DISCOURS PRÉLIMINAIRE
I.Si quelqu’un venait vous dire : Entre vos parents et vous il n’existe aucun lien, aucun rapport ; les auteurs de vos jours ne vous doivent ni soins, ni secours, ni conseils, ni moyens d’existence ; et vous, vous ne leur devez ni amour, ni reconnaissance, ni respect, ni soumission, ce langage inouï vous scandaliserait, et vous le repousseriez avec horreur. Vous auriez raison, car l’homme qui oserait se le permettre serait un fou ou un méchant.
Entre un père et son fils, entre une mère et sa fille, il existe donc des rapports et des liens aussi doux que sacrés. Ces rapports sont naturels et immuables, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas d’invention humaine, et qu’ils ne peuvent pas plus cesser que vos parents ne peuvent cesser d’être vos parents, et vous leurs enfants.
Dites-moi, maintenant, n’est-il pas vrai que Dieu est notre Créateur et notre Père, et nous ses créatures et ses enfants ? Entre Dieu et nous, il existe donc des liens et des rapports bien plus doux et bien plus sacrés que ceux qui unissent les parents et les enfants ; car Dieu est notre Créateur et notre fin dernière, ce que ne sont pas les 4 auteurs de nos jours. Ces rapports sont également nécessaires ou naturels, c’est-à-dire qu’étant fondés sur la nature de Dieu et sur la nature de l’homme, ils n’ont pas pu être inventés. Ils sont immuables, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas plus cesser que Dieu ne peut cesser d’être notre Créateur et notre Père, et nous ses créatures et ses enfants.
Or, il faut que vous sachiez que ces rapports doux, sacrés, naturels, nécessaires et immuables, constituent la Religion. Car, suivant la belle définition de saint Augustin, la Religion est le lien qui unit l’homme à Dieu1. Vous conclurez de là que l’étude de la Religion doit être le premier de vos soins, et sa pratique le plus sacré de vos devoirs : votre bonheur en ce monde et dans l’autre est à ce prix.
Enfants, c’est pour vous aider à bien connaître cette sainte et sublime société qui vous unit à Dieu, que nous vous offrons l’Abrégé du Catéchisme de Persévérance. Si vous voulez en tirer un véritable profit, apprenez, avant tout, à en connaître l’ordre et le plan : il se divise en quatre parties.
II.La première comprend toute l’histoire de la Religion depuis l’origine du monde jusqu’à la venue du Messie. Pour connaître la Religion dans son majestueux ensemble, il faut, dit saint Augustin, partir de ces paroles : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, et arriver jusqu’aux temps actuels de l’Église2. En effet, la Religion véritable que vous avez le bonheur de professer remonte, sans interruption, jusqu’à la création de l’univers.
Après avoir ouvert devant vous les deux grandes sources de la vérité, l’Écriture et la Tradition, l’Abrégé du Catéchisme vous fait d’abord étudier Dieu et l’homme. C’est ainsi que, pour connaître une famille, on commence par faire connaissance avec les parents et avec les enfants ; on passe ensuite aux rapports qui les unissent. Nous élevant jusque dans le ciel, nous contemplons Dieu en lui-même ; puis, descendant sur la terre, nous l’envisageons dans ses œuvres, où ses perfections adorables se réfléchissent comme dans un miroir. Tout nous prêche son existence, son unité, sa puissance, sa sagesse et sa bonté infinie.
Après avoir promené notre admiration sur le magnifique spectacle de l’univers, nous y mettons le comble en la fixant sur l’homme, le chef-d’œuvre des mains de Dieu. Nous le considérons dans son âme et dans son corps, aussi bien que dans sa destinée au milieu des créatures. Nous examinons ensuite les liens et les rapports qui l’unissent à Dieu, son Créateur et son Père.
Vous verrez Adam et Ève, parfaitement heureux tant qu’ils sont fidèles à la Religion, perdre leur bonheur et devenir la proie de toutes les misères, du moment où, se révoltant contre leur Créateur et leur Père, ils brisent la sainte société qu’ils avaient avec lui. Toutefois Dieu, plein de miséricorde, n’abandonne pas ses enfants. Il promet à l’homme un Réparateur de sa faute, qui rétablira le lien sacré et lui rendra avec usure les biens qu’il a perdus. Croire en ce Réparateur, espérer en lui, l’aimer, unir ses prières à ses mérites futurs, sera désormais pour l’homme l’indispensable condition du salut.
