Sub Tuum Praesidium à Tours
Samedi 28/2/1987
Cher Monsieur,
Cette fois, puisque nous voilà déjà au mois de mars, je suis surpris de ne point avoir votre réponse, que vous me disiez vous apprêter à faire incessamment dans votre lettre du 1er décembre 1986.
Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1988)
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Georges SALET
à VERSAILLES
21 Mars 1987
Monsieur l’Abbé,
Les six premières pages (à simple entreligne) de ma réponse à votre lettre du 21 octobre se trouvent dans mon ordinateur “de traitement de texte” ; elles sont datées du 30 Novembre (19)86.
Je n’ai pu les en extraire car j’ai changé d’ordinateur.
Mais plus rien ne s’oppose maintenant à ce que je les complète et vous les adresse.
Si je ne l’ai pas fait plus tôt c’est que j’ai du (sic) rédiger la quasi totalité du N° 76 que vous avez du recevoir et les 26 pages du N° 77 de Mars-Avril qui va vous parvenir.
Mais je ne vous ai pas oublié.
Vous aurez votre réponse la semaine prochaine.
Respectueusement.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
(A suivre.)Georges SALET
à VERSAILLES
30 Mars 1987
Rédaction en Novembre 1986, interrompue et reprise en Mars 1987
M. l'Abbé ZINS à TOURS
Monsieur l'Abbé
Je m'excuse encore une fois de répondre seulement maintenant à votre lettre du 21 Octobre. Comme je vous le disais dans mes dernières lettres, J'ai été pris par de multiples occupations dont la rédaction de la totalité des numéros 74, 76 et 77 (26 pages !) que vous allez recevoir incessamment.
Et puis des ennuis dus au remplacement de mon ordinateur avec lequel je fais du "traitement de texte" que j'ai remplacé par un plus moderne.
Je vous remercie de votre lettre. Elle est exceptionnellement courtoise, ce qui a son prix.
Mais surtout, surtout, et cela a encore plus de prix à mes yeux, vous avez cherché à comprendre mon point de vue et ma méthode intellectuelle.
Comme je vais l'exposer plus bas, je ne pense pas que vous y ayez réussi mais il vous sera sans doute agréable de savoir que vous êtes le premier, je dis bien le premier de mes contradicteurs, à avoir tenté de le faire.
Et c'est bien pourquoi, en dépit d'un emploi du temps toujours chargé, je vais faire l'effort de vous répondre assez longuement.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)LA METHODE
C'est d'abord sur le plan de la méthode que je vais m'étendre.
Vous écrivez :
"Il me semble que vous attachez plus d'importance, et par là plus d'autorité, à la rigueur de votre méthode scientifique de raisonnement qu'aux textes d'autorité"
Plus loin :
"Or s'il est valable, dans les autres sciences humaines, de faire passer la rigueur d'une démonstration scientifique avant l'autorité de tel ou tel savant auteur, cela est fort dangereux en théologie où l'argument d'autorité est le plus fort."
Et encore :
"Vos audaces étonnantes, résultant semble-t-il de votre confiance plus grande en votre raisonnement que dans l'argument d'autorité, m'ont fait maintes fois bondir et souffrir intérieurement."
Ainsi, vous opposez "l'argument d'autorité", d'une part et "la méthode scientifique de raisonnement", "la rigueur d'une démonstration scientifique", le raisonnement tout court, d'autre part.
Permettez moi de vous dire que vous vous méprenez totalement sur la "méthode scientifique" et aussi, je le crains, sur les bases philosophiques de la connaissance en général.
Je me vois donc obligé de commencer par un rappel des principes philosophiques sur cette question que j'estime de première importance parce que, dans tous les domaines y compris la Théologie, elle domine toutes les autres.
En plein accord avec Aristote, St. Thomas, les théologiens, les physiciens et les astronomes modernes, je professe qu'il y a une réalité extérieure à nous-même que le raisonnement seul ne peut en aucune manière nous faire connaître.
S'enfermer dans un poêle, comme le faisait Descartes, en s'imaginant que l'on va pouvoir, en réfléchissant, découvrir quoi que ce soit d'extérieur à nous est parfaitement stupide.
