Cette assemblée de Pise ne pouvait pas avoir l'autorité d'un concile général, et n'est ordinairement considérée que comme un effort de la chrétienté, pour rétablir dans l'Eglise l'unité de fait, comme on la reconnaissait de droit. Le but qu'on s'y proposait était certainement noble et pur ; malheureusement la convocation n'avait pas été faite par l'autorité compétente, par le Pape ; il n'y avait pas de légats pontificaux, et beaucoup d'évêques refusèrent, pour cette raison, d'y assister. C'était une assemblée acéphale, irrégulière, et dont les actes ne reçurent d'autre sanction que celle d'Alexandre V. Or l'autorité de ce troisième Pape était pour le moins aussi douteuse que celle de l'assemblée qui l'avait élu. Donc, bien que le concile de Pise fût la réunion d'efforts généreux pour le plus grand bien de l'Eglise, il n'eut pas pourtant le pouvoir de réprimer le terrible incendie, qui exerçait tant de ravages, depuis trente ans, et il n'a jamais joui d'une autorité incontestable dans l'Eglise. (1)
Le nouveau Pape ne régna qu'une année ; il mourut en 1410, et eut pour successeur le cardinal Balthasar Cossa, napolitain, qui prit le nom de Jean XXIII. Il est difficile de concevoir l'extrême confusion qui régnait à cette époque; les uns se soumettaient, et avec raison, à Grégoire XII, légitime successeur d'Urbain VI, d'autres, à Benoît XIII, d'autres, enfin, à Jean XXIII.
Ce dernier, après avoir fait son entrée dans Rome, en partit bientôt pour se rendre à Constance et y présider un grand concile; la chrétienté tout entière allait tenter un suprême effort pour rétablir l'unité si ardemment désirée et réaliser les paroles de Jésus-Christ : «Il n'y aura qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. » Non-seulement les évêques, mais encore grand nombre de laïques, les ambassadeurs des princes, et plus de dix-huit mille ecclésiastiques, se trouvèrent à cette assemblée. Contrairement aux usages ordinaires, les suffrages se donnèrent par nations, lesquelles avaient, chacune, leur président. Il y eut d'abord la nation anglaise, l'italienne, la française et l'allemande, quand on ne traita que de la cause de Jean XXIII et de Grégoire XII; on y ajouta la nation espagnole dans le procès de Benoît XIII. Beaucoup d'évêques et de cardinaux réclamèrent contre cette manière de procéder puisque les évêques seuls sont juges dans les conciles; mais on passa outre.
L'autorité de cette assemblée était encore douteuse comme celle du pontife qui l'avait convoquée. Jean XXIII présida la première session, et dans la seconde, à la demande du concile, il promit par serment de renoncer à sa dignité, si ses concurrents abdiquaient, ou encore si la paix de l'Eglise l'exigeait.
Il se repentit bientôt de cette généreuse promesse, et de peur d'être forcé de la mettre à exécution, il prit la fuite, et se retira à Schaffouse, sous la protection de Frédéric, duc d'Autriche.
(1) Palma, Praelect. hist. eccl., t. III, p. 49.