Peinture de Gerard Seghers (1609-1651)
Vie de sainte Thérèse d'Avila, d'après les Petits Bollandistes, a écrit :
[…] Notre-Seigneur, pour manifester davantage la vérité de ces visions, alluma en un instant dans le cœur de sa bien-aimée un si grand feu de l'amour de Dieu et un désir si ardent de le voir, que la vie présente ne lui était plus qu'un long martyre. Elle était blessée d'une plaie divine, qui, en la faisant languir et mourir, lui causait un plaisir ineffable, auquel tous les plaisirs du monde ne peuvent être comparés. Ce fut en ce temps qu'elle vit plusieurs fois à ses côtés un séraphin d'une beauté merveilleuse, qui, ayant un dard à la main, lui en transperçait le cœur. Ce dard était de fin or et assez long, et il y avait au bout une pointe de fer qui était en feu. Quand il le portait dans son cœur, il y produisait une flamme d'amour si excessive, qu'elle ne pouvait presque en supporter la véhémence ; et quand il le retirait, il semblait qu'il lui arrachât les entrailles : il la laissait si embrasée, qu'elle était comme hors d'elle-même. La douleur de ses blessures sacrées lui faisait échapper des gémissements ; mais leur suavité, qui n'était pas moindre, l'enivrait tellement, qu'elle ne voulait plus ni voir, ni parler, mais seulement jouir de la douceur de sa peine et des délices de son amour. ...
Le Bernin (1647-1652), église Santa Maria della Vittoria, Rome. (cliquer sur l'image)