Analyse du sens hétérodoxe d' "eros est agapé"

[Abbé Zins]

Analyse du sens hétérodoxe d' "eros est agapé" :

L'analyse qui va être citée ici en plusieurs fois, a été publiée dans le n̊ 86 de la revue Sub Tuum Praesidium, de Juin 2006.

Comme une partie de son développement s'appuie sur diverses interventions sur le LFC, il est bien juste que celui-ci puisse en bénéficier en retour.

Plusieurs passages sont en outre tirés spécifiquement des contributions de deux intervenants habituels du LFC, à savoir Chaussis et Luern.

C'est pourquoi la citation ici faite de cet article leur est tout particulièrement dédiée.

[Comte Bavon]

Analyse du sens hétérodoxe d' "eros est agapé" :

L'analyse qui va être citée ici en plusieurs fois, a été publiée dans le n̊ 86 de la revue Sub Tuum Praesidium, de Juin 2006.

Comme une partie de son développement s'appuie sur diverses interventions sur le LFC, il est bien juste que celui-ci puisse en bénéficier en retour.

Plusieurs passages sont en outre tirés spécifiquement des contributions de deux intervenants habituels du LFC, à savoir Chaussis et Luern.

C'est pourquoi la citation ici faite de cet article leur est tout particulièrement dédiée.

Etrange cette précision faite la veille de l'ouverture publique de votre forum alors que vous reprenez intégralement un certain nombre de discussions du LFC depuis plusieurs semaines.

Chercheriez-vous à couvrir vos arrières ? Craindriez-vous les réactions d'EA, PGM, ... ???

C.B.

[Abbé Zins]

Etrange cette précision faite la veille de l'ouverture publique de votre forum alors que vous reprenez intégralement un certain nombre de discussions du LFC depuis plusieurs semaines.

Chercheriez-vous à couvrir vos arrières ? Craindriez-vous les réactions d'EA, PGM, ... ???

C.B.

Cher ami,

Pourquoi aurais-je à craindre ou à devoir "justifier" de republier ici des dossiers composés ailleurs par moi-même ?
Est-ce que mes propres écrits, notamment celui-ci publié dans le n° 86 de la revue Sub Tuum Praesidium avant de l'être en remerciement sur le LFC, ne m'appartiendraient pas ?

Cette introduction est, ni plus ni moins, celle de mon dossier sur le LFC, que vous êtes fort bien placé pour devoir connaître.

A toute fin utile, en voici les liens :

Lien du fil sur le LFC : http://www.phpbbserver.com/lelibreforum ... reforumcat

Lien de ce même passage au début de ce même fil : http://www.phpbbserver.com/lelibreforum ... reforumcat

N'est-ce pas votre question qui est des plus étonnantes ?

[Abbé Zins]

Début de l'article publié en la revue Sub Tuum Praesidium :

Il me faut commencer par préciser que cette analyse (d' "eros est agapé") est, en ce qui me concerne, en partie aisée, en partie délicate et difficile.

Aisée, en ce qui s’y rapporte à la doctrine catholique ou à son écart en matière théologique, difficile pour ce qui en découle de doctrines hétérodoxes qui me sont mal connues.

En ce second genre, il me faut donc me fier aux remarques apparemment très pertinentes et justifiées que d’autres ont faites avant moi en signalant ces rapports significatifs de nombreux passages et même de l’esprit général de l’auteur avec des doctrinaires et théories acatholiques.

Signalons d’abord une double "captatio benevolentiae" au début et à la fin de ce texte. Il part d’une citation de Saint Jean en évoquant "l’amour de Dieu", et finit sur une prière à la Sainte Vierge. De quoi bien disposer les âmes simples et pieuses.

Toutefois, au-delà de ces apparences en trompe-l’oeil, si l’on considère l’ensemble du texte proprement dit et l’idée principale qui s’y trouve véhiculée, on peut remarquer, selon l’heureuse réflexion d’un jeune suisse (Luern), que

"B16 part de l'homme (comme le faisait El Subito [= JP 2]), de sa conscience, de son expérience du désir, etc .., ensuite il parle des doctrines non chrétiennes (il cite Nietzsche au début) et dans cet arrière-fond, il inscrit la Révélation."

Selon l’aveu d’un "religieux conciliaire",

B 16 "n’hésite pas à avoir recours à des éléments conceptuels tirés de la phénoménologie et du personnalisme"

d’autres disent à René Guénon, à l’ésotérisme, au tantrisme, à Kant et autres esprits tordus.


Quant au point de départ, revenons sur la citation de l’Apôtre Saint Jean qui sert en même temps de titre trompeur : "Deus caritas est".

Tant en ce passage de la Sainte Ecriture que dans les commentaires qui en sont faits par les Saints Docteurs, tout est centré sur Dieu, part de Dieu et ramène à Dieu en passant par l’amour du prochain pour l’amour de Dieu.

