et à Si vis pacem pour sa très pertinente explication du passage qui regarde le sujet présent.
Voici un résumé du remarquable commentaire de Dom Paul Delatte,
successeur de Dom Guéranger au XIXe S. comme Père Abbé de Solesmes.
Réservant cet excellent exposé très étendu pour le dossier regardant la nature précise de la Grande Apostasie,
en voilà un résumé citant les passages se rapportant au sujet présent :
« Le mystère du Christ et son Règne se répandront sur toute la terre ; puis viendra une heure d'apostasie où les peuples s'éloigneront de Lui.
C'est alors que l'Antéchrist, qui n'a jusqu'ici que des précurseurs, se révélera tout entier, lorsque le lui permettra l'effacement d'un pouvoir qui pour un temps le limite et le contient ...
Dès que ce frein se sera retiré, rien n'arrêtera plus la manifestation de l'Antéchrist, qui sera finalement vaincu par Notre Seigneur Jésus-Christ…
Les Nations se convertiront, puis l'Apostasie viendra.
Le 2e indice est la manifestation d'un personnage qui sera, à la fin des temps du Messie, la contradiction, vivante de ce qu'a été le Christ : Saint Jean lui a donné son nom : l'Antéchrist (I Jn. 2,18).
Il a ses précurseurs comme le Christ a eu ses Prophètes ; mais il sera, lui, par excellence, l'homme du péché, le fils de la mort…
Son heure n'est pas venue, car il est réprimé, contenu en quelque mesure et il ne se manifeste que partiellement :
un pouvoir existe encore (o katéxon arti, to katéxon) qui limite son action ;
mais, son heure venue, il se montrera tout entier. Aujourd'hui, il ne fait que s'essayer.
Le mystère d'iniquité et de péché, antagoniste du mystère du Christ, est noué dès aujourd'hui, son oeuvre néfaste a commencé.
Même il irait dès maintenant jusqu'au bout de ses intentions perverses, n'était le frein qui le limite et lui interdit de se traduire tout entier...
Le mal ne se manifeste que dans la mesure des issues qui lui sont créées… Cette sourde résistance des choses qui veulent vivre est décrite par l'Apôtre tantôt sous une forme impersonnel le to katéxon, et comme une force des choses, tantôt sous une forme personnelle ayant un nom, o katéxon arti.
Oui, il y a une force sociale qui limite le mal et l'empêche d'aboutir au désordre et au néant, il existe une armature stable, des lignes hiérarchiques qui contiennent et réduisent l'effort du méchant…
Il est évident à tous les yeux que le jour où cette puissance d'ordre et de paix, qui des mains de Rome païenne a passé à la Rome Chrétienne, après avoir été lentement minée par les légistes, secouée par la Réforme et la Révolution, aura été définitivement ruinée par l'assaut de tous les éléments du mal déchaînés, les routes seront ouvertes et les issues libres pour le mal.
Rien ne les retiendra plus… plus rien ne tiendra en échec la puissance du mal ; ce sera le règne de l'égoïsme forcené, d'une forme de barbarie non plus naïve mais savante, sur laquelle nul évangile n'aura de prise.
Le frein aura été brisé : rien n'empêchera plus l'avènement de l'ennemi du Christ..
C'est alors qu'apparaîtra l'impie, l'impie par excellence, celui dont les antéchrists semés par le temps n'auront été que les diminutifs et les précurseurs.
Son triomphe cependant ne sera pas de longue durée, et, selon la Prophétie d'Isaïe (11,4), le Seigneur n'aura besoin que d'un souffle ou d'une parole de sa bouche pour l'anéantir pour effacer, par la splendeur de son Avènement, tous les prestiges de son ennemi.»
(Dom Delatte, successeur de Dom Guéranger, in II Thes. 2,7s)