Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

chartreux
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SWS, Livre I, I, C2, §10 traduit par le chartreux a écrit : Le droit d'enseigner avec autorité comporte plusieurs degrés. Les simples évêques, qui ne sont responsables que d'une partie du troupeau chrétien, n'ont qu'un pouvoir d'enseignement partiel et subordonné, et donc imparfait et dépendant. Le chef de l'épiscopat, pasteur de l'intégralité du troupeau, possède seul le pouvoir d'enseignement universel et souverain, et donc complet et indépendant, à qui même les évêques doivent se soumettre. La différence de pouvoir entre lui et eux apparaît de façon très frappante dans la valeur légale de leurs décisions doctrinales respectives. Les décisions du pape, représentant du Christ sur la terre, ont seules le statut de lois, obligeant tout le monde ; tandis que les décisions des évêques n'ont que la force d'une sentence judiciaire, ne concernant que les parties d'un litige donné. En matière de foi les évêques ne peuvent légiférer de loi pour leur propre diocèse, car une loi devant être conforme à la vérité ne peut être plus restreinte que la vérité elle-même ; et de plus une telle loi ne peut venir que d'un législateur infaillible. L'universalité et l'infaillibilité ne sont pas des attributs des évêques, mais du Pape seul ; c'est pourquoi les évêques ne peuvent faire que des lois provisoires pour leurs diocèses, lois dépendantes de l'approbation du Souverain Pontife. Ce n'est pas le rôle des évêques de prononcer des décisions finales tranchant les controverses concernant la foi, ou de résoudre les différents doutes encore tolérés dans l'Église - leur participation n'est même pas nécéssaire. Ils sont certes des juges aptes à décider si telle ou telle doctrine est confirme avec le dogme généralement reçu, mais individuellement ils ne peuvent définir un nouveau dogme ou une nouvelle règle de foi. Ils ont le pouvoir exécutif, et non pas le pouvoir législatif. Bref, bien que les évêques soient à la fois témoins et docteurs, et, jusqu'à un certain point, juges de la foi, leur chef le Pape est cependant le seul promulgateur suprême de doctrine, le seul juge universel en matière de foi, l'arbitre dans le controverses de foi, et le "Père et Professeur de tous les chrétiens" (concile de Florence).
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SWS, Livre I, I, C2, §11 traduit par le chartreux a écrit : Section 11. Organisation de l'apostolat enseignant (suite). Organisation de l'Église enseignante.

Continuant la description de la section précédente, nous allons maintenant traiter de l'organisation des membres de l'apostolat, de la distribution des différents pouvoirs et privilèges apostoliques, et plus spécialement du don d'infaillibilité.

Il est manifeste que l'apostolat est composé d'un certain nombres d'organes reliés entre eux et formant un tout harmonieux, où les divers pouvoirs et privilèges se combinent. Au sens le plus large, cette entité comprend tous ceux qui contribuent en quelque façon que ce soit à l'apostolat. En un sens plus restreint cependant, l'Église enseignante ne comprend que les membres les plus élevés de la hiérarchie du pouvoir d'ordre, qui sont en même temps, par institution divine, les membres ordinaires de la hiérarchie du pouvoir de juridiction, savoir le Pape et les évêques. C'est en eux que réside la plénitude de l'apostolat, tandis que les membres inférieurs ne sont que leurs auxiliaires. Nous allons d'abord parler de l'organisation de l'Église enseignante ; puis des auxiliaires ; et finalement du leur jonction avec le corps des fidèles.

I. Les principes qui déterminent la composition de l'Église enseignante sont les suivants :

1. Le pemier but à atteindre pour l'apostolat, c'est la diffusion universelle de la Révélation, qui prépare la voie à la foi surnaturelle. À cet objectif correspondent un certain nombre d'oracles consacrés de l'Esprit-Saint, qui doivent être des témoins autorisés et des professeurs. En tant que représentants du Christ, ils doivent être munis d'une autorité doctrinale correspondant à leur rang, et ils ont besoin du pouvoir de nommer des auxiliaires et du pouvoir de superviser et de diriger la foi de leur sujets.