Dans l’optique de Ratzinger, tout est centré sur l’homme, part de l’homme et ramène à l’homme et à l’humanisme, en passant (pour ainsi dire) par Dieu comme moyen à la fois d’auto-dépassement ou d’auto-"réalisation" et en vue de mieux servir l’Homme et l’Humanité, ou selon les expressions singulièrement osées et significatives de JP 2,

"sur cette route qui conduit du Christ à l’homme" (R.H. 13), "en Jésus-Christ marcher vers l’homme" (D.i.M. 1) :

nouvelles inversions sataniques !

[Abbé Zins]

Une double série d’ “équivalences” par le bas :


Dès le début, et tout au long du texte, l’usurpateur établit une série d’ “équivalences” par le bas, que l’on peut ainsi résumer :

“Dieu” = “caritas” = “amour” = “eros” = “agapé” = “humanisme” = “religion” = “l’Amour” = “l’homme en tant qu’homme” ;

puis : “le Christ” = “la route pour vivre et aimer” ;

enfin : “Eglise” = “communauté d’amour” = “oecuménisme” = “humanisme” = “genre humain” = “l’esprit d’Assise” = “pêle-mêle JMJ” = “peace and love”.

[Abbé Zins]

Le premier saut périlleux est la traduction du mot caritas par amour.

Par cela même, pas forcément en soi mais bel et bien en fait, se trouve éliminée comme d’un trait de plume la sublime réalité surnaturelle qu’est la Charité,

qu’on l’entende soit principalement de l’Essence même de Dieu et en particulier du Saint-Esprit, soit de la vertu théologale surnaturelle « infusée par l’Esprit-Saint en nos coeurs » (Rom. 5,5).


Dans tout ce texte, il n’est question ni de cette Essence Divine ni de cette vertu théologale !

[Abbé Zins]

L’ “eros” tremplin vers l’ “extase” et la “divinisation” :

La seconde “équivalence” par le bas est un gouffre béant !

Ce n’est pas seulement une monstrueuse audace, mais un impie blasphème allant jusqu’à parler de “l’ “eros” de Dieu” !?

Le choix de ce terme “eros” permet à l’usurpateur de centrer l’amour humain sur l’image principale qu’en ont nos contemporains dépravés, à savoir l’union des corps.

Ce en quoi il est à la mauvaise école de JP 2 qui n’a pas craint de proclamer explicitement, devant des jeunes gens massés au stade de Saint Denis et préparés à son écoute par deux heures de “hard rock” :

“Jeunes de France, l’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres puissent se dire l’un à l’autre.” (1/6/1980, D.C. 1980 p. 594).

“Langage” notamment inconnu des Saints Anges.

“B 16" va cependant encore plus loin en allant jusqu’à affirmer :

“Oui, l’eros veut nous élever “en extase” vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes” (fin du n̊ 5)

!

Ce n’est pas tout, comme nous le verrons.

[Abbé Zins]

Terme d’eros qu’il définit pourtant de la sorte :

“l’amour ascendant, possessif et sensuel, c’est-à-dire l’eros” (n̊ 6) !

La définition donnée par Le Petit Robert (1970 ; 1984) est plus éclairante :

“eros : nom du dieu grec de l'amour. Principe d'action, symbole du désir, dont l'énergie est la libido.”

Ceci, étant préparé par cela :

“Il devient ainsi évident que l’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être.” (fin du n̊ 4),

et développé comme suit :

“Mais ce n’est pas seulement l’esprit ou le corps qui aime : c’est l’homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l’âme. C’est seulement lorsque les deux se fondent véritablement en une unité que l’homme devient pleinement lui-même. C’est uniquement de cette façon que l’amour – l'eros – peut mûrir, jusqu’à parvenir à sa vraie grandeur.” (n̊ 5).

“Oui l’amour est “extase”, mais extase non pas dans le sens d’un moment d’ivresse, mais extase comme chemin... vers la découverte de soi-même, plus encore vers la découverte de Dieu.” (n̊ 6).

Ce dernier membre de phrase est propre à “rassurer” ceux qui seront dès lors portés à penser au vrai Dieu.

Mais le message codé n’est-il pas : découverte de soi-même = découverte de Dieu !?

[Abbé Zins]

Ce que donne à entendre le rapprochement de ces passages “bézésiens” de la fausse mystique tantrique, fait par un analyste citant des explications parallèles données par les adeptes de ce faux culte, identifiant culte du corps avec culte de l’âme et “extase”, non moins qu’avec “divinisation” par le moyen privilégié de l’union charnelle sacralisée :

“En théorie… Le "tantra" ou science de l’extase s’inspire de la philosophie indienne appelée tantrisme qui recherche la fusion du féminin et du masculin pour atteindre un niveau de conscience plus élevé…
Comment faire pour fusionner ? La première chose est d’apprendre à connaître son corps pour être plus à l’écoute de celui de son partenaire. Il faut donc aiguiser tes sens, les 5 !!! Pas seulement le toucher. Il faut aussi apprendre à être maître de tes réactions. Tu dois aussi être libéré de tes peurs et de tes tabous, accepter ton corps. Voilà, tu es mûr(e) pour la fusion.”

