La vie d'union à Dieu, une synthèse des Maîtres spirituels pour savoir faire l'oraison

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L'acémète
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II. Renoncement


Le parfait recueillement est bien rare, le complet renoncement ne l’est pas moins ; du
reste ceux-là seulement savent éviter tout vain soucis et toute pensée frivole qui ont
détaché leur coeur de toute affection déréglée, qui ne désirent et qui n’aiment que la
sainte volonté de Dieu ; et réciproquement ceux-là seuls parviennent à l’entière
abnégation et à la saine indifférence qui n’arrêtent jamais volontairement leurs
pensées sur les objets capables de captiver leur coeur et d’exciter en eux des
sentiments trop humains.
Ces deux vertus s’aident donc l’une l’autre ; il faut les exercer parallèlement et
s’efforcer de les acquérir toutes deux à la fois. Renoncement aux exigences et aux
moindres tendances de l’amour-propre par l’humilité poussée jusqu’à l’estime et
l’acceptation amoureuse des humiliations1 ; renoncement à toutes les convoitises et
inclinations de la nature par une mortification généreuse et une patience joyeuse dans
toutes les épreuves de la vie ; voilà les grands moyens de se disposer à la vie divine.
Oh ! Si la véritable humilité était plus commune, si dans la pratique de la
mortification on savait déployer plus de courage, plus d’ardeur et de
persévérance, beaucoup plus nombreuses seraient les âmes parfaites et
contemplatives.
Il ne sera peut-être pas utile d’insister sur ce dernier point : car la doctrine des
Maîtres sur la nécessité de la mortification ne semble pas toujours comprise et
appliquée comme il devrait l’être. Pour ce qui regarde la mortification de la volonté,
elle est si dure à la pauvre créature humaine qu’on ne saurait trop l’y encourager et
lui faire voir toute l’importance. Il en est de même pour l’acceptation des épreuves :
est-il un sujet d’exhortation plus pratique et plus salutaire ? L’épreuve, on ne le dira
jamais assez, l’épreuve, qu’elle soit courte ou de longue durée, qu’elle vienne des
événement sous des hommes, l’épreuve est une grâce, un bienfait de Dieu ; ce
n’est pas seulement avec résignation que l’âme fervente doit l’accepter, elle doit la
subir avec amour et en témoigner sa reconnaissance au Seigneur. Puisque cette âme ,
n’a rien plus à coeur que de se sanctifier et de grandir dans l’amour divin, n’a-t-elle
pas lieu de se réjouir d’un moyen d’avancement aussi puissant, d’une occasion de
mérite aussi avantageuse ?

1L’humilité est la pierre de touche de la vraie dévotion ; c’est par l’absence d’humilité que, de tout temps, on a pu distinguer les faux
mystiques des vrais contemplatifs. A toute époque, en effet, il se rencontre des personnes qui s’imagine avoir atteint les degrés élevés
de l’oraison et de la vertu et qui, cependant, n’ont de confiance qu’en elles-mêmes, refusent l’obéissance à l’autorité légitime et
montrent une obstination du jugement qui va parfois jusqu’au scandale. Il n’est point nécessaire d’examiner leur spiritualité : à
l’avance on peut affirmer qu’elle est fausse et que ces personnes sont victimes de déplorables illusions.
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L'acémète
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Message par L'acémète »