Sauf dans des cas exceptionnels où Dieu parle directement par voie mystique, tout ce que nous savons sur ce qui nous entoure nous vient des sens, y compris l'idée de Dieu à laquelle nous ne parvenons que par la contemplation de ses oeuvres, y compris la Révélation qui nous a été transmise par des bouches humaines.
Le raisonnement, certes, est nécessaire mais pour la connaissance de ce qui est extérieur à nous-même, aussi bien dans le domaine naturel que surnaturel, on ne peut raisonner qu'à partir de quelque chose et de quelque chose qui nous a été apporté.
Pour parvenir à la connaissance, le raisonnement est, certes, nécessaire mais il n'est que second. (1)
Il n'y a pas de "méthode scientifique de raisonnement". Il n'y a que les raisonnements justes et les raisonnements faux.
L'art de raisonner juste est l'objet de la Logique mais le Créateur a mis dans l'esprit humain la faculté de distinguer, sans qu'il soit nécessaire d'étudier cette discipline, entre un raisonnement juste et un raisonnement faux, du moins s'il s'agit de raisonnements pas trop compliqués.
Alors, il n'est pas possible d'opposer comme vous le faites "ma méthode scientifique de raisonnement" et "les textes d'autorité".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
Ma méthode intellectuelle est à l'antipode de celle que vous semblez m'attribuer. Je ne pars pas du raisonnement mais "des textes d'autorité", textes pontificaux et conciliaires infaillibles d'abord, Ecriture interprétée selon la Tradition catholique ensuite. Puis, je raisonne sur tout cela.
(1) Quoique devant être distinguées des sciences de la nature et de la Révélation, les Mathématiques elles-mêmes n'échappent qu'en partie à cette règle. On a bien compris, aujourd'hui, que les Mathématiques consistent à raisonner, c'est à dire à tirer les conclusions logiques d'hypothèses qui sont essentiellement des créations de notre esprit. Mais dans les mathématiques classiques, les seules qui servent à quelque chose, tout repose en définitive sur la notion de "nombre entier", notion qui nous a été suggérée par le fait expérimental de l'existence d'objets distincts. C'est l'expérience qui nous a fait comprendre ce que signifient "un" chat, "deux" chats, "trois" chats et toutes les mathématiques classiques reposent en dernière analyse sur cette constatation. Les mathématiciens modernes ont voulu s'affranchir de cette notion expérimentale de "nombre entier" en fondant tout sur l'idée abstraite "d'ensemble". Ils ont construit ainsi divers monuments logiques mais déconnectés du réel et sans utilité pratique alors que les mathématiques classiques prouvent tous les jours leur extraordinaire efficacité.
Je continue mes remarques sur cette question qui n'est pas tout à fait dans notre sujet mais qui me tient spécialement à coeur : Il est absurde de se demander si c'est la Géométrie euclidienne où l'une des Géométrie non euclidiennes qui est "vraie". Toutes les Géométries sont "vraies" dès lors qu'elles développent les conséquences logiques des hypothèses faites (Postulat d'Euclide pour la Géométrie euclidienne, postulats différents pour les autres). Ce qui a, par contre, un sens et est tout différent, c'est de savoir si l'Univers qui nous entoure est euclidien ou non. On a compris aujourd'hui que cette question ne pouvait pas être résolue par la théorie mais seulement par l'observation. Et il semble bien aujourd'hui que notre univers ne soit pas tout à fait euclidien.
Vous auriez pu chercher à démontrer que je raisonne mal, ou encore que je comprends mal le sens des "textes d'autorité", ou encore que je les ignore. Mais dire que j'ai plus confiance dans mon raisonnement que dans les textes d'autorité semble bien indiquer que vous me soupçonnez de vouloir, comme Descartes, établir une vérité quelconque par la seule puissance du raisonnement.
C'est contre cela que je m'insurge d'abord. Je ne suis pas "cartésien" et j'ajoute que les physiciens, les astronomes, et d'une façon, générale les savants actuels qui étudient la nature actuelle (je ne parle pas des paléontologistes et des pseudo-savants évolutionistes) ne le sont pas non plus, même s'ils se gargarisent du nom de Descartes (qu'ils n'ont jamais lu) comme c'est la mode aujourd'hui.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
COMMENT VOUS ET MOI UTILISONS LE RAISONNEMENT
Etant entendu, encore une fois, que le raisonnement ne peut rien par lui-même, qu'il n'est donc que second, qu'il faut, en Thélogie, partir des textes magistèriels et de l'Ecriture interprétée selon la Tradition, raisonner juste n'en est pas moins indispensable.
