Le grand schisme d'Occident

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gabrielle
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Le grand schisme d'Occident

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Après une absence de plus de soixante-dix années, les Papes, grâce surtout à la puissante intervention de sainte Catherine de Sienne et de sainte Brigitte, revinrent habiter Rome, devenue pendant ce temps la proie des factions des Guelfes et des Gibelins. Grégoire XI, dernier pontife d'Avignon, vint terminer sa carrière dans la Ville Éternelle.

C'est à sa mort, arrivée en 1378, que commence la triste et lamentable période de l'histoire, connue sous le nom de grand schisme d'Occident. Voici quelle fut l'origine de cette division si affligeante pour la chrétienté tout entière, et où l'on vit simultanément deux et même trois Papes qui se prétendaient légitimes, et qui siégeaient, les uns à Rome, d'autres à Avignon, d'autres ailleurs.

Le simple exposé des faits suffira pour éclaircir cette question, qui parait si obscure à la plupart des personnes peu familiarisées avec les particularités de l'histoire.
La primauté et l'infaillibilité des papes
Cardinal Bégin, docteur en théologie
L.H. Huot Éditeur
1873
pages 393-405


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gabrielle
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Le décès de Grégoire XI nécessitait l'élection d'un nouveau Pape. Les Romains, persuadés que la dignité de chef de l'Eglise universelle est liée à celle d'évêque de Rome, voulaient absolument qu'on élut un romain ou un italien ; car, disaient- ils, si l'on choisit encore un français, il est à présumer qu'il ira se fixer â Avignon, et Rome sera de nouveau abandonnée, livrée à tous les envahisseurs, et ne sera bientôt plus qu'un monceau de ruines.

Les cardinaux entrèrent en conclave ; ils étaient au nombre de seize, dont onze français, quatre italiens et un espagnol. Il y avait encore sept autres cardinaux français, dont six étaient restés à Avignon, après le retour de Grégoire XI à Rome, et le septième était légat eu Toscane. Le 8 avril, les Romains se présentèrent à la fenêtre du conclave, firent entendre des clameurs un peu bruyantes et députèrent vers les cardinaux le magistrat qui était à leur tête. Celui-ci leur exposa le but de sa mission, en disant que le peuple ne voulait plus se contenter d'un Pape italien, mais qu'il exigeait un romain ; c'était vouloir restreindre la liberté du Sacré-Collège.

A cette nouvelle, le cardinal évêque de Limoges prit la parole, et, après avoir énuméré les qualités que devait posséder un souverain Pontife dans les circonstances difficiles où se trouvait l'Eglise, il ajouta qu'il ne les croyait réunies que dans une seule personne, l'archevêque de Bari, Barthélémi Prignani. Le Sacré-Collège fut unanime en sa faveur; les italiens étaient satisfaits de ce choix, parce qu'il était de leur nation ; les français, parce que le nouvel élu leur était connu depuis longtemps et leur était très-sympathique. Prignani n'accepta cette dignité qu'avec une extrême répugnance, parce qu'il connaissait les difficultés qu'il aurait à vaincre.
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gabrielle
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Quand on annonça à la fenêtre du conclave, que l'archevêque de Bari avait été créé Pape, le peuple fut d'abord trompé sur le nom qu'on avait prononcé ; il crut que c'était le cardinal romain Tebaldeschi, vieillard infirme et goutteux, qui avait été élu. On le conduisit malgré lui en triomphe à la basilique Vaticane, et, en dépit de toutes ses protestations, on lui baisait les mains et les pieds, comme on a coutume de le faire pour un nouveau Pape. Il parvint enfin à désabuser le peuple, qui se précipita vers le conclave ; la fureur et l'excitation étaient à leur comble. Les cardinaux ne modifièrent cependant pas leur choix ; ils maintinrent leur élection, malgré l'orage qui allait grossissant. Les uns se réfugièrent dans le château Saint-Ange, d'autres, dans leurs palais, ou hors de la ville. Enfin, des personnages influents parvinrent à calmer la sédition, et le 18 du même mois, qui était le jour de Pâques, l'archevêque de Bari fut couronné solennellement dans la basilique Vaticane; il prit le nom d'Urbain VI. De là, il se rendit à cheval à Saint-Jean-de-La-tran, pour prendre possession de l'archibasilique patriarcale.

