Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

chartreux
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SWS, Livre I, II, C1, §37 traduit par le chartreux a écrit : Cela inclut la fidélité et la confiance, sous une forme spécifique à la πίστις religieuse, comme une soumission docile et confiante aux conseils divins. Les deux éléments de πίστις, obéissance et fidélité, apparaissent clairement dans les deux expressions désignant les notions contraires, ἀπείθεια, inobedientia, désobéissance, et ἀπιστία, perfidia, infidélité, et diffidentia, méfiance.

L'allemand Glauben vient de la même racine que lieben, loben, geloben, aimer, louer, promettre ; cf. la racine "lubh" dans lubet, libet, qui veut dire désirer le bien de, approuver. Ce verbe possède donc le sens fort d'accepter volontairement, de maintenir fermement, d'approuver.

Il est clair que ces divers mots, de par leur étymologie et leur usage théologique, ne désignent pas exclusivement des actes ou des habitudes de l'intellect. Ils expriment souvent les affections et dispositions de la volonté, particulièrement l'obéissance et l'espérance, se fondant sur ou tendant vers un acte particulier de connaissance. Mais en règle générale, ils se réfèrent à des actes du seul intellect, liés ou dépendant d'actes de la volonté. Dans l'Écriture-Sainte, les mots πίστις et πίστεύειν, quand ils sont appliqués à Dieu, veulent dire simplement s'accrocher fermement à Dieu, et par conséquent soit la totalité des actes qui expriment cette fermeté, soit tel acte particulier, suivant le contexte. Quand ils sont appliqués à des actes de connaissance, ces expressions désignent seulement ceux qui ont quelqu'analogie avec des actes de la volonté, comme admettre, tenir, s'accrocher à, approuver, consentir, amplecti, adhaerere,, ασνγκατατίθεσθαι. Le sens particulier de "tenir pour vrai" contenu dans fides, πίστις, a plusieurs aspects. Ainsi fides et πίστις sont souvent utilisés de façon générique pour désigner toute conviction, et même aussi parfois pour exprimer la conviction au sens purement technique, comme Ueberzeugung en allemand. Tandis que notre "croire" exprime souvent un consentement plus ou moins arbitraire fondé sur des connaissances imparfaites.

II. La signification spécifique des termes Foi, Fides, Πίστις qui nous intéresse ici est, "consentement fondé sur l'autorité", c'est-à-dire l'acceptation d'une proposition, non par ce que personnellement nous la jugeons vraie, mais par ce qu'une autorité nous dit qu'elle est vraie. La notion de foi implique que le consentement est bon et souhaitable. Ce "consentement fondé sur l'autorité" résulte de notre estime pour la qualification mentale et morale du témoin, et est donc accompagné d'une reconnaissance volontaire d'une certaine perfection en ce dernier, et aussi d'une soumission respectueuse et confiante à l'autorité conférée par cette perfection. Ainsi, la Foi n'est pas seulement un acte de l'intellect, mais un acte commandé et amené par la volonté agissant sur l'intellect : le consentement de l'intellect au vrai dépend du consentement de la volonté au bien. Ce consentement implique une approbation donnée à l'assentiment de l'intellect, et une reconnaissance volontaire de l'autorité du témoin.
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SWS, Livre I, II, C1, §37 traduit par le chartreux a écrit : III. Le rôle de la volonté dans la Foi ressemble à celui de toute autre sorte de déférence à l'autorité. Il consiste en la soumission au commandement légitime. Celui qui donne l'ordre est l'auteur de l'acte plus que celui qui l'accomplit par obéissance, et c'est pourquoi on parle d'autorité. Le plus habituellement nous sommes invités à assentir à l'autorité d'un tiers plutôt que commandés de le faire. Nous pouvons avoir quelque doute, sur sa conaissance ou sa sincerité, et même si nous ne doutons pas, il n'a pas de pouvoir ou de droit sur nous. Mais quand l'auteur ou commandeur est le Seigneur suprême, Sagesse Infinie, Vérité Infinie, Il a le droit d'exiger un consentement total de notre volonté, et de nous donne Son savoir non pas seulement comme point de départ mais comme règle de nos convictions. L'acte de Foi se distingue cependant des autres actes de soumission à une autorité par le fait que l'autorité qui exige la soumission doit aussi rendre cette soumission possible, et y coopérer. Pour cela le divin Auteur se porte Garant de la vérité de ce qu'il communique. En vertu de la perfection morale de Sa volonté, Il garantit qu'il ne communique que ce qu'Il sait être vrai ; et que, de plus, en vertu de la perfection de Son intellect, tout danger d'erreur est exclu, ce qui donne à celui qui écoute Sa Parole une certitude mieux fondée que ses connaissances personnelles.