Cependant, il est décidé dans les conseils de la sagesse éternelle que ce Réparateur ne viendra sur la terre qu’après une longue suite de siècles. En attendant, Dieu prend soin d’entretenir dans les esprits le souvenir du grand Libérateur, par une foule de Figures, de Promesses et de Prophéties. Toutes l’annoncent ou donnent son signalement d’une manière si précise, qu’il est impossible à l’homme, à moins d’un aveuglement volontaire, de douter qu’il ne vienne, ou de le méconnaître quand il viendra.
Nous faisons passer devant vos yeux toutes ces admirables figures, toutes ces promesses et toutes ces prophéties, dont nous montrons l’accomplissement parfait en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous vous expliquons ensuite de quelle manière Dieu prépare les esprits à recevoir le Messie, et comment, par la succession des quatre grands empires des Assyriens, des Perses, des Grecs et des Romains, il dispose toutes choses au miraculeux établissement de son règne éternel.
De cette belle histoire ressort, lumineuse comme le soleil, cette vérité fondamentale, que Jésus-Christ était la fin de tous les événements du monde ancien, aussi bien que le type de toutes les figures et l’objet de toutes les prophéties. Or, le Fils de Dieu n’est venu en ce monde que pour nous sauver. Il suit de là, que le salut de l’homme par Notre-Seigneur Jésus-Christ a été le but de tous les desseins de Dieu et le centre auquel tout se rapporte, dans l’ordre de la nature et dans l’ordre de la grâce. Quoi de plus propre à nous pénétrer de reconnaissance et à nous donner une haute idée de nous-mêmes ? Telle est la première partie de cet Abrégé.
III.La seconde, qui commence à la venue du Messie, contient l’histoire du Rédempteur et l’explication de sa doctrine. Après quatre mille ans d’attente, le Fils de Dieu daigne se faire homme. Il veut naître, vivre et mourir, non-seulement afin d’expier l’iniquité par ses souffrances, mais encore afin de nous servir de modèle par ses exemples. Vous le suivrez pas à pas depuis la crèche jusqu’à la croix. Ses œuvres admirables, ses discours, ses miracles, les mystères de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, vous prouveront tout à la fois qu’il est homme, mais homme exempt de la corruption du péché ; et qu’il est Dieu, mais Dieu Sauveur, dont l’unique pensée fut de nous délivrer du mal et de nous mettre en état d’arriver, après la mort, à une félicité sans mélange et sans fin. Sa vie si sainte vous est présentée comme le modèle obligé de la vôtre, dans tous les âges et dans toutes les positions ; car il a dit : Je vous ai donné l’exemple afin de vous apprendre à faire comme j’ai fait3. Et ailleurs : Je suis la voie, et la vérité, et la vie4.
Avant de l’accompagner au ciel, dont il va nous ouvrir l’entrée, nous lui demandons ce que nous avons à faire pour y monter à sa suite. Il vous le dira en vous expliquant lui-même sa doctrine, pendant les quarante jours qui séparent sa résurrection de son ascension. Enfants dégradés du premier Adam, vous apprendrez que, pour reconquérir votre dignité perdue, il faut devenir les enfants du second Adam, en vous unissant à lui de manière à porter en vous l’image de l’homme céleste, comme vous avez porté l’image de l’homme terrestre. Or, les trois conditions de cette union divine sont : la Foi, l’Espérance et la Charité. À ces trois grandes vertus se rapportent toute la doctrine chrétienne et toute l’économie du salut.
La Foi vous est expliquée en elle-même et dans ses qualités, puis dans son objet, qui est le symbole. En croyant avec docilité les divers articles qui le composent, vous unissez votre esprit à celui du nouvel Adam, et ses pensées deviennent les vôtres. Vous verrez que c’est la foi à ce petit nombre de vérités fondamentales, qui vous donne vos lumières et vous délivre de toutes les erreurs grossières, de toutes les superstitions honteuses et cruelles qui déshonoraient les païens, et qui dégradent encore plus ou moins tous les peuples et tous les hommes non catholiques. Vous apprendrez par là à tenir à votre foi du fond de vos entrailles, à la professer avec un saint orgueil et avec une constante fidélité.