Ce tumulte populaire, joint à la trop grande sévérité du nouveau Pape envers les cardinaux pour le rétablissement de la discipline ecclésiastique, fut la première origine ou l'occasion du schisme qui allait éclater.

Les cardinaux, accoutumés au gouvernement paternel de Grégoire XI, furent extrêmement surpris et froissés de la manière rigide avec laquelle Urbain VI les traitait. Le mécontentement devint général et se traduisit sous la forme d'une conspiration. Sous prétexte de fuir les chaleurs de l'été, ils demandèrent et obtinrent de se rendre à Anagni ; ils étaient au nombre de treize, dont douze français et un espagnol. Ils déclarèrent que l'élection d'Urbain VI avait été faite sous l'empire de la crainte, et que, par conséquent, il n'était pas Pontife légitime. Ils élurent, pour lui succéder (août, 1378), le cardinal de Genève, Robert, qui prit le nom de Clément XII, et fixa sa résidence à Avignon.

C'était le commencement d'un schisme déplorable qui devait affliger l'Eglise pendant quarante ans. Tous deux travaillèrent à accroître et à consolider leur parti ; tous deux écrivirent des encycliques à toutes les Eglises, et créèrent des cardinaux. Clément VII eut pour lui les rois de France, d'Aragon et de Sicile ; les autres princes demeurèrent dans l'obédience d'Urbain VI.
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gabrielle
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La difficulté du connaître quels furent, pendant cette période, les Papes et les antipapes, se réduit à la question de savoir si Urbain VI fut élu librement et d'après les règles canoniques, et par conséquent s'il était vraiment Pape.

La réponse est maintenant facile, Urbain VI était certainement évêque de Rome et chef légitime de l'Eglise. En effet, comment les cardinaux pouvaient-ils prétexter le défaut de liberté et l'influence de la crainte, au moment de l'élection, lorsqu'il est évident pour tout le monde qu'ils élurent un napolitain, malgré toutes les clameurs du peuple qui voulait avoir un romain? Evidemment ils agissaient en toute liberté, et lorsque le peuple vint leur faire des menaces, ils demeurèrent fermes, et répondirent au magistrat de la ville qu'ils auraient pour but la plus grande gloire de Dieu, l'utilité de l'Eglise et le salut du peuple chrétien. Quant à élire un simple archevêque et non pas un cardinal, il semble qu'ils auraient dû choisir un évêque romain pour contenir le peuple; mais non, ils faisaient acte d'indépendance, en choisissant celui qu'ils voulaient.


Même avant le conclave et aux funérailles de Grégoire XI, les cardinaux parlaient de l'archevêque de Bari, comme étant le plus digne de succéder sur le trône pontifical ; c'était aussi l'opinion bien arrêtée et formellement exprimée de ceux qui devinrent ensuite antipapes sous les noms de Clément VII et de Benoît XIII. Les actes du conclave nous prouvent également que le Sacré-Collège procéda à cette élection avec le calme le plus parfait, avec la plus grande tranquillité d'âme.
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gabrielle
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Une fois l'élection terminée, les cardinaux différèrent un peu d'en faire connaître le résultat au peuple, convaincus qu'ils étaient que ce choix ne lui agréerait pas; ce n'était donc ni la crainte, ni le désir de plaire aux Romains qui leur avait fait porter les yeux sur l'archevêque de Bari.

Pourquoi prirent-ils la fuite en face de l'émeute, et pourquoi cette émeute, si, par crainte, ils avaient abondé dans le sens du peuple ?

Pourquoi manifestèrent-ils une joie extraordinaire de voir la paix rétablie dans Rome ?

