche et les jours de Fêtes d’obligation en lesquels cette assistance est de soi obligatoire sub gravi, sous peine de péché mortel. Et de même pour la Sainte Communion, laquelle est aussi impérée sub gravi au moins une fois par an au temps Pascal, ainsi que la Confession Sacramentelle, et de soi si fructueuse plus elle est bien reçue.

Néanmoins, on a négligé de leur enseigner un point qui, il est vrai, ne se présentait guère en temps normal en nos pays alors entièrement Catholiques. Celui de redouter le péché de soi mortel de la “communicatio in sacris cum haereticis seu schismaticis”, celui de s’exposer à une grave faute contre la Confession de la Foi en assistant à des offices et cérémonies illégitimes.

L’Eglise interdit absolument l’assistance et participation active à de telles cérémonies illégitimes (can. 1258), et communier en connaissance de cause en une telle circonstance ne serait rien moins qu’un sacrilège. Dans l’un de ses Cantiques, Saint Louis-Marie dit : C’est le plus noir des attentats, c’est le baiser de Judas. Alors, même si Notre Seigneur est vraiment reçu en la Sainte Eucharistie, non seulement la grâce sacramentelle n’est pas accordée, le Sacrement est alors infructueux, mais qui plus est cela implique de soi un grave péché mortel de sacrilège, Saint Augustin allant même jusqu’à employer le terme si fort et a priori si étonnant de venenum ! Au lieu de donner un accroissement de vie spirituelle, elle donne alors la mort comme un venin, un poison !

En ce cas, s’écarter de telles cérémonies n’est donc point un acte de vertu qui serait seulement un mieux agir et facultatif, c’est un devoir grave et nécessaire. D’où le refus de Saint Herménégilde de recevoir un jour de Pâques la communion de la main d’un évêque arien ; et cela malgré la menace de son père de le faire exécuter en cas de refus : ce qui arriva, et en fit un très glorieux Martyr !

En une telle situation, la Communion seulement Spirituelle est donc non seulement plus méritoire, puisqu’elle se joint à la Confession Publique de la Foi, mais Dieu est de ce fait d’autant plus porté à accorder des grâces plus grandes encore dont on a alors plus besoin. Dieu n’étant point prisonnier des canaux ordinaires de la grâce qu’Il a institués.

Il nous faut alors, selon le mot de Saint Augustin, préférer aux consolations de Dieu le Dieu des consolations ; donc aussi alors, aux Sacrements de Dieu le Dieu des Sacrements, l’Auteur et le dispensateur principal de la Grâce plutôt que les canaux ordinaires de la grâce.

Tout ceci relève aussi de la Charité qui fait préférer Dieu Lui-même en Lui-même et pour Lui-même à tout, et de l’ordre ou hiérarchie des biens et fins s’élevant jusqu’à Dieu Lui-même.
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