Embryon de controverse avec des auto-proclamés “orthodoxes”

[Abbé Zins]

Un autre Patriarche, Jean d’Antioche, soupçonné de soutenir Nestorius,

avait préféré s’abstenir de venir au Concile plutôt que d’avoir à s’y justifier.


Ce que lui reprocha Juvénal, Patriarche de Jérusalem, en ces termes :

« Il importait, certes, que Jean, le révérendissime Evêque d’Antioche,

à l’annonce de ce grand et saint concile,

y accoure avec empressement, afin qu’il se purge de ce qui lui est objecté ;

et défère au Siège Apostolique le plus élevé de Rome, siégeant avec nous,

l’obéissance et l’honneur dû à la sainte apostolique Eglise de Dieu des Romains,

auprès de laquelle au plus haut degré il est d’usage,

qu’en raison de l’ordre et de la tradition apostolique,

soit dirigé et jugé le siège d’Antioche.»

(Concile d'Ephèse, Act. 4)

[Abbé Zins]

Un autre exemple semblable nous est très clairement donné, dans la répression de l’archimandrite hérésiarque Eutychès.

Il fut d’abord condamné par son Evêque, le Patriarche de Constantinople Saint Flavien et le concile local de 448.

Eutychès refusa les décisions du concile de 448 et en appela au Pape.

Saint Flavien écrivit aussi au Pape pour lui demander de confirmer la condamnation de l’hérésiarque.

Eutychès obtint le soutient de l’empereur Théodose II, qui convoqua un concile (8/8/449) à Ephèse.

Lors de ce pseudo-concile, connu sous le nom de "brigandage d’Ephèse", l’hérésiarque obtint par la violence que Saint Flavien soit destitué, les légats du pape renvoyés.

Saint Flavien fut mis en prison et mourut sur le chemin de l’exil en raison des mauvais traitements.

Le Pape Saint Léon I cassa ce pseudo-concile, et anathématisa Dioscore, Patriarche d’Alexandrie qui l’avait présidé.


Il rétablit en leur autorité Saint Flavien, Eusèbe de Dorylée et Théodoret de Cyr, et convoqua le concile de Chalcédoine en 451.

Eutychès y fut de nouveau solennellement condamné, Flavien réhabilité, déclaré Saint et Martyr.

[Abbé Zins]

On lit dans les Actes de ce Concile de Chalcédoine plusieurs interventions notables sur notre sujet.

D’abord, la réponse que Saint Pierre Chrysologue, Archevêque de Ravenne, fit à Eutychès qui lui avait demandé son soutien :

« Nous t’exhortons, frère honorable, à ce que tu sois attentif à obéir en tout ce qu’a écrit le bienheureux Pape de la ville de Rome.

Car le bienheureux Pierre, qui vit et préside en son propre Siège, offre la vérité de la foi à ceux qui la cherchent.

Nous, en effet, par recherche de la paix et de la foi,

nous ne pouvons pas entendre de cause en matière de foi,

en dehors du consentement de l’Evêque de la ville de Rome.»

(Conc. Chalced. Part. 1)

Puis l’obtempération à ces actes d’autorité du Pape Saint Léon I :

« Nous avons en mains les préceptes du bienheureux et apostolique Pape de la ville de Rome,

que son apostolat a daigné prescrire pour que Dioscore ne siège pas dans le concile ;

si toutefois il essayait de le faire, qu’il soit éjecté :

il nous est nécessaire d’observer cela.

Si donc votre magnificence [ 1 ] l’ordonne, ou bien lui sortira, ou bien nous nous en irons.»

(Conc. Chalced. act. 1)

« Qu’entre, le très révérend Evêque Théodoret, pour être participant au concile, puisque le très saint Archevêque Léon lui a restitué l’autorité épiscopale.» (Ibid.)

Lequel avait précédemment écrit en ces termes au Souverain Pontife :

« Nous humbles et petits accourrons à votre Siège Apostolique pour que nous recevions de vous les remèdes aux ulcères des Eglises.

Car il convient de vous tenir le premier en tout. ..

Je suis condamné pour la dite cause.

