Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1988)

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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L Ab Z du 7 avril 1988

Ici, je vais me contenter de recopier la réponse à votre raisonnement mathématique ; réponse que j'avais préparée il y a plusieurs mois et que je vais vous citer telle quelle.

La réponse à ma 2e. question ne consistait point en une définition de l'hérésie formelle (cela n'étant demandé que comme une éventuelle et utile annexe), mais dans une formulation théologique correspondante et liée à votre formulation mathématique.

C'est la raison pour laquelle j'attendais votre réponse précise à ma 2e. question, afin de pouvoir répondre en une fois, en même temps sur les plans mathématique et théologique ; pour pouvoir en mieux montrer la correspondance.

Ma lettre d'il y a quelques mois demeurera donc ici quelque peu bancale, puisqu'il lui manquera l'application théologique prévue que votre absence de réponse à ma 2e question ne me permettra point de faire à partir de votre propre réponse.

Voici la réponse préparée alors, et demeurée inachevée :

Dieu commanda au Prophète Nathan de reprocher au roi David la grave série de péchés qu'il venait de commettre par faiblesse à l'encontre d'Urie, son fidèle serviteur (cf. II Rois 12,1).

Songeant, par inspiration divine, qu'il aurait du mal à faire reconnaître au roi une telle faute, le Prophète préféra, au moyen d'une métaphore, lui faire d'abord condamner sa déplorable attitude par son propre jugement, avant de lui dévoiler qu'il venait de se condamner lui-même par sa sentence royale.

La démarche des deux questions de ma lettre du 9/10/1987 aux "considérations embrouillées", était la même. Puissiez-vous, comme le saint Roi David, avoir l'humilité de reconnaître votre erreur.

A mon tour donc, de vous dévoiler ma démarche et la propre condamnation que vous venez de porter, dans votre lettre du 8/12/1987, contre vous-même :

quant à votre démonstration du "sophisme" de saint Robert : "est fausse" (souligné par vous de deux traits) ;

quant à la conclusion de votre démonstration : "absurde" (souligné par vous) !
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L Ab Z du 7 avril 1988

Expliquons d'abord ma démarche, à la suite de la vôtre.

Nous avons d'abord argumenté sur le plan théologique.

A ce niveau, vous avez daigné écrire ceci (jugement dont je vous laisse la paternité et la responsabilité) : "Voici, en toute franchise, le jugement que je porte finalement sur vous : ... vous avez de très vastes connaissances sur les questions théologiques, beaucoup plus vastes que les miennes" (Lettre du 17/9/1987, p. 1).

C'était sans doute une simple "captatio benevolentiae", pour mieux asséner le coup de massue qui suivait de près : "Mais... sur le plan du raisonnement... je trouve chez vous une très très grave déficience." (ibid.)

Toujours est-il qu'à partir de ce moment-là vous avez déplacé l'objet de notre controverse de la théologie à votre domaine de prédilection et de haute compétence des mathématiques.

Et c'est en vous appuyant sur la logique des mathématiques modernes que vous entendez démontrer cette très grave déficience, sous-estimant en ce domaine votre adversaire (ce qui est toujours dangereux), vous avez probablement pensé l'éblouir, par des signes mathématiques que vous savez ne pas être très familiers aux théologiens ; voire même l'y noyer.

Ayant rapidement perçu la faille de votre raisonnement (en p. 5 et 6 de votre lettre du 17/9/1987) dont, au surplus, vous veniez de montrer la fausseté en sa forme (p. 4), je me suis contenté, dans ma lettre du 21/9/1987, d'appeler votre attention dessus en allant aussitôt à la conclusion.

Votre réponse du 30/9/1987 m'ayant fait comprendre que vous aviez du mal à le voir ou à l'admettre, j'ai donc choisi d'imiter l'attitude du Prophète Nathan, pour que vous jugiez par vous-même : d'où mes deux questions.

La Providence ayant permis que vous ne puissiez pas y répondre aussitôt et que vous n'en saisissiez pas les implications, cela vous a mis dans la situation de juger des choses parfaitement objectivement.

Voilà pour ma démarche.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L Ab Z du 7 avril 1988

Comme de mon côté je ne vous sous-estimais pas, j'ai suivi votre conseil.