Pourquoi s'empressèrent-ils d'assister à son couronnement le jour de Pâques et de lui rendre en public et en particulier les honneurs qui ne sont dus qu'à un souverain Pontife ?

Ils ne firent entendre aucune protestation, pendant les trois mois qui s'écoulèrent entre le couronnement d'Urbain VI et l'élection de Clément VII ; au contraire, ils se firent eux- mêmes les échos du mensonge, en notifiant à la chrétienté son élection comme légitime. Rien ne les y forçait alors, de même que rien ne les avait obligés de le supplier d'accepter le pontificat, de lui prêter serment du fidélité, de solliciter auprès de lui des grâces particulières, de recevoir la sainte communion de sa main ; rien ne les avait contraints d'écrire aux cardinaux demeurés à Avignon, pour leur apprendre qu'ils avaient élu librement et à l'unanimité Urbain VI, et qu'ils en attendaient un grand bien pour l'Eglise. En outre, le nouvel élu agit sans réclamations comme Pape ; les lettres de la Sacrée Pénitencerie s'expédiaient en son nom ; on faisait mention de lui au canon de la messe ; personne, en un mot, n'entretenait alors le moindre doute sur la légitimité de son élection. D'où je conclus qu'Urbain VI était certainement Pape, ainsi que ses successeurs Boniface IX (1389-1404), Innocent VII (1404-1406), Grégoire XII (1406-1417) et Martin V, et que, par conséquent, Clément VII était antipape, ainsi que son successeur Pierre de Lune ou Benoit XIII (1394-1424).
Raison de l'édition : changement de couleur.
Dernière modification par gabrielle le lun. 01 févr. 2016 14:10, modifié 1 fois.
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gabrielle
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Tous les bons catholiques gémissaient de voir la dissension se perpétuer dans l'Eglise. Sainte Catherine de Sienne, l'héroïne de son siècle, jeune vierge d'une trentaine d'années, employait tous les moyens que lui suggéraient sa piété et sa grande âme, pour étouffer le feu de la discorde. Elle écrivait de nombreuses lettres et à Urbain VI, pour l'engager à unir à la justice une grande mansuétude, et aux cardinaux, pour les prier de se soumettre à ce Pape, et aux princes, pour les déterminer à extirper le schisme. Son influence était considérable dans les cours séculières et sur l'esprit des Pontifes.

Elle était secondée dignement par une autre Catherine, fille de sainte Brigitte. Impossible de peindre leur sollicitude extrême pour le rétablissement de la concorde.

Saint Vincent Ferrier, illustre apôtre de l'Europe à cette époque, travaillait beaucoup dans le même sens. La confusion générale que ce schisme avait produite dans les esprits, le fit d'abord adhérer à l'antipape Benoit XIII; mais il s'aperçut ensuite que la légitimité de son élection était contestable, et il lui conseilla charitablement, mais en vain, de renoncer aux honneurs de la dignité pontificale.

Plusieurs princes, cardinaux, évêques et fidèles des deux partis, exprimèrent le désir qu'ils avaient de voir la question réglée par un concile général, et jurèrent de reconnaître celui qu'élirait ce concile. Toutes les universités et surtout celle de Paris, ainsi que le roi de France, voulaient que les deux Papes abdiquassent ; mais Benoît XIII, excessivement opiniâtre, ne cessait de mettre des entraves, et ne consentait à résigner que lorsque Grégoire XII lui en aurait donné l'exemple.