Mais moi j’attends la sentence de votre Siège Apostolique :

et je prie et conjure votre Sainteté que, en appelant à votre droit et juste tribunal,

il me porte secours, me commande de venir à vous,

et montre que ma doctrine suit les traces apostoliques.»

(Théodoret, Ep. 113 ad S. Leon.).

Le même Pape cite la sentence prononcée en ce concile par ses légats contre Dioscore :

« C’est pourquoi le saint et bienheureux Pape Léon, chef de l’Eglise universelle,

par nous ses légats, avec le consentement du saint concile,

muni de la dignité de l’Apôtre Pierre, qui est nommé le fondement de l’Eglise

et le rocher de la foi, et le portier céleste,

le prive de sa dignité et le proscrit de toute oeuvre sacerdotale :

il reste que l’assemblée de ce vénérable concile profère contre le susdit Dioscore

une sentence canonique, comme l’exige la justice.»

(Saint Léon I, Ep. 93 ad episcopos Galliae).

« Il est nécessaire de rendre compte de son jugement :

car lorsqu’on ne le réfère pas à la personne du juge, on empiète sur son autorité :

et il a osé assembler un concile sans l’autorité du Siège Apostolique,

ce qui n’a jamais été permis, n’a jamais été fait.»

(Conc. Chalced. act. 1, Interlocutio legati apost.)

« Après tout cela, il a étendu son insanité contre celui auquel la garde de la vigne

a été confiée par le Sauveur, c.à.d. contre votre Siège Apostolique.»

(Conc. Chalced. Part. 3, L. des Pères du Concile au Pape Saint Léon I)

Difficile d’être plus clair, n’est-ce pas ?


[ 1 ] votre magnificence, désigne ici l'Empereur.

[Abbé Zins]

Tous les différends entre Evêques ont trouvé dans le Souverain Pontificat l’instance ultime et suprême à laquelle faire appel.

Tous les Evêques se devant d’être en communion avec le Souverain Pontife pour appartenir et demeurer en l’Eglise Catholique.

Des Evêques injustement déposés, dont plusieurs Patriarches de Constantinople, ont obtenu la restitution effective de leur autorité par l’intervention des Papes. Etc..


Dès lors qui s’est écarté et a changé doctrinalement et disciplinairement en ce point fondamental ?

sinon ceux qui nient cette juridiction universelle,

et se coupent de ce centre de l’Unité de l’Eglise,

et de la soumission qui lui est dû ?


D’où leur glissement dans le schisme et l’hérésie.

[Abbé Zins]

Du reste les envoyés et représentants des Grecs et de l’Empereur Michel Paléologue au Concile Général de Lyon II (1274), ont avec celui-ci professé cela :

« Nous déclarons par une fidèle et dévote profession que l’Esprit-Saint procède éternellement du Père et du Fils, non comme à partir de deux principes mais comme d’un unique principe, non par deux spirations mais par une unique spiration :

c’est ce qu’a toujours professé, prêché et enseignée, ce que tient, prêche, professe et enseigne la sacro-sainte Eglise Romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles :

telle est la vraie et immuable sentence des Pères et Docteurs orthodoxes, à la fois Latins et Grecs.


Mais puisque certains en raison de l’ignorance de cette irréfragable vérité susdite sont tombés en diverses erreurs :

Nous, désirant fermer la voie à de telles erreurs, avec l’approbation du sacré Concile,

Nous condamnons et réprouvons ceux qui auraient la présomption de dénier que

l’Esprit-Saint procède éternellement du Père et du Fils :

ou aussi oseraient affirmer que l’Esprit-Saint procède du Père et du Fils

comme de deux principes, et non comme d’un seul.»

[Abbé Zins]

La profession de Foi de l’Empereur Michel Paléologue comporte notamment expressément ceci :

« Il reconnaît vraiment et humblement que cette même sainte Eglise Romaine possède

la souveraine et pleine primauté et le primat sur toute l’Eglise Catholique ;

qu’elle a reçue avec, la plénitude du pouvoir par le Seigneur Lui-même

dans le bienheureux Pierre, prince ou tête des Apôtres,

dont le Pontife Romain est le successeur.» (DB 466)

Laquelle, après la lecture au Concile de Lyon II de la lettre de l’Empereur et celle des Evêques Grecs, a été confirmée par le grand-logothète Georges Acropolite, représentant l’Empereur, qui prononça en son nom le serment qui suit :

« J’abjure le schisme pour mon maître et pour moi ;

je crois de coeur et professe de bouche la foi catholique,

orthodoxe et romaine qu’on vient de lire ;

je promets de la suivre toujours, sans m’en écarter jamais.


