(A suivre.)
Mais en dehors du nombre des conditions où, contrairement à ce que vous dites, c'est moi (et non vous) qui suis en accord avec ce qu'écrit Dublanchy, vous me renvoyez à votre lettre du 30/3/87, p. 8, où vous citez un texte de Dublanchy qui semble vous donner raison, en parlant d' "une matière que le pape déclare obligatoire", et d' "enseignement déclaré obligatoire... Il suffit que l'enseignement soit rendu obligatoire pour tous" (Col. 1699).
Or j'avais déjà répondu à l'avance à cette objection (dans ma lettre du 21/10/86, bas p. 4 et haut p. 5), où je cite divers textes de Dublanchy (Col.1700-1702) où celui-ci précise ce qu'il a dit plus haut. Je vous demande donc de bien vouloir vous y rapporter. Je ne reprends ici que ce qui résume l'explication qu'il donne à ce sujet.
Il écrit en effet : " 3e.condition. Il faut que le pape définisse, en vertu de sa suprême autorité apostolique, que la doctrine dont il s'agit doit être tenue par l'Eglise universelle : "cum... doctrinam de fide vel moribus ab universa Ecclesia tenendam definivit".
La définition dont il s'agit ici, est un jugement doctrinal explicite et final, porté par le pape relativement à la foi et aux moeurs, de telle manière que tous les fidèles puissent être certains que TELLE DOCTRINE EST JUGÉE PAR LE PAPE APPARTENIR A LA RÉVÉLATION, OU AVOIR AVEC ELLE UNE CONNEXION CERTAINE" (Col.1700).
Il est donc clair que l'obligation est liée au jugement exprimé par le Pape que telle doctrine appartient à la révélation ou a une connexion certaine avec elle, comme le dit explicitement Léon XIII (dans le texte cité dans ma lettre du 21/10/86,p. 4, 2e.paragr.).
L'obligation est liée et conséquente à ce jugement que telle doctrine appartient au dépôt révélé, comme je le démontre longuement dans cette même lettre, notamment par les textes de Pie IX et Pie XII, commençant par : "C'est pourquoi" ; "Par conséquent" (cf. p. 3).
Il est vrai que le début de l'énoncé de la 3e. condition par Dublanchy peut porter à confusion. Mais cela vient de sa mauvaise traduction de "tenendam definivit" qu'il traduit faussement par : "définisse que la doctrine... doit être tenue", au lieu de : "la doctrine qui doit être tenue par toute l'Eglise", selon votre propre traduction et démonstration (Cf. votre N° spécial de janvier 1986, p. 65) qui s'accorde tout à fait au décret de la Constitution de Fide catholica (Dz.1792) et à l'explication qu'en donne Léon XIII (cf. ma lettre du 21/10/1986, bas p. 3 et haut p. 4). Néanmoins, l'explication qu'en donne Dublanchy juste après, corrige son erreur de traduction et s'accorde à son tour à ce décret et à l'explication de Léon XIII.
L'argumentation de votre lettre du 24/4/87 se fonde donc sur 3 affirmations non démontrées et non fondées, et pour cause, puisqu'elles sont fausses toutes trois.
Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1988)
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Ceci étant mis au point, venons-en à l'argumentation de l'ensemble de votre lettre du 30/3/1987, puisque le fait de vouloir m'en tenir à un seul point à la fois (ce qui me paraissez préférable au lieu de tout aborder en même temps), semble vous être apparu comme une dérobade, ainsi que le laisse également apparaître une nouvelle affirmation non démontrée (à la fin de votre lettre du 24/4/1987, p. 4) : "Je suis bien obligé de constater que vous n'apportez que des raisonnements sophistiques et l'oubli de toutes les constatations qui vous gênent."
Avant de l'aborder proprement, je remarque que vous y amorciez déjà un passage de la critique de mes arguments à celle de ma valeur intellectuelle personnelle, et donc des arguments relatifs non plus au fond du débat, mais à la qualité défaillante de votre controversiste : "J'estime que tous nos désaccords résultent de ce que vous raisonnez mal" (p. 8).
Ceci, étant une affirmation de plus non démontrée.
Cette amorce s'accentue gravement (dans votre lettre du 24/4/87, p. 2 : "J'en arrive à me demander si vous contrôlez bien ce que vous écrivez" : insinuation seulement, et non certes affirmation, mais elle non plus pas démontrée !...; pas plus que l'affirmation que vous faites en page 3 au sujet de mon argumentation "passablement confuse".