Vous m'aviez suggéré de m'adresser à un élève de seconde C : j'ai fait mieux. J'ai consulté un élève de math-spe qui a de son côté soumis la question à un professeur agrégé en mathématique.

Je leur ai soumis en résumé votre raisonnement, ma première réponse et la vôtre ; puis les deux questions que j'allais vous poser, ainsi que la réponse que j'y ferai..

Leur avis m'a confirmé que l'erreur était bien de votre côté.

C'est donc une réponse composée à l'avance que je vais vous citer à la suite.

Auparavant, il me reste à faire quelques précisions ou mises au point.

Je n'ai pas été dupe du fait que vous m'entraîniez sur votre terrain fort des mathématiques.

Néanmoins, comme cela était en quelque sorte votre ultime échappatoire, je m'y suis laissé conduire de bon gré.

En outre, les 3 propositions (A, B et C) de la p. 5 de votre lettre du 17/9/1987, s'écartent déjà de l'exposé de saint Robert.

Là encore, comme on le dit en langage scolastique : "transeo", j'ai laissé passer, voulant vous réfuter selon les règles mêmes que vous avez posées, pour que cela soit plus efficace en étant plus clair et plus touchant pour vous.

Enfin, quand vous m'écriviez le 8/12/1987 p. 2 : "Je vous répète" non ! c'était la lère fois que vous me le précisiez!) "que Non A ne veut pas dire que A est faux mais que Non A est une proposition dérivée de A en la niant",

je vous réponds que : 1̊) je n'ai pas affirmé le contraire, 2̊) je n'ai fait qu'appliquer les équivalences que vous avez établies à ce sujet dans votre raisonnement (le 17/9 p. 4) :

"Il est utile de se rappeler cette évidence que si B est faux, alors A l'est aussi. Autrement dit, A ==> B entraîne "l'implication contraposée" Non B ==> Non A".

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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L Ab Z du 7 avril 1988

Ceci étant mis au point, voici à présent ma réponse proprement dite, qui, comme je vous l'annonçais dans mon petit mot du 4/12/1987, sera en elle-même précise et brève :

- 1̊) Dans votre lettre du 17/9 p. 5, vous schématisez l'exposé de S. Robert ainsi : A ==> B ==> C. Ce qui implique : A ==> C.

- Or 2̊) vous tentez de démontrer un cercle vicieux, en tâchant de prouver que cela implique aussi ici : C ==> A. Soit : A ==> B ==> C ==> A.

- 3̊) Pour y parvenir, vous faites entrer en scène des Non A et Non B comme suit.

- a) Vous donnez l'exemple suivant (ibid. p. 4) :

Soit A ==> B ; si B faux ==> A faux. Autrement dit : (A ==> B) ==> (Non B ==> Non A) (cf. aussi lettre du 30/9 p. 1)

- b) Vous tentez d'appliquer ce raisonnement à l'exposé de S. Robert tel qu'il est schématisé par vous (le 17/9 p. 5 ; le 30/9 p. 1) .

(Soit A ==> B : point de départ que vous omettez de rappeler !.. : le 1̊) ) Si A faux ==> C faux. Autrement dit : (Non A ==> Non C) ==> (C ==> A) .

Or, si vous vous en teniez à la règle posée par vous dans le 3̊) a), vous devriez écrire :

- Si C faux ==> A faux. Autrement dit : (Non C ==> Non A) <====>(A ==> C) Et non l'inverse !

Ce qui donnerait logiquement : (A ==> C) <====> (A ==> C) ; et non : (A ==> C) <====> (C ==> A)

Evidemment, là où votre erreur se trouve cachée, c'est qu'entre le point de départ 1̊) (oublié après l'intermède de l'exemple donné 3̊) a) ) et le point d'application 3̊) b), vous omettez de repartir de A ==> C !... et partez de la contraposée inverse : Non A ==> Non C, qui vous fait logiquement arriver à l'inverse du point de départ : C ==> A. (Le point de départ étant A ==> C !) (1)


(1) M. l'abbé Coache fait le même genre d'inversion "per diametrum" sur le plan théologique (cf. Sub Tuum n̊ 11 p. 33 au bas).


