Résumé de théologie dogmatique, Livre V : La Rédemption

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II. Le symbole des Apôtres divise la vie du Christ en trois phases. La première est un abaissement : "Né de la Vierge Marie, souffert sous Ponce Pilate, crucifié et mort". Ensuite vient une phase de transition : "a été enseveli, est descendu aux enfers". Et enfin la phase d'exaltation : " ressuscité des morts, monté au ciel, assis à la droite de Dieu". L'opposition entre les états d'abaissement et d'exaltation est un des thèmes favoris de S. Paul (1 Cor. 15 ; Phil. 2; cf. Héb. 1 et 2 ; et aussi Ps. 2, 21, et 109).

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Section 200. L'état d'abaissement (Κενώσις). Imperfections de l'âme et du corps du Christ.

I. L'état d'abaissement consiste en une assomption de l'humanité combinée avec une possession simultanée de la divinité. L'assomption de notre nature par le Verbe, si elle était accompagnée d'une manifestation intégrale de sa gloire et de sa puissance, ne serait pas un abaissement, mais une gracieuse condescendance. Mais Lui, à qui la gloire était due dès l'origine, a choisi de s'abaisser non seulement jusqu'à la position de nos premiers ancêtres avant la chute, mais jusqu'à la condition des "fils de l'homme". Il a commencé sa vie sous la forme d'un enfant de basse condition, faible et dépendant des autres, et n'a atteint que progressivement la maturité humaine qu'Adam possédait dès sa création.

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Né parmi les pécheurs, le Christ a renoncé à certains des privilèges de sa justice et de son intégrité originelles, et s'est soumis — autant que le permettait sa dignité et dans la mesure où cela conduisait au salut de l'humanité — aux imperfections de la nature humaine, ainsi que les ordonnances et lois qui régissent cette nature. Il a par là rendu un hommage suffisant à Dieu pour racheter ses frères ; il a ennobli la pauvreté, et montré sa valeur quand elle est au service de Dieu ; il nous a montré une pratique exemplaire et parfaite de toutes les vertus, particulièrement celles d'humilité, de patience, de pitié ; il a acquis un droit irrécusable à notre amour.

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II. La ressemblance du Christ abaissé aux descendants déchus d'Adam n'implique pas une perte actuelle de la justice et de la sainteté, mais seulement une sujétion aux peines et souffrances attachées à cette perte. Ces peines et souffrances tombent en partie sur le corps et en partie sur l'âme : elles consistent dans une affectivité à des causes internes et externes.

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II. 1. En ce qui concerne le corps, le Christ partage avec l'homme déchu la plupart des souffrances résultant de l'épuisement du corps et d'influences extérieures hostiles : fatigue, faim, blessures, etc. Ces souffrances étaient naturelles au Christ, puisqu'elles avaient leur raison suffisante dans la nature de son corps : elles ne pouvaient être évitées qu'en évitant ces causes ou en suspendant leur action. Mais le Christ, contrairement à ses frères, avait le droit de ne pas souffrir (en raison de sa sainteté), et sa volonté humaine avait le pouvoir de supprimer ou de suspendre l'action de toutes les causes de souffrance. Ainsi, la nécessité naturelle de souffrir était chez le Christ entièrement sous le contrôle de son libre arbitre : il n'a jamais rien souffert qu'il n'ait choisi de souffrir (cf. Isaïe 53:7 ; Jean 10:17-18).

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Certaines souffrances et états du corps sont incompatibles avec la dignité du Christ ou inutiles au but de sa mission : il a en conséquence choisi de ne pas les subir. Ainsi, la corruption (φθορά), la maladie (pas des simples faiblesses ou blessures), et la décomposition après la mort. Un corps habité par le pouvoir parfaitement conservateur de Dieu ne saurait être abandonné à la corruption ; le corps du Saint par excellence ne saurait être sujet à une décomposition qui symbolise le pouvoir destructeur du péché : "Vous ne souffrirez pas que votre saint voie la corruption." (Ps. 15:10).

La maladie n'est rien d'autre que le début de la corruption, et était donc exclue, elle aussi, du corps du Christ. Les théologiens donnent d'autres raisons : les maladies sont toujours dues à des influences particulières et pas à la faiblesse générique de notre nature, qui est la seule que le Christ ait assumée ; le corps du Christ, formé par le Saint-Esprit, ne contenait pas plus de germes de maladie que le corps d'Adam créé par Dieu.

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II. 2. Les faiblesses naturelles de l'âme, autrement dit les "passions" des appétits sensuels et rationnels, ont aussi été retenues dans l'âme du Christ, avec une double restriction cependant.

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II. 2. (a) Les mouvements désordonnés et peccamineux qui atteignent l'âme de l'homme déchu n'ont pas trouvé place dans l'âme du Christ. Ils sont incompatibles avec sa parfaite sainteté et ne servent de moyen pour aucune des fins de son état d'abaissement. Seules les passions et affections de l'âme qui sont moralement irréprochables (πάθη ἀδιάβλητα), qui sont des peines ou des souffrances chez l'homme déchu, sont utiles à la mission du Christ dans la mesure où elles affligent l'âme ou la font souffrir, et il fut donc permis qu'elles coexistassent avec sa divinité et sa perfection spirituelle. Ainsi, la peur et la tristesse (Matth. 26:37 ; Marc 15:33-34), et l'implication de l'âme dans les souffrances du corps.

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II. 2. (b) La tristesse (tristitia) et d'autres sentiments douloureux ont affecté l'âme du Christ, mais elles n'avaient pas en lui la même origine ni la même action qu'en les hommes déchus. L'âme du Christ, comme celle d'Adam avant son péché, avait le pouvoir d'empêcher de telles émotions : leur origine, leur intensité et leur durée étaient toutes sous contrôle de son libre-arbitre. De plus, il possédait le pouvoir plus grand encore d'empêcher que de telles émotions perturbent les opérations de son âme ou sa tranquillité d'esprit. La peur et la tristesse sont certes des irrégularités dans le mental ; mais ils ne perturbent sa tranquillité que quand le mental résiste à ce changement, ce qui n'était pas chez le Christ : il laissait l'émotion l'envahir, tout en contrôlant entièrement son action.

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Les Pères démontrent le pouvoir régulateur du Christ sur les émotions de son âme à partir de Jean 11:33 : "Jésus, lorsqu’il la vit pleurer, et qu’il vit les Juifs qui étaient venus avec elle pleurer aussi, frémit en son esprit, et se troubla lui-même." Autrement dit, il a autorisé le sentiment de compassion à entrer en son âme. Cf. S. Augustin, In Joan. tr. lx.