Et encore :

“Le tantrisme est basé sur l'opposition entre le féminin et le masculin. Il recherche la fusion de cette opposition pour atteindre une conscience plus élevée. La sexualité est une des étapes de ce chemin.
Elle vise à intensifier l'intimité entre les deux partenaires et à prolonger l'acte de l'amour. Celui-ci est ritualisé et sacralisé afin de pouvoir libérer les énergies sexuelles. Cette source d'énergie est considérée comme la plus grande de l'univers. La sexualité tantrique est une forme de méditation intime [ sic ! ] dont le but est l'union complète de deux personnes pour ne former qu'un seul être. Il donne à la sexualité un aspect méditatif, spontané et enseigne à vénérer l'autre.
Avec le tantrisme, l'amour physique prend une dimension spirituelle en nous apprenant à sacraliser chaque geste, chaque perception et chaque action. Dans le tantrisme, le plaisir sexuel n'est pas considéré comme une fin, mais comme le moyen d'atteindre la conscience divine.”

Ce qui ressemble étrangement aux passages “bézésiens” cités plus haut, comme à ceux qui suivent auxquels cela donne dès lors un étrange éclairage :

“ Dans le récit biblique… l’idée que l’homme serait en quelque sorte incomplet de par sa constitution, à la recherche, dans l’autre, de la partie qui manque à son intégrité, à savoir l’idée que c’est seulement dans la communion avec l’autre sexe qu’il peut devenir “complet”, est sans aucun doute présente.” ; “ l’eros est comme enraciné dans la nature même de l’homme ; Adam est en recherche et il “quitte son père et sa mère” pour trouver sa femme ; c’est seulement ensemble qu’ils représentent la totalité de l’humanité” (n̊ 11).

“Si l’homme aspire à être seulement esprit et qu’il veut refuser la chair comme étant un héritage simplement animal, alors l’esprit et le corps perdent leur dignité.” (n̊ 5).

Pour expliciter encore cette pente ésotérique, citons cette fois la pensée kabbalistique du judaïsme dévoyé en un passage du Talmud :

"L'homme et la femme unis ensemble composent le corps parfait de l'humanité...
L'homme qui se sépare de l'humanité en refusant de s'unir à sa compagne ne trouve point de place dans la grande synthèse humaine ; mais il reste en dehors, étranger aux lois de l'attrait et de la transformation de la vie.
La nature, honteuse de lui, le fera disparaître, comme nous nous hâtons de faire disparaître les cadavres." (Sohar, cité par la revue sur l'occultisme, La Riss Rose, mars 1938, p. 78)

Il est clair que le rédacteur talmudiste du Sohar paraît ne pas connaître d'autre vie que celle de l'animal. La vie de l'esprit, plus encore la vie surnaturelle, lui sont sans doute inconnues !

Là encore, quel étrange parallèle, indiqué par un abonné, avec la pensée “bézésienne” !?

Ce que confirme un commentaire du rabbin Marc-Alain Ouaknine :

"Je pense que Dieu lui même est érotique. Du cantique des cantiques, schir shirim, à la Kabbalah, Cabale, (réception par transmission) en passant par le talmud et le midrash, c'est un thème constant dans le judaisme. Et on peut parler d'une structure érotique de la Torah.” (La plus belle histoire de Dieu p.70, Collection points, Seuil)

[Abbé Zins]

Réduction de la Genèse à une image mythique et favorisation indirecte de la pseudo-théorie-scientiste de “l’évolution” :

A ceci s’ajoute ce que nous avons déjà signalé (n̊ 85), à savoir l’allusion aux “père et mère d’Adam” qui nie implicitement le récit de la Genèse ou plus astucieusement le réduit à une simple “image spirituelle”.

Ce qui est confirmé par sa comparaison à un récit de la mythologie grecque :

“A l’arrière-plan de ce récit, on peut voir des conceptions qui, par exemple, apparaissent aussi dans le mythe évoqué par Platon, selon lequel, à l’origine, l’homme était sphérique parce complet en lui-même et auto-suffisant. Mais, pour le punir de son orgueil, Zeus le coupe en deux, de sorte que sa moitié est désormais à la recherche de son autre moitié et en marche vers elle, afin de retrouver son intégrité.” ( sic ! : n̊ 11) .

En outre, l’équivoque évocation des “père et mère d’Adam” est également propre à ménager la pseudo-théorie-scientiste de “l’évolution” dont JP 2, en un discours pour le 60e anniversaire de la fondation de “l’académie pontificale des sciences”, a déclaré qu’elle était “plus qu’une hypothèse” (22/10/1996) !

Cette fou-thèse de l’évolutionnisme est le correspondant “scientiste” de la pseudo-philosophie allemande du devenir dont tout le texte de JR est imprégné. Le verbe devenir y est maintes fois répété.

Selon cette optique, tout est en perpétuel devenir plus qu’il n’est.

D’où ces expressions :

“L’homme devient vraiment lui-même... l’homme devient pleinement lui-même...” (n̊ 5) ; “nous sommes entraînés dans la dynamique... devient une réalité dune façon proprement inconcevable... devient maintenant.. participation.., devient union.” (n̊ 13) ; “qui maintient ... toujours en mouvement...” (n̊ 35).

Etc...