Le Magistère de l’Eglise et la nouvelle messe (RP Saenz - Mars 1970)

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


En l’article N° 1 de la "INSTITUTIO GENERALIS MISSALIS ROMANI" nous lisons : "Celebratio Missae, ut actio Christi et populi Dei hierarchice ordinati, centrum est totius vitae christianae, pro Ecclesia, tum universa, tum locali, ac pro singulis fidelibus. In ea enim culmen habetur et actionis, qua Deus in Christo mundum santificat, et cultus quem homines exhibent Patri, Eum per Christum Dei Filium adorantes. In ea insuper mysteria Redemptionis ita per anni circulum recoluntur, ut quodammodo praesentia reddantur".

(La célébration de la Messe, comme action du Christ et du peuple de Dieu, ordonnée hiérarchiquement, est le centre de toute la vie chrétienne, pour l’Eglise universelle et locale, et pour tous les fidèles individuellement, puisqu’en elle culmine l’action par laquelle Dieu sanctifie, dans le Christ, le monde, et le culte que les hommes offrent au Père, l’adorant par le Christ, Fils de Dieu. De plus, on commémore ainsi en elle, au long de l’année, les mystères de la Rédemption, qui, d’une certaine manière, nous sont rendus présents.)

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


Faisons quelques commentaires :

1) Il est hérétique et faux que la Messe soit l’action du Christ et du peuple de Dieu, hiérarchiquement ordonnée ;

puisque la Messe est l’action du Christ avec le prêtre, — non avec l’assemblée.—


Le sacerdoce analogique, avec lequel les "progressistes" cherchent à annihiler le sacerdoce hiérarchique, n’est pas un sacerdoce actif, il n’est capable d’aucune action liturgique.

[Abbé Zins]

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2) Il est inexact que la Messe sanctifie le monde (au moins de fait : in actu secundo, comme diraient les théologiens).

La Messe sanctifie les fidèles, qui s’appliquent à bénéficier des fruits rédempteurs ; mais cette sanctification présuppose ainsi le Sacrifice sanglant du Calvaire, en lequel s’est opéré la Rédemption des humains, comme le Sacrifice non sanglant de l’Autel, qui reproduit, d’une certaine manière, réellement et véritablement, le Sacrifice de la Croix et en lequel nous sont appliqués les fruits inépuisables de cette Divine Rédemption ; étant évidemment présupposées les dispositions personnelles nécessaires.

[Abbé Zins]

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3) Il n’est pas exact non plus, théologiquement parlant, que la Messe soit, par essence, "un culte" ;

c’est, avant tout, un Sacrifice, dont les fins essentielles sont non pas seulement

l’adoration, mais encore l’action de grâces, l’expiation et l’impétration.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


4) Il est imprécis et tendancieux de dire que la Messe est "le culte", que les "hommes" rendent au Père.

L’idée erronée d’un oecuménisme, qui veut équiparer toutes les religions, est l’unique qui puisse donner quelque sens à cette proposition universelle.

Ce ne sont pas les 'hommes' en général, mais les fidèles, les catholiques, ceux qui s’unissent au Christ et au prêtre, qui représente le Christ, qui est son instrument, donnent à Dieu le culte qui lui est dû, et l’unique agréé par sa Divine Majesté.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


5) Finalement, la Messe n’est pas le rappel de tous les mystères de la Rédemption, ni ne nous les rendent présents d’une certaine manière.

Cette proposition a elle aussi une saveur hérétique.

En son essence même, en sa réalité sublime, la Messe rappelle et répète non pas les mystères, mais le mystère par antonomase de notre Rédemption, qu’est le Sacrifice de la Croix, offert de nouveau, par le prêtre et par le peuple uni à lui, dans le Christ, pour le Christ et avec le Christ.

Parler des mystères de la Rédemption, (Incarnation, Résurrection, Ascension, etc.), qui au long de l’année sont commémorés, comme quelque chose qui appartiendrait à la Messe, qui SERAIT LA MESSE, c’est démontrer clairement que la définition du "Novus Ordo" exclut ou dilue le Sacrifice Réel, qui est, selon le Concile de Trente, l’essence de notre Messe Catholique.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


J’ai voulu faire ces relevés en références aux erreurs que contient le Novus Ordo Missae, à réserve de présenter aux lecteurs des critiques plus autorisées, pour démontrer la gravité immense que le présent problème signifie pour l’Eglise et pour la foi catholique.

Certains pensent qu’il serait meilleur de ne pas parler, de laisser le peuple en sa bonne foi, croyant que rien de substantiel n’a été changé ; que, avec le temps, tous nous finirons par nous accoutumer et par accepter avec bonne conscience le nouveau rite.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


Mais, cela est inadmissible, devant la morale catholique.

Ce serait criminel de laisser dans l’erreur, en un point aussi essentiel de notre sacro-sainte religion, tout le peuple de Dieu.

Comment pourrions-nous permettre que la doctrine de la vérité révélée soit supplantée par l’erreur ?

Comment tolérer que les enfants, les jeunes gens, les nouvelles générations grandissent alimentés avec des doctrines hétérodoxes ?

Comment nous résigner à ce que le Saint Sacrifice soit définitivement changé en la "réunion sacrée ou l’assemblée du peuple de Dieu, sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur" ?

S’agissant de la foi, l’inflexibilité est l’unique attitude décente pour ceux qui, par la miséricorde de Dieu, ont comme nous toujours cru et voulu mourir en la foi de nos pères.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


Les documents, que nous présentons ici, en plus d’étudier à fond le problème gravissime au-dessus de toute mesure du "Novus Ordo Missae", pose le problème fondamental du Magistère. Si nous voulons défendre que le Magistère est toujours infaillible, je ne vois pas de solution possible (1) pour montrer la concordance entre la doctrine du Concile de Trente et de Pie XII avec la théologie inadmissible concoctée par Bugnini. Nous sommes, comme je l’ai déjà dit antérieurement, en une ruelle sans sortie.

(1) Nous sommes ici, en ce texte rédigé ne l’oublions pas début 1970, au noeud d’un problème psychologique fondamental pour comprendre la juste chronologie de la si difficile et délicate remontée à des causes crues a priori impossibles, de soi irréalisables en vertu des divines promesses et prérogatives données à la Sainte Eglise et par Elle au corps ecclésiastique.

Le rédacteur de ce texte est pourtant quasi le premier à avoir publié, à peine trois ans plus tard (1973) la vraie solution se rapportant à l’usurpation du Saint-Siège par des infiltrés modernistes.

Mais cette solution soit n’était pas tout d’abord même concevable, ou, si elle lui est vraisemblablement venue antérieurement à l’esprit, semblait plutôt une incongruité, une tentation, une optique soulevant encore plus de difficultés a priori que de solutions.

D’où le recours par certains, notamment Mgr de Castro Mayer dont le R.P. cite plus loin de longs passages, à une autre explication a priori humainement plus plausible.

[Abbé Zins]

LE MAGISTÈRE DE L’EGLISE ET LA NOUVELLE MESSE (RP Saenz - Mars 1970)


Mais, si nous reconnaissons avec humilité que le Magistère ne jouit pas toujours de la prérogative de l’infaillibilité didactique, qui, pour préserver le Dépôt de la Divine Révélation, fut concédée par le Christ à Pierre et à ses Apôtres avec Pierre, alors, se trouve la solution divine au problème insoluble pour les hommes.