Le Pape Saint Libère et sa prétendue chute dans l'hérésie arienne
Publié : mer. 23 sept. 2020 22:06
(à suivre)SAINT LIBÈRE, PAPE, FONDATEUR ET PATRON DE L' ÉGLISE SAINTE-MARIE-MAJEURE DE ROME
366. - Empereur d'Orient : Valens. - -Empereur d'Occident : Valentinien Ier.
Sta firmius velut incus quæ verberatur : magni athletæ est feriri et vincere.
Soyez ferme comme l'enclume que l'on frappe : un grans athlète doit recenoir les coups et vaincre.
S. Ignace, martyr, Epist. XI ad Polycarp.
Le pontificat de saint Libère, successeur de saint Jules Ier (du 22 mai 353 au 24 septembre 366), fut l'un des plus tourmentés que présentent les annales de l'Église. Deux grandes persécutions vinrent successivement l'agiter : l'une, suscitée par les Ariens, qui conduisit Libère en exil et laissa un moment incertaine la foi du Siège apostolique ; l'autre, suscitée par Julien l'Apostat, persécution astucieuse et savante, qui aurait fait de tristes ravages, si Dieu n'avait abrégé l'épreuve en interrompant bientôt le règne du persécuteur. Il ne manquer aucun genre de lutte à la gloire de l'Église et du souverain Pontificat.
Libère était Romain il avait été ordonné diacre par le pape saint Sylvestre, et s'était fait remarquer par ses vertus et par son humilité dans les fonctions de son ordre. Lorsqu'il fut élu Pape, il résista longtemps avant d'accepter la redoutable charge ; mais il était réservé, hélas ! à en porter tout le poids.
Constance II, deuxième fils de Constantin, et seul maître de l'empire, allait faire triompher l'arianisme avec lui. Dès la première année du pontificat de Libère, ce prince, prévenu contre Athanase, demanda sa condamnation. Le Pape assembla à Rome un concile qui reconnut l'innocence d'Alhanase, et Libère écrivit dans ce sens à l'empereur. Constance entra en fureur ; le Pape lui délégua Vincent de Capoue, qui se rendit à Arles, où il eut la faiblesse de souscrire à la condamnation du saint patriarche. La chute de Vincent affligea profondément le Pape : « J'espérais beaucoup de son intervention », écrit-il à Osius de Cordoue ; « il était personnellement connu de l'empereur, à qui il avait précédemment porté les actes du concile de Sardique, et non-seulement il n'a rien obtenu, mais il s'est laissé entraîner à une déplorable faiblesse. J'en suis doublement affligé, et je demande à Dieu de mourir, plutôt que de me prêter au triomphe de l'injustice ». Il désavoua hautement le légat prévaricateur, et supplia l'empereur de consentir à la réunion d'un concile général.
Le concile s'assembla à Milan, mais des scènes tumultueuses et la conduite de Constannce lui enlevèrent toute liberté. Lucifer de Cagliari, légat du Pape, montra une grande fermeté : « Quand même Constance » dit-il, armerait contre nous tous ses soldats, il ne nous forcera jamais à renier la foi du concile de Nicée et à signer les blasphèmes d'Arius. » - « C'est moi », lui dit Constance, « qui suis personnellement l'accusateur d'Athanse ; croyez donc à la vérité de mes assertions ». - « Il ne s'agit pas ici », répondit Lucifer avec les évêques catholiques, « d'une affaire temporelle, où l'autorité de l'empereur serait décisive, mais d'un jugement ecclésiastique, où l'on doit agir avec une impartialité égale envers l'accusateur et l'accusé. Athanase est absent ; il ne peut être condamné sans avoir été entendu. La règle de l'Église d'y oppose ». - « Mais ce que je veux », dit Constance, « doit servir de règle. Les évêques de Syrie le reconnaissent. Obéissez, ou vous serez exilés ». Les trois légats du Pape, Lucifer de Cagliari, Eusèbe de Verceil et le diacre Hilaire furent ecilés ; Hilaire, dont la fermeté avait déplu davantage, fut même fouetté sur la place publique avant de partir pour le lieu de son exil. La persécution s'étendit à tout l'empire ; saint Athanase se réfugia au désert ; les femmes et les vierges chrétiennes d'Alexandrie furent indignement outragées ; quarante-six évêques d'Égypte furent bannis de leurs siège ; on déclara criminels de lèse-majesté tous les défenseurs du consubstantiel, et un grand nombre de catholiques fidèles obtinrent la gloire du martyre (356).