Par l'intermédiaire de cette contraposée inversée, vous arrivez donc bien à établir, de façon presque imperceptible, que (A ==> C) ==> (C ==> A).

Ce sur quoi j'ai seulement appelé votre attention dans ma lettre du 21/9, en pensant que vous étiez capable de saisir par vous-même ce que je me vois obligé de vous expliciter à présent.

Voyant par votre réponse du 30/9 que vous aviez du mal à le saisir ou à l'admettre, j'ai voulu avoir l'appui de votre propre sentence !

D'où ma 1ère question : affirmez-vous aussi : si A faux, B faux. Autrement dit : (A ==> B) <====> (Non A ==> Non B) ?

Conformément la vérité, ce n'est plus moi qui vous le dit, mais votre propre réponse (le 8/12 p. 1) :

"la formule (A ==> B) <====> (Non A ==> Non B) est fausse".

Or, encore une fois, de la schématisation de l'exposé de S. Robert faite par vous 1̊) "A ==> C" à votre tentative de démonstration de sophisme en cercle vicieux : 3̊) b) "Si A faux ==> C faux, autrement dit : Non A ==> Non C", c'est donc bien cette formule, que vous reconnaissez fausse en elle-même, soit : (A ==> C) <====> (Non A ==> Non C), que vous employez.

C'est donc bien votre démonstration, à vous, (et non le schéma de l'exposé de S. Robert fait par vous), qui est fausse ; et que l'on peut résumer ainsi : (A ==> C) <====> (Non A ==> Non C) <====> (C ==> A) !...

Or, comme vous le disiez (le 8/12 p. 1), la formule vraie est : (A ==> C) <====>(Non C ==> Non A), et non l'inverse !...

Là s'achevait provisoirement ma réponse préparée depuis des mois, attendant votre réponse à ma 2e. question pour montrer votre erreur correspondante, dans le domaine théologique.

En espérant que vous ne nierez pas l'évidence, ce serait un devoir de justice envers la réputation de saint Robert et de saint Alphonse que vous fassiez le bel et nécessaire acte d'humilité d'indiquer à vos lecteurs que c'est vous, et non pas ces deux saints Docteurs, qui avez fait une erreur de raisonnement.

Que le saint Roi David et le Prophète Nathan daignent intercéder auprès de Dieu pour vous obtenir cette grande grâce.

Que Dieu fasse triompher la Vérité en nos intelligences et la Charité en nos coeurs.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Georges Salet
en vacances
28 Avril 1988

Monsieur l'Abbé,

Bien que très pris par la rédaction d'une réfutation des errements du Père de Blignières sur la Déclaration conciliaire sur la liberté religieuse, je vais m'interrompre pour répondre à votre lettre du 7 Avril 88.

Vous dites que vous n'avez pas été dupe du fait que j'ai voulu vous entraîner sur le terrain mathématique pour vous mettre en difficulté.

Vous auriez dû vous souvenir que, dans mes écrits antérieurs, j'avais montré, sans aucun argument mathématique, que toutes les formes du "Depositus est" (ce qui inclut évidemment St.. Bellarmin) reposaient sur un sophisme, conclusion partagée par tous les théologiens qui, explicitement ou implicitement, ont rejeté le "Depositus est". Je n'ai eu recours à la "Logique des propositions" que devant votre obstination à ne pas comprendre (ou votre incapacité à comprendre) sur le plan de tout le monde.

De plus, j'avais fait suivre cette démonstration de logique moderne par ceci (ma lettre du 17 Septembre 1987, p. 6 )

"Mais foin de toute cette logique : le simple bon sens montre que le principe que le Premier Siège ne peut être jugé par personne suffit à montrer qu'à moins d'une révélation divine, on ne saurait déclarer l'occupant du Siège de Pierre déchu du Pontificat pour cause d'hérésie. Et que c'est un grossier sophisme que de dire : "Nous n'avons pas jugé que le Pape était hérétique puisque celui que nous avions déclaré tel n'était plus Pape".
Et, ne vous en déplaise, tous les théologiens de bon sens ont rejeté le "Dépositus est" pour cette raison".