L’Espérance continue votre union avec Dieu, commencée par la foi. Vous apprendrez aussi à connaître cette vertu en elle-même et dans ses qualités, puis dans son objet, qui est la grâce en ce monde et la gloire en l’autre. Viendront ensuite les deux grands moyens d’obtenir la grâce : la prière et les sacrements. L’espérance vous apparaîtra comme une force bienfaisante qui, élevant notre volonté au-dessus des biens passagers de la vie, place Dieu, et les nouveaux cieux, et la nouvelle terre de l’éternité, et les moyens de les acquérir, en tête de tous nos désirs et de toutes nos entreprises. C’est une reine pleine d’immortalité qui ennoblit toutes les pensées de l’homme, le soutient lui-même dans ses combats et console toutes ses douleurs. De vives actions de grâces s’échapperont de votre cœur, pour le Dieu qui vous a donné l’espérance. Des prières non moins vives sortiront de vos lèvres, pour le conjurer de vous la conserver et de la rendre à ceux qui ont eu le malheur de la perdre.
La Charité couronne l’œuvre du salut, en consommant notre union avec le second Adam. En effet, suivant l’expression de saint Bernard, la Foi dit : Dieu a préparé des biens ineffables à ses fidèles. L’Espérance dit : Ils me sont réservés. La Charité dit : Je cours en prendre possession5. Vient ensuite l’objet de la charité, Dieu et l’homme, que nous ne devons pas aimer seulement de bouche et en paroles, mais en vérité et par nos œuvres. La Charité de Dieu, dit l’apôtre saint Jean, consiste à observer ses commandements, et ses commandements ne sont pas difficiles6. Ici se place donc naturellement le Décalogue, suivi des commandements de l’Église.
En l’adoptant pour règle de vos actions et de vos désirs, vous unissez votre cœur au cœur du nouvel Adam : sa volonté devient la vôtre, et le Décalogue vous apparaît comme un bienfait immense. C’est lui qui a changé la face du monde. C’est à lui que vous devez de n’être pas esclaves de toutes ces passions personnelles et étrangères qui rendaient les païens si misérables et si vils, et qui rendent encore aujourd’hui si malheureux et si méprisables tous les hommes et tous les peuples qui ne prennent pas le Décalogue, pour base de leur législation et pour règle de leur conduite.
Après vous avoir expliqué les conditions et l’excellence de votre union avec le nouvel Adam, que reste-t-il, sinon à vous signaler les causes qui l’altèrent et la détruisent : les passions et le péché ; puis les moyens préservatifs de ce mal unique : les vertus contraires aux penchants corrompus du cœur humain ? Toutes ces explications vous apprendront, non-seulement à connaître, mais encore à bénir, à aimer et à pratiquer toute votre vie cette divine Religion, à laquelle le monde est redevable de tout ce qu’il eut et de tout ce qu’il aura jamais de lumières, de vertus, de dévouements, d’institutions bienfaisantes et de lois équitables, par conséquent de gloire et de bonheur. Comme vous le voyez, cette seconde partie du Catéchisme offre un haut intérêt.
IV. La troisième n’est pas moins propre à piquer votre pieuse curiosité. Elle commence à la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Avec les pêcheurs galiléens, nous sortons du cénacle, nous assistons au spectacle de l’Église naissante. Vous verrez d’un côté, la vieille société païenne, toute hideuse de crimes, s’opposer avec la rage du désespoir à l’établissement de la société nouvelle. Ici, nous vous ferons connaître les mœurs du vieux monde et celles des premiers chrétiens, vos pères dans la foi. Dans cette lutte à mort de toute la puissance romaine contre quelques hommes du peuple, vous verrez briller, comme le soleil, le miracle qui a fait triompher le faible du fort et les victimes de leurs bourreaux.
Soutenue par la main de Dieu, l’Église, votre mère, marche à travers les bûchers et les échafauds à la conquête du monde, dissipant sur son passage les ténèbres du paganisme, purifiant les mœurs, substituant au droit brutal du plus fort, l’aimable loi de la charité universelle, et, après trois siècles de combats, montant victorieuse sur le trône de Constantin.