Mais c’est surtout ce qui regarde pour la mortification corporelle que certains, parmi ceux-là même qui font profession de piété, méconnaissent les conseils des Saints. Ils ne veulent entendre parler, soit pour eux-mêmes, soit pour les autres, que de la mortification de la volonté, ou s’ils consentent à admettre quelques mortifications corporelles, c’est avec une telle parcimonie qu’elles ne peuvent produire grand effet.
On dirait vraiment qu’ils sont du nombre des anges ou que le péché originel n’a pas
chez eux vicié la nature. Telle n’était pas l’opinion des Saints. Tous - et l’on ne
pourrait citer une exception- ont regardé leur corps comme un esclave rebelle, qui ne peut être dompté que par des traitements sévères ou même par de durs châtiments ; tous, au lieu au lieu de le ménager, lui ont fait une guerre dure et sans trêve ; de la sorte que ce corps de mort, comme l’appelle saint Paul, au lieu d’être pour eux par ses exigences, ses convoitises, son amour du bien-être, un principe d’amollissement, a été l’instrument de leurs combats et l’occasion de nombreuses victoires.
Il est impossible de se maintenir dans la ferveur si l’on néglige entièrement la mortification corporelle, et il est moins rare qu’on ne pense de voir des âmes déchoir de leur ardeur première, faute de générosité sur ce point : on glisse si facilement et si vite dans la mollesse et dans l’amour de ses aises. Les Maîtres de la vie spirituelle ont proclamé les austérités indispensables au progrès de l’âme, à des époques où les conditions de la vie étaient beaucoup plus pénibles que de nos jours et imposaient aux moins fervents de nombreuses privations ; que dire à notre époque de raffinement et de luxe, où l’on sait si bien et où l’on peut si facilement procurer à la nature toutes sortes de douceurs et de commodités ?
Nous sommes certainement plus exposés que ne l’étaient nos aïeux à la vie molle
dissipée ; c’est une raison de plus de recommander aux âmes soucieuses de leur
avancement la pratique de la mortification et même de stimuler leur ardeur.
Le lever matinal, l’absence de toute recherche dans la nourriture, la fuite de tout ce qui est superflu, le support joyeux des intempéries des saisons et des mille
incommodités de la vie, tel est le minimum à exiger d’une âme pieuse ; si l’Esprit de Dieu la trouve fidèle, infailliblement Il lui inspirera le désir de faire plus, d’imiter plus parfaitement Celui qui nous a rachetés au prix de tant de souffrances.
-> Est-il permis d’opposer aux âmes travaillées du désir de souffrir une fin de non recevoir et, comme le font certains, qui s’imaginent en cela faire preuve de sagesse, de les rebuter du premier coup en leur disant de se contenter de la mortification intérieure ? L’attrait sans doute doit être examiné : il peut venir de l’imagination ou de l’amour-propre. S’il est manifestement le produit d’un cerveau échauffé ou s’il cause de mauvais effets, si, par exemple, il rend vraiment impossible l’exercice du zèle et l’accomplissement du devoir d’état, il doit être combattu. Mais, s’il produit de bons fruits, s’il rend l’âme plus généreuse, plus forte, celui-là ne serait certes pas sans reproche qui y mettrait une opposition obstinée : il s’exposerait à aller contre les
inspirations de l’Esprit de Dieu, à contrarier ses vues pleines de sagesse et à
empêcher la réalisation de ses desseins sur les âmes. ( Un équilibre est à trouver…)
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Re: La vie d'union à Dieu, une synthèse des Maîtres spirituels pour savoir faire l'oraison

Message par L'acémète »

