Embryon de controverse avec des auto-proclamés “orthodoxes”

[Abbé Zins]

« Il est à noter que le Christ a dit deux fois : « pais mes agneaux », et une seule fois : « pais mes brebis » ..

Saint Ambroise, dans le dernier chapitre de Saint Luc, dit que ce sont les agneaux qui ont été d’abord confiés à Pierre, en grec, arvia.

Ensuite, les petits moutons, qu’on appelle en grec probatia.

Et, en troisième lieu, les brebis, en grec, probata. ..

Après avoir clarifié ce point, nous prouvons, à partir de cette traduction qui ne semble pas dénuée de mystère, qu’à Pierre sont soumis tous les Chrétiens.

Car, si, par petits moutons, nous entendons agneaux, nous dirons qu’on a répété ces mots pour signifier deux peuples, les Juifs et les Gentils.

Et que les brebis, qui ne sont nommées qu’une seule fois, signifient les évêques, qui sont comme les mères des agneaux.

Le Seigneur a donc confié à Pierre le soin des agneaux, c.à.d. du peuple juif, et des agneaux encore, c.à.d. des Nations, ainsi que des brebis, c.à.d. de ceux qui engendrent ces agneaux dans le Christ, les apôtres et les évêques. ..

On peut entendre aussi, par agneaux, les peuples qui ne reçoivent aucun soin pastoral, qui ne sont que fils et non parents.

Par oviculas, (petits moutons), on peut entendre les prêtres mineurs, c.à.d. les vicaires et les curés, qui sont parents des peuples tout en étant fils des évêques.

Par brebis, enfin, on peut entendre les prêtres majeurs, les évêques, qui président aux agneaux et aux petits moutons.

Mais eux aussi sont soumis à Pierre.

C’est à cela que semblait penser Saint Léon quand (dans le sermon 3 sur l’anniversaire de son intronisation), il enseigne que Saint Pierre a été mis, par le Christ, à la tête de toutes les Nations, de tous les patrices et de tous les apôtres, car les Nations sont des agneaux, les patrices des jeunes moutons, et les apôtres des brebis adultes et parfaites.»

(Saint Robert Bellarmin, Controverses, 3e P. L. 1 ch. 16)

[Abbé Zins]

Un seul est établi au-dessus des autres en vue de l’unité de tous :


Du reste, si tous les Apôtres avaient tout reçu à égalité avec Saint Pierre comme le prétendent certains, pourquoi les fils de Zébédée, Saints Jacques et Jean, auraient-il fait demander par leur mère à Notre Seigneur de leur accorder de siéger à Sa droite et à Sa gauche ? D’où ce que souligne Saint Jean Chrysostome :

« Comme le Fils de Dieu avait promis à tous de les faire siéger sur douze trônes, ils souhaitaient d’avoir les premiers d’entre ces douze.

Ils savaient déjà que Jésus-Christ les préférait aux autres Apôtres ; mais ils appréhendaient encore Saint Pierre.

C’est pourquoi, sans le nommer, ils disent seulement :

« Ordonnez que nous soyons tous deux assis dans Votre Royaume ; l’un à Votre droite et l’autre à Votre gauche ». ..

« Alors les dix autres Apôtres conçurent de l’indignation contre les deux frères.» (v. 24)

Ce mot : alors, se rapporte visiblement au moment où Jésus-Christ reprit Ses deux disciples.

Tant qu’ils doutèrent des sentiments de Jésus-Christ sur ce point, ils ne témoignèrent point d’indignation : et ils ne se plaignaient pas de ce que Jésus-Christ leur préférait ces deux frères.

Le respect qu’ils avaient pour leur Maître les tenait dans le silence, et quoiqu’ils ressentissent en eux-mêmes quelque dépit, ils n’osaient néanmoins le faire paraître.

Ils avaient déjà été affectés de ce que Jésus-Christ avait payé le tribut pour Lui et Saint Pierre seul (Mt. 17,26) ;

mais ils n’en témoignèrent pas alors leur peine, mais se contentèrent de demander seulement au Seigneur quel était le plus grand d’entre eux.


Mais quand ils voient ces deux disciples affectés d’eux-mêmes, et demander la primauté, ils commencent alors à murmurer .. quand ils voient que Jésus-Christ les en reprend..

Il est aisé de voir dans cette conjoncture que tous les Apôtres étaient encore bien imparfaits ; puisque deux d’entre eux désirent d’être les premiers de tous, et que tous les autres s’en fâchent et en conçoivent de la jalousie.