Et je prétends que c'est ce que vous et l'Abbé Lucien, dont j'ai dénoncé les erreurs dans le N° 61, ne font pas. Et, comme je vais vous le montrer, vous tombez précisément dans les erreurs que vous me reprochez ! Vous écrivez, par exemple p. 1 de votre lettre (c'est moi qui souligne) :
"Quand ceux-ci (les textes d'autorité) vont, ou semblent aller, dans votre sens (ex. "Pastor Aeternus"), vous les exploitez à fond en analysant chaque terme. Mais quand ils s'y opposent, vous les remettez en cause et les placez de fait sous votre raisonnement."
Que voulez vous dire ?
Les deux textes qui s'opposent, selon vous, à ma thèse (qui est celle de tous les théologiens) et que "je remettrais en cause en les plaçant sous mon raisonnement" sont les suivants (c'est toujours moi qui souligne) :
"On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l'Eglise propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par le Magistère ordinaire et universel." (Dei Filius)
"Toutes les fois donc que la parole de ce Magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l'ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai." (Léon XIII "Satis cognitum")
"Toutes les fois". Et vous concluez de ces deux textes, que vous interprétez littéralement en les sortant de leur contexte, que pour que le Magistère soit infaillible, IL SUFFIT qu'il soit un Magistère authentique et qu'il dise qu'il s'agit d'une vérité révélée.
Ce qui a conduit l'Abbé Lucien et vous-même à remettre en question les conditions de l'infaillibilité bien précisées par le premier Concile du Vatican dans "Pastor Aeternus" et à vous opposer ainsi à l'interprétation de cette Constitution donnée au Concile même par le rapporteur Mgr. Gasser et acceptée par tous les théologiens.
C'est donc une erreur, dites vous l'un et l'autre, "qu'obliger" soit une condition de l'infaillibilité. Et comme il vous faut tout, de même expliquer "Pastor Aeternus", vous recourez, comme je vais vous le montrer plus bas, aux mêmes sophismes que l'Abbé Lucien et que j'ai dénoncés dans mon N° 61.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
Mais revenons d'abord aux "raisonnements"que vous me reprochez et dans lesquels, selon vous, j'aurais plus de confiance que dans les textes d'autorité.
Et tout d'abord, avant de raisonner, je constate.
- Je constate d'abord qu'il y a une contradiction entre le passage en question de "Dei Filius" interprété brutalement et littéralement comme vous le faites et "Pastor Aeternus", tel qu'il est compris par les théologiens.
Et comme je professe avec vous que ces deux textes de Vatican I sont infaillibles l'un et l'autre et qu'ils ne peuvent donc pas se contredire réellement, je cherche comment expliquer cette contradiction qui n'est certainement qu'apparente.
Cette explication occupe deux pages et demi de mon N° 61 (p. 15 et suivantes) que vous n'avez lues que bien superficiellement puisque vous me faites dire dans votre lettre le contraire de ce que j'ai écrit.
J'avais commencé par expliquer longuement que dans les textes de Vatican I (comme dans ceux de Trente, d'ailleurs) il faut distinguer les "textes principaux" et les "canons" qui se complètent mutuellement.
Les "textes principaux" sont destinés à bien faire comprendre la doctrine ; ils comportent donc souvent des répétitions, certains points n'y sont affirmés qu'implicitement ou pas du tout, etc.
Et je faisais remarquer que dans les écrits des meilleurs auteurs, on peut toujours trouver des affirmations qui, isolées de leur contexte, disent le contraire à ce que cet auteur a toujours affirmé.
Les "canons" ne disent rien d'autre que les textes principaux et sont destinés, par leur extrême précision, à palier à ce que les "textes principaux" peuvent avoir d'incomplet ou d'ambigu et à empêcher ainsi toute fausse interprétation.
Ceci dit, je fais (en haut de la p. 16) trois constatations que vous déclarez "époustouflantes" alors que ce sont des faits objectifs que nul ne peut nier. Je recopie exactement ce que j'avais écrit :
1̊ : Ce texte (celui de "Dei Filius") n'est pas un canon, il appartient au texte principal. (0r, p. 3 de votre lettre, ligne 13 vous me faites dire qu'il n'en fait pas partie !)