2. Le deuxième rôle de l'apostolat est de produire l'unité dans la foi et la doctrine. Pour cela, il faut un représentant suprême du Christ, qui préside à l'ensemble de l'organisation, et qui possède un pouvoir doctrinal universel et souverain.

3. L'unité résultant de ce pouvoir souverain est triple : unité matérielle de l'Église enseignante, qui consiste en l'union juridique des membres à leur chef, de qui ils tiennent leur fonctions - cette unité résulte du pouvoir administratif du chef ; unité extérieure et harmonie dans l'activité des membres, qui découle du pouvoir de superviser et de diriger ; et l'unité formelle et intrinsèque de la doctrine et de la foi, qui est le résultat des définitions faisant autorité.

4. L'unité de l'Église enseignante n'est point comme celle d'une machine inerte, mais comme celle d'un organisme vivant. C'est Dieu lui-même qui forme les différents membres à partir de la Tête, et donne la vie à la Tête et aux membres ensemble par l'action de l'Esprit-Saint.
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SWS, Livre I, I, C2, §11 traduit par le chartreux a écrit : II. Les membres originels de l'apostolat, choisis par le Christ Lui-même, pour la première propagation et promulgation de l'Évangile, possédaient à un degré éminent les qualités requises pour l'apostolat. Cela leur était nécessaire pour mener à bien leur mission. Leur supériorité par rapport à leurs successeurs apparaît dans l'authenticité séparée de chacun de leurs témoignages individuels, dans le pouvoir d'enseigner avec autorité qui leur a été conferé à tous et pas seulement à l'Apôtre en chef, et finalement dans l'infaillibilité personnelle de chacun d'entre eux. En tant que premiers témoins de la doctrine du Christ, ils sont non seulement les canaux, mais aussi les sources de la foi, pour toutes les époques suivantes, et c'est pour cela que leur témoignage avait besoin d'une perfection spéciale à la fois interne et externe. Perfection interne, par ce qu'ils étaient témoins oculaires et auriculaires de toute la Révélation, et si remplis de l'Esprit-Saint qu'ils possédaient chacun une connaissance complète et infaillible de la doctrine révélée. Tandis que la perfection externe consistaient en leur don des miracles, qui leur permettait de confirmer l'authenticité de leur témoignage. C'est ainsi que les Apôtres ont pu aider efficacement leur chef -appelé à être le fondement permanent de l'Église- dans le premier établissement du règne de Dieu sur la terre, et particulièrement dans la promulgation originelle de la vérité chrétienne. C'est pour cette raison que chacun d'entre eux a reçu une autorité pour enseigner égale à celle du chef, quoique cette autorité ne fût pas une autorité souveraine pure et simple. Et finalement, leur infaillibilité était une conséquence nécéssaire de l'authenticité de leur témoignage et de l'assistance de l'Esprit-Saint.

Cette idée du privilège particulier dont jouissaient les membres originels de l'apostolat (et l'Église n'a qu'une voix sur ce point) se démontre plutôt à partir de leur conduite que des textes de l'Écriture.