Les mathématiques m'étant familières, j'ai eu l'illusion de croire que vous pourriez être convaincu en faisant appel à "la logique de propositions". Il est clair que je me suis trompé et que j'aurais du songer que la difficulté qui est la vôtre à raisonner juste (dont je vous ai accusé plusieurs fois) vous rendait encore plus inapte à comprendre sur ce terrain.

Avec une suffisance qui m'étonne, vous prétendez maintenant avoir découvert des ERREURS et des CONTRADICTIONS dans mes démonstrations mathématiques.

Persuadé que vous êtes, à cause de l'autorité de St Bellarmin, que je me suis trompé, vous me demandez, comme Nathan pour David, de faire un acte d'humilité en reconnaissant mon erreur.
Permettez-moi de vous dire mon étonnement qu'après ce que je vous avais fait connaître sur mes titres et mes compétences, il ne vous soit pas venu un instant à l'esprit que c'est vous qui n'aviez rien compris à ce que j'avais essayé de vous apprendre sur la "Logique des propositions".

Dans le but de vous inciter à faire vous-même l'acte d'humilité que vous réclamez de moi, je vais tenter plus bas (paragraphe : SUITE DE MON COURS A UN MAUVAIS ELÈVE) de vous faire saisir les racines de votre incompréhension de la Logique des propositions. Car, comme vous allez le voir, vous ignorez même le sens exact de ce que veut dire en Algèbre et en Logique les expressions : "formule vraie" et "formule fausse".

Je pense que vous me créditerez d'un certain mérite à le faire car il est clair qu'outre votre inaptitude aux mathématiques, vous ne lisez pas attentivement ce que, avec patience, je tente de vous apprendre.
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L de GS du 28 Avril 1988

En voici deux exemples :

Premier exemple :

p. 2 de votre dernière lettre, vous mentionnez ce que je vous écrivais le 8 12 87, soit :
"Je vous répète que Non A ne veut pas dire que A est faux mais que Non A est une proposition dérivée de A en la niant"

Et vous affirmiez "que c'était la première fois que je vous le précisais". Or, ceci était écrit en toutes lettres dans ma lettre du 17 Septembre 1987 p. 4, 10e ligne en remontant.

Deuxième exemple :

Vous dites, p. 2 de votre lettre :

"Vous m'aviez suggéré de m'adresser à un élève de Seconde C. J'ai fait mieux : j'ai consulté un élève de Math spé

Or, dans ma lettre du 8 Décembre p. 2, je ne vous avais nullement suggéré de consulter un ELÈVE de Seconde mais de

"demander à un professeur de mathématique de Tours de vous indiquer un MANUEL pour la classe de Seconde C dans lequel vous trouverez tout ce que vous avez besoin de savoir sur la "Logique des propositions"

Ces deux exemples me font douter que vous ayez le désir de connaître et de comprendre ce que l'on enseigne maintenant en Seconde.

Persuadé a priori que je ne pouvais que me tromper puisque je contredisais St Bellarmin, vous avez été consulter des personnes dont je ne doute pas de la compétence, non pas pour vous instruire comme je vous l'avais conseillé, mais dans le seul but de me prendre en défaut. Et vous leur avez raconté ce que je vous avais écrit à votre façon et sans comprendre ce qu'ils vous ont dit.

Afin que le Seigneur ne puisse pas me reprocher de n'avoir pas tout fait pour vous éclairer, je vais, une fois de plus, essayer de vous instruire. Et si vous persistiez à penser que, sur le plan de la Logique mathématique, vous avez raison contre quelqu'un comme moi qui vous ai donné toutes les preuves de sa compétence, alors ce serait une affaire à régler entre vous et Dieu seul et je ne pourrais plus que prier pour vous.

SUITE DE MON COURS A UN MAUVAIS ELÈVE

Vous n'avez pas compris ce que signifie qu'une formule algébrique ou logique est vraie ou fausse.

Lorsqu'on dit, par exemple, qu'est exacte la formule algébrique :

(a + b)2 = a2 + b2 + 2ab

on affirme que cette formule est exacte pour toutes les valeurs de a et b et peut donc être utilisée en toute sûreté dans une démonstration ou une application.