IV. La manière dont l'autorité s'affirme au fidèle et dont elle est reçue par ce dernier varie suivant la nature de l'autorité et de la communication faite. L'analogue le plus proche de l'autorité et de la foi divine se trouve dans la relation entre des parents et leurs enfants. Les parents ont une superiorité et un ascendant naturel sur leurs enfants, en tant qu'auteurs de leur existence ; c'est pourquoi leur autorité propre, contrairement à celle de toute autre personne, et indépendamment de tout autre justification extérieure, est suffisante pour commander l'assentiment des enfants. De même, le respect et la vénération dus aux parents font que l'enfant admet spontanément leur sincerité et la vérité de leur discours. La relation entre Dieu et l'homme est une paternité spirituelle (cf. Héb 12:9) qui nous autorise à l'appeler "Notre Père". Bien que l'enfant ait raison de présupposer la sincérité et la vérité du discours de ses parents, ceux-ci peuvent parfois tromper ou être trompés. Ce qui n'est pas le cas de notre Père au Ciel, qui est la Sagesse et la Vérité même.
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SWS, Livre I, II, C1, §38 traduit par le chartreux a écrit : Section 38. La nature de la foi théologique.

I. La Foi théologique est un assentiment donné à la parole de Dieu d'une façon qui convient à son excellence et son autorité. On l'appelle aussi :

-Foi divine, par opposition à la foi humaine - c'est-à-dire une foi fondée sur une autorité humaine.

-Foi surnaturelle, par ce qu'elle conduit au salut surnaturel, et a pour auteur et gardien Dieu lui-même ;

-Foi chrétienne, par ce que sa matière est la révélation faite par le Christ, et par ce qu'elle est étroitement liée à l'économie chrétienne du salut ;

-Foi catholique, par ce qu'elle est assentiment aux doctrines proposées par l'Église Catholique.

Ces quatre appellations ne sont pas exactement synonymes, mais désignent le même acte sous des aspects différents.

II. La nature de la foi théologique a été clairement définie par
concile du Vatican, session 3, chapitre 3 a écrit : Puisque l'homme dépend tout entier de Dieu comme de son créateur et seigneur, et que la raison créée est absolument soumise à la Vérité incréée, nous sommes tenus de rendre à Dieu, par la foi, quand il révèle, le plein hommage de notre intelligence et de notre volonté, Or, cette foi, qui est le commencement du salut de l'homme, l'Eglise catholique professe que c'est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l'inspiration et le secours de la grâce de Dieu, nous croyons vrai ce qu'il nous a révélé, non pas à cause de la vérité intrinsèque des choses perçues par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l'autorité de Dieu lui-même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. La foi est, en effet, au témoignage de l'Apôtre, « la substance des choses qui font l'objet de l'espérance, la raison des choses qui ne se voient pas ».(Hebr. 9:1)
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SWS, Livre I, II, C1, §38 traduit par le chartreux a écrit : Cette définition signifie que que la Foi Théologique est (1) une foi au sens le plus strict du mot - un assentiment à l'autorité, qui implique l'intellect aussi bien que la volonté ; (2) la foi la plus éminente qui soit, puisqu'elle implique une soumission illimitée à l'autorité souveraine de Dieu et une confiance absolue dans Sa véracité, qui est à la fois un acte d'adoration religieuse et une vertu théologique ; et (3) influencée non seulement par l'autorité extérieure de Dieu, mais aussi par la grâce divine intérieure, et est donc surnaturelle. Ces trois caractéristique de la Foi Théologique la distinguent de tout savoir naturel avec lequel les rationalistes la confondent, et aussi de toute forme de foi instinctive et émotionnelle, qu'elle soit rationnelle ou irrationnelle.

