Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le dimanche dans l'octave de l'Epiphanie

[Laetitia]

Que votre charité se réveille donc, mes frères, à ces paroles que le Sauveur vous adresse, comme il les adressa à sa Mère : « Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut m'occuper avant tout des intérêts de mon Père ? Et ils ne comprirent pas les paroles qu'il venait de leur dire. » Sans doute, parce qu'ils ne pensèrent pas au Père céleste, dont Jésus était le fils et l'envoyé.

« Et il s'en alla avec eux, et il leur était soumis. » Quel est ici celui qui obéit ? quels sont ceux à qui cette obéissance s'adresse ? C'est un Dieu qui obéit à des hommes. Le Dieu qui commande aux Anges, aux Principautés et aux Puissances, est soumis à Marie, et non-seulement à Marie, mais encore à Joseph. « Considérez ces deux choses, s'écrie à ce sujet saint Bernard, et dites-moi laquelle est la plus admirable, ou de la condescendance du fils, ou de la dignité de la mère. Tout me parait prodigieux, tout me frappe de stupeur. Dans l'obéissance de Dieu à une femme, je vois une humilité sans exemple, dans l'autorité d'une femme sur Dieu, je vois une élévation qui n'a jamais eu rien de semblable. Un des privilèges de la virginité, c'est de suivre l'Agneau partout où il ira. Que dire de la vierge qui le précède ? Apprends, ô homme, à obéir ; apprends, terre, à te soumettre ; apprends, poussière, à t'humilier. C'est de ton Créateur que l’Évangéliste dit ces mots : « Et il leur était soumis. » Rougis de ton orgueil,misérable cendre.

Un Dieu s'abaisse, et tu t'enorgueillis ! Un Dieu se soumet aux hommes, et non content de vouloir commander aux hommes, tu te préfères à Dieu. Oh ! s'il m'arrivait de concevoir de pareilles pensées, puissé-je entendre de mon Dieu ce reproche : « Va-t-en loin de moi, Satan, car tu ne connais pas la sagesse de Dieu. ». Marc. VIII, 33. Toutes les fois que je désire être élevé au-dessus des hommes, je m'efforce de dépasser mon Maître, et je ne m'inspire plus de sa sagesse ; car il est écrit de lui : « Et il leur était soumis.

Tu dédaignes l'exemple d'un de tes semblables : dédaigneras-tu, 0 homme, l'exemple de ton Créateur ? Si tu ne peux le suivre là où il est monté ? suis-le au moins là où il est descendu pour ton amour.

Imitez, mes frères, l'humilité de votre Sauveur, et vous mériterez de partager un jour son élévation et sa gloire ; car de sa bouche est sortie cette sentence irrévocable : « Quiconque s'élève sera humilié, quiconque s'humilie sera élevé. » Omnis qui se exaltat humiliabitur, et qui se humiliat exaltabitur. Luc, XIV, 11.