III. Dès que la promulgation originale et fondamentale de l'Évangile fut achevée, il n'y avait plus aucun besoin de l'apostolat extraordinaire. L'étape suivante était la conservation et la consolidation de la doctrine apostolique dans l'Église. Ainsi l'apostolat extraordinaire fut remplacé par l'épiscopat, c'est-à-dire le corps des membres ordinaires de la hiérarchie instituée pour la transmission de la grâce et de la vérité du Christ, et le gouvernement de l'Église. Cet apostolat épiscopal est une continuation de l'apostolat primitif, et doit donc être dérivé des Apôtres ; dans sa nature et son organisation il doit être semblable à l'original, quoiqu'il en diffère en certains aspects. Les pouvoirs extraordinaires personnels, doctrinaux et autres des Apôtres cessèrent à leur mort. Leur chef, en qui ce pouvoir était ordinaire, put seul transmettre ce pouvoir à leurs successeurs. C'est ceux-là, donc, qui sont investis du pouvoir de compléter et de perpétuer l'Église enseignante en y admettant des membres nouveaux et dument autorisés. Les Souverains Pontifes sont le lien qui unissent les évêques entre eux par une chaîne ininterrompue jusqu'à l'apostolat primitif. Les papes représentent donc le pouvoir apostolique originel à un degré éminent, c'est pourquoi leur Siège est appelé Siège Apostolique.
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SWS, Livre I, I, C2, §11 traduit par le chartreux a écrit : IV. Ce deuxième apostolat garde globalement les mêmes fonctions que l'original ; il doit par conséquent être constitué de telle façon qu'il fausse offrir son témoignage authentique et faire autorité ; en d'autres termes, il doit posséder l'infaillibilité doctrinale. Bien que cette infaillibilité ne se trouve plus individuellement dans chacun des membres, elle peut et doit résulter du témoignage unanime du corps entier. Elle le doit, par ce qu'autrement la foi universelle serait trop fragile ; elle pourrait facilement être usurpée par une hérésie universelle. Elle le peut, et elle le fait effectivement, par l'assistance de l'Esprit-Saint qui garantit que l'unanimité soit toujours le fruit de l'Esprit de vérité. L'infaillibilité en tant que témoin ne peut même pas être revendiquée par le chef de l'épiscopat, pas plus que ses subordonnés. Mais quand il prononce un jugement souverain sur les choses de la Révélation, qui engage tout le monde, enseignants comme enseignés, il peut et doit être infaillible. Il le doit, car sinon l'unité de foi pourrait trop facilement se changer en une unité dans l'hérésie. Il le peut, et il l'est effectivement, car l'Esprit-Saint qui guide tous les représentants du Christ, ne peut abandonner le plus élevé d'entre eux dans les actes qui expriment le plus complètement son rôle d'assistance. À plus forte raison, l'accord unanime de la Tête et des membres de l'Église enseignante est nécéssairement infaillible. En l'absence du témoignage de la Tête cependant, l'accord de tous les évêques ne constituerait pas une définition doctrinale obligatoire, mais seulement une forte présomption. Le Souverain Pontife est le seul qui puisse prononcer de telles définitions du fait de sa juridiction universelle, et encore, uniquement dans les choses qui concernent l'unité de la foi de l'Église entière.


V. Les deux apostolats, disons plutôt les deux formes de l'apostolat, doivent cependant différer en quelques points, comme il a été déja dit plus haut. Les évêques, contrairement aux Apôtres qui ont été directement choisis par le Christ, sont choisis par des membres de l'Église. Dans le cas du chef des évêques, celui-ci est premièrement désigné par les membres et reçoit ensuite, non pas d'eux mais du Christ directement, les pouvoirs de son office ; les autres évêques sont nommés à un siège particulier par le chef des évêques, et recoivent leur juridiction de lui. De plus, lui seul possède la plénitude de l'apostolat. Par ailleurs, quand nous considérons l'authenticité du témoignage des évêques, nous devons tenir que leur office de témoin leur est conferé directement par le Christ dans le sacrement de l'ordre ; leur admission à leur office par le Souverain Pontife n'est qu'une condition requise pour l'exercice légal de celui-ci. Les évêques ne sont cependant pas des témoins oculaires ni auriculaires de ce qu'ils enseignent. Ils tirent leur savoir de témoins immédiats ou de documents écrits, et ne possèdent pas individuellement le don d'infaillibilité.
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SWS, Livre I, I, C2, §11 traduit par le chartreux a écrit : L'infaillibilité de l'Église se présente sous deux formes, correpondant à l'action de l'Esprit-Saint qui est à la fois Seigneur et Vivificateur. En tant que Seigneur, il donne l'infaillibilité au chef qui gouverne l'Église ; en tant que Vivificateur, il donne la vie à l'ensemble du corps, Tête et membres. L'infaillibilité de la Tête est nécéssaire pour obtenir l'unité universelle de la foi ; l'infaillibilité du corps est nécéssaire pour éviter un conflit désastreux entre le corps et sa Tête, et pour empêcher également la masse des fidèles d'être égarée par leurs guides ordinaires en des cas où le Saint-Siège ne s'est pas prononcé. Les deux formes de linfaillibilité se soutiennent et s'affermissent mutuellement, montrant que l'apostolat est un chef-d'oeuvre de la Sagesse divine qui " atteint donc avec force depuis une extrémité jusqu’à l’autre, et dispose tout avec suavité (douceur). "(Sagesse 8,1).
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SWS, Livre I, I, C2, §12 traduit par le chartreux a écrit : Section 12. Organisation de l'apostolat (suite) : les membres auxiliaires de l'Église enseignante.