La conservation de l’Église n’est pas moins miraculeuse que son établissement ; car les terribles assauts du monde et du démon continuent dans tous les siècles. Les persécutions sanglantes, les hérésies, les scandales, viendront tour à tour attaquer la Religion ; mais Dieu veille sur elle du haut du ciel.
Aux tyrans, qui cherchent à la noyer dans le sang de ses disciples, il oppose les martyrs, et leur sang répandu devient une semence de nouveaux chrétiens.
Aux hérétiques, dont le but est d’altérer le dépôt de la foi, il oppose les annales, de grands docteurs ou des ordres religieux, qui, confondant les novateurs, assurent le triomphe de la vérité.
Aux scandales, qui tendent à détruire la sainte morale de l’Évangile, il oppose l’exemple éclatant des vertus contraires dans la personne de saintes victimes, quelquefois dans des ordres religieux tout entiers qui expient le scandale et maintiennent la pureté des mœurs.
Enfin, l’hérésie et le scandale attirent sur les royaumes des calamités, des pestes, des guerres, des fléaux de différents genres ; Dieu leur oppose des saints ou des ordres religieux qui se dévouent au soulagement de toutes les misères humaines.
C’est ainsi que Notre-Seigneur a pourvu à la conservation de son œuvre, contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront jamais7. Cela ne suffit pas à son auteur. En remontant au ciel, le Fils de Dieu, qui était venu pour sauver tous les hommes, ordonna que sa Religion fût prêchée par tout l’univers : Allez, enseignez toutes les nations8. De là, les missions. Vous trouverez donc, dans cette troisième partie du Catéchisme, l’histoire des principales missions depuis l’établissement de l’Église jusqu’à nos jours. Cette histoire, si propre à exciter votre curiosité, vous fera :
comprendre le bonheur d’être nés dans le sein de la vraie Religion ;
elle vous apprendra que Dieu ôte le flambeau de l’Évangile aux peuples qui s’en rendent indignes, et qu’il le transporte à d’autres nations, en sorte que l’Église gagne toujours d’un côté ce qu’elle perd de l’autre.
Cette conduite, si propre à nous remplir de crainte, vous rendra visible la Providence qui veille sur la Religion ; et vous prendrez la résolution de vivre si chrétiennement que vous ne méritiez jamais de perdre le précieux don de la foi.
La troisième partie du Catéchisme vous offre encore un autre avantage. De même que la première vous a mis en rapport avec les patriarches, les prophètes et les justes de l’ancienne loi, de même celle-ci vous fait faire connaissance avec les apôtres, les martyrs, les principaux saints de la nouvelle alliance, vos pères et vos modèles dans la foi. Souvent, peut-être, leurs noms illustres ont retenti à vos oreilles dans les instructions pastorales, ou vous les avez lus dans les livres de piété ; mais leur vie, leur vie si intéressante à tous égards, vous l’ignorez encore. Après avoir étudié cette troisième partie du Catéchisme, il n’en sera plus ainsi.
V. La quatrième ne vous est pas moins utile, et, nous l’espérons, elle ne vous sera pas moins agréable. Le culte extérieur, c’est-à-dire l’admirable variété des cérémonies de la Religion, les fêtes de l’Église, l’origine, l’histoire, l’explication, l’harmonie de toutes ces choses avec les besoins de notre double nature corporelle et spirituelle, passera devant vos yeux, semblable à une magnifique galerie de tableaux, où sont peints et les dogmes sublimes et les devoirs dont la Religion se compose. Il vous apparaîtra comme un livre qui, au moyen des choses sensibles, élève nos faibles esprits à l’intelligence des choses spirituelles.
Le culte catholique est encore un monument authentique des faits accomplis. Pas une de nos cérémonies ou de nos fêtes, qui ne redise aux générations présentes tel événement dont furent témoins les générations passées. Ainsi vous verrez combien sont vénérables par leur origine, par leur signification, par leur usage, tous ses rites sacrés qui, jusqu’à ce jour, ont été pour vous une lettre morte, une langue inconnue.
L’étude que vous en ferez ne vous rendra pas seulement plus respectueux, plus fermes dans la foi, plus circonspects dans vos jugements sur les pratiques de l’Église ; elle vous fera encore apprécier à leur juste valeur les railleries sacrilèges des mauvais chrétiens. Pour vous, il restera démontré que l’impiété, qui accuse et qui accueille de ses sourires les usages de l’Église, quels qu’ils soient, est la preuve sans réplique de l’ignorance et le cachet de la médiocrité.