Saint François de Sales dans son Introduction à la Vie dévote, faite pour les gens du
monde, recommande la discipline, la haire (Les ceinture de fer ou de crin, qu’il est
beaucoup plus facile de mettre et d’enlever, sont de nos jours d’un usage plus
fréquent que les cilices et les haires), le jeûne, à condition qu’on n’en abuse pas et qu’on ne débilite pas son corps au point de le flatter par la suite. Il ressort de la
lecture des anciens auteurs que les abus de la pénitence extérieure étaient de leur
temps beaucoup plus fréquent que de nos jours ; ils blâmaient très justement ces
imprudences, mais tout en condamnant l’abus ils approuvaient et recommandaient
l’usage. Ils étaient loin de voir dans leur pénitence un danger pour la santé ; de nos
jours, au contraire, si une personne se met un temps soit peu le jeûne ou les
mortifications, elle ne peut plus désormais avoir le moindre malaise sans qu’on n’en attribue la cause à ses austérités. « Sans doute, ma fille, dit un jour à sainte Thérèse le Père de Padranos, Dieu vous envoie tant de maladies pour suppléer aux austérités que vous ne pratiquez pas. Ne craignez donc pas, vos mortifications ne pourront pas vous nuire. » Thérèse, dit son historien, le crut et s’en trouva bien, sa santé s’affermit.
Ces pénitences, au début, lui coûtaient beaucoup, elle y persévéra néanmoins avec
courage et, de ce jour, ses progrès furent plus rapides.
L’habitude de traiter fermement son corps rend moins accessible à des légers malaises et, d’ailleurs, le motif surnaturel, indiqué plus haut, trouve plus souvent qu’on ne croit son application : Dieu envoie des maladies à ceux qu’Il veut sanctifier pour suppléer à l’insuffisance de leurs pénitences ; « c’est pour punir l’excès de discrétion dans la mortification, dit sainte Thérèse, que le Seigneur permet que certaines religieuses soient plus malades. » Il épargne au contraire ceux qui, d’eux-mêmes, comme le grand Apôtre, châtient leur corps et le réduisent en servitude.
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Message par L'acémète »

III. Oraison

Le recueillement et le renoncement éloignent les obstacles et attirent les grâces ; mais c’est dans l’oraison plus partout ailleurs que ces grâces sont accordées aux âmes fidèles. C’est dans l’oraison surtout que Dieu se se communique à nous ; et ceux qui négligent ce grand moyen de sanctification, qui s’en exempte facilement, qui mesurent avec ménagement le temps qu’ils y consacrent, n’ont point à espérer la faveur divine.
L’oraison de l’âme fervente doit être surtout un exercice d’amour. Au début de la
vie spirituelle, le but de l’oraison, c’est de décider l’âme au service de Dieu et à la
pratique de la vertu, c’est de lui faire comprendre où sont les vrais intérêts, c’est de la soutenir et de la fortifier dans ses bonnes résolutions. Plus tard, les bonnes habitudes étant prises, les hésitations cessant, les combats deviennent moins redoutables, les victoires fréquentes. Si l’âme redouble d’efforts, Dieu redouble ses grâces et l’âme
mieux éclairée aspire aux grandes vertus, elle comprend toute la portée du vrai
renoncement, de la parfaite humilité, de la patience portée jusqu’à l’amour des croix.
Avec quelle ardeur elle demande à Dieu ses vertus ; c’est la prière qu’elle fait le plus volontiers, ce sont ces désirs et ces demandes que forment le fond de son oraison et qui la préserve le plus efficacement des distractions et des sécheresses. En même temps qu’elle sollicite ces vertus fondamentales, elle s’y exerce, elle y fait des progrès, son amour grandit et elle n’a qu’une ambition, qui est de le voir grandir encore, de le voir grandir toujours.
Or, ce qui développe l’amour, ce qui en favorise l’exercice, c’est la considération de l’amabilité de l’être aimé ; plus on pense à lui, et plus on est frappé de ses qualités, Plus le coeur s’échauffe et s’embrase. C’est donc Dieu qu’il faut regarder, ce sont ses grandeurs et ses bontés qui doivent être l’objet le plus fréquent des considérations de l’âme fervente. Tous les mystères de la vie et de la mort de Jésus, qu’elle s’est déjà habituer à méditer, elle pourra selon son attrait les rappeler à son souvenir.
Quand les raisonnements n’auront plus d’attraits pour elle, elle les remplacera par de simples vues de foi qui porteront sur Dieu Lui-même et ses perfections, et qui tireront aussitôt de son coeur des actes d’amour et d’abandon.
Pour plus de clarté, je donnerai ici une courte méthode d’oraison à l’usage des âmes ferventes qui commencent à avoir de l’attrait pour la considération des perfections divines ; de celles-là surtout que Dieu a déjà introduites dans la voie unitive.
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Message par L'acémète »