L'Église enseignante est un organisme vivant, qui peut donc se développer en instituant des auxiliaires qui l'aident dans son travail, et de leur conférer les accréditations dont ils ont besoin pour leur fonctions diverses. Ces auxiliaires peuvent être divisés en deux catégories : (1) les auxiliaires des évêques, et (2) les auxiliaires de l'évêque en chef.

I. Les auxiliaires ordinaires de l'épiscopat sont les prêtres et les diacres. Il recoivent leur pouvoir d'ordre et leur juridiction des évêques, et ont donc une rang inférieur à ces derniers. En ce qui concerne la fonction d'enseignement, leur position bien que très inférieure à celle des évêques, est néanmoins importante. Il sont les éxécutants officiels des évêques, leur missionaires et hérauts pour la propagation de la doctrine. Il ont une connaissance étendue de la doctrine, et par le sacrement d'ordre il reçoivent une partie de l'office d'enseignement des évêques, et une partie de l'assistance doctrinale fournie par l'Esprit-Saint. C'est pourquoi leur enseignement possède une valeur et un dignité propres, qui peuvent cependant varier suivant leur qualifications personnelles. D'ailleurs, en certaines circonstances, il est bon que leurs évêques les consultent, non pas pour être dirigés par eux, mais pour s'informer. Si nous nous souvensons de l'influence immense de l'enseignement uniforme du clergé sur l'unité de la foi, nous pouvons sans exagération dire qu'ils participent de l'infaillibilité de l'épiscopat, à la fois extrinsèquement et intrinsèquement : extrinsèquement, par ce que l'unanimité de tous les hérauts est un signe externe qu'ils reproduisent fidèlement le message de l'Esprit-Saint, et intrinsèquement, dans la mesure ou leur ordination leur confère une partie de l'assistance de l'Esprit-Saint, promise à toute l'Église.