Il est plus facile de tendre à déconsidérer la personne de l'interlocuteur avec qui l'on controverse, que de répondre précisément à ses arguments, non en affirmant simplement mais en démontrant.
Souvent, ceux qui n'arrivent point à ce second niveau se reportent au premier en finissant par s'en faire une excuse pour ne plus avoir à répondre sur le débat de fond.
J'espère que vous ne serez point de ceux-là, qui sont légion dans le milieu traditionaliste...
Il me semble que vous, qui avez entre les mains mon Livre Ier. sur les Prophéties, devriez moins facilement que d'autres me déconsidérer sur le plan doctrinal d'un revers de main ou d'affirmation...
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Mais venons-en à votre lettre du 30/3/1987.
Elle en revient à affirmer sans démontrer que je raisonne mal, du fait d'un "sophisme" attribuant au Magistère l'infaillibilité inconditionnelle qui n'appartient qu'à Dieu. Ceci, étant fondé, dites-vous, sur une interprétation absolue de certains textes du Magistère.
Afin de vous inciter à répondre de façon serrée et précise, et non générale, en démontrant et non en affirmant simplement, daignez me permettre de vous retourner vos compliments, en me payant le luxe que vous n'avez pas eu : le faire en démontrant, comme je viens de le faire pour votre lettre du 24/4/1987.
"La méthode qui consiste à donner un sens absolu aux textes des conciles", dites-vous (p. 5), "se retourne contre la thèse "sédévacantiste".
Et pour tenter, pour une fois, de le démontrer vous ajoutez : "cette thèse est en effet condamnée par ce passage de "Pastor Aeternus" entendu dans un sens absolu... : "Quiconque succède à Pierre en cette chaire reçoit, de par le Christ Lui-même, la primauté de Pierre pour toute l'Eglise"."
Commençons par noter que, selon la doctrine catholique, je tiens quant à moi, si vous ne le faites point, ce texte dans son sens clair et explicite que vous appelez absolu.
C'est même un de mes grands arguments — non ce texte lui-même que je ne cite pas, mais la vérité qu'il exprime et qui se trouve corroborée par divers autres textes non moins formels (cf. Sub Tuum n° 5 et 7, p. 39)— contre un des points de la théorie "guérardienne".
Après avoir cité cette majeure à laquelle j'adhère tout à fait, vous faites un sophisme, pardonnez-moi de le dire un peu crûment, des plus grossiers et élémentaires.
Car vous ne vous contentez pas de changer le sens, la "suppositio" du moyen-terme, ce qui est classique dans les sophismes mais plus subtil et souvent non visible à première lecture, mais vous changez purement et simplement le moyen-terme dans la mineure de votre exemple (décidément fort mal choisi) : "Or J.P. II occupe manifestement la chaire de Pierre".
Entre : "succède" qui sous-entend la légitimité et authenticité, et : "occupe" ("manifestement", disons plutôt extérieurement) qui sous-entend l'illégitimité et l'intrusion, il y a toute la différence entre un vrai Pape et un anti-pape.
Vous ne pouvez qu'admettre l'évidence de votre sophisme, devant ce changement pur et simple de moyen-terme.
Cette erreur élémentaire de raisonnement que la Providence a permis que vous fassiez ici, de même que votre pétition de principe soulignée plus haut, devraient vous amener à moins d'assurance en la sûreté de votre jugement, que vous placez souvent au-dessus de celui des Docteurs de l'Eglise et même de textes pourtant ciselés d'un concile oecuménique authentique.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Cette erreur élémentaire de raisonnement que la Providence a permis que vous fassiez ici, de même que votre pétition de principe soulignée plus haut, devraient vous amener à moins d'assurance en la sûreté de votre jugement, que vous placez souvent au-dessus de celui des Docteurs de l'Eglise et même de textes pourtant ciselés d'un concile oecuménique authentique.
A ce propos, vous devriez ne pas confondre les saints Docteurs, les vrais Papes, et les Conciles authentiques, avec les caricatures que l'on en a depuis la mort de Pie XII et depuis Vatican II : les multiples erreurs, sophismes et hérésies de ces derniers, que vous tenez néanmoins étonnamment pour authentiques et légitimes, vous amenant à imaginer que de semblables erreurs grossières sont possibles au vrai Magistère !
C'est ce que montre ce que vous écrivez dans le N° 61, p. 4 : "Une telle contradiction avec la doctrine traditionnelle... fait perdre toute confiance dans l'enseignement du Magistère".