IV. Méthode pour pratiquer l’oraison d’union amoureuse
à l’usage des âmes qui en on l’attrait.
Regarder Dieu, aimer Dieu, c’est là la parfaite oraison. Cette oraison d’amour, Dieu
parfois la communique Lui-même. Il prévient nos efforts. Il saisit et élève l’âme. Il
l’unit à Lui dans l’amour. Alors, avant même d’avoir fait aucune réflexion, on est
pénétré de sa présence, on se trouve bien avec Lui, on goûte le bonheur de son
intimité : les moments passent délicieux, l’oraison est trop courte ; cependant on ne saurait expliquer ce qu’on y fait, ce qu’on y dit, car on ne suit aucun ordre ; souvent même on n’exprime guère de pensée bien nette. Mon Dieu ! Mon Dieu ! Voilà ce qu’on y dit de plus clair et pas davantage. Alors, cependant, sans s’en rendre compte, on acquiert de Lui une haute idée, car en sortant de là on comprend combien Dieu est bon, combien Il est miséricordieux, combien il mérite d’être aimé, d’être glorifié.
D’autres fois Dieu veut que nous coopérions plus activement, Il ne nous saisit pas
du premier coup, Il attend que nous fassions un effort pour monter jusqu’à Lui ; ou
bien, après s’être fait sentir, Il semble s’éloigner, les distractions succèdent aux actes d’union, aux élans vers Dieu.
Dans l’un et l’autre cas, l’acte doit s’exciter elle-même à l’amour. A lors, après
s’être abaissée et humiliée devant Dieu, elles considérera ses perfections infinies, sa grandeur sans limites, sa bonté inépuisable, sa toute-puissance, sa sainteté.
Il ne change jamais et Il imprime partout le mouvement ; Il sait tout de toute
éternité et n’apprend jamais rien ;sa pensée ne va pas d’un objet à l’autre, car d’un seul coup d’oeil, et toujours le même, Il embrasse à la fois tous les êtres : anges, hommes, bêtes, insectes, plantes, gouttes d’eau, brins d’herbe, grains de sable, tout ce qui a existé, existe, existera ou pourrait exister, tous les faits passé, présents, futurs ou purement possibles. Tout ce que nous nous imaginons de Lui n’est rien auprès de la réalité.
Il ne ressemble à rien de ce que nous connaissons, Il dépasse infiniment tout ce que
nous nous représentons. L’immensité de l’espace, qui nous donne le vertige quand
nous la calculons, n’est rien auprès de son immensité. Quand nous disons : Il est
grand, Il est bon, Il est puissant, nous n’avons nullement exprimé ce qu’Il est ,
puisqu’Il est infiniment au-dessus de ce que nous pouvons concevoir.
Et le mystère de la Sainte-Trinité, qu’il est bon aussi d’y penser ! Ces trois Personnes divines qi se contemplent mutuellement, s’aiment infiniment, se désirent et se
possèdent parfaitement, distinctes et cependant si unies qu’elles n’ont qu’une seule volonté, une seule intelligence, une seule opération extérieure ; aussi infinie est la gloire qu’elles se rendent, infini le bonheur dont elles jouissent, et ce bonheur il n’est au pouvoir d’aucune créature de l’altérer ou de le troubler en quoi que ce soit.
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Re: La vie d'union à Dieu, une synthèse des Maîtres spirituels pour savoir faire l'oraison

Message par L'acémète »