Quand c'est nécéssaire, les évêques peuvent ériger des écoles ou des séminaires, pour les religieux ou bien pour donner plus de savoir théologique à une portion du troupeau. Les professeurs dans ces institutions sont également des auxiliaires des évêques, et sont en un certain sens plus en union avec l'Église enseignante que les clercs occupés à leur ministère.
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SWS, Livre I, I, C2, §12 traduit par le chartreux a écrit : II. Le chef de l'épiscopat peut, en vertu de son autorité universelle d'enseignement, envoyer des missionaires dans des régions en dehors de tous les diocèses actuellement existants, et peut aussi établir, même dans les diocèses déja existants, des ordres religieux qui lui sont directement soumis. Il peut aussi fonder des universités pour une étude plus poussée et plus scientifique de la Révélation. Il peut rendre ces personnes et corporations fortement indépendantes des évêques, et les investir d'une autorité analogue à celle de l'épiscopat. Les universités du moyen âge, par exemple, n'étaient pas des institutions privées, ni étatiques, ni épiscopales. Elles tenaient leur mission des Papes, jointe au pouvoir de se perpétuer en nommant des docteurs et professeurs, et du pouvoir de juger les doctrines. Leurs décisions n'avaient cependant pas de valeur légale, par ce que leurs auteurs ne possèdaient point de juridiction ; mais la valeur de ces décisions était plus grande que celle de bien des décisions épiscopales. Il est évident que l'importance des universités comme représentantes de l'enseignement de l'Église dépend de leur soumission à l'apostolat, dont ils sont les auxiliaires, et aussi de leur nombre, leurs qualifications particulières, et l'influence de leurs membres. Le Pape peut aussi exercer son pouvoir administratif en investissant certains membres du clergé inférieur, pour un temps ou indéfiniment, d'un autorité d'enseignement. Mais même dans ce cas, ils restent de simples auxilaires de l'épiscopat(comme le sont les abbés exemptés de juridiction épiscopale ( abbates nullius ) et les généraux des ordres religieux) ou bien des délégués du pouvoir souverain des Papes (comme le sont les cardinaux et les congrégations romaines). Tous ces divers auxiliaires sont assistés par l'Esprit-Saint, mais leurs décisions n'acquierent force de loi que quand elles sont confirmés par la Tête de l'apostolat.


III. De temps à autre, le Saint-Esprit élève certaines personnes à un degré extraordinaire de connaissance surnaturelle. Ce don particulier leur donne une autorité spéciale de guide de l'Église entière. Elles ne sont cependant pas exemptes de la loi universelle dans l'Église suivant laquelle un enseignement quel qu'il soit ne vaut rien s'il n'est approuvé par l'autorité légitime. Dans la mesure où le Pape et les évêques approuvent clairement de la doctrine de ces lumières, on doit considérer cette doctrine comme une témoignage infaillible, venant de l'Esprit-Saint. Ainsi, dans les temps apostoliques, des "prophètes et évangélistes" (Eph. 4:11) ont été donnés aux Apôtres comme auxiliaires extraordinaires, non pas pour éclairer les Apôtres eux-mêmes, mais pour faciliter la diffusion et l'acceptation de leur doctrine. Dans les âges suivants les Pères et docteurs de l'Église ont été très utiles aux membres ordinaires de l'apostolat pour mieux connaître la doctrine révélée. Il faut cependant distinguer soigneusement le rôle de ces auxiliaires de celui des prophètes de l'Ancien Testament. Ces auxiliaires n'apportent pas de révélations nouvelles, et ne possèdent pas d'autorité indépendante - il ne sont que les supports extraordinaires de l'Église enseignante.

"C'est une chose importante dont on doit se souvenir toujours ... que tous les catholiques doivent savoir qu'ils doivent recevoir la doctrine des docteurs avec la doctrine de l'Église, et qu'ils ne doivent pas quitter la foi de l'Église en partant avec les docteurs ( se cum Ecclesia doctores recipere, non cum doctoribus Ecclesiae fidem deserere debere) " (S. Vincent de Lérins, Commonitorium, 17).
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SWS, Livre I, I, C2, §13 traduit par le chartreux a écrit : Section 13. Organisation de l'apostolat (suite) : union organique entre l'Église enseignante et le corps des fidèles.