Mais il est vrai que vous ne placez point la doctrine des Docteurs de l'Eglise "dans la catégorie des "textes d'autorité" tels que je les ai définis", ainsi que vous le précisez en page 2 de votre lettre du 24/4/87.
Et pour mieux les placer au-dessous de votre propre jugement (qui n'épargne pas plus du reste les textes d'autorité tels que vous les avez définis : à savoir "textes pontificaux et conciliaires infaillibles d'abord, Ecriture interprétée selon la Tradition ensuite" (ibid. p. 2) : cf. les textes du De Fide Catholica, Pastor Aeternus et Léon XIII cités dans ma lettre du 21/10/86, p.4), vous revenez sur l'exemple de la soi-disant erreur de saint Thomas d'Aquin sur l'Immaculée Conception.
Pouvez-vous me démontrer cette erreur ? J'ai eu, au séminaire, entre les mains, une étude très fouillée démontrant que certains dominicains avaient fait dire à saint Thomas autre chose que ce qu'il disait, démontrant même des falsifications de certains de ses textes, et citant d'autres textes moins connus où le saint Docteur enseignait la doctrine de l'Immaculée Conception à l'encontre de la thèse officielle de son Ordre à l'époque.
Ceci dit, ces saints Docteurs ne sont point infaillibles en soi (1) ; mais le titre de "docteur" en revient à une canonisation par l'Eglise, non de leur vie comme celui de "confesseur", mais de l'ensemble de leur doctrine.
(1) Cf. à ce sujet, "Consummatum est", Livre I, p. 6 N° 7.
Et celle de saint Thomas, - déclaré "Docteur commun ou universel de l'Eglise" par Pie XI (Encyclique "Studiorum Ducem"), et dont la Somme était exposée aux côtés des Saintes Ecritures lors du Concile de Trente, - plus que toute autre.
(Notons surtout que dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'un Docteur citant l'unanimité des Pères.)
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Mais abordons votre soi-disant démonstration du "sophisme" du Cardinal saint Robert Bellarmin, "marteau des hérétiques", et selon l'oraison du Propre de la Messe de sa fête (13 mai) : "doué par Dieu d'une remarquable érudition pour repousser les erreurs insidieuses et défendre les droits du Siège Apostolique", et selon le Martyrologe Romain (au 17 septembre) : "très illustre par sa sainteté, sa doctrine et ses nombreux travaux pour la défense de la foi catholique et du Siège Apostolique".
Avant de démontrer, qu'entre saint Robert et vous, celui qui fait un sophisme c'est à nouveau vous et non le saint Docteur, satisfaisons votre demande :
(1). "Je suis surpris que vous prétendiez que je fais "dire à Saint Robert Bellarmin autre chose que ce qu'il enseigne" (2). (sans me dire ce que, selon vous, il a vraiment enseigné). (3). Ce que j'ai critiqué, c'est la thèse qu'on appelle "depositus est" et qui a été adoptée par tous vos confrères "sédévacantistes" en s'appuyant sur l'autorité de saint Bellarmin !" (Lettre du 24/4/87,p.2).
D'où votre ironie triomphante de la page 1 : (4). "Je crois comprendre que vous remettez la discussion à plus tard", sous-entendu que n' ayant rien à répondre, je me dérobe.
D'où votre conclusion un peu hâtive (vous qui me reprochez ma rapidité à répondre...) de la page 4 : (5). "Je dois constater l'oubli de toutes les constatations qui vous gênent."
Voyons chacun de ces quatre points (1). à (4)., dont l'analyse vous montrera, contrairement à ce que vous dites dans le 5e. point (5)., qu'il ne s'agissait pas d'un oubli ni d'une dérobade, mais d'un désir de traiter un point après l'autre.
Car si, en analysant ce qui concerne les conditions de l'infaillibilité pontificale, qui est votre champ de manoeuvre depuis 12 ans, j'ai volontairement voulu descendre d'abord sur votre terrain (qui est aussi le mien depuis plusieurs années), en me parlant de saint Robert c'est vous qui venez sur mon champ de manoeuvre depuis 10 ans.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Analysons d'abord le point (1). : "Vous prétendez que je fais dire à saint Robert autre chose que ce qu'il enseigne".
Commençons par ce que vous disiez à ce sujet dans le N° 72 "de Rome et d'ailleurs".
En premier lieu, page 13, vous attribuez aux autres ce que vous faites précisément en cette même page :
"Les "sédévacantistes" ont gravement travesti la pensée de Bellarmin et Alphonse de Liguori” : saints tous deux ! ne vous déplaisent, et Docteurs de l'Eglise.
