Les Petits Bollandistes au 16 juillet, a écrit :
NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL ET LE SAINT SCAPULAIRE
1251. — Pape : Innocent IV. — Roi de France : Saint Louis.
Ce n'est pas sans sujet que nous joignons ces deux dévotions ensemble, puisque le Scapulaire est une grâce accordée aux religieux de Notre-Dame du Mont-Carmel, et que ces religieux, par la permission du Saint-Siège, font l'une et l'autre solennité en ce même jour.
Le Carmel est une montagne assise en Palestine, dans le partage de la tribu d'Issachar, ayant les monts de Nazareth au levant, et la mer Méditerranée au couchant. L’Écriture sainte en parle toujours comme d'un lieu souverainement fertile et agréable. Nabal, mari d'Abigaïl, laquelle fut depuis femme de David, n'était riche que par les belles terres et les excellents pâturages qu'il y possédait. Quand l’Époux du Cantique des cantiques veut relever les grâces de son Épouse, il lui dit que sa tête est florissante comme le Carmel : Caput tuum ut Carmelus. Et quand le prophète Isaïe nous veut représenter avec de vives couleurs l'éclat et la majesté du Messie qu'il voyait en esprit, comme s'il eût déjà été dans le monde, il nous assure que « la gloire du Liban lui a été donnée », et qu'on l'a revêtu des beautés du Carmel et de Saron ; Gloria Libani data est ei, decor Carmeli et Saron. Au contraire, lorsque les Prophètes nous veulent faire paraître une grande désolation et un dégât universel, ils disent que le Carmel a été changé en désert, que ses arbres, qui avaient coutume d'être toujours verts, se sont desséchés; que la joie et les divertissements en ont été bannis, et que tout ferme et immobile qu'il paraisse, il a été secoué et ébranlé.
Sur cette montagne, le prophète Élie remporta, contre les 850 prêtres de l'idole de Baal, l'illustre victoire si admirablement décrite au troisième livre des Rois, chap. XVIII. Sur cette montagne, un de ses disciples, qu'il envoya sept fois vers la mer, vit à la septième fois une nuée mystérieuse se fondre en pluie et changer en une heureuse fertilité la stérilité des campagnes, qui avait duré trois ans et demi, pour punir les crimes d'Achab et de Jézabel. Plus tard, ce divin Prophète y établit sa demeure, avec le grand Élisée, le premier et le plus célèbre de tous ses enfants spirituels, et y assembla une compagnie de saints personnages, qui furent appelés les Enfants des Prophètes ; il leur prescrivit certaines règles d'abstinence, de jeûnes, de prières et d'autres exercices de piété, qui les distinguaient du commun des Juifs.