Quand nous ne pouvons demeurer dans de si hautes pensées, car la vue de ces
grandeurs infinies éblouit, alors il est de bon de revenir à Notre-Seigneur toujours si
doux à contempler ; mais souvenons-nous qu’en Jésus, sous des apparences si
simples et si engageantes, se voile la Divinité ; oui, ce Jésus si aimable et si humble,
Il est le Maître de l’univers, le Verbe de Dieu infiniment aimé des deux autres
Personnes et les aimant infiniment. Cependant Il semble oublier sa grandeur pour
s’intéresser à de misérables créatures, et Il va jusqu’à souffrir et mourir pour les
rebelles et les ingrats. On peut aussi bien commencer son oraison par la
considération du divin Sauveur, penser à son Coeur si aimant et si peu aimé, se
rappeler l’Eucharistie, la Passion ; mais on aura soin de s’élever à la pensée des
perfections infinies du Fils de Dieu qui s’est fait homme pour nous.
Quand notre regard se porte vers les Saints, surtout vers la Très SainteVierge, il est bon de les voir remplis de Dieu.
Dieu leur a accordé des dons tout divins, Il leur a communiqué quelque chose de ses perfections et de sa nature : plus ils y participent, plus ils sont élevés, grands, puissants, aimants et aimables.

Voilà les pensées que l’âme fervente devrait se rendre familières. Sans doute elle
peut en ajouter beaucoup d’autres et revenir sur ce qui faisait autrefois le sujet
fréquent de ses méditations, comme les mystères de la vie de Notre-Seigneur,
l’énumération des bienfaits que Dieu a accordés ou lui réserve ici-bas et au ciel ; mais
les hautes considérations sur les grandeurs divines devraient être comme le
fondement et la base de ses oraisons, à elle qui est bien décidée à ne vivre que
pour Dieu et à ne jamais se rechercher en rien.
Quant aux actes d’amour qui doivent, à cette occasion sortir de son coeur, le plus
souvent ils sortiront d’eux-mêmes, selon l’attrait que le Saint-Esprit leur donnera.
L’eau est à fleur de terre, la plus simple pensée suffit à la faire jaillir.
Si le divin Esprit se cache et laisse l’âme fidèle le soin de tirer de son coeur ces actes d’amour,
voici ceux qu’elle pourra produire :

Amour de complaisance : Se réjouir de voir Dieu si parfait, si beau, si puissant, si
saint. Etre content d’aimer un Dieu si aimable et demander à L’aimer de plus en plus.
Désirer ou des réjouir de Le posséder par la grâce et sa présence au dedans de nous :
Mon Bien-Aimé est à moi et je suis à Lui : de Le posséder surtout dans la communion
et mieux encore un jour au ciel.

Amour de bienveillance: Vouloir du bien à Dieu. D’abord se réjouir des biens
qu’Il possède, du bonheur dont jouissent les trois Personnes divines. Puis désirer et
demander qu’à l’extérieur Il soit glorifié par ses créatures, Gloria Patri et Filiio et
Spiritui Sancto : et d’abord par nous : que de mieux en mieux nous Le servions nousmêmes ; qu’Il soit glorifié par les autres : Sanctificetur nomen tuum ; que pour cela
les pécheurs abandonnent le péché1, que les bons se perfectionnent , qu’il y ait sur la
terre beaucoup de vrais Saints.

Amour de conformité: Après s’être délecté dans l’admiration de la volonté divine
si éclairée, si prévoyante, si sage, si infailliblement habile à atteindre sa fin, désirer et
demander que la volonté de Dieu s’accomplisse. Fiat voluntas tua. Je veux, mon
Dieu, faire tout ce que vous demandez de moi. Quel bonheur de vous sacrifier mes
inclinations, de fouler aux pieds mes répugnances ; je vous obéirai en tout, coûte que
coûte, je répondrai aux moindres inspirations de votre grâce ; c’est mon bonheur,
mon aliment, ma vie de faire la volonté de mon Dieu.