Mais comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas dans cet état que nous devons regarder les Apôtres, mais dans celui où le Saint-Esprit les a établis depuis, quand, les remplissant de Sa grâce, Il les a guéris de toutes leurs passions.

Aussi le même Saint Jean, qui demande ici d’être assis à côté de Jésus-Christ dans Son Royaume, fait tout le contraire après la Pentecôte, et donne en toute rencontre la préséance à Saint Pierre.»

(Saint Jean Chrysostome, Hom. 65 sur Mt. 20,20s)

[Abbé Zins]

N’est-ce pas au contraire le laisser-aller dans les passions qui a conduit les clercs grecs au schisme ?


Désir de plusieurs Patriarches de Constantinople d’être d’abord déclarés les seconds après le Pape,
puis d’être honorés à égalité avec lui, avant de prendre sa place et le titre d’ “évêque universel”.

Manque d’humilité des Grecs en se voyant soumis aux Romains et finalement en refusant d’accepter cette disposition de la Divine Providence ;

enfin, nous le verrons, désir de pouvoir allier dignité sacerdotale et mariage.

« A-t-il manqué quelque chose à Pierre pour qu’on l’appelle la pierre sur laquelle serait édifiée l’Église ? »


(Tertullien, L. de prescriptione, ch. 22)

« Le primat est donné à Pierre, afin que l’Eglise du Christ soit montrée Une, et la Cathèdre une.»

(Saint Cyprien, 200-258, Archevêque de Carthage, L. 1, de Unitate Ecclesiae)

« Il n’y a qu’un Dieu, qu’un Christ, qu’une Eglise,

et qu’une Chaire fondée sur Pierre par la parole de Jésus-Christ »

(Saint Cyprien, Ep. 40)

« la Chaire de Pierre est cette Eglise principale d’où est sortie

l’unité sacerdotale auprès de laquelle l’erreur ne peut avoir d’accès »

(Saint Cyprien, Ep. 45, au Pape Saint Corneille)

« Pierre est celui que le Seigneur a élu pour être le premier, et c’est sur lui qu’il a édifié son Église.»

(Saint Cyprien,Ep. Ad Quintum)

[Abbé Zins]

« Entre les Douze, un est choisi, afin qu’établi la tête, l’occasion de schisme soit ôtée.»

(Saint Jérôme, 331-429, L. 1 Contra Jovinianum)

« Je parle avec le successeur du pêcheur et le disciple de la Croix.

C’est pourquoi je ne m’associe à nul autre en premier si ce n’est, en suivant le Christ, à votre Béatitude, c.à.d. à la communion de la Chaire de Pierre, sachant l’Eglise édifiée sur cette pierre. ..

Trois partis qui divisent l’Eglise d’Antioche, veulent m’attirer à eux ; mais moi je crie :

Si quelqu’un est uni à la Chaire de Pierre, il l’est à moi. ..

Je supplie votre Béatitude de me faire connaître par ses lettres avec qui je dois communiquer en Syrie ..

Quiconque mange l’Agneau en dehors de cette demeure, est un profane :

si quelqu’un n’est pas en l’Arche de Noé, il périra durant le déluge.»

(Saint Jérôme, Ep. 15, au Pape Damase)

[Abbé Zins]

Gravité du schisme menant à la damnation :

« Assurément, bien que la voix du Seigneur Lui-même dans le Saint Evangile montre ouvertement où l’Eglise a été établie, écoutons cependant ce que le Bienheureux Augustin, à la pensée de cette sentence dominicale elle-même, a défini.

En effet, dit-il, l’Eglise est établie en ceux qui reconnaissent qu’elle est gouvernée par la Succession de ceux qui régissent le Siège Apostolique, et quiconque s’élève contre la communion ou l’autorité de ce Siège, démontre qu’il fait schisme (quicumque ab earumdem Sedium se communione vel auctoritate suspenderit, esse in schismate demonstratur).

Et plus loin : « Demeurant dehors, même (mort) pour le Nom du Christ, tu demeureras mort. Tu ne seras point compté parmi les membres du Christ, qui souffrent pour le Christ en adhérant à Son Corps, en luttant pour la Tête ».

Et le Bienheureux Cyprien dit aussi .. entre autre :

« L’origine a commencé par l’unité, et le Primat a été donné à Pierre, afin que l’Eglise et la Chaire du Christ soit démontrée une ; et tous sont pasteurs, mais le troupeau est montré un en tant qu’il est régi par le consentement unanime des Apôtres ».

