Extraits de la vie de Ste Catherine de Sienne par St Raymond de Capoue.
(à suivre)14. Elle demanda aussi à son divin Époux pour quelle raison, dans son agonie au jardin de Gethsemani, il avait demandé à son père d'éloigner de ses lèvres, s'il était possible, le calice amer de la Passion, qu'il savait inévitable, soit à cause de la rage de ses ennemis, soit à cause des arrêts divins qui lui étaient bien connus, tandis que peu de temps avant il s'était montré avide de boire ce calice. Le Seigneur eut la bonté de satisfaire à sa pieuse demande, en lui disant que ce n'était pas la terreur de sa passion ni l'opprobre de sa mort qui l'avaient fait défaillir dans sa terrible agonie, puisque dès le premier instant de sa vie mortelle, il s'était librement offert pour apaiser, par ce sacrifice, son Père offensé ; mais en s'offrant à la passion et à la mort qui devait sauver le genre humain, il se sentait accablé de tristesse, en prévoyant qu'une multitude innombrable d'hommes aveuglés profiteraient peu, ou ne profiteraient pas de son sang, qui deviendrait inutile par leur faute. Il savait pourtant que ce prix était plus que suffisant pour racheter de l'esclavage du démon, non seulement les malheureux insensés qui veulent se damner, mais une infinité d'autres, lors même que les générations humaines se succéderaient pendant toute l'éternité.
C'était cette peine qui avait eu la puissance de le réduire à la dernière extrémité, jusqu'à lui faire suer du sang ; c'était là le calice qu'il buvait malgré lui, et il demandait à son Père de l'éloigner, s'il était possible, afin qu'en souffrant et mourant pour sauver les hommes, tous pussent obtenir la grâce de la persévérance finale et par conséquent le fruit du salut éternel.