Vous y citez un texte de saint Robert : "un Pape manifestement hérétique CESSE DE LUI-MÊME d'être le Pape et la Tête de la même façon qu'il cesse d'être un chrétien et un membre de l'Eglise. Et, pour cette raison, il peut être jugé et puni par l'Eglise. C'est l'opinion (le texte latin comporte : sententia ! et non opinio) de tous les anciens Pères qui enseignent que les hérétiques manifestes PERDENT IMMÉDIATEMENT toute juridiction".
Ce que dit saint Robert, et avec lui tous les anciens Pères (!), est pourtant simple : étant tombé manifestement dans l'hérésie, celui qui était Pape cesse de lui-même d'être le Pape.
S'il cesse d'être le Pape, dirait M. de La Palice (qui lui savait au moins reconnaître les évidences) , c'est qu'il ne l'est plus !
- Comment ?
- "De lui-même", en "perdant immédiatement toute juridiction".
- Qu'en découle-t-il ?
- "Pour cette raison", puisqu'il n'est plus alors Pape, "il peut être jugé et puni par l'Eglise". Car s'il était encore Pape, il ne pourrait pas être jugé et puni par l'Eglise, puisque "Prima Sedes a nemo judicetur".
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Etonnamment, vous écrivez page 13-14 : "Saint Bellarmin et Saint Alphonse ont dit qu'ils ne pensaient pas qu'un Pape puisse jamais tomber dans l'hérésie formelle. Ils considéraient donc la question du Pape hérétique comme sans intérêt pratique et c'est probablement la raison pour laquelle ils n'ont pas porté attention à la contradiction qui entache leur thèse".
Vous m'avez déclaré oralement n'avoir du "De Romano Pontifice" que les passages qu'en cite "Forts dans la Foi" (A.S.) n° 45.
Ceci explique sans doute cela. Car dire que saint Robert considérait cette question comme sans intérêt pratique et qu'il n'y a donc pas apporté toute l'attention requise, est démontré tout à fait faux : a) par le contexte historique de cet écrit, b) par sa teneur.
a) Saint Robert écrit ce traité contre les hérétiques de son temps dont il réfute une à une les objections contre la Primauté du Saint-Siège. Il les attaque de front, en citant leurs noms et leurs erreurs.
Il pèse donc chacune de ses phrases, chacun de ses termes, pour ne point fournir à ses adversaires le moindre prétexte à déviation ou à réfutation.
b) Un de ses arguments majeurs pour démontrer la Primauté du Saint-Siège, est précisément que ce dernier n'est jugé par personne. Il en voit donc grandement l'intérêt pratique ; il y fait grande attention et y consacre rien moins que 5 chapitres entiers de son traité.
Dans le chapitre 26, il démontre que le Souverain Pontife n'est jugé par personne. Dans le 27, il réfute les multiples arguments de Nilus contre cette vérité ; dans le 28, les objections de Calvin ; dans le 29, 9 autres arguments contre.
Et... chapitre... 30..., il réfute la fausse argumentation des partisans de la thèse du "deponendus est" selon laquelle ce serait le Christ Lui-même qui déposerait le Pape après constatation publique des Cardinaux, ou d'un Concile, ou autre...
Et l'argument de saint Robert est justement que ceci reviendrait à ce que des inférieurs auraient jugé Celui qui était encore Pape, et donc leur Souverain. Il y aurait donc en ce cas une autorité humaine qui prévaudrait sur le Saint-Siège qui n'aurait donc point la Primauté absolue : ce que saint Robert démontre précisément faux depuis 5 chapitres.
Si donc, par une soi-disant inattention, il était lui-même tombé dans le "sophisme" que vous croyez découvrir dans son raisonnement, ce saint Docteur aurait ainsi démoli en un instant une des principales démonstrations de son traité pour la défense du Saint-Siège, démonstration qui serait alors inutilement fondée sur 5 longs chapitres, détruits comme un château de cartes par une inattention bien fâcheuse et étonnante.
Et personne ne l'aurait vue avant vous !?... Pas même ces hérétiques qui cherchaient la moindre faille chez ce Docteur qui les martelait si fortement ? Non plus que les Papes qui l'ont tant loué, particulièrement pour cet ouvrage ?
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Ainsi donc, le sophisme que vous attribuez à saint Robert est justement celui qu'il réfute en ce chapitre 30 contre les partisans de la thèse du "deponendus est" !...