Inversement, lorsqu'on dit que la formule a = a2 est fausse et ne saurait donc être utilisée, cela n'est pas contradictoire avec le fait que cette formule est exacte dans les cas particuliers où a = 1 et a = 0

De même, lorsqu'on dit que l'implication
A ==> B
entraine l'implication "contraposée" (2)
Non B ==> Non A et réciproquement, on affirme
(3)
que, quelles que soient les propositions A et B, les implications (1) et (2) ne peuvent être que vraies ensemble ou fausses ensemble. On dit que dans ce cas, (1) et (2) sont "logiquement équivalentes" et l'on écrit :
(1) <===> (2)

Mais lorsqu'on dit que (1) A ==> B n'entraîne nullement (3) B ==> A

on n'exclut pas que cela puisse arriver pour certaines des propositions A et B. On affirme seulement que si l'implication (1) est vraie, la logique seule n'exige nullement que l'implication (3) le soit aussi.

Exemples

A "a est un nombre premier supérieur a 2"
B "a est un nombre impair"
L'implication A ==> B est vraie mais l'implication B ==> A est fausse. Si, par contre, les propositions A et B sont
A “Un triangle est rectangle"
B "Le carré du plus grand côté est égal à la somme des carrés des deux autres".
alors, les implications A ==> B et B ==> A sont vraies toutes les deux et les propositions A et B sont "logiquement équivalentes" ce que, comme je l'ai dit plus haut, s'écrit :
A <===> B

Il n'est donc pas contradictoire d'affirmer que la formule
( A ==> B ) ==> ( B ==> A )
est fausse et que, dans certains cas particuliers - celui des propositions logiquement équivalentes - elle est exacte.

Et voilà pourquoi je n'ai commis aucune erreur dans ma lettre du 8 Décembre 1987 p. 1 en soulignant deux fois que la formule qui y figure est fausse.

Et pourquoi cette fausseté n'empêche nullement que, dans le cas particulier où il y a implication en cercle, elle soit exacte.
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Abbé Zins
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite de la L de GS du 28 Avril 1988

L'implication en cercle

Si au lieu de vouloir me prendre en défaut, vous aviez cherché humblement à comprendre, vous auriez vu que si l'on a seulement :

A ==> B ==> C
on ne peut rien en conclure d'intéressant dans le problème actuel.

Mais que si les trois propositions s'impliquent en cercle, c'est à dire si l'on a :
(4) A ==> B ==> C ==> A,
alors les trois propositions sont logiquement équivalentes ce qui veut dire que la seule logique permet d'affirmer ceci (et seulement ceci) : Elles sont toutes les trois vraies ou toutes les trois fausses.

Application au "Depositus est”

la formule (4) se déduit immédiatement des trois implications :A ==> B
(5) B ==> C
Non A ==> Non C
Les propositions A, B et C
sont celles que j'ai écrites p. 5 de ma lettre du 17 Septembre 87. Je les écris à nouveau en simplifiant la proposition C en y supprimant l'incise "et correspond à la réalité".

A "L'occupant du Siège de Pierre est hérétique"
B "L'occupant du Siège de Pierre est déchu du Pontificat"
C "Le Jugement de l'Eglise qui a précédé la Déclaration que l’occupant du Siège de Pierre est déchu du Pontificat et cette Déclaration elle-même ont été légitimes.

Vous écrivez p. 2 de votre lettre cette phrase qui, à elle seule, suffit à montrer votre manque de réflexion et votre totale incompréhension de la question :

"En outre, les trois propositions A B C p. 5 de votre lettre du 17/9/87 s'écartent déjà de l'exposé de Saint Robert."

Cette phrase est absurde. Il s'agit de savoir si le raisonnement de St. Robert est ou non sophistique. Et pour cela de savoir, non pas ce qu'il pensait des propositions A B et C qui, en elles-mêmes, ne sont ni vraies ni fausses, mais s'il aurait admis, et si les tenants du "Depositus est" admettent ou non_les trois implications (5).