Je reconnais la primauté de l’Eglise de Rome et l’obéissance qui lui est due ;

je confirme le tout par mon serment sur l’âme de mon seigneur et la mienne.»

(Cité in Rohbacher, t. 10, p. 55)

[Abbé Zins]

Célibat ecclésiastique et non usage du mariage par les clercs :


Passons donc au second “point clé” remis en cause par le récent défenseur des auto-proclamés et pseudos “orthodoxes” et lamentables hétérodoxes, à savoir celle du rejet du célibat ecclésiastique et du non usage du mariage par des clercs.

Quelle était la pratique universelle tant de l’Occident que de l’Orient à ce sujet ?

Voici le témoignage qu’en fait Saint Jérôme en sa réfutation de l’hérétique Vigilance qui, suite à un contresens intéressé dans l’interprétation du « Opportet episcopum esse unius uxoris virum » (sur lequel nous allons nous pencher juste à la suite), appuyait quelques évêques pratiquant le contraire et n’ordonnant que des gens mariés, en lui opposant ceci :

« Que font ceux de l’Eglise d’Orient, de l’Egypte et du Siège Apostolique ?

Ils admettent comme clercs soit de jeunes hommes vierges, soit des continents,

soit, pour ceux qui ont des épouses, ceux qui cessent la vie maritale.»

(Saint Jérôme, Contra Vigilantium, L. 1)

[Abbé Zins]

Ce qui répond déjà à l’objection issue de l’ignorance, demandant pourquoi, puisque Saint Pierre était marié, ainsi que divers autres des tout premiers élevés à l’épiscopat, il ne pourrait plus en être ainsi à présent ?

C’est que, précisément, à l’appel du Seigneur, directement ou par Ses Successeurs, ces appelés ont eu à tout quitter ; parents, famille, biens, et parfois épouse, pour ceux qui en avaient une.

D’où la parole du Divin Maître :

« Et quiconque aura quitté, à cause de Mon Nom, sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou son épouse, ou ses enfants, ou ses terres, recevra le centuple, et possédera la Vie éternelle.» (Mt. 19,29 ; cf. a. Lc. 14,26).

Ce que Saint Pierre a attesté ainsi :

« Nous avons tout quitté pour Vous suivre.» (Mt. 19,27).

[Abbé Zins]

Ce témoignage de Saint Jérôme est confirmé par ceux d’un Père Grec, Saint Epiphane, Evêque de Salamine en l’île de Chypre :

« L’ordre sacerdotal est composé principalement à partir d’hommes vierges,

ou s’il n’y en a pas assez à partir de Moines ;

ou s’il n’y a pas assez de Moines, il arrive que

soient faits Prêtres des hommes qui deviennent continents vis-à-vis de leurs épouses,

ou après un seul mariage se trouvent veufs.


Tandis que ceux qui ont été mariés une seconde fois ne sont point admis au Sacerdoce dans l’Eglise, même s’ils étaient prêts à s’abstenir de leur seconde épouse ou sont veufs.

Ceux qui sont tels, dis-je, ne sont pas admis dans les degrés des Evêques, Prêtres, Diacres et Sous-Diacres.»

(Saint Epiphane, 315-403, Exposition de la Foi Catholique, ch. 41)

[Abbé Zins]

Voilà donc la discipline de l’Eglise universelle dont il témoigne, et plus particulièrement celle de l’orient en laquelle il était plus versé, puisque de langue grecque.

Ce qu’il fait aussi dans les deux autres passages suivants de son oeuvre :

« Le Christ par Son exemple a montré que

la dignité et les fonctions du Sacerdoce sont à communiquer

soit à ceux demeurant en la virginité,

soit à ceux conservant la continence après un seul mariage.


Ce qu’ensuite les honorables et religieux Apôtres

ont décrété par la règle de l’Eglise pour le Sacerdoce.»


(Saint Epiphane, Hérésies 38, n. 7)