Toutes les tentatives de conciliation étaient donc venues se briser contre le mauvais vouloir de Pierre de Lune. On eut recours à un concile que les cardinaux convoquèrent à Pise (1409), malgré toutes les protestations de Benoît XIII et de Grégoire XII. Ce concile les déposa tous deux, et élut à leur place Alexandre V, de sorte que l'Eglise se vit avec trois prétendants à la Papauté, au lieu de deux qu'il y avait eu auparavant. On avait voulu remédier au mal et l'on n'avait fait que l'accroître.
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Cette assemblée de Pise ne pouvait pas avoir l'autorité d'un concile général, et n'est ordinairement considérée que comme un effort de la chrétienté, pour rétablir dans l'Eglise l'unité de fait, comme on la reconnaissait de droit. Le but qu'on s'y proposait était certainement noble et pur ; malheureusement la convocation n'avait pas été faite par l'autorité compétente, par le Pape ; il n'y avait pas de légats pontificaux, et beaucoup d'évêques refusèrent, pour cette raison, d'y assister. C'était une assemblée acéphale, irrégulière, et dont les actes ne reçurent d'autre sanction que celle d'Alexandre V. Or l'autorité de ce troisième Pape était pour le moins aussi douteuse que celle de l'assemblée qui l'avait élu. Donc, bien que le concile de Pise fût la réunion d'efforts généreux pour le plus grand bien de l'Eglise, il n'eut pas pourtant le pouvoir de réprimer le terrible incendie, qui exerçait tant de ravages, depuis trente ans, et il n'a jamais joui d'une autorité incontestable dans l'Eglise. (1)

Le nouveau Pape ne régna qu'une année ; il mourut en 1410, et eut pour successeur le cardinal Balthasar Cossa, napolitain, qui prit le nom de Jean XXIII. Il est difficile de concevoir l'extrême confusion qui régnait à cette époque; les uns se soumettaient, et avec raison, à Grégoire XII, légitime successeur d'Urbain VI, d'autres, à Benoît XIII, d'autres, enfin, à Jean XXIII.


Ce dernier, après avoir fait son entrée dans Rome, en partit bientôt pour se rendre à Constance et y présider un grand concile; la chrétienté tout entière allait tenter un suprême effort pour rétablir l'unité si ardemment désirée et réaliser les paroles de Jésus-Christ : «Il n'y aura qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur. » Non-seulement les évêques, mais encore grand nombre de laïques, les ambassadeurs des princes, et plus de dix-huit mille ecclésiastiques, se trouvèrent à cette assemblée. Contrairement aux usages ordinaires, les suffrages se donnèrent par nations, lesquelles avaient, chacune, leur président. Il y eut d'abord la nation anglaise, l'italienne, la française et l'allemande, quand on ne traita que de la cause de Jean XXIII et de Grégoire XII; on y ajouta la nation espagnole dans le procès de Benoît XIII. Beaucoup d'évêques et de cardinaux réclamèrent contre cette manière de procéder puisque les évêques seuls sont juges dans les conciles; mais on passa outre.

L'autorité de cette assemblée était encore douteuse comme celle du pontife qui l'avait convoquée. Jean XXIII présida la première session, et dans la seconde, à la demande du concile, il promit par serment de renoncer à sa dignité, si ses concurrents abdiquaient, ou encore si la paix de l'Eglise l'exigeait.

Il se repentit bientôt de cette généreuse promesse, et de peur d'être forcé de la mettre à exécution, il prit la fuite, et se retira à Schaffouse, sous la protection de Frédéric, duc d'Autriche.

(1) Palma, Praelect. hist. eccl., t. III, p. 49.
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Le concile le cita à son tribunal : il refusa de comparaître, fut accusé de plusieurs crimes, privé de toute administration spirituelle et temporelle de la Papauté, et enfin déposé comme fauteur du schisme. Jean XXIII acquiesça à la sentence portée contre lui par le concile et remit les insignes du pontificat. Il fallait obtenir l'abdication volontaire des deux autres; ce n'était pas chose facile. On commença par faire un décret qui prohibait l'élévation de Grégoire et de Benoît à la dignité de chef de l'Eglise.

Dans la XIVe session, Grégoire XII, par l'entremise de son légat, commença par convoquer le concile, qu'il ne regardait pas auparavant comme légitime, et abdiqua librement entre les mains de l'empereur Sigismond.

