Les petits enfants - Avis aux mères chrétiennes

[Laetitia]

Les petits enfants.

Avis aux mères chrétiennes.
(Extrait du Nouveau formulaire de prières dédié aux Enfants de Marie,1874.)

Une mère a une bien haute mission à remplir : on peut la considérer comme la seconde Providence des enfants que le Ciel lui donne.

Dieu a voulu que le petit enfant connût sa mère, l'aimât, la préférât à toute autre personne, et eût en elle une confiance et un abandon sans bornes : et Dieu l'a voulu, parce que les petits enfants sont comme de jeunes plantes que la mère chrétienne doit cultiver et greffer ensuite pour leur faire porter, plus tard, des fruits choisis.

Quel trésor qu'un petit enfant, ô mère chrétienne ! La Providence a mis dans votre cœur, sous ce rapport, l'instinct de l'appréciation : votre enfant vous est cher, vous l'aimez sans mesure, c'est votre vie, c'est plus que vous-même. Eh bien ! C'est à vous qu'il appartient de former son cœur à la vertu, de diriger vers la piété son âme créée à l'image de Dieu, de lui apprendre à connaître son Créateur et son divin Rédempteur.

Prenez-y garde, mère chrétienne ; ce petit arbre portera les fruits que vous y grefferez par vos paroles et par vos exemples. Apprenez-lui donc la crainte du Seigneur, l'amour du bon Maître, et ce sentiment, que votre affection et votre sagesse auront mis dans son âme, ne s'effacera jamais. Il pourra s'oublier pendant quelque temps, mais la bonne semence ne se perdra point.

Inspirez-lui l'estime du bien, le remords salutaire pour ses fautes, l'horreur du péché ; et ces inspirations resteront gravées dans son cœur, et s'y reproduiront toujours comme une racine précieuse.

Habituez votre petit enfant à être pudique et réservé ; il demeurera sévère pour les mœurs, et cette modestie d'enfance l'empêchera plus tard de franchir la barrière du vice. Au lieu de faire naître en lui, dès ses premières années, des idées de vanité et d'ostentation, au lieu de le récompenser par quelque objet de toilette, et de le stimuler par une promesse de bonne chère et de gourmandise, parlez-lui de la beauté de la vertu, les charmes de l'innocence, de la présence de son Ange gardien, de la couronne que Dieu lui réserve en paradis : annoncez-lui pour récompense, qu'il assistera à la sainte Messe, qu'il vous accompagnera dans une œuvre de dévotion, qu'il recevra quelque objet propre à l'attacher au bien.

(à suivre)

[Laetitia]

Surtout ne vous habituez point à tromper votre petit enfant lui apprenant, de loin, à regarder le mensonge comme permis, et l'autorisant ainsi à contracter l'habitude de dissimuler.

Au lieu de lui raconter quelques historiettes inventées, récréez-le par quelque histoire pieuse, tirée des livres saints et de quelque livre édifiant.

Ô heureux les petits enfants qui ont une mère sage et vertueuse, une mère qui comprend bien sa mission ! Mais aussi qu'ils sont à plaindre et qu'ils méritent compassion, les petits enfants qui ont une mère vaine et négligente, dont les idées toutes superficielles se communiquent aux âmes encore vierges, qu'elles devraient former au bien !

Malheur, mille fois malheur à ces mères insensées qui habituent leurs petits enfants à aimer les futilités, la bonne chère, les vains plaisirs, qui ne savent point leur inspirer l'horreur du mal et l'amour du bien ! Ô mères aveugles ! Vous recueillerez plus tard les fruits bien amers de votre négligence. Pour être libres dans vos plaisirs, vous abandonnez vos petits enfants aux soins mercenaires d'une domestiques légère et dissipée : ô petits anges ! Que vous arrive-t-il ? On vous apprendra malicieusement ce que vous devriez ignorer encore pendant bien des années. On vous pervertira, ou du moins on vous négligera : vous n'entendrez point le doux langage de la vertu, les paroles de la candide innocence ; pauvres plantes ! Vous resterez stériles, tandis que vous devriez, par les soins maternels, porter les plus heureux fruits ! …

Que toutes les bénédictions du Très-Haut soient pour les mères vertueuses, qui enseignent à leurs petits enfants la voie de la sagesse ! Quant aux mères négligentes, qu'elles songent à la faute dont elles se rendent coupables devant Dieu.