Le texte classique de Hebr. 11:1 est cité par le concile comme confirmation de son enseignement, qui décrit la foi comme l'acte de saisir et de retenir fermement des choses qui sont au-delà de la sphère de notre intellect - des choses dont la vision est l'objet de notre espérance et l'essence de notre bonheur futur. Cela nous dit que la Foi est une conviction tendant vers et indiquant la vision future, et anticipant même par certains côtés la possession de cette dernière. Ce qui implique que la Foi, comme la vision future elle-même, est une participation surnaturelle au savoir de Dieu et un rapprochement de notre savoir au Sien, dans la mesure où notre foi porte sur la même contenu que le Savoir Divin, et y ressemble par sa perfection interne. Le sens littéral du texte est : " la foi est la substance (ύπόστασις) des choses qu'on espère (doit espérer)", substance qui est une sorte de garantie de ces choses et par la-même un avant-goût de leur possession, "une démonstration (ἒλεγχος) de celles qu'on ne voit pas,μὴ βλεπομένων", démonstration qui donne une preuve claire, une certitude et une conviction parfaite, concernant des choses invisibles. Ces expressions s'appliquent à l'habitude de la foi directement sans aucune manière de parler ; et figurativement seulement à l'acte de foi, comme résultat du don et de la manifestation évidente. Ces relations entre la Foi et la vision béatifique font ressortir aussi clairement que la définition du concile, la différence entre la Foi théologique et toute autre forme de foi ou de savoir.
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SWS, Livre I, II, C1, §38 traduit par le chartreux a écrit : III. Nous sommes maintenant en mesure de récapituler la genèse de la Foi Théologique. Le croyant, sous l'effet de la grâce, se soumet à l'autorité de Dieu et a confiance en la vérité de Dieu, et s'efforce de conformer son jugement mental à celui de Dieu, et de lier ses convictions le plus possible au savoir infaillible de Dieu. La grâce rend cette connexion si parfaite qu'une union et relation très-intime est établie entre le savoir du croyant et celui de Dieu ; l'excellence et la vertu de celui-ci est donc communiqué à celui-là, qui est alors introduit à la vie éternelle et commence à y participer.

IV. Ajoutons enfin quelques remarques sur les divers usages et nuances des mots significant la foi dans les livres de théologie. Fides désigne soit l'acte (credere, fides qua creditur) ; ou le principe de l'acte, (gratia fidei, lumen seu virtus fidei) ; ou son objet (fides quae creditur), particulièrement les collections de symboles, définitions, et choses semblables. On distingue parfois la foi implicite de la foi explicite, se fondant sur le degré de clarté avec lequel l'acte de foi appréhende son objet ; et aussi entre la foi formelle, qui suppose une connaissance explicite du motif de la foi et un acte exprès de la volonté, de la foi virtuelle, qui est une habitude produite par des actes répétés de foi formelle, qui engendre en quelque sorte instinctivement et inconsciemment d'autres actes de foi. L'expression Credere Deum désigne la croyance en Dieu comme sujet et auteur de l'acte de foi - "Je crois que Dieu existe" ; Credere Deo veut dire croire en l'autorité de Dieu - "Je crois à ce que Dieu dit" ; Credere in Deum recouvre les deux sens précédents à la fois - "Je crois en Dieu et à son autorité."
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SWS, Livre I, II, C1, §39 traduit par le chartreux a écrit : Section 39. L'objet formel, appelé aussi motif de la foi.

I. À la question ,"pourquoi croyons-nous ?" ou "Quel est le motif de notre Foi ?" bien des réponses peuvent être apportées. Certains motifs de la foi sont semblables à ceux qui nous conduisent à faire d'autres choix libres. On peut les résumer en disant qu'il s'agit de ce qui est juste et utile (decens et utile, ou justum et commodum), et ce sont les raisons suivantes : la foi contribue à notre perfection morale, et nous conduit au salut éternel ; elle ennoblit notre âme et satisfait à la nécéssité morale de soumission et d'union à Dieu ; elle enrichit et élève notre connaissance mentale en acroissant son dépôt et en fortifiant sa certitude. Mais la plupart du temps, le motif de la foi désigne ce qui produit l'acte de foi. Dans le cas de la foi théologique, c'est la Parole de Dieu, d'où le qualificatif de "théologique", c'est-à-dire se rapportant immédiatement à Dieu. Nous croyons à la vérité qui nous est proposée par ce que c'est la Parole de Dieu - une parole fondée sur l'autorité divine, et qui mérite donc l'hommage de notre intellect et de notre volonté.