Car contrairement à la trahison de sa pensée que vous faites, juste après la citation de son texte dont je viens de donner le vrai sens, en prétendant (p. 13) :
"Ces deux auteurs exigeaient" (où ? quand ? comment ? par quel texte, s'il vous plaît ?) "une intervention publique de l'Eglise. Mais comme ils professaient que le Premier Siège n'est jugé par personne, ils ont appelé cette intervention "Déclaration"."
Vous leur attribuez ni plus ni moins ici, une des formes de la thèse du "deponendus est" (celle de Suarez ; cf . plus bas) que saint Robert réfute précisément !
Puis, étonnamment, en contradiction avec ce que vous venez de dire, vous redonnez un instant la vraie position de saint Robert et saint Alphonse, mais par des termes imprécis qui sont l'amorce de votre sophisme à ce sujet :
"Ils pensaient que puisqu'un Pape hérétique n'est plus Pape, ce ne serait pas juger le Premier Siège que de "juger et punir" un Pape hérétique puisque l'Eglise jugerait et punirait quelqu'un qui n'est plus Pape".
Vos termes imprécis, montrent votre confusion et votre incompréhension, puisque vous appelez ici encore Pape (en prenant ce terme dans son sens propre et effectif) ce que, eux, disent ne plus l'être !
Il faudrait donc dire, pour rendre vraiment compte de leur enseignement : Ils enseignaient que puisqu'un hérétique manifeste ne peut pas (ou plus) être Pape, ce ne serait pas juger le Premier Siège que de juger et punir un hérétique manifeste même autrefois Pape, jusqu'au moment de la manifestation de son hérésie, puisque l'Eglise jugerait et punirait quelqu'un qui n'est pas (ou plus) Pape.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
Ce glissement dans les termes, prépare l'affirmation fausse qui suit :
"Mais avant que l'Eglise juge et punisse celui qui fut Pape, il fallait, comme le dit saint Alphonse (où ? quand ? comment ? dans quel texte, s'il vous plaît, dit-il : avant ?) que l'Eglise déclare le Pape déchu du Pontificat. Or, "déclarer le Pape déchu du Pontificat" parce qu'il est hérétique implique nécessairement que ceux qui font cette déclaration ont jugé que le Pape est hérétique. La contradiction avec le principe que le Premier Siège n'est jugé par personne, n'est donc pas évitée".
Cette affirmation serait juste, par rapport à certains tenants du "deponendus est" qui tiendraient cette déclaration COMME CAUSE de la déchéance opérée alors par le Christ, comme c'est le cas de Suarez.
Ce dernier, en effet, apporte une nuance à l'exposition classique du "deponendus est" par Cajetan, en écrivant :
"En déposant un pape hérétique, l'Eglise n'agirait pas comme lui étant supérieure, mais, juridiquement, et en accord avec le Christ, elle le déclarerait hérétique, donc indigne des honneurs pontificaux ; il serait ALORS déposé ipso facto et immédiatement par le Christ, puis une fois déposé il deviendrait inférieur et capable ALORS d'être sanctionné." (De Fide, disp. X, sect. 6, n° 3-10)
Or cette forme plus subtile du "deponendus est", qui est bien exactement l'argumentation que vous critiquez, n'est donc pas l'explication des tenants du "depositus est".
Pour eux, conformément à la sentence de tous les Pères, la déclaration de la déchéance n'est nullement la cause de la déchéance, mais son utile et nécessaire constatation a posteriori.
(Quand nous disons "nécessaire", ce n'est que vis-à-vis du Bien Commun, comme nous le verrons plus loin, et non vis-à-vis de la déchéance elle-même.)
Relisez, ou lisez Sub Tuum n° 2, p.14-18, vous y trouverez les citations complètes dont nous donnons ici des extraits :
"Il est prouvé par des arguments d'autorité et de raison que l'hérétique manifeste est déposé ipso facto... avant toute excommunication ou sentence judiciaire... les hérétiques s'excluant d'eux-mêmes du corps du Christ...
Un pape manifestement hérétique cesse de lui-même d'être le pape et la tête de la même façon qu'il cesse d'être un chrétien et un membre de l'Eglise... C'est la sentence de tous les anciens Pères, qui enseignent que les hérétiques manifestes perdent immédiatement toute juridiction.
Finalement, les saints Pères enseignent UNANIMEMENT non seulement que les hérétiques sont en dehors de l'Eglise, mais encore qu'ils sont ipso facto privés de toute juridiction ecclésiastique." (Saint Robert, qui cite ensuite des passages de Saints Optat, Ambroise, Augustin, Jérôme, Célestin Ier., Nicolas Ier., Thomas).