.-A
2̊ Ce qu'il dit n'est repris par aucun canon.- 3̊ Il est perdu dans des considérations sur la foi où l'Eglise -'est bien mentionnée comme étant sa gardienne mais où il n'est nulle part question de l'infaillibilité et de ses conditions. En d'autres termes, ce passage apparaît brusquement dans les textes principaux comme un "bloc erratique" qui est là sans que l'on sache pourquoi puisqu'il se situe dans un contexte différent. Il est donc impossible d'en préciser la signification puisqu'il n'y a ni canon ni contexte. Nous ne retrouverons quelque chose sur l'infaillibilité que dans la Constitution "Pastor Aeternus" qui, comme on le sait, traite de manière très précise de l'infaillibilité pontificale. 5
Encore une fois, ce sont là des faits. Vous auriez pu contester les conclusions que j'en tire mais vous vous contentez d'ironiser ! Je vous cite en soulignant :
"Mais il est vrai que d'une manière cette fois époustouflante, vous ne craignez pas de relever audacieusement trois anomalies dans ce texte "qui n'est pas un canon"; ce qui n'eut pas été possible "du fait de son imprécision".
Et plus loin :
"Sans vous essoufler d'une telle audace, vous dites encore qu'il vient dans la Constitution dogmatique "Dei Filius" "comme un cheveu sur la soupe"
Vous demandez cependant à ce moment (c'est la seule considération un peu sérieuse de ce passage de votre lettre) comment Saint Pie X a pu faire du passage de "Dei Filius" en question un article du Droit Canon.
Je vous réponds tout de suite et ma réponse sera la même que celle que j'ai donnée dans le N̊ 61 pour le passage lui-même : Il n'est pas faux mais incomplet ; il énonce simplement, tout comme Léon XIII dans "Satis Cognitum", UNE VERITE D'ORDRE GENERAL sur le rôle du Magistère et cela sans traiter des conditions de l'infaillibilité.
Vous donnez donc au passage de "Dei Filius" un sens absolu. Et comme il ne mentionne comme conditions de l'infaillibilité QUE la nécessité qu'une vérité soit déclarée révélée par un Magistère authentique, vous concluez, comme l'Abbé Lucien, que le Pape n'a pas besoin d'obliger pour être infaillible et vous m'accusez d'en prendre à mon aise avec les textes de Vatican I.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
PARENTHESE
J'ouvre ici une parenthèse destinée à vous montrer que la méthode qui consiste â donner un sens absolu à tout ce qui appartient aux textes principaux des Conciles se retourne contre la thèse "sedevacantiste" qui est vôtre.
Cette thèse est, en effet, condamnée par ce passage de "Pastor Aeternus" entendu dans un sens absolu comme s'il était un canon (c'est moi qui souligne) :
"Quiconque succède 'à Pierre en cette chaire reçoit, de par l'institution du Christ Lui-même, la primauté de Pierre pour toute l'Eglise".
Or Jean Paul II, tout comme Paul VI autrefois, occupe manifestement la chaire de Pierre. Il est donc impossible de prétendrë-qu'il n'est pas Pape si on donne à ce passage un sens absolu comme vous le faites pour le passage de "Dei Filius" que vous m'oppposez.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
LA VOLONTE D'OBLIGER
Mais revenons à l'infaillibilité et voyons comment vous raisonnez vous-même.
Tout en donnant aux passages de "Dei Filius" et de "Satis Cognitum" un sens absolu qui revient à attribuer au Magistère authentique une infaillibilité inconditionnelle en matière de vérités révélées, vous avez bien senti comme l'Abbé Lucien, qu'il fallait tout de même parler de cette volonté d'obliger que doit manifester le Pape s'il veut enseigner infailliblement.
Et vous êtes alors tombé dans les mêmes sophismes que lui sans paraître même soupçonner que je les avais réfutés dans mon N° 61.
Comme je l'ai expliqué, ces sophismes consistent essentiellement à confondre l'infaillibilité de Dieu qui révèle et qui est absolue et celle du Magistère qui enseigne ; à confondre les fondements de l'obligation de croire (l'autorité de Dieu qui révèle) et les conditions de l'infaillibilité.