I. L'apostolat enseignant a ses auxiliaires d'un côté et le corps des croyants de l'autre. Les deux ensemble constituent l'Église. Cette union n'est pas mécanique, mais est comme l'union mutuelle entre les membres d'un organisme vivant. Pour se faire une idée juste des relations entre les deux, il faut se souvenir que l'infaillibité et les autres attributs de l'apostolat enseignant ne sont là que pour assurer une foi sans erreur dans la communauté entière, et que la foi surnaturelle de tous les membres, enseignants comme enseignés, est le résultat de l'influence de l'Esprit-Saint. De cela, on déduit que les enseignants et leurs enseignés composent un organisme complet et indivisible, où les enseignants sont les membres principaux, la tête et le coeur ; un organisme homogène, par ce que les enseignants sont aussi et en même temps des croyants, et par ce que la croyance des fidèles est un témoignage et une confirmation des doctrines prêchées. La vie de cet organisme est surnaturelle, par ce que l'Esprit-Saint infuse la vie de la foi dans tous les membres, par les moyens de l'enseignement externe et de la grâce interne. Cette union entre maîtres et disciples entraîne d'autres conséquences encore. La doctrine du Christ se manifeste sous deux formes : dans les définitions faisant autorité et dans les croyances de chacun. La deuxième forme, qui est un écho de la première et qui résulte elle aussi de l'action de l'Esprit-Saint, devient à son tour un témoignage, qui réagit à la définition publique en la confirmant. Ainsi, ce qui est la foi de l'Église entière ne peut être faux, doit être infailliblement vrai, et représente la doctrine du Christ aussi bien que les enseignements de l'apostolat. On peut même dire que les manifestations externes de l'Esprit-Saint apparaissent particulièrement dans le corps de fidèles, avec les martyrs et les saints, et ces manifestations combinées avec la croyance universelle constituent un motif puissant de crédibilité.

II. Cette idée d'unité organique de l'Église nous permet de comprendre beaucoup d'expressions utilisées en théologie, comme "Église enseignante", "Église enseignée", la "mission et l'autorité de l'Église", c'est-à-dire des membres de la hiérarchie ; "l'apostolat enseignant, ou son chef, représente l'Église", non pas à la manière dont un membre du parlement représente ses électeurs, mais ou sens où la foi de l'apostolat ou de son chef est une expression vraie de la foi de l'Église entière. On entend dire depuis peu que "l'infaillibilité n'appartient qu'à l'Église, mais la hiérarchie n'est pas l'Église, donc la hiérarchie n'est pas infaillible." Autant vaudrait dire, "La vie n'appartient qu'au corps, mais la tête et le coeur ne sont pas le corps, donc la tête et le coeur ne sont pas vivants." Cette idée fausse vient soit d'une comparaison entre la hiérarchie de l'Église et les parlements des états constitués, soit d'une conception matérialiste de l'autorité suivant la formule, "l'autorité est la résultante et la somme totale des pouvoirs des membres pris individuellement, tout comme la masse totale d'un corps matériel est la résultante et la somme totale des masses de ses parties." Mais en réalité, l'autorité est un principe que Dieu infuse dans la société pour lui donner unité, vie et règles de conduite. En voulant donner à l'infailliblité de l'Église une extension aussi large que possible, certaines personnes bien intentionnées en sont arrivés à prendre cette position matérialiste, et à faire de l'universalité et de l'uniformité de la croyance chez les fidèles le motif principal de crédibilité. Cette vision des choses est naturaliste hélas et opposée à ce qu'enseigne l'Écriture. Elle est de plus intrinsèquement défectueuse, car sans l'autorité indépendante de l'apostolat enseignant et l'assistance de l'Esprit-Saint, l'universalité et l'uniformité ne pourraient jamais exister, ou tout au moins ne dureraient jamais longtemps.

Cette infaillibilité de la communauté entière des fidèles se manifeste différemment suivant l'endroit où elle apparaît. Dans l'Église enseignante, l'infaillibilité est active, c'est l'incapacité de tromper ou de mal diriger ; dans l'Église enseignée, l'infaillibilité est passive, c'est l'incapacité d'être trompé ou mal dirigé.
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SWS, Livre I, I, C2, §14 traduit par le chartreux a écrit : Section 14. Organisation de l'apostolat (suite et fin) : indéfectibilité externe et interne de la doctrine et de la foi dans l'Église - récapitulation.