Or, je dis que ces trois implications sont conformes à la pensée de tous les tenants du ”Depositus est" ainsi qu'à celle de St Robert. Examinons-les :

A ==> B veut dire que

"SI un Pape (pardon, un occupant du Siège de Pierre) est hérétique, ALORS il est déchu."
Conforme ou non ?
B ==> C veut dire que
"SI un occupant du Siège de Pierre est déchu, ALORS il n'est plus pape et on peut le déclarer légitimement déchu."
Conforme ou non ?
Non A ==> Non C veut dire que :
"SI un Pape n'est pas hérétique, ALORS il ne peut pas être déclaré légitimement déchu du Pontificat.”

Conforme ou non conforme au principe admis explicitement par St Bellarmin, "que le Premier Siège ne peut être jugé par personne" ?

Vous aviez contesté la nécessité d'un jugement et d'une Déclaration.

Je vous renvoie à ce que j'avais écrit p. 3 de ma lettre du 17 Septembre 87 dans laquelle je vous citais deux textes de S. Alphonse et St. Robert.

Je n'ai rien à retirer de ce que j'écrivais alors. Mais j'ai à ajouter ceci : Nul ne peut être privé de sa charge ou condamné sans un jugement, même si sa culpabilité est patente. C'est pourquoi on juge même les gens pris en flagrant délit.
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Suite et fin de la L de GS du 28 Avril 1988

CONCLUSION

J'ai passé beaucoup de temps à chercher à vous convaincre mais même si je n'y réussissais pas, je ne le regretterais pas. Outre le motif indiqué plus haut, je ne considérerais pas que j'ai perdu mon temps car, sans vos objections, je n'aurais probablement pas songé à utiliser la logique des propositions ce qui m'a permis de mettre au point une réfutation du "Depositus est" qui, ne vous en déplaise, est irréfutable.

J'accepte de continuer à discuter avec vous sur le plan théologique car ce n'était nullement une "captatio benevolentiae", comme vous dites, destinée à faire passer "un coup de massue" (antérieurement asséné au surplus) lorsque je disais que vous aviez de très vastes connaissances sur le plan théologique.

Mais je souhaiterais que vous considériez que notre discussion sur le plan de la Logique mathématique doit prendre fin rapidement.

Si cependant, fort de l'avis d'un professeur agrégé, vous pensiez toujours que, sur le plan de cette Logique mathématique, vous avez raison contre moi, donnez-moi le nom et l'adresse de ce professeur agrégé et je lui écrirai directement de collègue à collègue. Car je vous rappelle que je suis professeur honoraire de l'enseignement supérieur.

Ce que je lui écrirai ne portera que sur la Logique mathématique en elle-même. Il y sera question de ==>, de propositions A, B, C, Non A etc. mais pas de leur contenu.

Je ne lui parlerai donc pas de Saint Bellarmin mais seulement des principes qui m'ont permis de démontrer que toutes les thèses du "Depositus est" sont sophistiques. Et, comme je vous le disais dans ma dernière lettre, je puis vous assurer à l'avance que ce professeur et moi nous mettrons d'accord .... sur votre dos.

Mais je refuse d'entrer en rapport avec une personne sans titres : Professeur non qualifié mis là en bouche-trou, élève de Spéciale, et bien entendu, élève de Seconde.
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Abbé Zins à Tours
Découverte de la Sainte Croix
Mardi 3 mai 1988

à Monsieur Georges Salet

Monsieur,

Avant de vous démontrer la fausseté de votre nouvelle échappatoire, en vous prouvant que le cas particulier qui nous occupe (même en le prenant selon la schématisation que vous en faites : A ==> C, ne déroge point à la règle générale de la logique seule concernant la fausseté de la formule : (A ==> C) ==> (Non A ==> Non C), je vous demande avant toute autre réponse de ma part de bien vouloir enfin répondre à la 2e question que je vous ai reposée 3 fois et dont vous avez à chaque fois esquivé la réponse, soit en changeant les termes, soit purement et simplement :

- 2. L'hérésie formelle publique de quelqu'un est-elle un fait objectif indépendant du jugement intellectuel que l'on en a et de la déclaration que l'on peut en faire après coup ; ou bien le caractère formel et public de l'hérésie dépend-il du jugement intellectuel que l'on en a et de la déclaration que l'on en ferait après coup ?

Je vous demande une réponse précise, conservant les termes mêmes de la question.