"Les hérétiques, prononçant une sentence contre eux-mêmes, s'excluent spontanément de l'Eglise." (Saint Jérôme).
"Dans le cas où le Pape deviendrait hérétique, il se trouverait, PAR CE SEUL FAIT et sans autre sentence séparé de l'Eglise... Un Pape qui aurait été séparé de l'Eglise par l'hérésie, cesserait PAR CELA MÊME d'être la Tête de l'Eglise ; il ne pourrait être hérétique et demeurer Pape." (Saint Antonin de Florence ; cf. aussi le Pape Paul IV, le canon 188,4 du Code, etc...
Tout cela démontre à l'évidence la radicale fausseté d'une de vos autres affirmations, non démontrée, et pour cause ! :
"Il n'est pas interdit de disserter sur la perte du Pontificat d'un pape hérétique... Mais l'Eglise n'ayant rien défini et la Tradition étant muette" (N° 72, p. 14) oh!...
Voilà une erreur que vous ne pourrez plus affirmer de bonne foi.
Re: Controverse Georges Salet - Abbé V.M. Zins (8/1986 - 5/1
Suite L Ab Z du 28/4/1987
(A suivre.)
En cette même page 14, sous le titre : "Les "sédévacantistes" ont trahi la pensée de ces deux docteurs", c'est donc vous qui la trahissez en écrivant : "Ceux-ci, comme on vient de le voir, estimaient nécessaire une intervention publique d'un organisme officiel de l'Eglise. (Concile, Conseil des Cardinaux, Clergé Romain ? Il y a eu un certain flottement dans leur pensée)."
Où avez-vous lu cela ? Dans quel texte ? C'est vous qui l'imaginez à partir des deux petits extraits de textes que vous avez eu par le n° 45 de "Forts dans la Foi" ( A.S.). C'est vraiment une argumentation des plus légèrement et mal fondées... Tous les textes cités plus haut, vous démontrant le contraire. (C'est donc en votre pensée, et non en la leur, qu'il y a un flottement certain à ce sujet...)
C'est là aussi que le texte de saint Robert, utilisé à contresens par les "Guérardiens" (cf. Sub Tuum n° 5, p. 36-37), prend toute sa force, remis dans son contexte.
Saint Robert y pousse si loin la démonstration du fait que tant que cette personne est Pape on ne peut rien faire contre elle, qu'il écrit à ce sujet contre Cajetan :
"Cajetan dit que l'Eglise, en déposant le Pape, n'aurait pas autorité sur le Pape lui-même, mais seulement sur la conjonction entre sa personne et le Pontificat : en sorte que de même que l'Eglise peut unir le Pontificat à telle personne (par l'élection d'un Pape) sans qu'il soit dit pour autant qu'elle soit au-dessus du Pontife ; de même elle peut séparer le Pontificat de telle personne, en cas d'hérésie, et n'être cependant pas dite au-dessus du Pontife...
Mais cet exemple de Cajetan au sujet des électeurs ne vaut pas, car ceux-ci ont le pouvoir d'appliquer le Pontificat à telle personne, mais n'ont cependant pas de pouvoir sur le Pontife.
En effet, pendant que la chose s'accomplit, l'action est exercée sur la matière de la chose future, et non sur le composé qui n'est pas encore. Tandis que dans la destruction d'une chose, l'action s'exerce sur le composé, comme cela apparaît dans les choses de la nature.
C'est pourquoi les Cardinaux, lorsqu'ils créent un Pontife, exercent leur autorité non sur le Pontife, puisqu'il n'est pas encore, mais sur la matière, c.à.d. sur la personne qu'ils disposent d'une certaine manière pour qu'elle reçoive de Dieu la forme du Pontificat. Tandis que s'ils déposaient le Pontife, ils exerceraient nécessairement leur autorité sur le composé, c.à.d. sur la personne revêtue de l'autorité pontificale, autrement dit sur le Pontife."
Or c'est juste après cette remarquable réfutation, que saint Robert en conclut que "le Pape manifestement hérétique cesse par lui-même d'être le Pape et la Tête" etc. (ut supra).
Non par quelque déclaration exerçant la moindre autorité sur la personne revêtue du Pontificat, pensée qu'il rejette et réfute depuis 5 chapitres, mais "par lui-même", "ipso facto", par le fait même de son hérésie manifeste.
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