Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST
Publié : mer. 16 sept. 2020 12:44
Mais pourquoi ce centurion n'alla-t-il pas lui-même
demander une faveur qu'il désirait si ardemment (1)?
L'évangéliste nous l'apprend quand il dit que cet
homme était doux et humble de coeur, de plus étranger
et idolâtre, et qu'il se croyait indigne de paraître
en la présence du Sauveur (2). Ayant donc appris
que le divin Maître venait lui-même dans sa demeure,
il se hâta d'envoyer ses amis pour l'arrêter en chemin,
lui faisant adresser ces belles paroles : Ne prenez
pas la peine , Seigneur, de venir auprès d'un
homme qui est indigne de vous recevoir ; pour m'accorder
le bienfait que je vous ai fait demander votre
présence n'est nullement nécessaire, une seule de
vos paroles suffit (3).
Mais plus ce brave officier se reconnaissait indigne
de recevoir Jésus-Christ dans sa maison, plus volon-
tiers l'aimable Sauveur continuait son chemin. Enfin,
tant de bonté ayant triomphé de son humilité, le
centurion alla lui-même au-devant du Seigneur, et il
s'approcha de Jésus : Et accessit ad eum centurio (4).
A SUIVRE...
(1) Cum audisset de Jesu, misit ad eum seniores Judaeorum, rogans
eum, ut salvaret servum ejus (Luc, III).
(2) Meipsum non sum dignum arbitratus, ut venirem ad te (Luc, VII).
Les Juifs méprisaient profondément les gentils, parce qu'ils étaient
idolâtres; ils les considéraient comme impurs et vils, jusqu'à les appeler
chiens. De là la répugnance des gentils pour traiter avec les Juifs, et
seulement pour paraître en leur présence. Ce fut donc en signe d'humilité
et de respect que le centurion envoya des vieillards respectables
parmi les Juifs, sans y aller lui-même, supplier le Sauveur, se croyant
indigne de se présenter à lui et de lui parler.
(3) Cum jam (Jésus) non longe esset, misit ad eum centurio amicos,
dicens : Domine, noli vexari, neque enim sum dignus ut sub tectum
meum intres; sed dic verbo, et sanabitur puer meus (Luc, VI).
(4) De tout cela il apparaît clairement que le centurion fit, par le
moyen des Juifs, supplier le Sauveur seulement de guérir sou serviteur,
et que la prière de venir, ut veniret, que saint Luc attribue au
centurion, fui ajoutée par ceux qui avaient été envoyés pour demander
cette grâce, lesquels, n'ayant ni la foi ni l'humilité du centurion, crurent
que Jésus-Christ, pour guérir ce serviteur, avait besoin de se rendre en
personne auprès de lui. En second lieu, le centurion était aimé des Juifs
parce qu'il aimait leur nation el qu'il leur avait, à ses frais, fait bâtir une
synagogue à Capharnaüm, ou au lieu destiné à l'explication de la loi
mosaïque et à la prière. Les Juifs se servirent de ces motifs pour appuyer
auprès du Sauveur la demande du centurion et pour obtenir cette
grâce. Dans l'intention donc de faire une chose agréable et honorable
pour le centurion, en faisant venir le Sauveur chez lui, ils le sollicitèrent
d'y aller, ut veniret, comprenant bien qu'il désirait cette visite
dans son coeur, quoique, par humilité, il n'eût osé la demander. Saint Luc,
pour être plus court, selon son habitude, joint ensemble la parole des
Juifs et celle du centurion, et il les attribue aux Juifs, parce qu'ils les
prononcèrent en son nom.