Quant à l'antipape Benoît XIII, il fut dès lors abandonné de tout le monde, même des Espagnols ; malgré toutes ses promesses, il persista opiniâtrement à se maintenir dans sa dignité. On lui rappela qu'il s'était engagé à abdiquer, si les autres le faisaient et si le bien de l'Eglise l'exigeait; on l'informa que ces deux conditions étaient remplies: tout fut inutile. Il est de ces hommes qui ne reculent jamais, lors même qu'on leur montre clairement qu'ils ont tort; ils sacrifieraient l'unité de l'Eglise et la tranquillité de l'univers, plutôt que d'abandonner une idée qu'ils chérissent, ou un projet qu'ils ont formé.

Benoît XIII était de ce nombre ; la ténacité aveugle faisait le fond de son caractère. Aussi les ambassades qu'on lui envoya demeurèrent-elles sans aucun résultat. Le concile déclara que, vu ses serments antérieurs relativement à son abdication,il se trouvait par là même privé de sa dignité. La mort le surprit dans le schisme, en 1424, à l'âge avancé de quatre-vingt-dix ans, et après trente années d'un pontificat plus que douteux.

Après cette triple abdication ou déposition légitime, le concile élut, dans sa session XLIe, le cardinal Othon Colonna, qui prit le nom de Martin V.

Ce choix fut accueilli avec un enthousiasme universel ; la paix était rendue à l'Eglise, après quarante ans de troubles sans antécédents dans l'histoire.
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gabrielle
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Re: Le grand schisme d'Occident

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Le nouveau Pontife présida les dernières sessions du concile et ratifia tout ce qui y avait été décrété conciliairement dans les matières de foi.

Maintenant que nous connaissons les principaux faits de ce triste drame, nous pouvons résoudre quelques objections que nous proposent les ennemis de l'Eglise.

Ils prétendent, en premier lieu, que l'unité dont se vante tant l'Eglise catholique, fut rompue à cette époque. Quelques-uns vont même jusqu'à assimiler les diverses obédiences des trois Papes simultanés aux trois principales Eglises chrétiennes qui dominent sur la surface, du globe : l'Eglise romaine, l'Eglise anglicane et l'Eglise gréco-russe.

La réponse est courte et facile. Cette scission, à laquelle on a donné improprement le nom de schisme, ne détruisit pas l'unité formelle de l'Eglise. En effet, personne ne pensait que l'Eglise pût avoir simultanément deux ou trois chefs légitimes, et que chacun d'eux eût le droit de commander à une partie de la chrétienté ; au contraire, tous étaient péniblement affectés de cet état de choses, parce que tous étaient convaincus qu'il ne pouvait y avoir eu même temps qu'un seul Pape, qu'un seul pasteur, à la tête du troupeau de Jésus-Christ.

Au milieu de cette confusion générale, on ne savait où trouver le vrai successeur du Prince des Apôtres. Des personnages éminents par leur science et leur piété différaient d'avis sur ce sujet ; les uns se soumettaient aux Papes de Rome, d'autres, à Benoit XIII d'Avignon, d'autres, enfin, à l'élu du concile de Pise ou à son successeur Jean XXIII. Il y avait bien schisme matériel, provenant de l'ignorance invincible, dans laquelle on se trouvait alors, sur le sujet en qui devaient résider les divines prérogatives de la primauté de Pierre, mais il n'y eut jamais schisme formel, parce qu'il n'y eut jamais refus d'obéir à l'autorité légitimement constituée et reconnue comme telle.

Dans tous les camps, le dogme de l'unité de chef suprême de l'Eglise était regardé comme inviolable, et en cela ils différaient essentiellement des hérétiques modernes, qui admettent autant de chefs que d'églises et même autant que d'individus. II n'y a peut-être pas d'époque dans l'histoire de l'Eglise, où l'unité de droit ait été plus manifeste ; c'est cette unité que tous les adversaires du catholicisme rejettent opiniâtrement, que les membres de l'Eglise Romaine ne sacrifieront jamais, et qui mettra toujours une barrière infranchissable entre les sectes dissidentes et l'Eglise catholique.
La primauté et l'infaillibilité des papes
Cardinal Bégin, docteur en théologie
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1873
pages 404-405

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