Mais ce que vous apprendrez surtout à admirer, c’est la succession de nos fêtes chrétiennes et leur harmonie parfaite avec les saisons et nos besoins. L’Église a eu le talent de retracer, dans la division de son année, toute l’histoire du genre humain, et de remuer successivement toutes les fibres de notre cœur.
Les quatre semaines de l’Avent, qui aboutissent à la naissance du Sauveur, nous rappellent les quatre mille ans pendant lesquels ce divin Messie fut attendu. Alors tout nous prêche la foi, l’espérance, la pénitence, qui seules peuvent ouvrir les portes de notre cœur au divin Enfant.
Le temps qui s’écoule depuis la Nativité jusqu’à la Pentecôte, nous redit toute la vie cachée, publique et glorieuse du Rédempteur ; et cette partie de l’année se termine par l’Ascension de Jésus-Christ dans le ciel et la fondation de l’Église. Quel tendre amour pour le Dieu Sauveur n’excite pas dans l’âme du chrétien fidèle, la succession des grands mystères qui se célèbrent pendant cette époque !
Enfin, l’intervalle qui s’étend depuis la Pentecôte jusqu’à la Toussaint nous représente le pèlerinage de l’Église sur la terre ; et cette nouvelle partie de l’année se termine encore par la fête du ciel, la fête de nos amis et de nos frères déjà glorifiés. Quel zèle pour le bien ne doivent pas nous inspirer et le courage des martyrs, et les vertus des autres saints, et ces combats de notre mère dont cette partie de l’année nous retrace le souvenir ! Le ciel, dont nous célébrons la fête vers la fin de l’année ecclésiastique, est là pour vous dire que le ciel doit être le but de tous vos travaux ; que cette grande pensée doit dominer toutes vos affections et orienter toutes vos démarches : connaissez-vous un enseignement plus utile ?
Enfin, dans une dernière leçon, franchissant avec vous le seuil de l’éternité, nous verrons le but admirable auquel la religion nous conduit. Le ciel nous apparaîtra comme le complément de tous les désirs légitimes de l’homme, soit pour son corps, soit pour son âme. Puisse cette pensée soutenir jusqu’à la fin vos pas, encore mal affermis, dans le sentier de la vertu, qui est, même dès cette vie, l’unique chemin du bonheur !
VI. Ainsi, dans cet Abrégé du Catéchisme de persévérance, le salut de l’homme par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui était hier, qui est aujourd’hui, et qui sera aux siècles des siècles9, se montre à vous comme le but de toutes les pensées de Dieu, la fin de tous les événements du monde, enfin, comme le dernier mot de toutes choses. Voilà de quelle manière nous vous enseignons, d’après saint Augustin, la lettre de la Religion.
Mais vous devez surtout travailler à en comprendre l’esprit et à le faire vivre en vous. L’esprit de la religion, c’est la charité. Dieu nous aime : voilà l’explication de tout ce qu’il a fait depuis le commencement du monde pour sauver l’homme, et de tout ce qu’il fera pour le glorifier durant l’éternité. En reconnaissance de tant d’amour, Dieu veut que nous l’aimions plus que toute chose, et notre prochain comme nous-mêmes pour l’amour de Dieu. Est-ce trop ? À cela se réduisent la Loi, les Prophètes, l’Évangile et les enseignements de l’Église. Enfants de Dieu, n’est-ce pas ? vous aimerez un père si bon, et vous aimerez aussi tous les hommes, vos frères, comme vous enfants de Dieu, comme vous ses images vivantes, comme vous les héritiers de son royaume : aimez, aimez ainsi, afin que votre charité soit catholique comme votre foi.
VII.C’est à vous, enfants, qui déjà vous êtes assis à la table sainte, que s’adresse cet Abrégé. Oh ! de grâce, ne le dédaignez pas ! Écoutez la voix de votre raison, qui vous dit que les instructions religieuses qui ont précédé votre première communion ne sauraient suffire : enseignements très-élémentaires, que la faiblesse de votre esprit vous empêche souvent de comprendre, et que, plus souvent encore, la légèreté de votre âge vous empêcha de retenir. Comme vous je fus enfant, et mon expérience se joint à la vôtre pour confirmer cette vérité.