Et peu après : « Celui qui ne tient point cette unité, croit-il tenir la foi ? Celui qui s’écarte de la Chaire de Pierre, sur laquelle l’Eglise est fondée (Mt. 16,18) et y résiste, se croit avec assurance dans l’Eglise ? » ..

« Ils ne peuvent demeurer avec Dieu, ceux qui ne veulent point être unanimes dans l’Eglise de Dieu : même s’ils offrent leur vie en étant livrés au feu et torturés par les flammes, ou exposés aux bêtes, ce ne sera point ici la couronne de la foi mais la peine de la perfidie, ni la gloire de l’achèvement de la vertu de religion mais la perte découlant du désespoir.

Ceux qui sont tels peuvent être mis à mort, mais non être couronnés..

Le crime du schisme est pire que celui de ceux qui ont sacrifié ; lesquels, en faisant pénitence, peuvent obtenir de Dieu une pleine réparation par la prière.

En ceux-ci l’Eglise est recherchée et implorée, en ceux-là l’Eglise est repoussée. Celui qui est tombé s’est nui à lui tout seul, ceux qui se lancent dans le schisme en trompent beaucoup en les attirant avec eux.

Ici une seule âme est damnée, là il y a péril pour un grand nombre.

Ici, on comprend facilement qu’on a péché, on s’en lamente et en pleure, là, s’enorgueillissant en son péché et se complaisant en son délit, on sépare des fils de leur Mère, on sollicite des brebis pour les écarter de leur pasteur, on détourne les Sacrements de Dieu ; et tandis que le tombé a péché une fois, là on pèche quotidiennement.

Par la suite, le tombé peut obtenir par le Martyre subséquent les récompenses du Royaume ; là, si l’on est occis en dehors de l’Eglise, on ne peut point parvenir aux récompenses promises à l’Eglise.».»

(Pélage II, Pape, 579-590, Ep. Dilectionis vestrae, 585, aux ev. schismatiques d’Istrie)

[Abbé Zins]

« Celui-ci est Pierre auquel Il a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre J’édifierai Mon Eglise.» (Mt. 16,18).

Donc, là où est Pierre, là est l’Église, là est Dieu ;

ubi Petrus, ibi Ecclesia, ibi Deus.»

(Saint Ambroise, 340-397, Archevêque de Milan, in Ps. 40,10)

« Je ne veux pas qu’au jour du Jugement vous puissiez me dire :

Personne ne nous a rien dit, rien expliqué ;

nous étions dans l’ignorance, nous ne croyions pas commettre un péché.


Je dis donc et je répète que faire schisme dans l’Eglise,

c’est un aussi grand péché que d’embrasser l’hérésie. ..

C’est un véritable adultère.»

(Saint Jean Chrysostome, hom. 11 in Eph. 4,14s)

« La Sainte Eglise Catholique enseigne que Dieu ne peut être véritablement adoré que dans son sein,

Elle affirme que tous ceux qui en sont séparés ne seront pas sauvés.»

(Saint Grégoire le Grand, Mor. in Job, 1405)

[Abbé Zins]

« Quiconque se sépare de l’Eglise pour s’unir à une épouse adultère, abdique aussi les promesses faites à l’Eglise.

Quiconque abandonne l’Eglise du Christ ne parviendra point aux récompenses du Christ..

Quiconque ne garde pas cette unité, ne garde pas la loi de Dieu,

il ne garde pas la foi du Père et du Fils, il ne garde pas la vie ni le salut »


(Saint Cyprien, De unitate 6)

« Personne, quelles que soient les aumônes qu’il fasse,

même s’il verse son sang pour le Nom du Christ,

ne peut être sauvé, s’il ne demeure dans le sein et l’unité de l’Eglise Catholique.»


(Saint Fulgence, De Fide ad Petrum 38. 79)

« Ne vous y trompez pas, celui qui adhère à l’auteur d’un schisme

n’obtiendra pas le Royaume de Dieu.»


(Saint Ignace d'Antioche, Martyr, ep. aux Philadelphiens)

[Abbé Zins]

Saint Augustin et les Evêques d’Afrique, réunis en 412 dans le Concile de Cirte :

« Quiconque est hors du sein de l’Eglise Catholique, quelque louable que paraisse d’ailleurs sa conduite, ne jouira point de la vie éternelle, et la colère de Dieu demeure sur lui à cause du crime dont il est coupable en vivant séparé de Jésus-Christ »

(Saint Augustin, Ep. 141,5).