II. L'autorité divine agit sur la foi d'une double manière : c'est à la fois un appel à la foi et un témoignage de la vérité de la foi. En tant qu'appel, l'autorité divine est une expression de la volonté toute-puissante de Dieu, à laquelle l'homme est obligé de se soumettre. Comme témoignage, l'autorité divine agit en tant que vérité suprême, garant de la vérité de la foi et source de la certitude la plus parfaite. Dans les deux cas l'autorité vient de l'essence de Dieu, qui fait de lui l'Être suprême, le Principe incréé de toutes choses, le Détenteur de toute vérité, la Source de toute bonté. D'où l'adage classique ,"Dieu est motif de foi dans la mesure où Il est la Vérité Première." Or, Dieu est la est la Vérité Première en trois sens : au niveau de l'être (in essendo), par ce qu'Il est infiniment parfait ; au niveau de la connaissance (in cognoscendo), par ce que son savoir est infini ; au niveau du discours (in dicendo), par ce qu'étant infiniment Saint Il ne peut tromper. L'autorité divine, en tant que motif de la foi, agit sur la volonté. La volonté, mise en mouvement par le respect et la confiance, agit par contrecoup sur l'intellect, le poussant à un acte de foi à ce qui est proposé par la vérité infaillible. Et comme pour tout acte de foi quel qu'il soit, le croyant fonde son assentient sur la connaissance et la véracité du témoin, dans le cas de la Foi Divine, la volonté presse l'intellect d'assentir en raison de la connaissance infaillible et de la grande Vérité Première. Ainsi, la volonté imprime sur l'intellect le motif de la foi qui est comme une lumière permettant de manifester la vérité de la Parole proposée, qui peut alors agir sur l'intellect directement et sans l'intermédiaire de la volonté. Mais le motif de la foi - c'est-à-dire, Dieu comme Être Premier et Vérité Première - est, avec le contenu de la Révélation, à la fois la source et la fin de l'appréhension à laquelle la volonté pousse l'intellect.
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SWS, Livre I, II, C1, §40 traduit par le chartreux a écrit : Section 40. Le contenu de la foi.

I. Une proposition ou un fait devient objet de foi quand Dieu le revèle et nous ordonne d'y croire au nom de Son autorité. Quand ces deux conditions sont remplies, la Foi trouve en Dieu à la fois sa "substance" et sa "démonstration" (Hebr. 11:1). Toutes les vérités de ce types doivent être crues de foi divine au sens le plus strict. Voyons maintenant le cas moins net, où il n'est pas certain que l'on doive croire de foi divine, ou jusqu'à quel point.

1. Les vérités qui ne sont révélées que de façon indirecte et virtuelle - c'est-à-dire déduites de façon évidente des vérités révélées directement et immédiatement - sont objet de savoir théologique plutôt que de foi divine. Mais si Dieu avait l'intention de les révéler, et si elles étaient connues des premiers promulgateurs de la Révélation, alors certains théologiens (p.ex. Reding) tiennent qu'elles peuvent êtres crues de foi divine. Mais la plupart des théologiens (comme Suarez, Lugo, Kleutgen) pensent que la foi divine ne concerne que les vérités proposées avec autorité par l'Église. La raison en est que la proposition par l'Église remplace la proposition directe par Dieu lui-même, et constitue un agrandissement de la portée de la Parole Divine.
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SWS, Livre I, II, C1, §40 traduit par le chartreux a écrit : 2. Les vérités qui n'appartiennent qu'indirectement au domaine de la Révélation (cf. supra, §5,II) sont objet de savoir humain ; elle deviennent objet de foi quand l'Église les propose avec autorité. Dans ce cas c'est Dieu lui-même qui témoigne par son représentant l'Église, qui agit comme plénipotentiaire et ambassadrice. L'assentiment donné à ces vérités a cela de commun avec la foi théologique qu'elle vient de la connaissance, véracité et autorité de Dieu, et est infaillible. Mais pourtant, comme cet assentiment ne se fonde pas directement sur le savoir divin, mais plutôt sur le savoir possédé par l'Église, il y a une différence essentielle. Cet assentiment qu'on appelle foi ecclésiastique, est moins parfait que la foi théologique, mais reste cependant bien plus haut que toute foi purement humaine, de par son caractère religieux et infaillible. De nombreux théologiens, notablement Muzzarelli, déclarent que ces vérités sont objet de foi divine à cause de l'infaillibilité promise par Dieu à l'Église. Particulièrement pour les questions de moeurs et de canonisation des saints, par ce qu'une erreur dans les unes ou les autres irait contre la sainteté divinement révélée de l'Église, et que cette dernière est par ailleurs fondée sur les miracles que Dieu a faits pour prouver la sainteté des Ses élus. On peut objecter à cela que les miracles faits par les saints ne sont pas de révélations directes, mais de simples indications de la volonté divine, qui sont ensuite sondées par l'Église ; par conséquent la foi fondée sur ces miracles n'est qu'ecclésiastique.

