Troisième jour :
DON DE PIÉTÉ
« Le meilleur culte que nous puissions rendre aux dieux, disait Cicéron, le plus chaste, le plus saint, le plus rempli d'une vraie piété, est de les adorer toujours d'une bouche et d'un cœur purs, sincères et incorruptibles.»
D'après les philosophes, la piété est donc une disposition du cœur à l'égard de la divinité, disposition qui porte à lui rendre tous les hommages qui lui sont dus, et à remplir les devoirs qu'elle impose.
Il y a plusieurs genres de piété. A Rome, on consacra jadis un temple à la piété filiale de Terentia, qui, bravant tous les dangers, parvint à nourrir de son lait, son vieux père condamné à mourir de faim, dans sa prison.
La piété envers les morts, sous des formes différentes, a existé chez tous les peuples anciens, elle est en honneur dans les sociétés modernes; et, dans la religion catholique, elle est l'inspiratrice de cette fête consolante des Trépassés, qui suit immédiatement celle de tous les Saints, admirable trait d'union entre l'Eglise triomphante, l'Eglise souffrante et l'Eglise militante.
La piété naturelle fait donc aimer les siens, elle inspire aussi de nobles dévouements envers le prochain et la patrie.
La piété existe à l'état primitif dans le cœur de tous les hommes, comme la fleur sauvage, dans les champs non cultivés.
Le Saint-Esprit est le grand ouvrier qui, au jour du Baptême, vient greffer cette tige et faire, au jour de la Confirmation, épanouir la piété surnaturelle. Portée sur cette fleur mystique, l'âme accomplit son ascension vers le ciel jusque dans le sein de Dieu, et, comme Pierre au Thabor, elle s'écrie dans son extase : « Seigneur ! qu'il fait bon d'être ici ! » La piété surnaturelle n'est pas égoïste : elle recherche Dieu auquel elle désire dresser une tente dans l'intime de son cœur. Elle en veut aussi préparer d'autres à son prochain, représenté par Moïse et Elie, afin de lui faire partager ses joies intérieures, les meilleures de la vie, les seules qui ne seront pas perdues pour l'éternité.
« Les parfums que l'on met dans les vêtements les embaument et semblent leur communiquer leur essence odoriférante. A combien plus forte raison l'Esprit de Dieu communique son odeur divine aux âmes justes, car il est lui-même l'odeur vivante et énergique de la divinité qui se verse sur la créature, et la rend participante de sa vertu souveraine (1).»
La piété aime le culte si élevé et si touchant que l'on rend à Dieu dans ses temples : « J'ai demandé une seule chose au Seigneur, c'est d'habiter dans sa maison tous les jours de ma vie, afin de contempler ses délices et de visiter son temple, car il me cachera dans le secret de son tabernacle (2). »
L'âme pieuse pratique les exercices de la religion avec joie et ardeur, ce qui ne l'empêche pas d'être prudente dans sa piété.
(1) Saint Cyrille.
(2) Ps. XXVI, 7, 8.