I. L'indéfectibilité de l'Église est intimement liée à son infaillibilité, mais il y a une différence entre les deux. L'infailliblité dit seulement que ce qui est enseigné par l'Église ne peut pas être faux, tandis que l'indéfectibilité dit que tout l'essentiel de la Révélation est prêché effectivement dans l'Église à chaque instant ; que ce qui n'est pas essentiel est proposé, au moins implicitement, et est habituel ; et que la foi interne et vivante de l'Église ne se trompe jamais. L'indéfectibilité de l'Église est moins limitée que son infaillibilité. La perfection de celle-ci exige seulement qu'aucune doctrine proposée à la croyance des fidèles ne soit pas fausse, tandis que la perfection de celle-là exige que toutes les parties de la doctrine révélée soient exprimées réellement dans la doctrine de l'Église à chaque instant. Il y a des degrés dans l'indéfectibilité, tandis qu'une seule erreur de la part de l'autorité enseignante publique, faite une seule fois sur un seul point de doctrine, anéantirait complètement l'infaillibilité.

II. L'indéfectibilité de l'Église enseignante est à la fois une condition et une conséquence de l'indéfectibilité de l'Église. Il faut cependant distinguer entre l'indéfectibilité du Chef et l'indéfectibilité de ses subordonnés. L'individu qui est actuellement le Chef peut mourir, mais son autorité ne meurt pas avec lui - elle est transmise à son successeur. En revanche, la globalité de l'Église enseignante ne pourrait mourir ou errer sans détruire la continuité du témoignage authentique. Et l'autorité du Pape ne serait pas atteinte si, en dehors de son exercice (extra judicium), il professait une fausse doctrine, tandis que l'authenticité du témoignage épiscopal serait détruite si le corps entier tombait dans l'hérésie dans une circonstance quelconque.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

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SWS, Livre I, I, C2, §14 traduit par le chartreux a écrit : III. L'indéfectibilité de la foi chez les membres individuellement est indissociable de l'indéfectibilité externe et sociale de l'Église. Chacune des deux est à la fois cause et effet de l'autre, et l'une agit et réagit sur l'autre. La foi intérieure de membres individuels, même du Pape et des évêques, peut défaillir ; mais cela est impossible pour la foi de l'ensemble. L'infaillibilité et l'indéfectibilité de l'Église et de la foi exigent du Chef que par son pouvoir législatif et judiciaire la bonne règle de foi soit toujours infailliblement proposée ; mais cela n'exige pas l'infaillibilité et l'indéfectibilité de sa foi personnelle et de ses déclarations extra-judiciaires. En ce qui concerne l'Église enseignante, il est seulement exigé qu'elle n'erre pas tout ensemble, ce qui présuppose bien sûr que la foi interne de l'ensemble ne défaille pas. Et finalement, pour le corps des fidèles, il est exigé absolument que sa foi interne (sensus et virtus fidei) ne défaille jamais complètement, et aussi que la profession de foi externe et publique ne soit jamais fausse.

On peut résumer la doctrine entière de l'organisation de l'apostolat enseignant de la façon suivante. Le rôle enseignant qui appartient aux deux pouvoirs fondamentaux de la hiérarchie, le pouvoir d'ordre et la juridiction, satisfait à toutes les exigences, et atteint tous les objectifs pour lesquels il a été institué. Il transmet et impose la Révélation, et installe et maintient l'unité et l'universalité de la foi. C'est un organisme hautement développé, dont les membres agissent en une harmonie parfaite, où le Saint-Esprit opère et produit des témoignages multiples et variés de la vérité révélée, tout en soutenant et en affermissant les initiatives individuelles par le jeu des actions et réactions des différents organes. De même que Dieu a parlé à nos ancêtres par les Prophètes avant la venue du Christ, "à bien des reprises et de bien des manières" (Héb 1:1), le Christ aussi nous parle à bien des reprises et de bien des manières à l'Église "qui est son corps, et la plénitude de celui qui accomplit toutes choses en tous" (Eph 1:23).
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