II. La qualité la plus essentielle de l'objet de la Foi est la vérité. Tout ce qui est proposé à notre croyance doit être vrai en lui-même. Cependant, la foi ne présuppose pas chez le croyant une connaissance directe des vérités en lesquelles il a foi, ni une illumination de l'esprit semblable à la vision béatifique. La foi est au contraire "démonstration de choses qu'on ne voit pas", ce qui implique que son objet, même quand il est révélé, est inaccessible à l'oeil naturel de l'esprit ; c'est le propre de la foi de nous rendre l'invisible aussi certain que le visible (Hebr. 11:27). Confiante en la connnaissance et la véracité de Dieu, la foi est glorieuses dans les vérités au-dessus de la raison, et se réjouit dans les mystères ; elle dépasse toute foi ou science humaine, dans la mesure où elle appréhende des objets bien au-delà de la sphère humaine habituelle. Mais bien que les " choses qu'on ne voit pas" sont l'objet propre de la foi, il ne faut pas croire qu'une invisibilité absolue est requise. Ce qui est relativement invisible peut aussi être objet de foi(cf. S. Thomas 2a. 2ae. q. I, a. 3: Utrum objectum fidei possit esse aliquid visum, et a.4 : Utrum objectum fidei possit esse aliquid visum).
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SWS, Livre I, II, C1, §40 traduit par le chartreux a écrit : III. Comme elle est "la substrance des choses qu'on doit espérer", et en accord avec les intentions de son Auteur, la foi a pour but de nous donner la connaissance de choses concernant notre bonheur surnaturel futur. Ainsi, Dieu lui-même, dans son essence invisible, tel qu'Il est et tel qu'Il se revelera aux bienheureux dans la vision béatifique, et sa Nature comme principe qui cause notre perfection et béatitude surnaturelles en se communiquant à nous, sont les objets principaux de la Foi. Nous voyons par là combien l'objet de la Foi dépasse tout savoir humain, car aucune faculté naturelle ne peut atteindre les hauteurs ou sonder les abîmes de l'essence divine et de ses relations avec l'âme humaine (cf. I Cor. 2). En effet, toute l'économie surnaturelle du salut est subordonnée à la croyance en Dieu comme objet final de notre béatitude éternelle.

IV. La foi est fondée sur la connaissance et la véracité de Dieu; ses objets sont Dieu et sa nature divine ; et elle tend à l'union béatifique avec Lui. Voyant en quelque sorte toutes les choses en Dieu et par Dieu, cette vision non seulement réduit toutes les croyances à une certaine unité en Dieu, mais appréhende également en Dieu et par Dieu toutes les vérités créés, et juge de toutes les choses créés par rapport à Dieu, qui est leur Fin ultime et leur Seigneur immuable. La foi est donc en un certain sens ce que les philosophes modernes appellent une "connaissance transcendantale". Se soumettant à Dieu en toute humilité, cette foi accomplit ce que les philosophies tentent en vain par leur exagération des pouvoirs naturels de l'esprit humain. (Matth. 11:25).
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : Section 41. Les motifs de crédibilité.

I. Pour décider d'inclure une vérité donnée parmi celles à être crues de foi divine, nous devons être parfaitement certain de son caractère révélé. Sans cette certitude parfaite notre assentiment ne serait pas raisonnable. C'est pourquoi Innocent XI a condamné la proposition : "L'assentiment surnaturel de la foi, nécéssaire au salut, est compatible avec une connaissance seulement probable de la Révélation, et même avec un doute que Dieu ait rééllement parlé" (prop. XXI). Une certitude ne peut être parfaite si elle n'est fondée sur des motifs raisonnables. C'est pourquoi nous ne pouvons accepter avec certitude aucune proposition comme parole de Dieu sans motifs de crédibilité - c'est-à-dire des notes et critères qui démontrent que la proposition est bien la parole de Dieu.

Les motifs de crédibilité ne sont pas les mêmes que les motifs de foi. Les premiers concernent le fait que telle ou telle doctrine a vraiment été révélée par Dieu ; les seconds concernent la nécessité de croire toujours ce que Dieu a révélé. Les deux ensemble fondent le caractère raisonnable de notre foi. Cela est clair si nous nous souvenons que l'assentiment de l'acte de Foi est déductif : "Tout ce que Dieu révèle est vrai ; Dieu a révélé, par exemple, le mystère de la Sainte Trinité, donc le mystère est vrai. " Les motifs de foi sont les raisons d'assentir à la prémisse majeure ; les motifs de crédibilité sont les raisons d'assentir à la prémisse mineure. Les motifs de foi (à savoir, l'omniscience et la sincérité de Dieu) sont si évidents par eux-mêmes que personne ne les met sérieusement en doute ; tandis que les motifs de crédibilité - c'est-à-dire les preuves que telle ou telle doctrine est d'origine divine - ne sont pas du tout évidents en soi, et c'est pour cela que les incroyants concentrent sur eux leurs attaques les plus violentes. Lorsque l'on traite du caractère raisonnable de la foi, on insiste donc principalement et avec raison sur les motifs de crédibilité.
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