Je vous cite (p. 13 ème ligne)
"Encore une fois, cette obligation, cette force obligatoire, n'est pas une cause de l'infaillibilité, mais elle en est une conséquence, de même que l'irréformabilité. S'il en était autrement, c'est l'obligation faite par le Pape qui fonderait l'infaillibilité alors que le fondement de l'infaillibilité est l'autorité de Dieu qui se révèle, c'est l'obligation faite par le Pape qui serait la cause de l'infaillibilité au lieu d'en être la conséquence."
Mais oui, cher M. l'Abbé, vous auriez eu raison d'écrire : "Cette force obligatoire n'est pas une cause de l'infaillibilité, mais elle en est une conséquence" si vous aviez ajouté : "de l'infaillibilité de Dieu" que vous confondez avec l'infaillibilité du Pape qui est seule en question ici.
De même, "l'autorité du Dieu qui se révèle" est le fondement de l'infaillibilité de Dieu et non pas de celle du Pape qui est fondée sur les paroles du Christ à Pierre. Reportez vous à ce que j'ai écrit dans le N° 61 p. 5 1̊, toute la page 8 ; une bonne partie du I des Annexes p. 10 et la conclusion p. 14 sous la forme d'un syllogisme exact et d'un syllogisme faux.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L GS du 30/3/1987
(A suivre.)
LE SOPHISPME DE SAINT BELLARMIN
Vous m'accusez (p. 3 de votre lettre) "d'impiété objective" envers Saint Bellarmin et Saint Alphonse de Liguori parce que j'ai écrit p. 13 "qu'ils n'avaient pas évité la contradiction".
Eh bien, je le maintiens tout en soutenant qu'il n'y a pas là la moindre impiété. Je répète, en effet, qu'il faut bien distinguer entre la mise en doute de ce qui est révélé et défini par l'Eglise et les conclusions que l'on tire de ces définitions par le raisonnement.
On peut être un saint, un docteur de l'Eglise et mal raisonner. Et la meilleure preuve est que le prince des théologiens, Saint Thomas d'Aquin, a nié l'Immaculée Conception. Comme il est bien certain qu'il n'a jamais voulu contester quoi que ce soit de défini, il me faut bien conclure qu'il a appuyé sa conclusion sur un faux raisonnement.
Mais revenons à Bellarmin.
- Il est de foi que le Pape a comme principale fonction d'être juge souverain en matière de foi, étant bien entendu, cependant, qu'il n'est infaillible que dans certaines conditions bien précisées par Vatican I. De là découle nécessairement ce principe que "le premier Siège ne peut être jugé par personne en matière de foi".
- Il est également de foi que le Pape est directement le Vicaire du Christ et non pas celui de l'Eglise bien qu'il ait été élu par les Cardinaux. Il agit par délégation du Christ.
- Il faut bien voir également que d'être Pape est une fonction qui lui a été conférée pour les fidèles. Ce n'est pas un caractère comme ceux conférés par le Baptême ou l'Ordre. Cette fonction est donc révocable et, évidemment, par le Christ.
De ces trois principes, il résulte par simple nécessité logique que la thèse du "Deponendum" est insoutenable.
La fausseté de la thèse "Depositus est" est moins immédiatement évidente mais elle n'en est pas moins certaine.
Le raisonnement de Bellarmin est le suivant : L'hérésie exclut par elle-même de l'Eglise. D'accord.
Et de conclure : Un Pape hérétique ne peut donc pas être Pape car on ne saurait être la tête d'un organisme dont on ne fait pas partie. L'Eglise peut donc juger un Pape hérétique et même le punir puisque ce n'est pas un Pape qu'elle juge.
Ceci peut paraître rigoureux mais ne l'est pas pour deux raisons :
1̊ - Il n'est pas distingué entre le for interne et le for externe.
Il est bien possible, en effet, qu'au for interne, c'est à dire aux yeux de Dieu, le Pape hérétique ne fasse plus partie de l'Eglise.
Mais tenant par délégation la place du Christ en vue d'exercer une fonction pour le bien des fidèles, il appartient au Christ qui l'a chargé de cette fonction de faire connaître à l'Eglise, par un moyen ou un autre, que le Pape n'est plus son vicaire. Tant qu'Il ne l'a pas fait savoir, le Pape hérétique reste Pape, au moins au for externe.
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