Résumé de théologie dogmatique, Livre V : La Rédemption

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III. Pour parfaire son abaissement, le Christ a choisi de se soumettre à son père adoptif et sa mère ; aux lois de l'État, ainsi qu'aux lois positives de Dieu. Il y eut cependant des cas où le Christ, par ses paroles et ses actes, a affirmé son indépendance de toutes ces lois. Il y avait un abaissement particulièrement fort dans le fait de se soumettre au rite de circoncision et au baptême de Jean, qui tous deux étaient destinés aux pécheurs. Et enfin, il a choisi son rang social parmi les pauvres et les petites gens, et a partagé leurs difficultés et leurs privations. Cf. S. Thomas, IIIa, qq. 14, 15.

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Section 201. Coexistence des différents états humains chez le Christ.

I. La possession simultanée de deux natures si fortement éloignées l'une de l'autre, comme le sont la divine et l'humaine, fait coexister dans le Christ des états également éloignés. Son âme était unie à Dieu et remplie de la plénitude de la sainteté, comme les âmes des bienheureux. Sa volonté avait suffisamment de pouvoir sur les forces et les éléments de la nature pour les rendre inoffensifs, comme Adam avant sa chute. Mais comme le Christ s'est abstenu d'user de ce pouvoir et s'est soumis volontairement aux peines du péché, humainement parlant, il était dans l'état de l'homme après la chute.

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II. Apparaît ici une difficulté très sérieuse concernant l'incompatibilité naturelle entre la béatitude suprême impliquée par la vision béatifique, et la désolation extrême subie pendant la Passion notamment (Mt. 26:38). S. Thomas, et avec lui la majorité des théologiens, propose la solution suivante : la joie la plus haute et la souffrance la plus extrême ne peuvent pas exister naturellement dans la même âme, puisqu'elles sont opposées l'une à l'autre. Elles ne peuvent pas plus être réunies surnaturellement (c'est-à-dire par un miracle), en tout cas si elles sont perçues par la même faculté mentale et portent sur le même objet.

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Mais il y a plusieurs facultés mentales, on pourrait dire plusieurs régions du mental ; un même objet peut être vu sous différents aspects et appréhendé par des facultés différentes ; on peut alors concevoir que l'âme du Christ était remplie de la joie de la vision de Dieu dans sa région supérieure, et affligée des péchés des hommes dans sa région inférieure. De même, la Passion, considérée comme source de la rédemption de l'humanité, lui causait de la joie, tout en causant en même temps une douleur atroce dans son âme et son corps.

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Cependant, en raison de l'unité et la simplicité de l'âme, les plaisirs et les douleurs d'une faculté ou région se transmettent à toutes les autres facultés ou régions, et on peut donc se demander comment le plaisir infini de la vision béatifique n'a pas rendu l'âme du Christ insensible à toute tristesse ou toute douleur. Ou encore, comment son agonie n'a-t-elle pas perturbé sa béatitude céleste ? Ce fut un miracle : le Christ, par un pouvoir divin, a empêché les sentiments d'une faculté de déborder et de se communiquer à aucune autre. Cf. S. Thomas IIIa, q. 46, art. 7, 8.

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Section 202. La Passion du Christ.

I. L'abaissement volontaire du Christ a atteint son point culminant dans sa Passion et sa mort ignominieuse. Mais il est mort "selon les Écritures" (1 Cor 15:3-4), c'est-à-dire comme prédit par les prophètes et par lui-même, et ainsi sa mort a imprimé le sceau de la divinité sur toute sa mission. Les prophéties de la Passion dans l'ancien Testament s'expriment par des mots et des figures. Le proto-évangile lui-même contient le germe d'une telle prophétie, et des versions plus complètes se trouvent dans les Psaumes, particulièrement en Ps. 21, et en Isaïe 53:11-12. Daniel 9:26 prédit la date de la mort du Christ. Zacharie conclut la série de prophéties de l'ancien Testament sur la Passion (11:12 et suiv. ; 12:10, cf. Jean 19:37 ; 13:6-7, cf. Matth. 26:31). Comme figures de la Passion, citons le sacrifice d'Isaac, le serpent d'airain (Num. 21:9 ; cf. Jean 3:14), Jonas, l'agneau pascal et les sacrifices sanglants de la loi mosaïque. Pour les prophéties du Christ lui-même, voir Matth. 16:21 ; Luc 18:3 ; Matth. 26:24; Luc 24:35, 44 et suiv.

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II. Il n'était pas physiquement nécessaire que le Christ mourût. Bien d'autres possibilités lui étaient ouvertes pour racheter l'humanité. Mais comme cette voie avait été choisie par Dieu et prédite par les Prophètes, il y avait une nécessité morale pour le Christ de l'accepter. "C’est ainsi qu’il est écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour, 47 et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations." (Luc 24:46-47).

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III. Indépendamment des soldats qui ont directement crucifié le Christ, il faut aussi considérer d'autres causes efficientes de sa mort, savoir Dieu et le Christ lui-même, ses persécuteurs humains, et les puissances de l'enfer.

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III. 1. L'affirmation répétée dans l'écriture que Dieu a donné son Fils pour nous, ou livré à ses ennemis, implique une intention directe de la part de Dieu (et aussi du Christ lui-même en tant que Dieu) que le Sauveur mourût. L'intention divine portait sur le bien qui naîtrait des souffrances du Christ, savoir la gloire de Dieu et le salut de l'humanité. Dieu a donc causé ses souffrances, dans la mesure où il a donné mandat au Christ pour souffrir, et l'a encouragé à exécuter ce mandat, tout en laissant faire les responsables immédiats de la Passion. Dieu a voulu la Passion comme moyen vers une fin plus haute, et s'est abstenu de l'empêcher.

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III. 2. Pour une raison similaire, le Christ lui-même a causé sa propre passion et sa mort. Son attitude conforme au plan divin est un acte d'obéissance parfaite, tel qu'exigé par le but final de la Passion (Rom. 5:19) et l'excellence de son auto-immolation. Le Sauveur a directement causé sa tristesse pour les péchés des hommes et son agonie au jardin ; et a indirectement causé sa propre persécution par son enseignement ouvert et sans peur, et par sa non-résistance à cette persécution malgré son pouvoir divin. Ses souffrances constituent donc un exemple parfait de sacrifice de soi-même : il est mort de sa propre volonté, renonçant à l'usage du pouvoir divin pour se sauver, et faisant de sa propre vie la victime parfaite de son grand sacrifice (Isa. 53:7, cf. Jean 10:17-18).