« Voyez à quoi vous devez prendre garde, voyez à quoi vous devez veiller, voyez ce que vous devez craindre.

Parfois, on coupe un membre dans le corps humain, ou plutôt on le sépare du corps : une main, un doigt, un pied.

L’âme suit-elle le membre coupé ? Quand il était dans le corps, il vivait ; coupé, il perd la vie.


Ainsi l’homme, tant qu’il vit dans le Corps de l’Eglise, il est Chrétien Catholique ;

séparé, il est devenu hérétique. L’âme ne suit point le membre amputé »


(Saint Augustin, Serm. 267,4)

[Abbé Zins]

Exercice en acte de la Primauté juridictionnelle du Souverain Pontife :


Au-delà de ce consensus doctrinal de l’antiquité chrétienne, les faits le corroborent par la pratique de l’exercice en acte de la Primauté juridictionnelle du Souverain Pontife.

Tous les Conciles Généraux ont été convoqués soit par le Pape soit avec son accord, présidés par ses légats apostoliques, et ont eu besoin de son approbation et de sa confirmation pour obtenir une autorité définitive et force de loi.

Le sens de la présidence des Conciles Généraux par des légats du Pape est ainsi souligné par les Pères du Concile de Chalcédoine, en la lettre qu’ils expédièrent au Pape Saint Léon I :

« toi, en tant que tête, tu étais placé au-dessus des membres,

par l’intermédiaire de ceux qui te représentaient en tenant ta place » (DB 149).

Et voici un double exemple de demande, en cas de litige, de confirmation par le Saint-Siège de conciles même seulement provinciaux.

« Ceci ayant été décrété, nous venons implorer votre charité, seigneur frère (domine frater),

pour que le décret de notre médiocrité soit aussi appuyé

par l’autorité du Siège Apostolique en vue du salut de beaucoup

et même de corriger la perversité de certains.»

(Lettre du concile de Carthage II, sous l’Evêque Aurélien, au Pape Saint Innocent I, 401-417)

« Nous envoyons à votre sainteté les écrits du concile de Numidie, imitant l’Eglise de Carthage et nos co-évêques de la province de Carthage, que nous savons avoir écrit sur cette question au Siège Apostolique, qu’illustre votre Béatitude.»

(Lettre du concile de Milève, au Pape Saint Innocent I)

D’où la déclaration de Saint Augustin à ce sujet :

« Sur cette question deux conciles se sont adressés au Siège Apostolique,

d’où la réponse est venue : la cause est finie.» (Serm. 131, n. 10)

Retranscrit en la célèbre formule :

« Roma locuta est ; causa finita est » ;

Rome a parlé, la cause est entendue, la controverse est finie.

[Abbé Zins]

La préparation du IIIe Concile Général d’Ephèse en 431, est un bon exemple qui démontre expressément l’autorité déjà reconnue alors des Papes, tant pour la convocation des Conciles Généraux que sur les autres Evêques, fussent-ils des Patriarches.

Voici ce que le Pape Saint Célestin 1er écrivit au Patriarche d’Alexandrie Saint Cyrille, en lui accordant le pouvoir de le préparer et diriger en son nom et de par son autorité :

« Revêtu de l’autorité attachée à notre Siège,

et usant de cette puissance en notre lieu et place,

vous exécuterez avec sévérité notre sentence,

à savoir que si dans les dix jours, à compter de notre avertissement, Nestorius [ 1 ]

n’a pas anathématisé en termes exprès sa criminelle doctrine,

et promis de professer à l’avenir sur la génération de Jésus-Christ notre Dieu

ce que prêchent l’Eglise romaine et la vôtre,

et enfin toute la Religion chrétienne,

aussitôt que votre sainteté pourvoie à son Eglise ;

et que lui sache qu’il est de toute manière retranché de notre corps.»

(Ep. ad S. Cyrillum, Conc. Eph., part. 1)

Lettre du Pape acclamée par les Pères et insérée dans les actes du Concile.


Acte évident de juridiction sur le Patriarche fautif,

autorité supérieure déléguée à Saint Cyrille,

Patriarche d’Alexandrie, 2e après celui de Rome et 1er de ceux de l’Orient,

autorité déléguée aussi à ce Concile Général pour la déposition

de ce Patriarche s’il ne revient pas à résipiscence.


[ 1 ] Patriarche de Constantinople : eh oui, un de plus !