Sur l'endurcissement des pécheurs
Publié : ven. 28 janv. 2022 12:31
Sur l'endurcissement des pécheurs
Tiré de LES DEGRES DE LA VIE SPIRITUELLE, par l'Abbé A. SAUDREAU, 1905.
Avant d'étudier les ascensions de l'âme dans
la vie spirituelle, essayons d'établir en quelques
pages les degrés du péché. Si l'âme constamment
fidèle s'élève de sommet en sommet jusqu'à la
sublime perfection, l'âme rebelle, au contraire,
peut descendre de précipice en précipice et
s'enfoncer dans les abîmes du mal jusqu'à
d'insondables profondeurs.
Il n'est pas question, pour le moment, de ceux
qui tombent accidentellement dans les fautes
graves et savent ensuite se relever; mais de ceux
qui demeurent dans le péché et n'ont pas le courage
d'en sortir.
Chez les uns, la foi reste entière; ils ne cherchent
point à en secouer le joug. Est-ce grâce particulière
de Dieu, est-ce attachement naturel à leur religion,
ou bien influence salutaire d'un milieu chrétien ?
Toujours est-il que leur foi a été préservée de tout
assaut; ils ne connaissent pas le doute, et la vérité
n'a pour eux rien perdu de son évidence.
Dans ce premier cas, les remords sont vifs, le pécheur
voudrait quitter son péché, mais il n'en a pas le courage;
il souffre de la tyrannie de ses passions, cependant il en
demeure l'esclave; si c'est la difficulté de l'aveu qui retient
dans l'éloignement des sacrements ou peut-être dans le
sacrilège, grand encore est son tourment et grand
le désir qu'il éprouve de sortir de cet état ; souvent
même il y est résolu, mais au dernier moment il recule
et remet à plus tard. Ce n'est pas encore l'endurcissement,
l'obstination dans le péché. Aussi, de toutes les âmes
pécheresses, celles-ci qui ont conservé une foi plus vive
sont les plus faciles à convertir, surtout si elles ont gardé
quelque habitude de la prière.
Mais rarement on en demeure là; la résistance au bien,
l'infidélité continuelle finit par rendre les grâces moins
abondantes et moins efficaces, la voix de Dieu toujours
repoussée devient moins pressante, les remords diminuent,
la foi, si elle ne s'éteint pas, est obscurcie; d'un autre
côté, les passions toujours caressées deviennent
de plus en plus exigeantes et tyranniques; alors
le pécheur tombe dans l'endurcissement.
Cet état est déplorable, il est très injurieux à
Dieu et dangereux pour l'âme. Celle-ci se montre
insensible aux meilleurs raisonnements, elle ne
se laisse pas ébranler même par les considérations
les plus graves; tout glisse sur elle comme l'eau sur
le marbre, sans pénétrer, sans amollir sa dureté.
C'est que le mal n'est pas dans le jugement,
il est dans la volonté; c'est la volonté qui est rebelle,
qui se raidit avec obstination, repousse à
l'avance tous les arguments et dédaigne de
s'y arrêter.
A SUIVRE...