D'autre part, j'y ajoute en annexe 3 questions complémentaires :

- 2.a. Pouvez-vous me donner une définition de la nature de l'hérésie formelle ? (Je vous signale que j'ai indiqué celle des docteurs en p. 12 du n° 3 de Sub Tuum : si vous adoptez cette "définition d'auteurs incontestables"(cf. votre lettre du 2/4/88 p. 1) que je n'ai pas inventée mais simplement citée, cela vous évitera de devoir prendre le loisir d'en chercher d'autres équivalentes.)

- 2.b. L'adage : "le Premier Siège n'est jugé par personne", interdit-il seulement un jugement juridique du Pape, ou bien interdit-il aussi tout jugement intellectuel concernant un fait objectif et externe accompli par un Pape ?

- 2.c. Que pensez-vous du texte suivant ? :

. Le Pontife peut être jugé, ou plutôt être montré comme déjà jugé, s'il arrive qu'il tombe dans l'hérésie publique : car "celui qui ne croit pas est déjà jugé" (Jean 3,18).


Enfin, pour détendre la tension que je sens dans vos dernières lettres, puisque comme Mirabeau vous dites : Je vais enfermer l'abbé (et S. Robert avec lui) dans un cercle vicieux,

permettez-moi (avant de vous répondre à nouveau sérieusement dès que j'aurais vos réponses à mes 4 questions) de vous répondre en plaisantant, avec M. l'abbé Maury : "Vous voulez donc m'embrasser, Monsieur de Mirabeau ?”
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Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1

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Georges SALET
à VERSAILLES
le 24 Mai 1988

Monsieur l'Abbé,

Je vous accuse réception de votre lettre du 3 Mai 88 qui me plonge dans la perplexité. Elle m'oblige, en effet, à admettre :

- Ou bien que vous êtes d'une inconscience comparable à celle d'un enfant de cinq ans qui se croirait capable de trancher en matière de calcul.
- Ou bien que vous êtes d'une suffisance qui dépasse toutes les bornes.

Il me faut vraiment de la patience pour supporter de votre part ce qui est, matériellement, une accusation d'incompétence et de mauvaise foi lorsque vous écrivez (je copie textuellement mais c'est moi qui souligne) :

"Avant de vous démontrer la fausseté de votre nouvelle échappatoire,

"Fausseté" = Accusation d'incompétence. "Echappatoire" = Accusation de mauvaise foi.

Je poursuis la citation :

"Avant de vous démontrer la fausseté de votre nouvelle échappatoire, en vous prouvant que le cas particulier qui nous occupe (même en la prenant selon la schématisation que vous en faites : (A ==> B ==> C) ne déroge point à la règle générale de la logique seule concernant la fausseté de la formule :
(A ===> C) <====> (Non A ===> Non C)
je vous demande, avant toute autre réponse de ma part, de bien vouloir enfin répondre


Etant donné
- la manière dont vous déformez à peu près systématiquement ma pensée (encore un exemple rien que dans la citation qui précède - voir plus bas)
- que vous ne m'avez toujours pas promis nettement de ne rien publier du contenu des lettres que je vous adresse,
- que cette réponse présente un intérêt général,

Etant donné ces trois points, j'ai répondu d'une manière précise à vos questions dans le paragraphe "Le sophisme du Dépositus est" que vous trouverez aux pages 26 et suivantes du N̊ 87 de mon bulletin qui va être expédié cette semaine.

Vous y verrez que , sans prononcer votre nom, j'ai reproduit le libellé exact de vos quatre questions auxquelles j'ai répondu.

N'ayant pas, à la campagne où j'ai composé mon article, la collection de "Sub Tuum", j'ai donné de l'hérésie formelle la définition courante et j'ai constaté à mon retour qu'elle ne diffère pas substantiellement de celle que vous avez vous-même reproduite p. 12 de votre N̊ 3. (J'ai bien reçu les deux numéros manquants de "Sub Tuum" et vous en remercie).

Ce paragraphe sur le "Depositus est" sera suivi, plus tard, d'un article plus complet dans lequel je reviendrai, comme je l'annonce, sur la logique des propositions.


INCONSCIENCE OU SUFFISANCE ?