Et puis, le triste siècle où doit s’accomplir votre existence, l’affaiblissement général de la foi, les scandales sans nombre qui vous environnent, les séduisantes occasions de péché qui vous attendent, les maximes empoisonnées qu’on répand de toutes parts, ne l’ont-ils pas de l’étude approfondie de la Religion un devoir plus sacré aujourd’hui que jamais ?
Enfin, vous le dirai-je ? à vous encore si jeunes, à vous que caressent mille rêves de bonheur : sur le chemin de la vie il est plus d’une épine. Des jours viendront, tristes et nébuleux, qui feront couler vos larmes et saigner votre cœur. La perte de vos amis et de vos parents, des infirmités, des revers de fortune, je ne sais combien de contrariétés et de misères, feront de votre vie une longue croix : malgré que vous en ayez, il faudra bien être étendus et cloués sur ce lit de douleur. Alors les hommes s’éloigneront de vous ; car, retenez-le bien, les hommes n’aiment pas à voir souffrir ; et d’ailleurs, impuissants qu’ils sont, quels soulagements réels pourraient-ils vous donner ? Dans votre détresse, vers qui tourner vos yeux mouillés de pleurs ?
Ah ! il est une Consolatrice qui entendra vos gémissements, qui a le pouvoir et la volonté d’adoucir toutes vos peines ; c’est l’aimable fille du ciel, la Religion divine dans le sein de laquelle vous êtes nés. Tendre mère, seule elle viendra vous sourire au milieu de vos souffrances ; seule, elle soutiendra votre courage ; seule, elle pourra vous donner un peu de joie parmi tant de chagrins ; seule, elle remplacera vos espérances trempées, par des promesses infaillibles de bonheur et d’immortalité. Mais, si la Religion est pour vous une étrangère, si vous la connaissez à peine, si vous l’aimez encore moins, que pouvez-vous en attendre ? Or, je le répète, vous ne la connaissez pas assez maintenant, et, si vous cessez de l’étudier, dans peu d’années vous ne la connaîtrez plus du tout.
Enfants, croyez-moi, lorsque je vous dis toutes ces choses, je ne suis ni trompé ni trompeur. En attendant que votre expérience vienne justifier mes paroles, acceptez comme un gage de ma prévoyante amitié cet Abrégé du Catéchisme de persévérance, que je vous offre aujourd’hui. Il peut assurer votre bonheur ; car il vous donnera une connaissance convenable, et, je l’espère, il vous inspirera un amour constant de la religion, dont l’appui vous est si nécessaire.
VIII. Mais, en travaillant pour vous, qui déjà avez été les heureux convives de votre Dieu, nous n’avons pas oublié les petits voyageurs qui vous suivent sur le chemin de la vie. Jeunes intelligences qui s’ouvrent aux lumières de la vérité comme la tendre fleur aux premiers rayons du soleil, elles réclament une nourriture proportionnée à leur faiblesse. Nous leur avons offert un petit abrégé de l’ouvrage que nous publions aujourd’hui. Approprié à la tendresse de leur âge, il suffit pour leur donner une première notion de l’ensemble du christianisme. Après leur première communion, ils trouveront l’abrégé que voici, et, plus tard, ils pourront compléter leur instruction religieuse en lisant le grand ouvrage10. Ainsi toute l’éducation se fera sur un plan uniforme et par le développement progressif de la même idée.
Personne qui ne comprenne combien cette manière d’enseigner la religion est propre à faciliter l’étude de nos vérités saintes, à en donner une connaissance approfondie, et surtout à les graver profondément dans la mémoire. Ce petit Abrégé pourrait tenir lieu du Catéchisme de Fleury11, qu’on fait apprendre dans les classes simultanément avec le catéchisme diocésain.
Puisse le Dieu des enfants bénir ce nouveau travail entrepris pour sa gloire et pour le salut de ces anges de la terre, dont le divin Maître disait, en les pressant sur son cœur : Laissez venir à moi les petits enfants : c’est à eux qu’appartient le royaume des cieux1213 !
Catéchisme de persévérance de Mgr Gaume
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