Tiré des œuvres de Saint Jean Eudes, édition de 1907, tome 5 : L'Enfance admirable de la très Sainte Mère de Dieu.
Extrait de l'introduction de l'éditeur de cet ouvrage.
[...]La dévotion au saint Nom de Marie n'occupe pas moins de cinq chapitres de l'Enfance admirable. Dans les deux premiers, le P. Eudes reprend, en y en ajoutant une nouvelle, les seize interprétations qu'il avait données précédemment du Nom de Marie. Seulement, il les range dans un ordre nouveau, les développe davantage et les fait suivre d'élévations très pieuses, qui enlèvent à cet exposé sa sécheresse primitive.
Dans les deux chapitres suivants, le Vénérable s'étend complaisamment sur l'excellence et la vertu du Nom de Marie, ce qui lui fournit une nouvelle occasion de célébrer les grandeurs de la sainte Vierge, et notamment la prédilection dont elle est l'objet de la part du Père éternel, et les bienfaits qu'elle répand sur la terre. Le dernier chapitre roule principalement sur les moyens à employer pour honorer le Nom de Marie. Le P. Eudes en recommande huit, dont les principaux sont l'invocation fréquente de ce Nom béni, la célébration de la fête établie en son honneur, et la récitation du Benedictum sit.
(à suivre)Saint Jean Eudes a écrit :
CHAPITRE XVII.- Le septième Mystère de le sainte Enfance de la bienheureuse Vierge, qui est le très saint Nom de Marie.
C'est une maxime infaillible, dit Albert le Grand (1), et tous les autres saints Docteurs en demeurent d'accord, que non seulement toutes les faveurs dont Dieu a honoré ses Saints ont été accordées à la Reine de tous les Saints, et que la Mère n'a pas été moins privilégiée que les serviteurs; mais que tout ce qui peut contribuer à sa gloire lui a été donné avec autant d'excellence par-dessus tous les habitants du ciel, qu'elle les surpasse en dignité et en sainteté. C'est pourquoi, si le nom du patriarche Isaac a été révélé par un Ange à son père Abraham, et si le nom de saint Jean-Baptiste a été annoncé par un messager du paradis à son père Zacharie et à sa mère sainte Élizabeth, on ne doit pas douter que le sacro saint Nom de Marie ne soit venu du ciel, dont il a été apporté par le bienheureux Archange saint Gabriel, qui a toujours été employé dans toutes les choses qui appartiennent au mystère adorable de l'Incarnation, lequel s'est accompli dans les sacrées entrailles de la divine Marie. Ç'a été par un ordre exprès de la très sainte Trinité, que ce glorieux Archange a été envoyé du ciel à saint Joachim et à sainte Anne, pour leur déclarer que sa divine Majesté leur voulait donner une Fille, et que son nom serait Marie, qui ensuite lui fut imposé, quelques jours après sa naissance, par le même saint Joachim, selon le commandement qu'il en avait reçu de la part de Dieu par la bouche de l'Ange.
C'est le sentiment de saint Jérôme (2) , de saint Jean Damascène (3) , de saint André de Jérusalem (4), et de plusieurs autres saints Docteurs. D'où il faut inférer que ce saint Nom de Marie étant venu du ciel, et par l'ordre du souverain Monarque du ciel et de la terre, il est sorti par conséquent du Cœur adorable de la très sainte Trinité, et a été tiré du trésor de la Divinité : De thesauro Divinitatis, dit saint Pierre Damien, Maria Nomen evolvitur (5) .
L'homme s'étant perdu misérablement, et le Père des miséricordes cherchant le moyen de le sauver, voilà le Nom de Marie qui paraît dans les trésors de sa divine sagesse, et qui se présente aux yeux de son infinie bonté, à la vue duquel ce Dieu de toute consolation fait un décret, dans son divin conseil, que ce grand œuvre de la rédemption des hommes et de la réparation du monde se fera par Marie, en Marie, de Marie et avec Marie; afin que, comme rien n'a été fait sans le Verbe incarné, rien ne soit réparé sans la Mère du Verbe incarné.
C'est à peu près le discours de ce saint Cardinal, qui nous fait voir que le sacré Nom de Marie est sorti du trésor de la divine Charité, où il était cachée de toute éternité .
Après cela, il ne faut pas s'étonner si ce précieux Nom contient en soi toutes les merveilles que nous allons voir dans les chapitres suivants.
(1) In Bibl. B. Mar. ad cap. 1 Cant.
(2) De . Nat. Virg.
(3) Orat. 2 de Nat. B. Virg.
(4) Orat. in Salut. Ang.
(5) De. Annunt.