C’est aussi mon bonheur de la subir. Tout ce qu’il vous plaira d’ordonner , tous les
événements de la vie qui n’arriveront qu’avec votre permission et qu’au fond vous
voulez faire servir à mes intérêts, je les accepte de grand coeur. Peut-être voulez-vous
que je demeure devant vous dans la prière et l’oraison sans pensée, sans sentiment,
dans le vide et l’impuissance ; je le veux moi aussi et, puisque vous le voulez, je m’en
réjouis, je ne dis pas seulement Fiat, je dis Alléluia.
Il y a des moments où l’on ne peut faire d’autre acte d’amour que celui-là. Qu’on
ait soin seulement de s’anéantir dans une muette admiration devant la souveraine
grandeur et majesté de Dieu ; peu importe qu’on le fasse sèchement, pourvu qu’on le
fasse d’une manière sincère et profonde ; ne serait-ce que dans les rares moments où
l’on peut s’affranchir des distractions, si on est envahi par elles.
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Message par L'acémète »

Conclusion
De la connaissance des perfections divines naît l’estime et l’admiration. Comment ne
pas estimer un Dieu si parfait, comment ne pas se complaire en Lui ? La
complaisance est donc le premier mouvement de l’amour, mais ce n’est pas encore
tout le premier mouvement de l’amour : si l’on se contente d’admirer sans vouloir
rien faire pour celui qu’on admire, il n’y a pas de véritable amour. Ainsi l’amour
commence par la complaisance, mais il doit, pour être complet, aller jusqu’à la
volonté sincère et efficace de plaire à celui qu’on aime.
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Re: La vie d'union à Dieu, une synthèse des Maîtres spirituels pour savoir faire l'oraison

Message par L'acémète »

Je l’ai expliqué ailleurs c’est cette volonté sincère de plaire à Dieu qui donne sa
valeur à l’acte d’amour : il est plus ou moins méritoire selon la pureté des motifs qui
inspire cette résolution, selon l’énergie et la fermeté avec laquelle elle est prise, selon
l’étendue des sacrifices qu’elle accepte. Alors même que, sans songer aux
conséquences de notre amour, nous disons de tout coeur : mon Dieu je vous aime,
Dieu voit combien cela est vrai , Il voit tout ce que nous sommes réellement
disposés à faire pour Lui, jusqu’où nous sommes décidés à aller dans la voie du
sacrifice ; Il voit quelle est l’énergie de notre résolution, Il voit quelle influence la
détermine : est-ce le soucis de nos propres intérêts, est-ce l’admiration et la
complaisance en ses divines amabilités : plus grand et plus profond sont notre
complaisance et notre attrait pour Lui, plus aura de valeur notre acte d’amour.
Ainsi Dieu voit ce que valent nos protestations, Il voit également ce que vaut l’amour
non exprimé, l’amour silencieux du contemplatif qui se contente de regarder son
Dieu, ou de soupirer après Lui.
Nous devons laisser à Dieu le soin d’apprécier la valeur de notre amour, notre
unique soucis doit être de l’accroître. Pour cela, nous devons, d’une part, par la
pratique du renoncement sous toutes ses formes, humilité, patience,
mortification, nous affermir dans la résolution de ne rien refuser à Dieu, et nous
devons, d’autre part, nourrir de notre esprit de ses perfections divines.
Si nous persévérons fidèlement dans ces efforts, si nous nous montrons confiants et
généreux, Dieu viendra à notre aide par des grâces plus élevées ; Il augmentera nos
lumières pour nous faire mieux saisir ses amabilités infinies et Il multipliera nos
forces de manière à nous rendre facile tous les sacrifices. C’est ainsi que l’âme fidèle
fait dans l’amour divin des progrès admirables. Ibunt de virtute in virtutem, elle va de
vertu en vertu jusqu’à ce qu’il soit donné de voir le seigneur dans la céleste Sion,
vidébitur Deus deorum in Sion. (Ps. 83)
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Re: La vie d'union à Dieu, une synthèse des Maîtres spirituels pour savoir faire l'oraison

Message par L'acémète »

1) Sainte Gertrude raconte (II,15) que voulant un jour retrouver la ferveur que sa mollesse à repousser les pensées inutiles lui avait fait perdre, elle ne
pouvait y réussir malgré tout ses efforts ; alors elle se mit à prier pour les pécheurs, pour les âmes du Purgatoire et pour les affligés et sa ferveur
revint. « J’ai entendu, raconte sainte Véronique Juliani, une voix intérieure qui me disait:que celui qui veut obtenir des grâces prie pour la conversion
des pécheurs, il obtiendra tout ce qu’il voudra… Quand je me trouve dans quelque angoisse, dès que je pense à prier pour les pécheurs, tout me passe
(Diario, 13 mai 1697). On peut peut s’exciter par cette pensée : pendant que je lutte mollement contre mes distractions, des pécheurs sont à
l’article de la mort, qu’une grâce puissante pourrait convertir et sauver.
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Message par L'acémète »

Extrait du livre : ce que dit le Cardinal Bona sur l’oraison.