Je ne regrette pas d'avoir accepté de discuter avec vous car c'est souvent votre incompréhension qui m'a incité à développer davantage certaines questions. Vous avez également attiré mon attention sur certains points de détail sans importance capitale, certes, mais où il est tout de même préférable d'être exact.

Et puis, je n'ai jamais eu la prétention d'être infaillible en Théologie.

Mais encore faut-il que la discussion ait lieu avec un opposant qui cherche sincèrement la vérité. J'ai cru, jusqu'à présent, que c'était votre cas mais je commence à me demander si je ne me suis pas trompé.

En effet, en dépit de tout ce que je vous ai dit sur mes titres et ma compétence en Mathématique, en dépit des preuves que je vous ai apportées dans ma lettre du 28 Avril que je n'avais commis aucune erreur sur ce plan, vous prétendez toujours me donner des leçons.

Non seulement vous n'avez rien compris à tout ce que je m'étais donné la peine de vous écrire, mais vous ne l'avez même pas lu exactement comme le prouve le fait que, dans la citation faite plus haut, vous ne reproduisez même pas exactement ce que je vous ai écrit !

J'ai de la patience mais tout à des limites. Si alors, vraiment, vous cherchez sincèrement la vérité, si vous n'êtes pas d'une suffisance qui dépasse toutes les bornes permises et que vous avez seulement écrit par irréflexion, il vous appartient de me le prouver par un acte d'humilité :

3. Ou bien vous reconnaissez sur ma seule autorité que la formule que vous citez dans votre lettre (A ==> C) <===> (Non A ==> Non C) est généralement fausse mais qu'elle est vérifiée lorsque trois propositions A, B, C s'impliquent en cercle (ce qui ne veut pas dire seulement A ==> B ==> C, comme vous l'écrivez, mais en plus C ==> A qui se déduit de Non A ==> Non C comme je l'ai toujours écrit) car alors les trois propositions sont "logiquement équivalentes". [ (1) ]

4.
[ (1) ] En réponse à cette affirmation fausse de G. Salet sur laquelle s’appuie sa fausse démonstration : “Comme, en dehors de la mort ou de la démission, l'hérésie est le seul motif de perte du Pontificat, on peut dire : "Hérésie = Perte du Pontificat" ; "Non hérésie = Conservation du Pontificat" ” (L. 17/9/1987), d’où il tire ensuite : “A "L'occupant du Siège de Pierre est hérétique" ; B "L'occupant du Siège de Pierre est déchu du Pontificat" ; C "Le Jugement de l'Eglise qui a précédé la Déclaration que l’occupant du Siège de Pierre est déchu du Pontificat et cette Déclaration elle-même ont été légitimes.” (en cette L. 28/4/1988) ; il avait été montré à la fin de ma lettre du 21/9/1987 qu’il n’y avait précisément pas là “3 propositions "logiquement équivalentes"” et que même si la 1ère était fausse, elle n’impliquerait pas de soi la fausseté de la dernière : “Il me reste à vous dire qu'un Pape pourrait perdre le Pontificat non seulement par démission et hérésie, mais aussi par schisme, apostasie ou folie (cf."Sub Tuum" n̊ 3, p. 24).” ]

5. Ou bien, si vous n'acceptez pas mon autorité (ce qui est passablement humiliant pour moi mais passons) vous m'indiquez le nom de votre professeur agrégé auquel j'écrirai et qui vous confirmera qu'il n'y a aucune erreur sur le plan mathématique dans ce que j'ai écrit sur "l'implication en cercle".

Si vous refusiez de faire cet acte d'humilité, je serais bien obligé de penser que votre suffisance est telle qu'elle va jusqu'à refuser d'admettre votre nullité en Mathématique (ce qui ne serait pas déshonorant puisqu'un esprit aussi distingué que l'Abbé Dulac l'avait fait.)

Et je devrais alors me demander s'il serait téméraire d'extrapoler et de conclure que, d'une manière générale, vous ne cherchez pas sincèrement la vérité. J'avais toujours écarté cette hypothèse mais votre attitude sur le plan mathématique me force à vous demander de me prouver qu'elle est fausse en faisant l'acte d'humilité que je vous demande.

Si vous refusiez de le faire, je ne pourrais plus que prier pour vous car alors, ce serait grave !
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