L’illustre Cardinal Bona, de l’Ordre des Cisterciens (1609-1674), a donné dans sa Via
compendii ad Deum un bon exposé de la doctrine traditionnelle. S’il ne s’étend pas
davantage, dit-il, sur la contemplation, c’est que les sources où l’on doit puiser sont à
la portée de tous, et il renvoie à Richard de Saint-Victor, à Denys le Chartreux, à
Jacques Alvarez, au Père Louis Dupont, à sainte Thérèse, enfin, à Suarez, qu’il
déclare aussi versé dans la théologie mystique que dans la théologie proprement dite,
in utraque theologia versatissimum. (ch.X)
On peut lire dans sa Phoenix rediviva le beau chapitre qu’il consacre à l’union
divine et aux moyens d’y parvenir. (Med.XX)
les principaux obstacles qui s’opposent à l’union divine sont, dit-il :
1° la sensualité, l’amour de ses aises, la recherche des satisfactions de la nature dans
la nourriture, dans le coucher, dans le vêtement, dans les conversations et
divertissements ; bien qu’en tout cela il n’y ait pas de faute grave, ce sont des défauts
qui font trouver pénibles et sans attrait les exercices spirituels ;
2° la présomption et l’orgueil dans la pratique des austérités corporelles, orgueil qui
fait qu’on se complaît en soi-même et qu’on méprise le prochain ;
3° les scrupules ;
4° le respect humain qui fait que l’on s’écarte du chemin de la perfection dans la
crainte d’encourir les blâmes et les railleries ;
5° l’absence de vrai renoncement dans les ignominies, mépris et afflictions ;
6° le trop d’empressement et d’application aux choses permises, ce qui amène les
distractions et divagations au moment de l’oraison ;
7° une curiosité excessive de l’esprit qui veut trop examiner et trop raisonner.
Les obstacles écartés, l’âme qui veut parvenir à l’union divine doit encore s’y
préparer de diverses manières :
1° par la pratique des vertus et les œuvres de la vie active ;
2° par le détachement des créatures ;
3° par le renoncement et l’oubli de soi-même pour ne vivre qu’en Dieu ; c’est ce que
l’on obtient en ne cherchant en tout que la gloire de Dieu, et en préférant toujours ce
qui rend plus conforme à Jésus-Christ, ce qui est plus utile au prochain et plus
contraire à la volonté propre ;
4° par la solitude et le silence intérieur, et par la fidélité à repousser toute image qui
ne représente pas le Bien-Aimé ;
5° par le parfait abandon, qui fait qu’on accepte de la main de Dieu avec une entière
indifférence toutes les épreuves, humiliations, dénuement, sécheresses, désolation, et
jusqu’à la mort même ;
6° L’âme doit encore ne tenir à rien, pas même à ses exercices spirituels, qu’autant
que s’y rencontre le bon plaisir divin ; en les accomplissant elle doit faire ce qui
dépend d’elle, mais en se remettant à Dieu du succès de ses efforts ;
7° Elle doit enfin ne consentir à aucune imperfection délibérée. Et, comme l’union à
Dieu est un don d’un très grand prix, l’âme fidèle doit la solliciter par des aspirations
ferventes et de fréquentes oraisons jaculatoires. Cet exercice des oraisons jaculatoires
élève si bien l’âme vers Dieu, qu’il la conduit à grand pas à l’union si désirée.
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